[Background] La Muraille des Rois.

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Azélie Chantreleau
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[Background] La Muraille des Rois.

Message par Azélie Chantreleau » 02 avr. 2016, 22:24

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Musique : https://www.youtube.com/watch?v=Q9VVCdDq03w
Chapitre I : Pour l'honneur de Doma.
La province de Doma a connu des jours prospères. Il fut un temps où elle régnait en seul maître sur toute la région de l’Othard. Les seigneurs, qui avaient un important pouvoir sur la ville, la dirigeaient d’une main de fer dans un gant de velours. Le peuple, lui, était heureux, et faisaient fructifier leur savoir acquis depuis des millénaires. Pourtant, les domiens avaient une certaine réticence à exporter cette richesse culturelle, et restaient en huit clos dans leur cité. Pourtant, un jour, l’invasion de l’empire de Garlemald fut fulgurante, et ils ne la virent pas venir. Enfermés, ils n’avaient pas été informés que leurs forces militaires avaient la main mise sur plusieurs états voisins. Pris en traitre, ils n’eurent d’autre choix que de se laisser faire, leur honneur en berne et leur liberté mise en cage. Dès lors, la vie à Doma fut bouleversée, les rues habituellement si animées et colorées devinrent grises et ternes, et le sourire sur le visage de ses habitants, effacé. Chacun restait chez soi, ne sortait que pour aller travailler. La grande province domienne ne prospéra plus. L’Empire leur ponctionnait tous leurs vivres, plagiait leur savoir-faire.

C’est ici que nous retrouvons la famille Okizuchi. Connue et respectée pour leurs connaissances dans l’art du combat au corps à corps, mais aussi et surtout pour la protection des hauts dignitaires domiens. En effet, leur nom signifie littéralement "muraille des rois". Leur dojo se situait à la bordure de la ville, et, de l’extérieur, ne payait pas de mine. Pourtant, leur richesse de cœur, d’esprit et financière n’était plus à prouver. L’un des fils cadet du patriarche se maria à son tour, peu avant l’invasion des garlemaldais. Alors que sa récente épouse tomba enceinte, les oppresseurs firent irruption dans la demeure familiale et leur proposèrent un marché, de ceux que l’on ne peut refuser. Ils leur promirent une coquette somme en l’échange de quelques expériences peu orthodoxes sur le fœtus à peine formé. D’abord réticent, le fils eut de longs jours de réflexion. Comment refuser à ce bourreau ? Dans une Doma où la pauvreté règne en maître et où les plus grands se retrouvent à la rue du jour au lendemain, cet argent leur permettrait de vivre aisément pendant de nombreuses années. Poussé par la peur et le besoin, il accepta. Et le regretta amèrement. L’Empire lui confisqua sa femme pendant toute la durée de sa grossesse, et il ignorait qu’elle endurait les pires souffrances qu’un être vivant peut supporter.

Lorsqu’enfin les neuf interminables mois arrivèrent à leur terme, Garlemald ne lui rendit qu’un nourrisson. Et quelle immondice ! Un être qui possédait les deux sexes, avec une langue fourchue ! Ils prétextèrent que sa bien-aimée s’était éteinte durant l’accouchement, chose qui, avec les progrès de la médecine et les connaissances locales, était presque inexistant à cette époque. Rongé par le remords, la haine et la tristesse, il se terra dans un mutisme absolu. Il céda son enfant à son frère aîné et devint très solitaire, presque invisible aux yeux de tous. Ce dernier nomma le bébé « Ryuko », que l’on peut traduire par « enfant de dragon », car sa langue de serpent confirmait presque la légende qui dit que les Ao’Ra descendent de ces êtres mystiques. Très tôt, il mit la petite – car ils partirent du principe que c’était une fille – à rude épreuve. Plus que tous les autres rejetons Okizuchi, elle était souvent assignée aux corvées, devait faire trois fois plus d’entraînements, mais était promise à un bel avenir, en compensation du décès de sa génitrice qu’elle n’eut pas connu. Se développant étrangement, elle fut la risée de tous ses cousins et cousines à cause de son hermaphrodisme, et, à l’image de son père, était très souvent seule. Cependant, c’était une battante, et, lors de la visite annuelle des seigneurs les plus importants de Doma, Ryuko attira l'attention de l'un d'entre eux. Apportant un grand honneur à sa famille, elle fut choisie pour le protéger.

Néanmoins, dans les rues, courrait déjà la rumeur d’une révolution, d’une tentative de renversement de l’occupant. Rien de concret n’était en œuvre, mais cela se construisait petit à petit.

Le quotidien de la petite Ryuko était rythmé par des entrainements intensifs. Levée très tôt, elle allait courir, pour ensuite revenir au dojo et suivre plusieurs entraînements de combat. Bien vite, on remarqua son affinité pour le tir à l’arc, et cela devint sa spécialité. Il n’était pas rare qu’elle soit conviée aux parties de chasse auprès de son futur seigneur-maître, car il était primordial qu’elle fasse bonne impression. Au bout de plus de dix ans de formation, son corps était déjà taillé pour se battre. Sa musculature était plus développée que les filles de son âge, et elle était plus grande qu’elles également. On organisa une grande cérémonie pour fêter la fin de ses années d’apprentissage et son passage à la vie adulte. Un collier de représentant seigneurial lui fut remis, afin de prouver son allégeance au seigneur qui l’avait élue.
Dernière modification par Azélie Chantreleau le 24 juil. 2016, 23:05, modifié 1 fois.
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Azélie Chantreleau
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Re: [Background] La Muraille des Rois.

Message par Azélie Chantreleau » 24 juil. 2016, 23:04

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Chapitre II : Maître Karasu.
Musique : https://youtu.be/1fqImvenVgM

Lorsque je l’ai aperçu pour la première fois, j’avais à peine seize ans. Comme tous les ans, les seigneurs Raen de Doma et des provinces alentours venaient au dojo Okizuchi. Lors de cet évènement, chaque enfant de la famille se présentait face à eux, et effectuait un numéro de son choix : il s’agissait bien souvent de les impressionner avec une force, une agilité ou une adresse hors pair. Cette année-là fut particulièrement remplie, car beaucoup de mes cousins avaient atteint l’âge d’offrir leurs services à un noble seigneur. Je paraissais cependant bien frêle par rapport à mes cousins, qui, eux, avaient acquis une force et une habileté au combat que je n’avais pas. Cependant, il y avait un domaine où je les surpassais tous : le kyudo. Cette discipline consistait à tirer à l’arc, sur le dos d’une monture ou bien au sol, et de viser sa cible. Je fis donc de ma présentation une démonstration de ma rigueur et de mon talent. Malgré l’illustration brillamment réussie de mes capacités, peu de maîtres furent intéressés, préférant la force brute d’un combattant au katana ou la minutie d’un lanceur de dagues. Alors que je perdais tout espoir d’être acceptée aux côtés de l’un d’entre eux, un maître, vêtu tout de noir, arc-bouté sur de frêles jambes, la peau aussi pâle qu’un matin d’hiver, le front large et enflé, appuyé sur une canne, tenta de m’adresser un sourire se voulant réconfortant, mais qui me fit peur. Il s’avança, et je pouvais distinguer les sourires moqueurs des autres daïmios. Il s’agissait de Karasu-dono, du clan du Corbeau. Il fit signe au chef du clan Okizuchi.

« Moi, je l’accepte dans mes rangs,
Car ma solitude hante mes tourments,
Du haut de ma grande tour,
Où difficilement pénètre le jour,
Un archer de cette qualité
Ne pourra être qu’apprécié.
»

Je m’inclinais bien bas, pourtant, sur mon visage, aucun sourire, aucun honneur. Le soir même, je préparais mes affaires, et l’accompagnais, mon arc attaché à mon dos, mon maigre bagage avec moi. J’étais triste et presque déshonorée de servir un homme si frêle, qui semblait si faible. J’eus tort.

Car au fil des années que je passai à ses côtés, dans cette tour immense, au milieu des livres de sorcellerie aussi anciens que le Père de l’Aube lui-même, des potions et autres bizarreries intellectuelles, il m’apprit beaucoup. Sur l’histoire de Doma, sur nos ancêtres. Mais il m’apprit aussi à jouer du shamisen, cette petite cithare domienne, et appréciait de m’entendre rompre le silence de ce bâtiment vide et lugubre, où seul le vent sifflait. Il surplombait une plaine déserte, au pied d’une montagne. Le sol était charbonneux, et à perte d’horizon, il y avait une étendue noire et poussiéreuse, allant jusqu’en Othard, aux terres Xaela.

Quelquefois, nous retournions à Doma, pour affaire, ou bien pour nous racheter des provisions. Maître Karasu n’avait personne à part moi, et, pourtant, il ne cessait de me dire que ma présence lui avait redonné espoir en la vie. Son respect à mon égard a toujours été grand et infaillible. Malgré son âge avancé, je vécus avec lui pendant une belle dizaine d’années. Il entretenait des relations particulières avec l’empire de Garlemald, mais je ne m’inquiétais jamais de ses transactions.

Le jour où Doma fut prise, il fut parmi les premiers avertis, et nous quittâmes son bâtiment sans tarder. Ce ne fut que lorsque nous étions à plusieurs kilomètres de là que nous la vîmes s’effondrer, elle qui mesurait une bonne centaine de mètres. Le patrimoine des Karasu fut décimé, mais mon maître avait pris soin d’emmener les plus précieux ouvrages avec lui. Nous nous évadâmes vers les terres Xaela, mais, sachant le danger que nous courrions, il me prévint que lorsqu’il rejoindrait les seigneurs alliés du clan Karasu, je devais rejoindre un continent au sud, nommé Éorzéa, avec le reste des domiens survivant. Je discutais d’abord ses ordres, voulant rester à ses côtés, mais, il mit sa main sur mon épaule, et prononça alors un discours que je n’oublierai jamais :

« Okizuchi-san. À mes yeux, tu n’as jamais été mon samouraï. Ta protection était la bienvenue, cependant, je t’ai traitée comme mon ôte durant ces nombreuses et appréciables années. Je t’ai vu grandir, mûrir, et je t’ai appris presque tout ce que je savais. À mes yeux et dans mon cœur, tu es la fille que je n’ai jamais eue. Je ne veux pas que tout cela soit gâché. Tu es encore jeune. Va au sud, répands la parole domienne, prie le Père de l’Aube, car il sera ton seul allié sur ce chemin. Doma reviendra, belle et fleurissante, tel l’arbre qui se tarit, elle resplendira de joie et de beauté. Ryuko. Je suis persuadé que, lorsque tu reviendras en Othard, tu pourras, avec tes alliés, tes amis et tes frères, la reconstruire, la bâtir de tes mains, et faire que Doma soit de nouveau la puissance qu’elle fut jadis. Je suis vieux, ridé. Tu ne peux plus rien pour moi, ici. Pour le moment, rester ici, c’est trop dangereux. Mes amis ont des troupes, des alliés Xaela. Ils sauront me protéger. J’ai besoin de toi, là-bas. »

Alors j’entrepris le périlleux voyage qui me mena en Éorzéa, non sans peine.
Aujourd’hui, maître Karasu est décédé. Les personnes qui se disaient des amis l’ont trahi. Et ma rancœur, mon amertume ne sont qu’acerbes. Mais je n’oublie pas ses paroles, ses mots, qui sont gravés au plus profond de mon âme. Je saurai lui faire honneur. Je ne l’oublierai jamais, mon mentor, mon seigneur, et, par-dessus tout, mon ami. Le corbeau.
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