Le Raen détacha les boucles de son armure tout juste acquise, puis plaça les différentes parties sur un mannequin de bois, qu'il avait acheté récemment à Ul'dah. Enfin il s'allongea sur le dos, ses pieds dépassant un peu du lit, les mains croisés derrière la tête.
Il ferma les yeux un moment, songeant à la conversation que le petit groupe venait d'avoir, dans l'atelier de la compagnie. La Chasse... grâce à elle, et à la pêche bien sûr, il avait survécu tout au long de son périple, depuis les steppes d'Othard jusqu'en Eorzea. Il avait répété, inlassablement, les gestes que lui avait enseigné la xaela Ho'elund.
Hoelund, la fière. Hoelund, la traqueuse. Hoelund, sa compagne, durant trois années. Probablement les plus belles de son existence, en dépit de la hargne des combats et la rudesse du mode de vie du clan.
Il voyait à nouveau cet un amas rocheux, où il se cachait, attendant qu'elle rabatte vers sa position des antilopes des steppes... et le sourire d'Hoelund, alors que les deux bêtes s'étaient empêtrées dans leur filet, qu'il avait tendu au tout dernier moment, dans ce mince corridor de pierre. Les gestes de la xaela, vifs et précis, visant à achever rapidement les bêtes, leur épargnant une souffrance inutile.
Elle aimait sa terre natale. Elle disait qu'elle ne pouvait pas vivre sans sentir le vent des Steppes sur sa peau. Deimos songea qu'elle aurait préféré mourir sur place, plutôt que vivre en Eorzéa, loin de ses racines. Au moins, elle n'avait pas eu à faire ce choix, songea-t-il.
A chaque fois qu'il chassait, encore aujourd'hui, il avait l'impression - où le souhaitait-il plutôt ? - qu'Hoelund n'était pas loin, à quelques pas de lui, derrière un buisson ou une arête rocheuse.
Depuis sa mort, il n'avait chassé qu'en solitaire, essayant de retrouver les sensations d'antan. Pourquoi avait-il ressenti cette gêne, suite à la proposition de Khorijin, pour faire une chasse de groupe, avec Amaria et Tsubaki ? Comme si cette proposition envahissait sa mémoire, et l'espace réservé à sa compagne...
Ne trouvant pas le sommeil, le barde reprit une ancienne esquisse d'Hoelund, observant les traits fin de son visage, comme pour y trouver une réponse. Cette nuit là, il rêva de leurs anciennes chasses, mais, alors qu'ils voyageaient tous deux à travers les reliefs d'Othard, les yeux de la Xaela restaient éternellement, et étrangement clos.