[Carnet de voyages] Apparitions

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Deimos
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Re: [Carnet de voyages] Apparitions

Message par Deimos » 31 mai 2016, 13:19

Le Raen et la Crépusculaire rentrèrent au Castrum en soirée, après avoir chassés ensemble dans le Thanalan, couverts de poussière et tachés de sang. Ils décrochèrent de leur monture de larges pièces de gibiers, principalement deux bouquetins et ce qui fut sans doute un grand Bélier, puis les placèrent au frais dans la réserve, pour un salage imminent.

Le barde investit ensuite une des douches communes de Castrum Justitiae, où la plupart des combattants s'y croisaient sans gène réelle.
Certains faisaient attention à ne pas y aller en même temps que les autres, mais la nudité restait quelque-chose d'assez insignifiant pour la plupart d'entre eux. Il y passa un long moment, à ôter toutes les traces de terres et de sang, sur ses écailles surtout, qu'il avait récolté en aidant Callidia à maîtriser le Bélier agonisant. Finalement il sorti de l'alcôve, se séchant avec une grande serviette en lin, préparée sur des montants de bois prévus à cet effet. Son regard aux reflets d'or fut attiré par la grande silhouette de la Lionne de Gelmorra, alors qu'elle se préparait elle-même à entrer sous la douche.

L'archer Malaguld, depuis tout petit, avait le réflexe de noter des détails dans son environnement, parfois même insignifiants. Il observa un instant la forme sombre, presque sculptée, de son tatouage peu commun, inscrit dans le creux de son dos. Une marque, celle du symbole d'un dieu, ornait l'épaule gauche de la Crépusculaire. Puis, seulement après, le reste de son corps... Il n'était pas habituellement attiré par les femmes d'une espèce autre que la sienne. L'absence d'écailles lui donnait l'impression d'un corps faible, vulnérable. Mais il savait que ce n'était pas le cas de cette femme là, pour l'avoir combattu à plusieurs reprises dans l'arène du Castrum.

Sentant le regard du Raen sur ses épaules et son dos, elle croisa les bras par réflexe, restant dos à lui.

- "Qu'est-ce que tu regardes ?" La voix de la Crépusculaire ne sembla pas dans le ton du reproche, mais assez neutre.

- "Rien, laisse tomber." fit le Raen, alors que l'Elezen haussait les épaules, avant de filer sous la douche à son tour.


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Re: [Carnet de voyages] Apparitions

Message par Deimos » 19 sept. 2016, 17:59



Le Malaguld ne restait jamais longtemps enfermé, que ce soit au Castrum, au Dojo, ou n'importe quel lieu confiné.

Même dans une chambre du Perchoir, dont la fenêtre ouvrait sur un lac bordé d'une épaisse végétation, il éprouvait rapidement le besoin de fouler la terre, et retrouver la perception du ciel au dessus de sa tête. Il enfila des vêtements plus chauds, en prévision de la fraîcheur nocturne qui commençait à monter de l'étang proche, puis passa sa harpe en bandoulière, avant de sortir de la pièce.

Alors qu'il descendait de sa chambre, il aperçu ses compagnons et Tahla, discuter autour de quelques verres épars, dans la salle principale de l'auberge Gridanienne. En voyant Khorijin qui parlait avec Chisame, Il repensa à leur conversation de la veille, et à son sentiment étrange concernant les Qerels. Des questions, pour le moment sans réponse, se bousculaient dans l'esprit du Raen. Au fond de lui quelque-chose résonnait, comme un tintement, un appel, sans qu'il puisse véritablement en définir l'origine ni le sens.

Comment des Qerels avaient pu être enrôlés par l'Empire, tout en conservant leurs traditions et leurs méthodes de combat ?

Comment les chefs de cette tribu farouche avaient pu courber l'échine, et accepter l'autorité de l'envahisseur des steppes d'Azim ?

Et enfin, la plus amère de toute...

Est-ce que la Compagnie était vraiment certaine de l'affiliation de cette tribu aux Garlemaldais ?

Tout comme lui, un an et demi auparavant, ils auraient pu tout aussi bien accoster sur les rives d'Eorzea, à l'Est, voire plus haut encore.
Traqués ou chassés par l'Empire sur les terres d'Ala Mhigo, ils auraient pu s'enfuir jusqu'à Sombrelinceul, à la recherche d'un nouveau territoire à conquérir. Et dans ce cas... quelle était leur légitimité pour intervenir dans ce conflit, au risque de supprimer encore des Xaelas survivants ?
Et avec eux, leurs rites et leurs traditions devenus si rares, parmi les Xaelas venus sur ce nouveau continent...

Le barde était coutumier des méandres de réflexions sans fin, ce que Callidia lui reprochait parfois.
"Tu penses trop, Deim." C'était une phrase qui revenait régulièrement dans la bouche de sa compagne.

Alors il passa un bon moment à régler sa harpe, un peu à l'écart du groupe, pour en détendre sensiblement les cordes, afin de produire un son moins pincé et plus vibrant. Quand l'heure tardive eut envoyé la plupart des clients dans leurs appartements, le Barde commença à chanter une litanie, comme une longue plainte, dans un vieux dialecte Xaela. Certains purent en saisir le sens, ou du moins, quelques bribes.

C'était une ode aux exilés, aux déracinés, à tous les réfugiés cherchant la promesse d'une existence plus clémente, quittant les tourments de leur foyer. Pour l'inconnu.


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Re: [Carnet de voyages] Apparitions

Message par Deimos » 08 févr. 2017, 18:25

Zone Rouge
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Deimos ouvrit un oeil, puis l'autre, réveillé par l'odeur de sang qui persistait sur lui.
La douleur autour de ses poignets entravés dans son dos lui rappelait combien il était vulnérable, en cet instant.

Il prit le parti d'examiner lentement son armure.
Lacérée en plusieurs points, des parties s'étaient détachées, les lanières de maintien tranchées, dans le duel mené avec la crépusculaire.
Plusieurs filets écarlates semblaient dessiner des motifs sur ses protections restantes, autant de stigmates de la lutte acharnée entre les deux membres de la Compagnie Fantôme.

Il releva la tête finalement, la regardant arpenter cet endroit comme si c'était son domaine réservé. L'Elezen glissait sans bruit entre les couverts, réagissant aux rares changements dans l'environnement autour d'eux.

Le Raen songea au chemin qui les avait mené jusque là. Les choix qu'il avait fait. Les sacrifices endurés par les compagnons, aussi.

Aurait-il pu mener une vie paisible, au sein d'une contrée au Sud d'Eorzea, surprotégée et bercée par une douce illusion de paix ?
Il chercha en lui une once de remords, de regret, de doute.

Mais il n'en trouva pas.

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Re: [Carnet de voyages] Apparitions

Message par Deimos » 16 mai 2017, 16:32


Quelque part dans la steppe d’Azim, seize ans auparavant.

C’était un de ces jours d’orage sans pluie, à l’atmosphère chargée, dans les territoires de la Steppe Orientale. Une terre avare de ces dons, irriguée péniblement par les vestiges d’une rivière asséchée, en cette fin de saison.

La fille de Kharduk tourna la tête vers l’entrée du camp, s’attendant à ce que les hommes reviennent de la chasse. A la place, elle les vit traîner le corps d’un homme, au beau milieu du camp.

Un des chamanes du clan s’approcha, par quelques pas laborieux trahissant son âge avancé, avant de tâter le flanc de l’étranger avec le bout d’un long bâton, orné d’un crâne de bélier.

- “Il a l’air assez grand. Mais il est en piteux état. Si il n’a pas repris du poil de la bête dans trois jours, rendez le à la steppe.”

Les Xaelas s'exécutèrent, suivant la parole du sage, emmenant l’étranger jusqu’à des cages vétustes, en bordure du camp. Elle perçue tout juste les écailles d'albâtre du corps d’un Raen, contrastant avec une peau plus sombre, avant que les hommes ne disparaissent derrière une large yourte.

Ca n’était pas une vision inhabituelle, parmi le clan Xaela Malaguld, surtout ces dernières années. Un des clans les plus à l’Est des steppes d’Azim, bordé par une solide chaîne montagneuse. Et de l’autre côté, les provinces inconnues de Doma.

Les plus avisés du clan, dont Kharduk, se doutaient de ce qu’il se passaient, en recoupant les récits des différents exilés. Ils parlaient de la venue de soldats de fer, accompagnés par de nombreuses machines de mort, dans les contrées contrôlées par les Domiens.

Elle fit quelques pas de plus, pour distinguer les cages fabriqués de long os et couvertes de peaux tendues, offrant un abri sommaire aux prisonniers capturés et aux réfugiés du clan.

Et puis son homme l’appela. Demain, elle devrait partir, et participer à la refondation d’une nouvelle tribu, plus loin au nord. Peut-être qu’elle reverrait cet étranger un jour, si il survivait. Un homme, parmi d’autres exilés. Elle resserra le visage de son fils contre elle, l’enveloppant d’une tunique colorée pour le protéger du sable, se décidant enfin à rejoindre le Xaela aux yeux clairs qui l’attendait plus loin.

***
Neuf années plus tard.

Les tribus formant le clan Malaguld s’étaient à nouveau réunis, pour fêter dignement la récente victoire sur les Adarkims.

Hoelund enchaînait quelques pas sur la crête rocheuse qui dominait les réjouissances, suivant le rythme les tambours en contrebas. Une série de colliers forgés tintaient avec vigueur à son pied droit, alors que sa silhouette svelte, à la musculature fine mais bien visible, attirait les regards. En bas un Xaela aux cornes recroquevillées, déjà passablement aviné, lui intimait de descendre de son perchoir. Probablement dans l’espoir de terminer sa nuit avec la danseuse des steppes.

Quelques clameurs attirèrent l’attention de la fille du Khan, alors que des voix montèrent plus haut, près d’un feu de camp proche. Un Xaela aux larges épaules semblait repousser un grand Raen vers le feu, et le défier devant les autres. Elle observa le Raen en contre-jour, les flammes dans son dos, alors qu’une arène improvisée se formait, par l’attroupement de curieux autour des deux Ao Ras.

C’était le même homme, ce réfugié Raen, aperçu quelques années auparavant, dans la plus petite des tribus du clan. Désormais un homme dans la force de l’âge, il lui sembla qu’il avait une démarche différente des autres. Elle n’était pas arrogante ni empreinte d’une volonté de domination, comme beaucoup de mâles Xaela qu’elle rencontrait. Mais ses gestes ne furent pas hésitant pour autant, alors qu’il ramassa le couteau jeté par la foule, à ses pieds.

Quand le Xaela se jeta sur lui, le Raen fit un pas de côté, son corps pivotant sur ses appuis, d’un geste qui trahissait son appartenance aux gens de l’Est. Cet héritage d’un savoir martial enseigné tout jeune, elle l’avait déjà vu chez un autre Raen plus âgé que lui, au sein du clan. Son assaillant se précipita plusieurs fois à sa rencontre, mais l’étranger esquiva encore et encore les coups portés, de cette lame qui brillait à la lueur des flammes, si proches.

Puis comme une délivrance, une dague s’enfonça, profondément. Mais Hoelund ne vit nul regard de triomphe dans les yeux mordorés du Raen, alors qu’il laissa choir le corps de son adversaire à ses pieds. Elle perçu autre chose. Comme une forme de volonté chevillée au corps, de survivre malgré tout, et aussi par delà, un regard empreint de lassitude.

Alors que le Raen enjamba le corps du Xaela blessé, une femme accouru pour porter secours à l’homme à terre. Il fendit la foule qui s'écarta, sans un mot pour sa victoire soudaine. Il releva alors le regard vers une silhouette sur la crête, qui se découpait dans la brume du soir.

Peu de femmes Xaelas portaient les cheveux longs à sa manière. Par commodité sans doute, alors que la vie dans les steppes rendait leur entretien long et peu pratique.

A la tunique qu’elle portait, révélant de fins mollets, et les symboles accrochés à une jupe composées de tissus raccordés en quinconces, plus soignés et précieux dans leur étoffe, il sut à qui il avait à faire.

Deimos pressentait qu’il y avait un danger à croiser son regard. Comme la promesse d’un aller sans retour, alors même que sa condition ne lui permettait en rien d’imaginer quelque chose avec la plus connue des danseuses des rites traditionnels Malaguld.

Elle, Xaela, fille du Khan de la tribu la plus au nord du clan. Lui, exilé Raen, tout juste toléré dans le clan, comme un élément sacrifiable au besoin.

Leur regard se croisèrent, quelques secondes à peine, les deux semblant éviter de le faire sciemment, telle une forme de sentiment inconscient.

***
Il y a six ans, à l’ouest du campement principal du clan Malaguld.

Ces moments où ils partaient tous les deux en éclaireur, loin de tout, étaient de loin ses préférés. Elle avait le sentiment qu’il n’existait plus rien d’autre, et que le monde se résumait à eux deux, perdus dans ce paysage aride. Le souffle du vent perceptible à l’horizon, créant des volutes de poussière éphémères sur la steppe. Cette lumière, si particulière, rasante, qui semblait venir d’un autre monde.

Elle toucha du bout des doigts le visage sec du Malaguld, alors que le matin se levait sur les deux amants, à l’abri derrière un relief de quelques maigres plantes accrochées à la terre.

Elle songea qu'ainsi, allongé sur le dos et immobile, il semblait mort, enveloppé dans un doux linceul de sable. Seule sa voix lui rappela finalement que le Raen était bien vivant.

- "Hoelund. Pourquoi tu ne dis rien ?"

Elle lui sourit simplement, avant de passer au dessus de lui d’une impulsion, et d'encadrer son visage avec ses mèches noires. Bien loin d’être une Xaela sans défense, il pouvait sentir les muscles fins de la danseuse contre lui.

Elle ne l’embrassait pas, mais attendait au dessus de lui, souriante, alors que la lumière naissante filtrait à peine à travers les cheveux de jais de sa compagne. Le Raen la contempla, et songea à cet instant qu’à sa propre mort, il se souviendrait de cette image, avant de rejoindre le domaine du dieu du soleil. Enfin la Xaela abaissa son visage lentement plus près du sien; juste avant de sentir le contact de ses lèvres, le Raen crut entendre, brièvement, le rire d’un jeune enfant, emporté dans le vent.

Musique : Dead Can Dance - Bylar.

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Re: [Carnet de voyages] Apparitions

Message par Deimos » 29 juin 2018, 11:42

Le Raen ouvrit les yeux et tenta de rassembler ses pensées fragmentées. Des images fugaces des combats en Gyr Abania, la voix de ses compagnons d’armes, la rage des combats faisaient encore écho dans son esprit. Et puis ce traquenard au détour d’un col montagneux, alors qu’il revenait d’une mission de surveillance.

Il observa les lieux et la toile épaisse de la tente qui surplombait son lit de camp. Non loin de lui, d’autres couchettes et lits de fortunes étaient disposés en quinconces, sans même de paravents pour protéger l’intimité des patients. Le campement des blessés d’Ala Ghiri.

Son corps se rappela brutalement à son souvenir, par un fort tiraillement à son flanc et une sensation latente de vertige. De larges bandages, changés récemment, couvraient deux blessures sur son torse. Il se rappela cette machine de mort en face de lui, les détonations et l’odeur de sa propre chair brûlée après les impacts. Comment ses flèches avaient fini transpercer la carapace de métal, au prix d’un long combat, avant qu’il ne s’écroule au sol. Et Callidia qui courait vers lui, alors que sa vision devenait trouble.


Comment avait-il pu se laisser surprendre par cette patrouille Impériale ?

Fermant les yeux quelques secondes, le Malaguld tenta de mobiliser son énergie, de rassembler son éther, sans y parvenir.

Depuis la fin de la campagne en Othard, il lui semblait qu’il avait perdu quelque chose d’indéfinissable.
Une part de sa volonté farouche, de son énergie à vaincre ses adversaires. Une partie de ses forces qui ne répondaient plus à son appel.

Son esprit était pourtant apaisé désormais, après la mort de Murasaki, l’homme qui avait tué sa femme des années auparavant en Othard. Il avait eu sa vengeance. La haine qui l’habitait s’était évanouie, tel un parasite qui finit par lâcher sa proie, exsangue. Cette même haine qui l’avait porté après la mort d’Hoelund, et entraîné dans ce cycle de vengeance contre l’Empire...

Le Malaguld se releva sur ses coudes malgré la douleur ressentie. Une silhouette apparue dans la lumière de l’ouverture de la tente. Deimos reconnu immédiatement sa compagne Crépusculaire, qui se figea une seconde.

Il devina qu’elle souriait, malgré la lumière à contre jour derrière elle.


- “Tu en as mis du temps.”

- “J’ai pensé que c’était la fin, cette fois. Que j’allais rejoindre les ancêtres et les conteurs disparus de mon clan”.

- “Si tu croyais que j’allais te laisser mourir dans ce désert, c’est mal me connaître...” Elle s’approcha et vint s’assoir près de lui. Dans un geste familier entre eux, elle vint caresser avec douceur les écailles de sa gorge, prenant son temps pour observer ses yeux mordorés enfin ouverts.

- "Tu as pris pour acquis de t’avoir dit que je t’attendrais tout le temps nécessaire, sans doute."
Elle lâcha les mots sans amertume, et un sourire en coin, tantôt taquin ou moqueur, ne quitta pas ses lèvres pourpres.

Le Raen lui rendit son sourire brièvement, avant que son regard se fronce.

- “Où sont les autres ?”

- “Tu es resté inconscient plusieurs semaines. Les soldats sont partis vers l’Est et la compagnie a continué le combat. La guerre en Gyr Abania s’est terminée il y a quelques jours. C’est ce que les soldats disent ici.”

Comme elle l’avait fait jusqu’à présent, elle contrôla les bandages du Raen, tout en parlant avec lui.
Il la regarda, et elle répondit d’instinct à sa question silencieuse.

- "Je ne les ai pas suivi, il était hors de question que je te laisse derrière. Autant te dire que ça n’a pas plu.
Il n’y a pas eu d’ultimatum mais aujourd’hui je ne sais si je fais toujours parti des effectifs, ou si je suis un déserteur".

-"Il faut reprendre contact avec eux rapidement et faire un point sur la situation."

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