Les Chroniques du Crépuscule

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Meredyth Clayworth
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Les Chroniques du Crépuscule

Message par Meredyth Clayworth » 03 juin 2016, 07:54

TRAQUE DANS LE THANALAN
Prélude : la chasse
Foutu soleil ! Il la brûlait... si ce n'était pas directement il ne se gênait pas pour chauffer le cuir qui la recouvrait entièrement. Elle aurait du spécifier chasse nocturne mais étant donné qu'elle avait déjà dit oui hors de question qu'elle mentionne à nouveau cette faiblesse.

Il faudrait qu'elle s'en charge très rapidement, et un nom commençait a lui revenir en tête… Dacien. Bien qu'elle se méfiait de lui comme de la plus vicieuse des vipères, il fallait reconnaître qu'il avait parfaitement soigné la corruption de son Éther. Ou alors il l'avait arnaqué avec brio. Dans un cas comme dans l'autre ça forçait le respect. Crépusculaire comme elle, il serait certainement plus apte à comprendre sa nature sensible à cette saleté d'astre.

Deimos lui, évoluait tranquillement, légèrement en avant ouvrant la marche à travers les steppes du Thanalan Oriental, regardant parfois en arrière pour vérifier si elle suivait toujours. Bien qu'il connaisse son handicap il ne ralentissait pas la cadence plus qu'il n’était nécessaire. Il commençait a connaître les réactions de l'Elezen, et il savait pertinemment qu'elle le prendrait mal, surtout vu leur récente conversation au manoir Abyssal.

Voyant que son teint habituellement blafard était devenu d’un rouge soutenu, l’Ao Ra se tourna vers elle.
- "On passe le viaduc et on fait une halte du coté de la rivière, dans le bois".

Haussant les épaules comme à son habitude l'Elezen lui répondit de façon nonchalante
- "Comme tu veux".

Loquace... ça n’était pas le mot qui la caractérisait, décidément, songea-t-il. Au moins cette peau lisse ne parlait pas inutilement. Mais au fils des semaines et des mois dans la compagnie, elle commençait à se dévoiler peu à peu. L’autre soir, il l'avait entendu rire, pour la première fois, suite à l'un de ses chants à la gloire de la Tornade Blanche, le dernier champion du tournoi des Douze.

- "J'espère que tu m’emmènes chasser du gros gibier et pas de simples moutons laineux sauvages !" la voix pleine de défi elle regardait le grand Raen se mouvoir dans ce paysage aride. Elle observa le jeu de ses muscles qu'elle percevait par endroit, sous l’armure de cuir légère qu’il avait choisi d’endosser pour cette chasse. Son corps avait une forme de sablier, au niveau du bassin, caractéristique de sa race. Elle se fit le constat que la corpulence des Ao Ras mâles n’était pas si éloignée de celle des Elezens en général, même si leur femmes étaient naturellement plus petites.

Instinctif, le Malaguld tourna la tête, comme s'il avait perçu un changement dans la posture de la Crépusculaire, et il eut le temps de percevoir un fugace sourire en coin. Il dû sûrement penser que cette Lionne devait déjà s'imaginer en train de chasser et prendre sa proie. Elle était coriace et téméraire ça, pas de doute, mais ce petit sourire dévoilait une facette un peu plus joueuse et sarcastique.

- "Du gibier à cornes ça te convient ?" Fit le Raen.

- "Mouais. Ça coure pas vite mais ça reste puissant a maîtriser".

Ils entamèrent la traversée du viaduc et elle ne put s'empêcher de regarder le gouffre sous leurs pieds. S'arrêtant un moment, elle ferma les yeux, pour écouter le vent siffler et chanter à ses oreilles. Elle pouvait paraître la plupart du temps détachée de tout, voire froide, mais ça n’était pas le cas en cet instant.

Son visage n'était ni froid ni chaleureux, mais il put y distinguer des changements de trait succincts, comme si son visage répondait à ce qu’elle entendait. Comme une vibration en accord avec le monde naturel. La vision fut de courte durée car elle rouvrit les yeux et posa sur lui ses yeux vairons cherchant à comprendre ce qu’il pensait. Le Raen ne dit rien, alors que ses yeux un peu fauves la regardaient toujours.

On continue” ajouta t-elle finalement, en reprenant la route.

On est plus très loin de la rivière. Tu peux aller repérer le gibier ?

Le soleil déclinait à chaque minutes et elle supportait mieux la chaleur du Thanalan, à présent. Au delà du viaduc et essentiellement grâce au cours d'eau la végétation présente était bien plus dense offrant arbres, fourrés et ombrage à foison. Ça ne ressemblait pas à son terrain de jeu de prédilection mais largement de quoi pimenter la traque.

L’archer lui, commençait à guetter le gibier tout en forçant le pas pour les mener vers le cours d’eau. Étudiant l'un comme l'autre la végétation pour repérer les traces ils virent au même instant un début d'empreinte de patte de bélier. Lui pris l'initiative de s'accroupir et regarda plus en détail la direction des traces tandis que Calli elle se concentra davantage sur les sons environnants.

-"Ils se dirigent vers le cours d'eau pour s'abreuver". Le pisteur toucha quelques traces du bout des doigts.

- "Nous sommes pas les seuls prédateurs par ici, ça s'éloigne mais je l'entend feuler"
- " De quoi tu parles ?" La fixant avec attention avant de se redresser et commencer a guetter les environs arc en main.

- "Je suis persuadée que c'est un fauve"
- "Un fauve ? Il n'y en a pas d’habitude par ici.

Haussant de nouveau les épaules, elle se mit en route en suivant les traces du gibier. Si Deimos avait pu douter un moment au fur et à mesure de l'avancement certaines traces ne laissaient aucun doute. Le premier signe visible, des traces de griffes le long d'un tronc et il était difficilement pensable qu'un Chocobo soit capable de faire ça.

En progressant encore ils commencèrent à sentir l'odeur faisandée d'une carcasse en décomposition. Les chairs de l'animal lacérées pendouillaient bien qu'il n'en restait que très peu. Elle adressa juste un regard a Deimos l'air de dire "tu vois" ce à quoi il répondit de façon muette "on reste sur ses gardes", hochant la tête et surveillant les alentours.

Ils n’étaient plus qu'a quelques yalms de la rivière qu'il aperçurent un petit troupeau de bouquetins menés par un bélier des plus imposants, une belle bête aux pattes puissantes. La traque allait commencer !

- "T'es toujours en jambe ?" Parlant tout bas, elle le taquinait c'est certain mais son regard pétillait à la fois de malice et de défi. - "Toujours" Il sourit à son tour plus franchement.

Ils parlèrent un moment pour se mettre d'accord sur la façon de chasser de concert et le jeu débuta. Calli pris les devants se faufilant dans la végétation comme un félin prêt a fondre sur sa cible. Bien entendu la cible était le morceau de choix tant qu'a faire ! Deimos la guetta en la regardant évoluer dans le décor, malgré sa taille elle arrivait à se dissimuler et passer inaperçue changeant parfois d'approche et de tactique pour éviter le vent ou les obstacles.

Elle se montrait agile et souple comme a son habitude mais ce contexte lui permit de voir son savoir faire sous un tout nouvel angle. Le barde songea qu’elle était à l’aise, à présent, dans son univers.
Deimos encocha une flèche, attendant le moment propice pour toucher sa cible, mais aussi laisser le temps à l'acrobate au teint pâle de jouer un peu.

L'affrontement ne fut bien sûr pas comparable à ceux des missions avec la compagnie mais il n'en fut pas moins agréable. Sortant telle une ombre d’un fourré proche de la bête, les dagues de Calli s'abattirent sur le bélier avec précision, tandis que les flèches du Raen filèrent dans un murmure, frappant par deux fois l’animal aux pattes, l’immobilisant.

Les bouquetins s'éparpillèrent sans demander leur reste, l'un d'eux dans sa fuite vint bousculer la crépusculaire la déséquilibrant un instant. L'énorme bélier lui donna un coup de corne dans l'épaule, encore heureux qu'il ne soit déjà plus que l'ombre de lui même sinon son épaule aurait été démise. Deimos couru vers le butin laineux et aida Calli à le maîtriser et en finir.

Couvert de poussières et sang ils contemplèrent leur trophée de chasse, l'un comme l'autre le sourire aux lèvres.

- "Tu permets ?"

Calli prononça ces mots tout en en se baissant, posant un genoux au sol. Elle ôta ses gants et entailla profondément chair encore chaude de la bête au niveau de la gorge, dont le sang s’écoula en quantité. Trempant son index droit dans le sang elle se mit a tracer dans sa paume gauche un dessin. Deimos, étranger à cette coutume, si cela en était vraiment une, la regarda faire, reprenant son arc en bandoulière. Elle semblait se montrer à la fois sauvage et respectueuse de sa proie, reproduisant une forme de rituel peut-être propre à son ethnie... Une fois qu'elle eut terminé Il pu y reconnaître le symbole du Dieu au visage double, Nald'Thal. Suite à la préparation des affiches du tournoi des Douze, qui était décorée du symbole des entités divines, il commençait à mieux les identifier.

Deux autres bêtes firent les frais de leur chasse. Une fois dépecée, débitée il se remirent en route pour rentrer vers le Castrum mais il allait falloir charger les chocobos au camp des os desséchés.

A leur arrivée le camp étaient en agitation, une fourmilière. Des gardes prêt à partir, des paysans locaux avec des armes, et quelques aventuriers de passages qui attendaient.

- "Le Seigneur Pupulato a été retrouvé mort !!!"
- "Quoi mais où ?" "Oooh c'est terrible !"
- "Il parait que c'est son Coeurl apprivoisé qui a fait ça !"
- "Il se pavanait sur cette immense bête"
- "On dit que ça faisait pas longtemps qu'il l'avait" "Mais il est où le Coeurl ?"
- "La bête a disparue !! Il faut la tuer avant qu’elle fasse d’autres victimes !!"

Les conversations continuèrent et l’agitation régnait en tous sens mais Calli n'en rata pas une miette. La crépusculaire se tourna vers Deimos lentement une flamme dans le regard.

Il vit dans ses yeux cette envie de défi, un désir de possession naissant, animant et réchauffant ses yeux vairons.

- "Je le veux !"

Il hocha la tête lentement, pensif.

Meredyth Clayworth
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Re: Les Chroniques du Crépuscule

Message par Meredyth Clayworth » 09 sept. 2016, 13:52

LE RITUEL


La lune était pleine, l’astre pâle semblait veiller sur le camp Miqo’te qui avait accueilli ses étranges hôtes pour la nuit. Les chasseurs de la tribu avaient rejoint leurs tentes depuis longtemps déjà.

Callidia observa ses compagnons tour à tour, le corps bercé par la respiration tranquille et profonde du coeurl. Son pelage et sa chaleur lui accordaient un peu de confort dans cette nuit claire mais froide. Deimos était allongé à quelque pas de la crépusculaire, ne dormant que d’un oeil, comme souvent quand il était en extérieur. Khorijin, s’offrant un repos bien mérité dormait enroulée en boule contre sa louve. Chisame ronflait un peu par moment, peut être rassurée par la présence du spectre d’Othard à quelques yalms d’elle. Tsubaki, assise en position de méditation un peu plus loin, semblait occupée à régénérer son éther. Sans surprise, Jaghatai ne dormait pas, figé dans un immobilisme parfait, telle une statue de pierre guettant la nuit, à la sortie du campement.

Il n’était pas simple de quitter les lieux sans éveiller les soupçons. Et le moment était mal choisi pour s’attirer les foudres du maître de la compagnie. Mais c’était le coeur de la nuit et elle devait filer à présent. Se redressant très lentement elle enjamba les pattes du coeurl qui instinctivement releva la gueule, intrigué. S’approchant de Deimos à pas feutrés, elle l’observa un instant. Les mots de Khorijin résonnaient encore dans sa mémoire. Oui, elle changeait; ce qu’elle ressentait depuis quelques temps perturbait ses sens et ses repères originels. Elle effleura une seconde les écailles de la gorge du barde, dans un geste à la fois tendre et possessif tout en lui chuchotant des paroles pour éviter un sursaut de sa part.

- “Je vais chasser, je reviens bientôt.”

Il expira un son qui devait sûrement signifier un oui avant d’ouvrir ses yeux d’ambre et les fixer sur elle.

- “Sois prudente. Les assaillants du village ne sont peut-être pas loin.”

Le coeurl se redressa sur ses pattes griffues, et déploya ses appendices de chaque côté de sa tête féline, attirant l’attention de la louve un peu plus loin, qui bouscula légèrement la Xaela dans son sommeil. L’Elezen grogna légèrement et se détourna, partant à l’opposé de la position de Jaghatai, pour éviter d’attirer davantage les regards; bien qu’elle se doutait que le maître avait déjà perçu ses mouvements dans la clairière. Elle s’enfonça alors dans le coeur de la végétation qui bordait le camp, évitant ronces et racines, les enjambant dans des mouvements fluides. La crépusculaire avança de façon progressive, épiant et écoutant la nuit, toujours sur ses gardes aux vues des derniers événements qui avaient laissé le village au nord défiguré.
Cette nuit encore, à l’occasion de la nouvelle lune, elle s'apprêtait à honorer une tradition qu’elle n’avait jamais oublié, vestige de l’héritage de son clan. Elle aurait pu laisser derrière elle toutes ces croyances, que certains auraient jugés d’un autre âge, en arrivant à Ul’dah. Mais c’était ancré profondément en elle, et sa propre peau se chargeait de lui rappeler ses origines jours après jours, arborant les stigmates de ces pratiques anciennes.

Elle trouva enfin une partie de terrain dégagé pour y faire un feu et chasser un peu plus loin. Elle avait besoin du sang d’un animal, et le coeurl devait se nourrir lui aussi. Mieux valait éviter qu’il dévore un chocobo de la compagnie… Avec l'entraînement et les chasses nocturnes il n’y avait jamais eu d’incident mais la crépusculaire restait sur ses gardes. Elle n’avait pas la prétention de penser qu’il pourrait devenir un compagnon domestique sage et obéissant. Ce n’est pas ce qu’elle cherchait et elle avait donné sa parole à l’esprit de la forêt -si s’en était bien un- de le traiter comme un véritable partenaire. Il restait un animal sauvage épris de chasse et de liberté avant tout; c’était très bien comme ça.

Quand la végétation se fit moins dense, elle remonta sur le dos du coeurl afin d’avancer plus rapidement. Elle regarda au début si l’un du groupe l’avait suivi puis passa à autre chose au fil de sa progression, se concentrant sur les gestes à venir. Il n’y avait plus que l’astre blanc qui l'intéressait et le rituel qui l’attendait. Elle se mit en chasse et jeta finalement son dévolu sur un cerf antilope, aperçu près d’un cours d’eau, pour répondre à ses besoins et à ceux de son compagnon de route. La chasse éveillait et aiguisait les sens de la crépusculaire. Un art qu’elle avait développé depuis des années, dès qu’elle avait été en âge de s’aventurer à la surface.

S’approchant à pas feutrés du point d’eau, et se servant de la végétation pour couvrir son approche, elle attendit le bon moment pour sauter sur la bête infortunée et planter ses dagues juste au niveau de la gorge. Le cerf s’effondra dans un râle, ses forces l’abandonnant aussi vite que le flot de sang qui s’écoulait de sa gorge. Fidèle à ses propres rites, elle ôta ses gants et trempa son index dans le liquide carmin et visqueux, pour venir marquer tour à tour ses paumes du symbole de Nald’Thal. Un sourire de satisfaction se dessina sur ses lèvres; elle prit le temps d’ôter les pièces supérieures de son armure puis s'attela à préparer un feu non loin du cadavre de sa proie. Le coeurl attendait son heure, un peu plus loin, bien qu’impatient à la vue de son futur festin, il n’approcha pas de la proie, désormais familier des coutumes de sa maîtresse.

Quand les premières flammes apparurent au sein des brindilles de bois secs qu’elle avait assemblé, elle releva son regard vers la lune et sourit. Elle murmura alors vers l’astre pâle quelques paroles, comme on pourrait parler à une mère ou à une confidente, puis elle rendit hommage à son dieu, par l’intermédiaire des flammes qui dansaient à présent à ses côtés.
Elle ferma les yeux et apposa ses mains sur le cerf, se concentrant sur la nature environnante. Elle ne vit pas l’étrange tatouage commencer à briller faiblement dans son dos, alors que les éléments s’agitaient autour d’elle, rendant les volutes d'éther visibles et presque palpables. Elle laissa venir à elle toutes ces sensations, s’en imprégnant profondément. L’air tournoyait lentement autour d’elle, faisant danser et vaciller les flammes, avant qu’elles ne prennent assez d’ampleur pour venir caresser le visage de la crépusculaire. Son corps souple et agile se cambra, pour mieux absorber le présent de son dieu.


Quand tout fut terminé, elle sourit, apaisée, satisfaite et libre. Sans tarder elle fit mourir le feu et en étouffa les cendres avec de la terre. Puis elle découpa un morceau du cerf pour le ramener au campement, tandis que le coeurl ne se fit pas prier pour dévorer le reste de la carcasse. Quand il eut terminé son festin, et qu’elle avait achevé de nettoyer ses dagues et remis son armure, elle se remit en route pour rejoindre les autres, avant qu’ils ne s'éveillent et ne reprennent leurs recherches dans la vaste forêt de Sombrelinceul.

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