[Alistair Cinderstone] Chroniques des Cendres

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Trystiel
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[Alistair Cinderstone] Chroniques des Cendres

Message par Trystiel » 08 juin 2016, 14:52

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La petite troupe menée par Firuji progressait d’un pas rapide sous l’aube naissante. L’astre brûlant était encore partiellement caché par l’horizon mais, déjà, la chaleur se faisait ressentir. Une chaleur sèche, d’autant plus supportable que les guerriers étaient habitués depuis leur plus jeune âge aux rigueurs du Thanalan.

Leur objectif était désormais proche : un camp de peaux-molles établi sur l’un de leurs territoires de chasse. Ces dernières années, ces colons devenaient de plus en plus nombreux, privant le clan de ressources ô combien vitales. Il était temps de leur donner une nouvelle leçon et de les repousser. Encore.

Un avertissement retentit sur sa droite, tirant Firuji de ses réflexions. Suivant la direction indiquée par son second, il remarqua la silhouette solitaire qui se tenait sur le pont de bois enjambant le canyon qu’ils devraient bientôt traverser s’ils ne voulaient pas effectuer un long détour. Vêtu sobrement de vêtements couleur sable, il était presque négligemment appuyé contre la rambarde du pont, son regard posé sur les combattants qui ne tarderaient pas à être sur lui.

Le vieux guerrier fit ralentir la troupe d’un geste. Ils ne tardèrent pas à combler la distance qui les séparait de l’étranger, pour s’arrêter à quelques mètres de lui. Un étonnant sourire aux lèvres, ce dernier s’avança au milieu du pont avant de s’incliner devant eux.
  • « Bien le bon jour, honorables guerriers. Pardonnez ma curiosité, mais je me suis laissé dire que votre troupe s’apprêtait à fondre sur un campement de gens non armés... je n’ose croire que de valeureux chasseurs tels que vous s’abaisseraient à une telle infamie ? »
Nadovv, l’un des plus jeunes de la troupe, arma son bras pour lancer son javelot sur l’impudent. Firuji l’arrêta d’un simple geste de la main.
  • « Qui être toi ?
    - Est-ce vraiment ce qui importe ?
    - Vrai. De là bouger tu vas, si à ta vie tu tiens ! Entre nous et nos proies personne ne se mettra ! Depuis trop longtemps sur nos terres vous autres peaux molles empiétez !
    - Hmm oui, je peux comprendre cela. Peut-être pourrions-nous en discuter et trouver ensemble une solution ? Je m’en voudrais de devoir priver votre tribu de si valeureux combattants… »
Plusieurs exclamations mêlant surprise et indignation fusèrent dans les rangs de la troupe. Firuji ne put rien faire lorsque ses compagnons chargèrent l’étranger. Le voulait-il seulement ? Le peau-molle cessa de sourire, mais son regard pers brilla d’un éclat qui glaça l’échine du vétéran. Puis, il se mit à prononcer des mots dans un étrange charabia tout en gesticulant bizarrement.

Les deux premiers javelots semblèrent ricocher sur lui, tandis qu’un froid pénétrant s’emparait des jambes des guerriers, ralentissant leur charge. Les bras du mage tracèrent de nouvelles arabesques dans les airs et un véritable déluge de flammes tomba sur eux. Deux combattants s’écroulèrent aux cotés de Firuji et la troupe marqua un temps d’arrêt.

Le vénérable guerrier poussa un véritable rugissement de rage, brisant l’instant d’incertitude. Ils chargèrent. Firuji leva sa lourde hache vers les cieux et frappa de toutes ses forces… La large lame ne rencontra que le vide et il manqua de trébucher. L’étrange peau molle avait disparu, littéralement. Il se tenait à présent de l’autre côté du pont, et de ses mains jaillirent de nouveau des flammes dévastatrices, qui emportèrent avec elles trois autre fidèles d’Ifrit.
  • « La leçon vous suffit-elle ? Repartez chez vous, avant que je mes flammes ne vous renvoient tous auprès de votre soi-disant Dieu. »
Qu’espérait-il ? Le cri de guerre du Clan retentit et les Amalj’aas s’élancèrent de nouveau sur l’étranger, à son plus grand désarroi. Lui qui semblait jusque-là si sûr de lui, si souriant, perdit grandement de sa superbe. Ses traits se décomposèrent et il tourna les talons sans demander son reste. Sans doute pensait-il que sa magie suffirait à avoir raison des valeureux compagnons de Firuji. Sans doute croyait-il qu’ils fuiraient, tels de lâches peaux molles. C’était bien mal connaître le peuple élu d’Ifrit. Bientôt, il saurait ce qu’il en coûtait de les défier ! La chasse pouvait débuter…

Il fallait bien le reconnaître, le peau-molle courait vite, parvenant même à distancer légèrement les féroces guerriers du Clan. Mais sa méconnaissance des lieux jouait clairement contre lui, scellant son destin. Il s’engouffra dans une gorge étroite, espérant sans doute que sa stature plus mince lui donnerait l’avantage face à l’imposante carrure de ses poursuivants. Il oubliait sans nul doute qu’ils étaient sur leur propre terrain.

Mû par la fougue de la jeunesse, Nadovv allongea sa foulée et s’approcha dangereusement de leur proie. Il arma de nouveau son bras. Le javelot fusa avec une précision des plus redoutables. Sa cible fit un bond de côté, mais elle ne put esquiver totalement le tir. La pointe du javelot déchira ses vêtements, avant de venir se ficher dans la roche. Le jeune guerrier poussa un cri de joie, quelque peu prématuré… La chance avait souri à son adversaire et son arme ne semblait lui avoir infligé qu’une simple estafilade.

La course se poursuivit, la peur aiguillonnant le mage au point de presque lui conférer des ailes, en dépit de la douleur. Jusqu’à l’instant fatidique ou, au détour d’un virage, il fit face à un mur de roches haut de plusieurs mètres… Acculé, il ne put que se retourner face à la mort certaine qui l’attendait tout en tentant, tant bien que mal, de reprendre son souffle. Sa main était posée sur son côté droit, où le tissu désormais rouge sang de ses vêtements attestaient du succès de Nadovv. Même sans cette impasse, la chasse n’aurait plus duré très longtemps.

Les guerriers marchèrent lentement vers lui, comme pour mieux savourer ces instants. Firuji balançait presque négligemment sa hache, goguenard.

  • « Alors, petit mage… Nous arrêter tu pensais ? De nos sacrifices le premier tu seras, pour la plus grande gloire d’Ifrit ! »
Firuji fixait le peau-molle, quelques rires fusant parmi ses compagnons. Le sourire amusé qui s’étala sur les traits de l’étranger ne manqua pourtant pas de désarçonner certains de ses adversaires.
  • « Vous arrêter ? Non. Par contre eux… »
Firuji leva les yeux, plusieurs silhouettes aux vêtements couleur sable apparaissant au sommet des parois du canyon. L’une d’entre elles attira particulièrement son attention : un autre amalj’aa, mêlé aux peaux molles et qui arborait les couleurs de la Ligue des Cendres. Le vétéran n’eut même pas le temps de donner le signal de la retraite : Un déluge de flammes et d’acier déferla sur sa troupe, répandant sang et chaos parmi les siens.

Lorsque l’astre brûlant quitta la ligne d’horizon pour s’élancer dans les cieux, le silence régnait à nouveau sur le canyon.
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Trystiel
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Re: [Alistair Cinderstone] Chroniques des Cendres

Message par Trystiel » 24 juin 2016, 17:35

Confortablement installé dans un large fauteuil, trônant littéralement derrière le bureau qui occupait l’essentiel de la petite pièce, le Commandant Talamo fixait d’un air sévère son subordonné. Les cheveux blancs taillés courts, la mine revêche et une large balafre barrant sa joue droite, le vieux Lalafell, vétéran des Lames de Cuivre fraichement promu à la tête de plusieurs unités de la Brigade Mhigoise, n’était pas franchement le genre à s’en laisser conter. Et il avait généralement le don de distiller la peur dans le cœur de ses hommes.

  • « J’attends vos explications, Capitaine. Votre mission consistait à assurer la protection d’un convoi, non à défier les Amalj’aas sur leur territoire.
    - Comme je vous le disais, Commandant, l’un de mes hommes a repéré la troupe et nous avons présumé qu’ils risquaient de s’en prendre à la caravane. »
Le poing de l’officier s’écrasa avec force sur le bureau de bois.
  • « Foutaises ! Vous me prenez pour un imbécile, Capitaine ? »
L’interpelé ne dit mot, mais la petite étincelle de malice qui pétillait dans ses prunelles perses valait bien des discours. Le Lalafell sauta d’un bond sur le bureau, son regard azuréen jetant des éclairs.
  • « Vous avez sciemment contourné vos ordres, Capitaine. Je sais pertinemment pourquoi vous avez agi ainsi… En d’autres circonstances, je vous féliciterai peut-être… mais les ordres sont les ordres. Notre Cité n’a pas les moyens de protéger tous les réfugiés, encore moins ceux qui ont le culot de nous prendre le hameau qu’ils nomment désormais petite Ala Mhigo ! Vous avez détourné les ressources de notre Cité vous avez mis en danger vos hommes pour protéger les vôtres !
    - Je suis en effet né Mhigois, Commandant. Toutefois, après bientôt deux décennies à combattre pour cette Cité je pense pouvoir la considérer comme mon foyer.
    - Encore des foutaises ! Vous avez clairement abandonné votre mission pour porter secours à ces réfugiés, mettant en danger nos voies d’approvisionnement. Il ne vous appartient pas de décider du bien fondé de vos missions !
    - Le convoi est sauf, mes hommes aussi. Rien ne vous dit que ces pillards n’allaient pas s’en prendre à vos marchandises ?
    - MES marchandises ? Qu’est-ce que je disais ! Si cela ne tenait qu’à moi je vous foutrais dehors ! Vous êtes une honte pour l’uniforme que vous portez ! Vous êtes au service d’Ul’dah, non des réfugiés qui ne cessent de ponctionner nos ressources déjà tant amoindries ! Les gens comme vous sont plus une épine dans nos pieds qu’autre chose. Nous avons besoin d’une armée forte, mais qui sache surtout quel est le véritable intérêt de notre Cité. Non de têtes brûlées dans votre genre plus promptes à aider les leurs qu’à servir les intérêts d’Ul’dah. »
Le mage supportait l’orage, ses traits fins ne dévoilant guère si la tirade l’affectait, ou non. Le Lalafell le regarda, longuement, avant de reprendre.
  • « J’ai voulu vous sanctionner… mais il semblerait que vous ayez quelques appuis au-dessus de moi. Il m’a été répondu que nous ne pouvions nous passer d’un mage de guerre doté de vos talents et de vos états de service. »
Un sourire retors ourla les lèvres du Commandant.
  • « N’allez surtout pas croire pour autant que je vais laisser passer votre insubordination. La loyauté et le respect de la hiérarchie sont le ciment de notre armée. Je ne peux pas m’en prendre à vous ? Soit… Je vais donc prendre les mesures qui s’imposent et me séparer des éléments perturbateurs appartenant à votre unité.
    - Vous ne pouv…
    - Silence ! Je le peux, et les papiers sont d’ores et déjà prêts ! »
Le Lalafell désigna une pile de papiers qu’il foulait allègrement de ses bottes et qui portaient le sceau des Immortels.
  • « La moitié de vos hommes, dont votre cher second, ont assez abusé de la générosité de notre Cité. Ils vont devoir se trouver un nouveau travail. Quant aux autres… je leur ai trouvé de nouvelles affectations où même des caractères rebelles comme les vôtres devraient pouvoir pleinement servir Ul’dah. »
Alistair regardait son supérieur, étudiant toute la portée de ses paroles. Ses paupières se fermèrent quelques instants sur ses prunelles perses, comme pour mieux réfléchir à la situation. Promu depuis peu, le Commandant avait habilement manœuvré pour en arriver à ces instants. Le mage aurait pourtant dû s’y préparer, dès de leurs premières joutes verbales. Un long et pesant silence s’instaura, avant qu’il ne finisse par répondre, fixant de nouveau son interlocuteur.
  • « Bien. Que se passerait-il si je venais à… démissionner ? »
L’éclatant sourire qui éclaira les traits de l’Immortel ne laissait aucun doute sur le fond de sa pensée.
  • « Une démission, Capitaine ? Eh bien… je serais très ennuyé de perdre un officier de votre… qualité. D’un autre côté, après toutes ces années de service, qui pourrait vous reprocher de prendre votre retraite ? Et puis… Je pourrais sans doute passer l’éponge sur l’insubordination des membres de votre escouade si vous endossiez toute la responsabilité de cette affaire…
    - Vous… pourriez ? »
Le Lalafell balaya l’air devant lui d’un geste négligeant.
  • « Faites ce que vous avez à faire et je ferai de même, même s’il m’en coûte de savoir que la Cité vous versera une pension alors que vous pourrez vous la couler douce ! Mais mieux vaut cela que de vous avoir dans mes pattes !
    - Hmm. Oui, vous tiendrez parole, ‘Commandant’.
    - Qu’est-ce à dire ? »
Le mage haussa les épaules, un étrange sourire se dessinant sur ses traits. Une froideur des plus inhabituelles, presque glaciale, habitait ses prunelles perses.
  • « Je ne serai plus soumis à la hiérarchie. Et vous connaissez mes… talents. »
Le Lalafell déglutit, avant de sauter sur son fauteuil pour s’asseoir, sa contenance presque aussitôt retrouvée. Le regard dur, il tendit au démissionnaire un parchemin, et une plume. Ce dernier s’en empara, avant de coucher par écrit les mots qui allaient donner une nouvelle tournure à son existence…
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Trystiel
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Re: [Alistair Cinderstone] Chroniques des Cendres

Message par Trystiel » 12 sept. 2016, 14:58

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Songeur, le Mhigois contemplait la vue des montagnes thalanaises qui s’offrait à ses yeux. Il n’était qu’à quelques pas du Castrum Justicae, un lieu qu’il peinait encore à considérer pleinement comme son foyer. A peine plus de deux mois s’étaient écoulés depuis qu’il avait été accueilli au sein de la Compagnie Fantôme et il était loin encore de connaître celle-ci, moins encore les membres la composant. Pourtant, il ne doutait guère du choix qui avait été sien en rejoignant la troupe d’élite. Chacun de ses membres avait ses travers mais aussi et surtout ses qualités. Complémentaires, leur nombre restreint ne les empêchait pas de former une force d’autant plus redoutable qu’ils ne s’embarrassaient guère quant aux moyens employés. Surtout, ils n’étaient pas soumis aux si agaçantes contingences que pouvaient représenter le joug de la politique ou le besoin de financements, sans parler du reste. Mais alors, pourquoi douter de la suite ?

Un étrange sourire amusé se dessina sur les traits d’Alistair. La réponse était pourtant évidente. Malgré les années passées, l’orgueil demeurait une force puissante que la sagesse prétendument acquise ne parvenait pas toujours à faire taire. Le mage était conscient d’avoir joué avec le feu à plusieurs reprises, et pas toujours littéralement. Aussi pénible que cela soit pour lui, il devait trouver sa nouvelle place. Recommencer. Une fois encore. Faire ses preuves. Encore et toujours. Et alors ? Finalement, n’étais-ce pas là une nouvelle expérience qui pouvait s’avérer des plus intéressante ? De toute façon, c’était bien là un mal nécessaire pour parvenir à ses propres objectifs. Alors…. Pourquoi tergiverser ?
  • « Seigneur Cinderstone ? »
Troublé dans sa réflexion, l’homme ne put réprimer un léger sursaut. Tout à ses pensées, il n’avait pas entendu approcher le Mhigois qui se tenait à quelques pas de lui. Autant pour le combattant d’élite et ses sens affûtés… Le Hyurgoth le dépassait de plusieurs ilms et sa puissante musculature se dessinait sans peine sous ses vêtements de lin. Ses cheveux blancs taillés courts encadraient un visage aux traits burinés, orné d’une imposante moustache.

Alistair sourit et inclina légèrement la tête à l’attention du nouveau venu. Ce dernier fit mine de mettre un genou à terre mais un simple claquement de langue l’arrêta et il se contenta de s’incliner.
  • « Le bon jour, Keirgahr. Votre visite est un réel plaisir mais vous n’êtes pas censé venir… en ces lieux.
    - J’en suis conscient, Sire, mais j’ai pensé que vous deviez être informé au plus vite. »
Les sourcils du mage se froncèrent, tandis qu’il dévisageait son interlocuteur avec une évidente curiosité.
  • « Je vous écoute, mon ami.
    - Les nouvelles de l’agent que j’ai envoyé à Ishgard sur vos ordres sont inquiétantes, pour le moins. Comme vous le soupçonniez, certains des nôtres avaient effectivement trouvé refuge au sein de la Sainte Cité après la défaite. »
Alistair hocha lentement la tête, attentif à ce qui allait suivre.
  • « Apparemment, deux membres au moins de la Maison auraient rallié une caravane de négociants se rendant à Gridania. Mais elle n’est jamais parvenue à destination. »
    - Une idée quant à leur identité ?
    - Eh bien… rien n’est certain mais il pourrait s’agir de votre jeune frère. Et de votre mère… »
Le regard du mage se troubla tandis qu’un maelstrom d’émotions contradictoires faisait rage dans ses prunelles perses.
  • « Ils seraient donc encore en vie…
    - Rien n’est moins sûr, Sire. Je soupçonne au contraire que des Traqueurs aient intercepté leur caravane. Sous couvert de marchandises venues de la Sainte Cité, elle transportait des armes et du matériel vers Ala Mhigo et destinée à la résistance… »
Plusieurs minutes s’écoulèrent en silence. Les mâchoires d’Alistair se contractaient à un rythme régulier, tandis qu’il analysait les informations.
  • « Seigneur ? Devons-nous nous rendre à Gridania ?
    - Non, mon vieil ami… Vous demeurerez ici, à Uld’ah.
    - Mais… »
Le mage leva une main, interrompant de fait le Hyurgoth.
  • « Nous ne sommes qu’une poignée dans le Thanalan, et j’ai besoin de vous pour veiller sur les autres. Retrouvez-moi ce soir à l’auberge des Sables, je vais avoir besoin de toutes les informations en votre possession avant de me rendre sur place. Et de vieux amis, aussi. »
Résigné, son interlocuteur s’inclina profondément avant de répondre.
  • « Bien, mon Seigneur. »
Alistair se tourna vers le Castrum, de nouveau songeur. Devait-il impliquer la Compagnie Fantôme ? A n’en pas douter, leur force de frappe serait des plus utiles si effectivement les Impériaux étaient de la partie. Toutefois, il n’était encore qu’une Apparition. Une jeune recrue devant faire ses preuves… Il ne pouvait leur demander de s’impliquer dans cette affaire. Si affaire il y avait car, après tout, rien pour l’heure ne prouvait l’implication des Impériaux. Or, le Maître de la Compagnie s’était montré à plusieurs reprises des plus clairs quant à ses… objectifs. Non. Il ne pouvait décidément pas leur demander de s’impliquer. Et puis… Il devait bien se l’avouer : vu l’importance de l’enjeu il ne voulait prendre aucun risque.

L’orgueil…
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Trystiel
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Re: [Alistair Cinderstone] Chroniques des Cendres

Message par Trystiel » 12 sept. 2016, 16:49

La grotte était plongée dans la pénombre, seules quelques torches éclairant ponctuellement l’étroit goulot qui s’enfonçait dans les profondeurs de Sombrelinceul. Le mage progressait avec précautions, tous ses sens aux aguets. Si les sentinelles à l’extérieur ne lui avaient guère posé de problème, il ne voulait pas déclencher bêtement une alarme ou un piège.

Le passage s’élargit progressivement, s’ouvrant sur une vaste caverne. Une dizaine de soldats impériaux se détendaient. D’aucuns jouaient, d’autres discutaient. Il était certain à présent que les gardes à l’entrée n’avaient pas eu le temps de donner l’alerte. Un fin sourire se dessina sur les lèvres d’Alistair, qui reprit l’étude des lieux. La caverne ne semblait pas avoir d’autre accès et une cage de cuivre se dressait au pied d’une épaisse stalagmite, dans un recoin. Il pouvait distinguer deux silhouettes à l’intérieur de celle-ci : à n’en pas douter, il touchait au but.

Son regard pers s’attarda sur les deux officiers qui semblaient s’affronter en silence autour d’un plateau de go. Le premier était Garlemaldais. La trentaine, sec, avec des cheveux blonds taillés courts. Mais son adversaire était nettement plus… remarquable. Un Hyurgoth semblant avoir le même âge environ, dont la haute taille se devinait en dépit du fait qu’il soit assis. Son armure impériale était finement ajustée sur sa puissante musculature, mais le bouclier qui reposait près de lui était frappé d’un symbole qu’Alistair n’avait plus revu depuis la chute d’Ala Mhigo.

A mieux y regarder… Tous les soldats portaient leurs armures. O bien sûr il ne s’agissait que d’armures de cuir, et l’on aurait pu imaginer qu’elles ne les gênaient pas. Mais leurs armes étaient toutes à portée de main. Et certaines attitudes ne trompaient pas : ils étaient sur le qui-vive. Un piège… Evidemment. Il s’en était douté, bien sûr. Pourquoi de si précieux prisonniers auraient-ils été gardé dans un avant-poste perdu sous la forêt de Sombrelinceul plutôt que conduits à la garnison impériale la plus proche… L’enquête du mage avait pris quelques jours, amplement le temps nécessaire pour les Impériaux de procéder au transfert des prisonniers. Non. A n’en pas douter, les Impériaux comptaient bien sur une tentative de sauvetage pour éliminer plus de leurs opposants.

Une ombre près de la cage attira l’attention du mage : Willamar. L’éclaireur des Cœurls Sauvages, surnommé P’tit Will, était parvenu à se faufiler sans attirer l’attention et il était en train de crocheter la serrure de la prison. Décidément, ce dernier n’avait de cesse de surprendre son ancien capitaine. Les autres membres de l’unité, tous originaires d’Ala Mhigo eux aussi, étaient en train de se positionner, prêts à attaquer dès qu’Alistair en donnerait l’ordre.

L’officier hyurgoth se redressa et tourna la tête. Son regard clair se fixa sur Alistair, et un sourire mauvais ourla ses lèvres. Sa voix, forte et rauque, s’éleva.
  • « Bienvenue à vous. Mais je vous en prie, cher ami, avancez donc dans la lumière et joignez-vous à nous… Vous partagerez bien un verre en notre compagnie ?»
Alistair se releva et quitta l’abri du rocher qui visiblement ne le dissimulait pas si bien que cela. Un geste discret de sa dextre intima l’ordre à ses compagnons de ne pas bouger. Du coin du regard, il pouvait voir Didilan en train de défaire les liens des prisonniers.

  • « Merci pour votre accueil, mais il n’est pas dans mes habitudes de partager un verre avec un traître.
    - Seigneur Cinderstone… En voilà une plaisante surprise. Vous n’avez guère changé. A croire que les années ne vous affectent guère, au même titre que vos parents d’ailleurs. Finalement, ces folles rumeurs sur votre petite famille étaient peut-être bien fondées. Mais vous avez raison, il me serait difficile de partager un verre avec un traître de votre espèce. »
Le mage étudia plus attentivement les traits du guerrier. Ses cheveux blonds, ses yeux clairs et ses traits carrés étaient typique de la Maison Blackthorne, dont le blason frappait son bouclier. Alistair tenta de l’imaginer enfant… et il réalisa qu’il l’avait effectivement croisé, bien des années auparavant.
  • « Vous avez bien grandi depuis la dernière fois, Beroald. Je vois que le petit chiot qui lapait si avidement la main des Impériaux est désormais un bon chien…
    - L’Empire nous a sauvé d’un tyran totalement fou. Ala Mhigo est plus forte que jamais, maintenant qu’elle connait enfin la civilisation impériale.
    - Votre Maison a toujours été un ramassis de tarés congénitaux… Mais je m’étonne de voir avec quel soin vous perpétuez la tradition. Vous devez faire la fierté de votre cher père. Son œil s’est remis de notre dernière discussion ?
    - Misérable chien. Vous n’avez aucune chance contre nous, rendez-vous et… je vous accorderai peut-être une mort rapide, en mémoire du… bon vieux temps. »
Un sourire mêlant mépris et amusement s’étira sur les lèvres du Mage.
  • « J’ai combattu avec votre Père, autrefois. Malgré nos différents, lui au moins n’aurait pas commis une telle bévue…
    - Une bévue ?
    - Penser que je suis venu seul…
    - Oh, mais je me doute bien que vous avez ramené d’autres ennemis de l’Empire, Cinderstone. Mais vous-même êtes stupide de me sous-estimer ainsi. Oh à propos, j’espère que les sentinelles ne vous ont pas causé trop de difficulté ? Droguer des gardes de la caravane pour les contraindre à garder l’entrée ne fut pas aisé, mais je suis certain que vous goûterez toute l’ironie de la chose… »
Le sourire de Beroald dévoila ses dents blanches en un sourire presque radieux, tandis qu’il tirait son épée hors du fourreau qui pendait à sa ceinture. Alistair incanta rapidement, tandis que les autres Cœurls jaillissaient de leurs cachettes pour fondre sur des Impériaux… loin d’être surpris. Dans le même temps, plusieurs parois de la grotte semblèrent comme se volatiliser, révélant de nouveaux Impériaux en armes.

Un trait de feu jaillit de la main du mage, filant dans la direction de l’officier garlemaldais. Un soldat s’interposa au dernier moment. Il encaissa le choc de plein fouet, avant de s’écrouler au sol. Beroald poussa un véritable rugissement avant de se jeter dans la mêlée :
  • « Pour l’Empire ! Pour Ala Mhigo ! Pour les Blackthorne ! »
Alistair concentra de nouveau l’éther autour de lui, canalisant le flux à proximité de la cage de cuivre. Une déflagration cueillit les Impériaux qui s’en approchaient. Profitant de la diversion ainsi causée, P’tit Will et les deux Mhigois prisonniers le rejoignirent. La mêlée faisait rage dans la grotte, mais il était clair que les Impériaux avaient d’ores et déjà le dessus sur leurs adversaires, amplement surpassés en nombre.

D’un regard, le mage identifia les deux anciens captifs. Ils semblaient au bord de l’épuisement et n’étaient revêtus que de haillons. La femme aurait facilement pu passer pour sa sœur aînée, tant ses traits étaient semblables aux siens. L’homme, de son côté, lui ressemblait trop pour que l’on ait le moindre doute. Il peinait à marcher, et du sang séché attestait en plusieurs endroits de blessures reçues. Alistair leur adressa un sourire des plus chaleureux et un signe de tête amical, avant de reporter son attention sur la bataille en cours.

Plusieurs balles furent déviées par le bouclier de mana qui l’entourait, affaiblissant celui-ci de façon inquiétante. Une lance de flammes pures se forma dans sa main. Il la projeta en direction des tireurs. Elle explosa à l’impact, blessant grièvement deux d’entre eux et projetant le troisième au sol. Il s’apprêtait à finir d’éliminer cette menace lorsqu’il entraperçu du coin de l’œil Beroald… qui le chargeait.

Alistair tira un fin cylindre de sa ceinture. Une légère secousse, et celui-ci s’allongea pour former un lourd bâton de combat. Faisant un pas en arrière, il parvint à dévier la lame de son adversaire de justesse, ne recevant qu’une profonde estafilade au niveau de l’œil droit. Le sang coula aussitôt, altérant sa vision. Tant bien que mal, il se remit en garde et encaissa le nouvel assaut de son adversaire. Ce dernier frappait avec adresse, mais le bâton du mage semblait presque aussi rapide pour parer les coups qui s’enchaînaient. Presque.

L'ancien capitaine ressentit une vive douleur, tandis que la lame le frappait sur le côté. Le choc fut à peine amorti par ce qui restait de son bouclier protecteur. P’tit Will s’interposa, ses deux lames courtes virevoltant face au chevalier mhigois. Surpris, ce dernier laissa l’éclaireur pénétrer sa garde. L’une des lames pénétra le cuir de son pourpoint, s’enfonçant dans le gras du ventre. Le guerrier poussa un nouveau rugissement et repoussa avec rage son adversaire. Tout en rapidité, ce dernier ne put repousser l’assaut brutal qui suivit. La lame le traversa de part en part. Ses yeux se voilèrent alors qu’il poussait son dernier souffle.

Beroald se retourna vers Alistair… et fut accueilli par un déluge de flammes. Transformé en une véritable torche humaine, le guerrier hurla de nouveau. De douleur, cette fois, tandis qu’il se consumait vif.

Plus de la moitié des Cœurls Sauvages gisait au sol, leurs corps entremêlés à ceux des soldats impériaux. La mère d’Alistair soutenait tant bien que mal son fils cadet, qui semblait plongé dans une semi-torpeur. Les Mhigois survivant luttaient pour regagner l’entrée de la caverne, mais chaque yalm gagné leur coûtait, au mieux, de nouvelles blessures.

  • « Emmène ton frère et tes hommes. Maintenant ! »
Alistair se tourna vers sa mère, dont la voix impérieuse ne laissait guère la place à la moindre répartie. Leurs regards pers s’entrecroisèrent et s’entremêlèrent. Elle prit sa main un bref instant, y glissant un anneau. « N’oublie pas notre devise, n’oublie pas qui nous sommes ». Elle sourit, et il hocha brièvement la tête tout en prenant son frère par la taille.

Sans un autre mot, elle se retourna vers les Impériaux. Sa voix s’éleva, forte et claire, résonnant contre les parois de la caverne. Un langage antique, presque oublié. L’éther répondit aussitôt. Les mains ouvertes, elle projeta devant elle un véritable mur de flammes, qui stoppa net les Impériaux. Non sans un dernier regard vers sa mère, Alistair s’engouffra dans l’étroit conduit menant à la surface, talonné de près par les deux seuls survivants de son ancienne unité. Ils progressaient avec peine, leurs blessures n'étant que peu compatibles avec une course en des lieux si exigus. Ils étaient presque parvenus à destination lorsqu’ils furent projetés hors de la grotte par le souffle d’une explosion.

Serrant dans son poing l’anneau confié par sa mère, Alistair se traîna jusqu’au corps de son frère. Il vivrait… Il baissa les yeux vers son propre flanc, poisseux de sang. La douleur avait au moins ceci de rassurant : il était en vie. Et il avait désormais une nouvelle raison, plus forte encore, de poursuivre… Sur cette simple réflexion, le mage sombra dans les brumes de l’inconscience...

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