Tout s'était enchaîné à une vitesse telle qu'il eut du mal à se reprendre ou à comprendre ce qu'il s'était passé. En prenant le temps de fouiller dans sa mémoire, il se rappela que... Oui, il avait été traîné à travers les couloirs du Manoir. Il avait entendu le bruit sinistre de multiples mécanismes, d'un passage s'ouvrant. Une pénombre inquiétante durant une descente d'escaliers. Il se souvenait de la sensation des ronces dans son col, de la moiteur de ses propres mains, de son souffle court.
Et puis, qu'y avait-il eu d'autre...? Les branches, oui, multiples. Elles l'entouraient, l'étouffaient à moitié. Certaines avaient dû s'infiltrer sous sa peau car il pouvait sentir des pulsations dans ses veines. Il ne pouvait pas bouger, qu'importe ce qu'il pouvait faire. Son estomac se serrait au rythme des sensations à la fois agréables et désagréables qui le prenaient. De l'exaltation d'une noirceur sous-jacente à la répulsion de cette même horreur. Il se sentait à la fois nauséeux et stimulé.
Il ne sentait plus le bas de son corps, ses jambes, ainsi que le côté droit de son visage. Ils étaient engloutis par la monstrueuse construction arboricole qui l'emprisonnait. Son Azur n'arrivait qu'à voir, à grande peine, la salle de pierre dans laquelle il se trouvait. Elle était immense. Circulaire. Une pénombre rougeâtre, à la fois surnaturelle et lugubre, régnait dans les alentours. Il avait l'impression de se trouver dans une sorte de crypte.
Au centre de la pièce, il pouvait voir un lit qui ressemblait à ces lits d'hospice ou bien d'asile, avec de quoi attacher le patient. Un lit tellement ensanglanté qu'on aurait pu croire que quelqu'un avait versé un seau de sang par le dessus.
Empty: ...
Eylion: Hrr...
Empty: Sérieusement...
Eylion: E... Empty...?
Empty: Qui d'autre?
Le Mage eut un faible rire nerveux.
Empty: Frozen, reste caché au cas où.
Eylion: Je crois que je t'ai entraîné dans une... sale situation...
Empty: Bon, elle peut me voir par ton œil à la noix?
Eylion: Je ne... sais pas... Je sens que la moitié droite de mon visage... est bloquée... Putain, je sens... des trucs pas nets... sous ma peau...
Empty: Prie pour toi que ça soit bon alors.
Le Démon sortit de l'ombre d'Eylion, ou du moins ce qu'il restait vu qu'elle était masquée par celle de la construction qui le retenait et qui prenait un pan entier du mur de la salle. En constatant l'état de l'Arcaniste, Empty dégaina ses lames.
Empty: Allez, au travail.
Eylion: ... Tu vas... essayer de faire quoi là...?
Empty: Tu veux sortir de là comment?
Eylion: ... Et si... elle le sentait? Te repérer... Et on est coincé ici... pour le moment... Je ne sais même pas... Ah... Où on est...
Empty tenta, malgré tout, d'attaquer une racine à portée pour voir comment la "plante" réagissait. Du sang noir s'écoula de l'égratignure faite, la racine se mettant à siffler de manière monstrueuse tout en s'agitant dans tous les sens. Il put comprendre que la construction était réellement solide, ne devant cette égratignure qu'à sa force et la qualité de ses armes.
Empty: Ouais, j'aurai pas le temps de tailler tout le reste. Putain, dans quoi tu t'es fourré, sérieux.
Eylion: ... Ah... Je ne sais pas trop... fit-il avec un faible sourire se voulant bravache.
Empty: Et tu sens quoi sous ta peau t'as dit?
Le Démon sortit du champ de vision d'Eylion, allant explorer le reste de la pièce que ce dernier ne pouvait pas voir.
Eylion: ... Tu pourrais peut-être... t'en sortir... Attendre le suivant passage de cette... tarée... Pour filer... Trouver le portail... et je ne sais pas trop pour... te répondre... J'ai l'impression d'un truc qui pulse... Non... De multiples trucs qui pulsent sous la peau... C'est à la fois désagréable et en même temps... Ah... Je... Je ne saurai pas comment le définir...
Empty: Si t'as des cafards du néant ou une saloperie du genre, tu restes loin de moi.
Eylion: T'as... franchement le chic... pour savoir quoi dire... souffla t'il dans un rire nerveux.
Le Lunaire entendit quelques bruits à la lisière de son ouïe, suivi d'un...
Empty: ... Qu'est-ce que...
Eylion: ...?
Empty: Eylion, c'est quoi cette pièce?
Il tenta de tourner la tête, en vain.
Eylion: Je... ne sais pas... Je ne l'ai jamais vu...
Empty: Il y a le corps de plusieurs femmes, et... elles ressemblent beaucoup à ta tortionnaire.
Eylion: Quoi...? fit-il, surpris.
Empty: Quoi, elle t'a aussi mis des racines dans les oreilles?
Eylion: Non, mais...
Il souffla à nouveau.
Eylion: Comment ça, elles ressemblent... à l’Écorcheuse...? Je n'arrive pas à tourner... la tête...
Il entendit un long soupir de la part de son frère. Ce dernier revint pour lui présenter le corps nu d'une femme morte. Son épaule semblait avoir été percée à l'aide d'un outil comme un croc de boucher. Le côté gauche de son corps avait été écorché. Quant au visage, il semblait, en effet, semblable à celui de l’Écorcheuse même si quelques traits étaient légèrement différents.
Empty: Mieux?
Eylion: ... Oh putain... de bordel de...! C'est quoi cette pièce...? lança t'il, choqué.
Empty: Mais on est pas rendu avec toi en fait, dit-il avec une mine équivoque. Enfin...
Celui-ci reposa le corps au sol avant de s'éloigner à nouveau, reprenant son exploration.
Eylion: Écoute... J'ai du mal à réfléchir... à l'heure actuelle... Désolé si j'ai des... "cafards" du Néant ou je ne sais pas quoi qui est en train de me foutre en l'air...
Empty se rapprocha du lit au centre de la pièce, se mettant à l'observer.
Empty: Si seulement tu avais pu retrouver ton rôle de servant...
Eylion: Oui... mais... visiblement... elle a d'autres plans... Salope... J'aurai bien... voulu tenter... de voir si je ne pouvais pas donner un coup de main...
Empty: Et t'aurais fait quoi exactement?
Eylion: J'aurai tenté... de poser des glyphes... Même si la Magie est affaiblie ici... Ça ne veut pas dire... qu'elle est totalement annulée...
Le Démon récupéra un autre corps qu'il vint déposer sur le siège d'opération. Il commença à l'attacher mais les attaches se muèrent d'elles-mêmes, se rabattant sur les poignets et les chevilles du cadavre. Celui-ci commença subitement à convulser dans tous les sens, s'agitant furieusement au point de faire trembler les sangles. Un hurlement lointain se fit entendre, ne venant pas du corps mais d'un point indéterminé dans la salle, comme des cris lointains de détresse, de douleur.
Eylion: ...!!
Empty: Oh, elle vit encore celle-là ou quoi? Ferme ton claquet bon sang!
Eylion: Putain...! Retire la de là...!!
Empty: Pourquoi ça?
Les hurlements continuaient... On pouvait presque distinguer des supplications.
Eylion: À ton avis, merde?!
Empty: Ta gueule la morte!
Empty alla en décrocher une nouvelle. Eylion put deviner qu'il y en avait plusieurs dans les alentours mais il lui était impossible de savoir combien, ni où. Il revit juste son frère déposer le nouveau corps devant celle attachée mais le geste ne fit aucun effet sur les convulsions et les cris continus.
Eylion: Empty, il faut vraiment que tu la retires de là! Et si elle t'entendait?!
Empty: Et comment tu crois qu'on va justifier la plante crevée qui pisse le sang? Je fausse les pistes! Par contre, celle-là me casse les oreilles...
Il détacha le cadavre, celui-ci redevenant aussitôt inerte, les cris retombant. Pendant qu'Empty parlait, la racine avait cessé peu à peu de saigner, bougeant avec une grande lenteur pour rejoindre sa plaie.
Eylion: Fausser... les pistes...?
Empty: Si elle est un brin attentive, elle verra que quelqu'un a tenté d'attaquer les racines, alors je vais m’amuser à déplacer tous les corps. Ta détention ne sera pas de tout repos pour elle.
Eylion: C'est sûr qu'elle va se poser des questions...
Il tenta de reposer le corps sur le lit sans l'attacher mais les sangles muèrent de nouveau par elles-mêmes. Les cris et les convulsions reprirent, obligeant l'infiltré à l'ôter immédiatement de là.
Empty: Rhaaaa...
Eylion: C'est... vraiment bizarre... Des sosies... de l'autre... salope... À moitié écorchées... Elles sont mortes ou...?
Pendant qu'il parlait, Empty vint récupérer trois corps qu'il vint disposer autour de la construction qui retenait Eylion, comme si elles essayaient d'être proches de lui.
Empty: Au fait, ton Écorcheuse... c'est bien le même visage qu'elle a? Ou tu la trouves changée?
Eylion: ... Heu, si tu pouvais... en soulever devant mon œil... Pour mieux voir...
Le Démon s'exécuta, en soulevant une devant l'Azur qui se mit à l'observer attentivement.
Eylion: ... Ce n'est pas elle... Elle y ressemble beaucoup, oui mais... Je suis formel... Ce n'est pas elle...
Empty: Ok... dit-il en la relâchant à terre. Tu n'auras qu'à dire qu'elles ont bougé d'elles-mêmes.
Eylion: D'accord...
Empty: Mais je commence à me demander si mon oncle n'a pas vu juste.
Eylion: À propos de...?
Empty: Que ton Écorcheuse est une victime aussi.
Le Mage eut un léger rire discordant.
Eylion: Putain, pour une victime... Elle n'agit pas trop en tant que telle... Tu as vu ce qu'elle a fait à ce Xa...
Empty: Si la création attendue est décevante... on la tue.
Eylion: Création...?
Empty: Je reviens, sois sage.
Pendant qu'il parlait, Empty faisait des tests, attachant un autre corps au lit avant de faire le tour de la salle, pour voir d'où venaient les cris. Cependant, il put constater qu'ils ne venaient pas "d'ici", ce n'étaient que des échos fantomatiques qui se répercutaient sur les murs sombres de la salle.
Eylion: Comment ça... création... Empty...? demanda t'il, inquiet.
Empty: Fais chier...
Eylion: ...
L'infiltré enleva le corps pour aller le rajouter aux pieds d'Eylion, aux côtés de ceux qu'il avait déjà déplacé.
Empty: Et une membre de plus à ton fan groupe, félicitations!
Eylion: ... J'adore... ton sens de la déco... ne put-il s'empêcher de lancer, sarcastique.
Empty: T'as vu ça? Et encore, tout à l'heure, je voulais en mettre l'une sur l'autre comme si elles s'amusaient ensemble, mais elles bougent trop pour ça.
Eylion: ... Putain, merde... Empty... Je ne sais pas trop ce qu'elles sont... mais quand même...
Empty: Pour en revenir à la création... si j'avais pas été "correct", quel sort m'aurait réservé mon très cher et estimé oncle?
Eylion tenta de dodeliner de la tête avant d'être rappelé à l'ordre par son immobilisation actuelle.
Eylion: À la base, il a tenté... de t'éliminer... vu que la fusion... n'avait pas été faite... C'est bien ça...?
Empty: C'était pas une fusion totale, il devait prendre le pouvoir que j'avais et une fois que je n'avais plus d'utilité, hop, poubelle. Sauf que bon, j'étais pas jetable en vrai. Mais on s'éloigne, t'as pas pigé je crois.
Eylion: Hrm... Développe alors...
Empty: Le Père de l’Écorcheuse doit vouloir sa "fille parfaite". Si l'une d'entre elles ne colle pas avec son image, hop, adios. Tu as tous les ratés ici, je crois.
Eylion: ... S'il y a bien un Père... Hm... mais tu penses... alors... Hm... Mais alors... pourquoi on... a l'autre... salope... et pas Lui... directement...?
Empty: J'ai rien pigé! Tiens toi surtout à carreau et soit mielleux avec s'il le faut, histoire de pas rejoindre cette collection.
Eylion: ... Super... Tu ne sais pas à quel point... j'adore lui faire des numéros de charme... dit-il, sarcastique.
Empty: Si tu préfères, je tranche ta tête et on rentre à la maison, et tu repousseras tranquillou pendant quelques lunes.
Le Mage grimaça.
Eylion: Je n'ai jamais... été... décapité... Je préfère... ne pas essayer...
Empty: Tu sais quoi? J'vais aller faire un tour, je te laisse avec ton fan club.
Eylion: Fais attention...
Empty: Genre, j'vais courir en criant dans le couloir? Bien sûr, quelle remarque idiote!
Le Miqo'te souffla un rire nerveux et amusé à la fois pendant que son frère s'éloignait. Celui-ci put rejoindre des escaliers étroits qui remontaient jusqu'à un passage bloqué. Une rapide analyse lui permit de comprendre que le passage en question était bloqué par un enchantement complexe. Passer par les ombres n'était pas une option. Il dut attendre le suivant passage, retournant auprès d'Eylion pour passer le temps en discutant.
Entre hypothèses et sujets de conversation légers pour se changer les idées, un bruit venant de la sortie attira leur attention. Empty disparut aussitôt dans les ombres. Peu de temps après, une Elézenne encapuchonnée, vêtue d'une toge vert sombre, s'approcha du Mage, un sourire sur ses lèvres peintes.
Elle retira sa capuche une fois arrivée à proximité, révélant une abondante chevelure rousse.
Inconnue: Eylion Grenn, c'est un honneur de vous avoir en face pour la première fois.
Eylion: ...? À... qui ai-je l'honneur...?
Le sourire de l'inconnue s'élargit à cette question.
Inconnue: Une amie si vous le souhaitez... Mon nom est Valia Sarined. Sachez que j'ai une très grande estime de vos travaux.
Eylion: De mes... travaux...?
Valia: ... J'ignore comment on a pu passer à côté d'un tel... potentiel... fit-elle suave, en se rapprochant. En même temps, vous vous faites discret. C'est étonnant, avec tout ce que vous savez, qu'on n'entende jamais parler de vous.
Il eut un air de plus en plus perplexe avant de grogner.
Eylion: Allez au point... J'ai un Thé à prendre comme vous le voyez.
Elle eut un léger rire.
Valia: On se la joue à la dure...? J'aime ça... Bon, par quel point pourrai-je commencer...? Ah oui... Nitrisha Artyom, ça vous dit quelque chose?
Le visage du Mage, ou plutôt la moitié de celui-ci, se ferma à cette mention.
Valia: Je sais ce que vous lui avez fait.
Elle levant une main aux ongles peints vers le visage de l'Arcaniste, sans toutefois le toucher. Elle avait l'air soudain fascinée.
Valia: Vous en avez fait une Déesse.
Il eut un sourire discordant en retour.
Eylion: ... Un Monstre... Oui, je commence à voir... où vous voulez en venir... et vous pouvez... aller vous faire foutre...
Valia: Pourquoi je m'attendais à cette réponse...? fit-elle avec un sourire navré. Vous qui... pourtant en savez plus que bien des Occultistes les plus brillants qui existent... Vu tous les cultes que vous avez croisé... Je sais pour votre Fem...
Eylion: ANCIENNE Femme, grogna t'il. Vous feriez mieux de vous la fermer... si c'est pour débiter autant de conneries en si peu de temps...
Elle soupira.
Valia: Je voulais dire que je savais tout votre parcours, jusqu'aux Hunters... Je ne suis pas votre ennemie, vous savez, surtout dans la situation...
Son sourire revint, se faisant à nouveau plus suave et amusé.
Valia: ... Dans laquelle vous vous trouvez actuellement.
Eylion: ...
Il souffla.
Eylion: Alors... c'est ça? Vous vous proposez... de me faire sortir gentiment d'ici pour que je vous charcute à la sortie? Très inventif, vraiment...
Valia: Tant de vulgarité... On m'avait dit votre caractère difficile mais... j'ai l'habitude, dit-elle amusée. Mais oui, c'est très simple comme vous le voyez... Enfin, me "charcuter" n'est pas le mot exact... et mes buts sont bien plus vastes.
Eylion: Faites moi rêver... répliqua t'il avec un sourire peu amène.
Valia: ... Non... Pour le moment, je crois...
Les doigts de la femme descendirent jusqu'au torse du Miqo'te, s'y déposant, presque dans une caresse.
Valia: ... Que je vais vous laisser réfléchir... profiter de vos retrouvailles... Lucrétia est si charmante, vraiment. Je ne voudrais pas vous séparer trop vite.
Le Mage prit une inspiration, agacé. Son immobilisation et son état le frustraient.
Valia: Réfléchissez à mon offre... dit-elle, ses doigts remontant à la lisière de la mâchoire. Nous aurions... tellement... à gagner à travailler ensemble.
Il se mura dans son silence, son air se fermant. Non pas que l'envie de répliquer ou de poser des questions lui manquait, seulement son esprit était embrouillé par ce qui pulsait au sein de ses veines. Plus le temps passait, plus il avait du mal à garder ses pensées cohérentes.
Valia: Je prends ça pour un oui, poursuivit-elle, amusée, avant de tourner les talons. J'espère que vous serez plus... "ouvert" à ma prochaine visite, Monsieur Grenn.
Elle s'éloigna sur ces mots tout en faisant un geste de main en arrière. Elle ignorait qu'elle était talonnée de près par Empty, bien décidé à creuser ce qu'il se passait. En-dehors du passage, Lucrétia attendait Valia, vêtue d'une robe couleur azur.
Lucrétia: Vous avez pu parler avec mon Écorché? demanda t'elle avec un sourire ingénu.
Valia: Oui, il est... tout à fait charmant, je vois ce que vous lui trouvez.
Lucrétia: Vous voyez! lança t'elle avec un fort enthousiasme. Mon Écorché est merveilleux.
Valia: Hm...
La femme cacha son malaise derrière un sourire parfaitement calculé.
Valia: Oui, tout à fait... Je pense sinon que je vais rentrer chez moi. J'ai tenu ma part, comme vous le voyez.
Empty: ...!
Lucrétia: Vous êtes sûre que vous ne voulez pas rester? fit-elle tout en inclinant légèrement la tête sur le côté avec un sourire.
Valia: Ce serait avec plaisir mais non, j'ai beaucoup d'affaires. Je reviendrais pour l'Heure du Thé. Promis, répondit-elle avec le plus beau sourire qu'elle pouvait offrir.
Le sourire de la Démone se fit plus indéfinissable pendant un bref instant avant qu'elle ne retrouva son air ingénu.
Lucrétia: D'accord...! Amies pour toujours...!
Valia: Amies... pour toujours. Hm... Je... devrai garder la Marque à mon œil tant que je souhaite venir ici en fait?
Lucrétia: Bien sûr! Comment vous retrouverai-je sinon?
L'adolescente vint prendre vivement les mains de son interlocutrice dans les siennes, comme si c'était sa meilleure amie. Prise au dépourvu, l'Elézenne acquiesça avec prudence.
Valia: Je voulais juste... savoir mais je suis contente que vous considériez ça comme une Marque d'Amitié. Je vous ramènerai d'ailleurs un présent la prochaine fois.
Lucrétia: Un présent?
Elle sembla subitement très intéressée comme si Valia venait de lui annoncer que c'était bientôt son anniversaire.
Lucrétia: Dites le moi, dites le moi!
La femme eut un rire discret.
Valia: Si je vous le disais, ce ne serait plus une surprise, Lucrétia.
Lucrétia: Oh...
Elle relâcha Valia avec une moue déçue.
Lucrétia: D'accord...
Valia: Pourriez-vous me raccompagner, en attendant?
Lucrétia: Oui, bien sûr... dit-elle, toujours un peu déçue.
Elles se dirigèrent alors vers une porte non loin, porte qui s'ouvrit sur une volée de marches descendant dans ce qui devait être un sous-sol. Le sous-sol ressemblait à une cave des plus classiques, bondée de multiples objets stockés et oubliés là, que ce soit des tableaux, des fauteuils recouverts de draps blancs poussiéreux ou encore des coffres. Dans ce capharnaüm, la Démone guida la femme entre les objets jusqu'à un mur dissimulé derrière deux rideaux. Lucrétia posa alors ses doigts pâles sur le mur, faisant apparaître un symbole ressemblant presque à un engrenage. Le mur dévoila alors un passage secret et un très long couloir menant à une autre porte.
La nouvelle salle au bout était une petite salle circulaire autour d'un socle assez large muni d'un cercle formé de cercles ésotériques. L'air se mit à s'alourdir quand Lucrétia activa le portail, ses yeux devenant d'un noir absolu, les symboles s'illuminant de rouge. Une Faille obscure apparut au-dessus du socle, une Faille qu'Empty et Valia empruntèrent tour à tour.
Quand Empty ressortit de l'autre côté, il s'aperçut qu'il se trouvait dans d'antiques ruines amdaporiennes, à Sombrelinceul. Il faisait grand jour. Il hésita, pendant un instant, à revenir en arrière mais... il décida finalement de saisir l'opportunité de rejoindre Valia. D'un geste de main, il sortit de sa tenue un prisme mirage qu'il utilisa, ses vêtements prenant l'aspect d'un uniforme de majordome.
Il accourut ensuite pour rattraper la femme, modulant sa voix pour la rendre plus distinguée.
Empty: Madame... vous marchez bien vite!
Valia: Hm...?
Elle se retourna, surprise alors qu'elle se dirigeait vers l'Éthérite la plus proche, à savoir celle du Moulin de la Clairière. Elle regarda de bas en haut l'individu, de plus de plus en plus étonnée.
Empty: Dame Lucrétia a eu l'excellente idée de m'envoyer vous assister pour que vous lui rameniez un présent somptueux!
Valia: Vous... faites parti du Manoir?
Empty: Naturellement, pensiez-vous donc que des majordomes sortent de nulle part ainsi? Non, assurément!
Pour ne pas s'attendre à ce coup-là, elle ne s'y attendait pas! L'idée d'avoir ce rebut dans ses pattes ne l'enchantait absolument pas. Elle tâcha de se reprendre de son mieux, ce n'était pas le moment de tout faire rater, si proche du but.
Valia: C'est... une attention tout à fait charmante mais je n'ai pas besoin de votre aide.
Empty fit mine d'être choqué, bien plus aguerri à ce petit jeu que son interlocutrice.
Empty: Mademoiselle ne sera pas contente... du tout...
La mention la rendit inconfortable sur le moment mais elle tâcha de masquer ce pan, bien que grossièrement.
Valia: Je... J'ai déjà décidé du présent, c'est pour ça, dit-elle avec un grand sourire.
Empty: Ooooh, voilà qui est d'un soulagement certain! Puis-je m'enquérir de la nature du présent? Il en va de l'avenir de votre tête sur vos épaules, huhuhu!
Le sourire de la femme tilta de manière imperceptible sous l'effet de son agacement profond.
Valia: Mais ce ne serait plus une surprise si je vous le disais...!
Empty: Mais ce n'est pas à moi que vous allez l'ouvrir, alors n'ayez crainte. Je suis ici afin que la situation soit des plus favorables!
C'est qu'il insistait le corniaud. Après un instant de réflexion, elle reprit néanmoins.
Valia: Très bien, très bien, suivez moi... Je vais vous le remettre, vous le rapporterez à Demoiselle Lucrétia.
Empty: Non, non, non, non, non! Madame sera fâchée si ce n'est pas vous qui allez le lui remettre! À moins que... vous...! V-vous n'envisagez pas de lui fausser compagnie?!
Valia: Non, bien sûr que non! Je compte... lui remettre un collier, voilà, si vous tenez vraiment à le savoir.
Empty: Un collier! Oh malheur! OH MALHEUR!!!
Valia: ...?! Q-quoi?
Empty: Quelle idée sotte! JAMAIS!
Valia: Pourquoi? demanda t'elle, interloquée.
Empty: Suivez-moi, je sais ce qui lui plaira au plus haut point!
Elle le regarda, un brin éberluée, avant qu'une pointe d'agacement et de frustration ne la prenne. Elle n'allait pas pouvoir le faire lâcher comme ça. Malheureusement, elle n'avait pas réellement le "choix".
Empty: Laissez-moi vous guider jusqu'au lieu adapté pour offrir votre présent!
Elle soupira discrètement à cette mention.
Valia: ... Je vous suis mais sachez que je suis une femme très occupée...! Il me faut rentrer au plus tôt.
Empty: Soit, nous serons brefs.
Ils se rendirent auprès de l’Éthérite du hameau avant de se téléporter au sein du jardin appartenant à la Brigade Rouge.
Empty: Nous y sommes! Le cadeau parfait siège ici!
La femme regarda les alentours, perplexe, en relâchant la main du "majordome".
Valia: Où sommes-nous...?
Empty: C'est ici qu'a résidé fut un temps l’Écorché. Dame Lucrétia fut fortement déçue de voir qu'il n'avait pas son mouchoir de poche. Ce cadeau vous voudra bien plus de louanges qu'un collier!
Valia: Où... Mais alors, nous sommes devant la Brigade Rouge...! s'exclama t'elle, surprise.
Empty: Est-ce un problème? Vous connaissent-ils?
Elle secoua la tête tout en lissant sa tunique, nerveusement. Elle ne pouvait s'empêcher d'injurier mentalement la folle obsessionnelle et l'ensemble de son personnel dément.
Valia: N-non mais...
Empty: Fort bien. Entrons. Pendant que vous ferez distraction, je m’emparerai du mouchoir et nous aurons tous les deux ce que nous désirons: Vous le présent et moi le bonheur de Dame Lucrétia!
Valia: ... Hmm... Très... bien mais si quelque chose ne va pas, je vous laisse dedans, je vous préviens!
Empty: En voilà des manières! Mais soit...
Une fois à l'intérieur, Valia fit quelques pas, peu rassurée. Sa mauvaise intuition allait se vérifier car Empty se cala contre la porte pour la bloquer.
Empty: MIA, Code Jaune!
Valia: ...?!
[MaGiE DéSaCtIvéE]
Valia: Qu'est-ce que...
Le Démon esquissa un sourire satisfait.
Empty: Bienvenue à la Brigade Rouge...
Valia: V-vous... en faites parti...?!
Solid accourut à ce moment, alerté par l'activation.
Solid: Que se passe-il...? fit-il, surpris.
Valia, de son côté, porta ses mains à sa poitrine sous l'effet de la surprise avant de tourner la tête vers Solid, semblant comprendre dans quel guêpier elle venait de se fourrer.
Empty: Voici notre ticket d'entrée pour le Manoir!
Solid: Oh...
Valia: C'est... absurde...! Qu'est-ce que vous savez au juste?!
Empty: Que vous êtes venue rendre visite à Eylion. C'était une conversation très intéressante.
Elle n'en revenait pas.
Solid: Et si nous allions discuter, hm?
Valia: Comment ça, rendre visite? essaya t'elle de nier. Je ne connais pas d'Eylion...!
Quand elle vit le Démon Rouge s'approcher, elle recula d'un pas.
Valia: Ne m'approchez pas! fit-elle, effrayée.
Empty: "Haaan, vous en avez fait une Déesse!", mima t'il avec exagération.
Valia: ...! Vous... Personne n'était là...
Empty disparut pendant quelques instants, avant de réapparaître.
Valia: ...!!
Elle recula encore, choquée.
Solid: On peut être de votre côté... ou bien... je peux vous montrer que je sais être original au niveau des tortures.
Valia: ... Je...
Elle regarda Empty et Solid tour à tour, cherchant désespérément une issue.
Solid: Peut-être qu'une tasse de thé vous ferait du bien? Ou bien un alcool plus fort?
Elle essaya de retrouver son calme de son mieux avant de se redresser. Puisqu'elle était coincée de toutes façons, autant garder sa dignité et compter les cartes encore en main pour se sortir de ce pétrin.
Valia: Je... ne prendrais rien, merci, fit-elle, assez réfléchie pour ne rien boire de ce qui pourrait provenir de la Brigade.
Solid: Entendu... Allons au salon, cela sera plus confortable pour parler, d'accord? ♪
Valia: ...
Elle leva le menton, tâchant de le garder haut.
Valia: Je vous suis.
Solid se mit à sourire, ouvrant la marche vers le salon bleu à proximité. La femme s'assit sur l'un des divans en enlevant sa capuche.
Solid: Bien ♪ Vous n'avez pas l'air de vouloir être de notre côté pour le moment, puis-je savoir pourquoi?
Valia: Pourquoi vous seriez de mon côté? demanda t'elle avec un ton détaché.
Elle croisa les jambes tout en parlant. Un homme passa dans les environs, homme auquel Solid s'adressa en attirant son attention d'un geste de main.
Solid: Allez surveiller l'entrée, et bloquez tout possible renfort, je vous prie. Prenez autant de personnes que nécessaire.
Jhinn: ...
Elle fronça brièvement des sourcils en suivant Jhinn du regard avant de revenir à Solid. Il pensait vraiment qu'elle allait juste se contenter de rester comme ça, à ne rien faire, intimidée? Elle porta une main à son oreille, faisant mine de replacer une mèche de cheveux derrière celle-ci. Elle activa au passage sa perle discrètement. Avec un peu de chance, ses suivants seraient assez intelligents pour suivre la conversation et comprendre où elle se trouvait et ce qui était en train de se passer.
Après le départ de l'homme, Solid revint à elle.
Solid: Pourquoi ne le serai-je pas, pour commencer? On dirait qu'on peut faire affaire, tous les deux.
Valia: Affaire... De quelle sorte d'affaire parle t'on là? amorça t'elle, toujours sur le même ton.
Solid: Eh bien... tout dépendra de ce que vous désirez. Personnellement, j'aimerai récupérer Eylion de manière définitive. Et si possible, régler cette histoire de Manoir.
Elle eut un petit sourire en coin à la première mention, assez bref, presque un rictus amusé. Il était encore heureux que Solid ne soit pas télépathe car elle s'en sortirait nettement moins bien. La pensée à l'origine de ce rictus était de l'acabit moqueur d'un "Aw, le démon rouge se soucie de son petit casse-croûte nocturne? Comme c'est mignon".
Valia: Je ne sais pas si vous pourriez m'accorder ce que je désire et je ne vois pas pourquoi je prendrais le risque de vous le dire.
Solid: Vous pensez vraiment que je vais vous laisser partir si vous me lancez un vilain regard?
Valia: Je ne crois pas, en effet, mais si vilain que ça, franchement...? dit-elle avec un sourire se voulant plus charmeur.
Solid: Nous voulons manifestement tous les deux quelque chose. On doit bien pouvoir s'arranger, non?
Valia: ... Tout dépend si vous pourriez m'accorder plus de pouvoir, chose que votre... petit Arcaniste pourrait facilement accorder mais j'ai crû comprendre qu'il était du genre têtu en affaires.
Solid: Tout dépend de ce que vous recherchez, mais à parler ainsi, on peut tourner autour du pot un bon moment, non?
Elle fit une brève moue.
Valia: J'ai pourtant été claire: je veux être plus forte, avoir plus de puissance à ma disposition.
Solid: C'est tout? Pourquoi, vous êtes faible?
Elle soupira.
Valia: J'ai quelques capacités mais je ne suis qu'une pauvre frêle... dame... dit-elle avec un ton ampoulé, surjouant à souhait.
Solid: Mais quelle force voulez-vous? Vous avez envie de soulever des rocs entiers? Avoir la tête la plus pensante du pays? Être une fortune écrasante? La force a plusieurs aspects...
Valia: Si j'ai fait appel à votre charmant Arcaniste, vous devez bien vous douter de quel type de force je vise, dit-elle avec un sourire un brin moqueur.
Solid: Magique, mais dans quel but?
Valia: Mes propres buts mais... Puisque vous êtes si... "cordial", souffla t'elle avec un ton empli de sous-entendus pas très nets. On va dire que l'un d'eux est d'impressionner quelqu'un qui me pense incapable.
Solid: Vous voulez courir après une personne qui ne veut pas vous regarder pour ce que vous êtes? Si obtenir de la puissance est votre désir, sans doute je peux vous y aider. Mais pour votre propre bien, vous devriez savoir que dans le fond, cette personne ne s'intéresse pas vraiment à vous.
Valia: Vous ne connaissez pas cette personne, s'offusqua t'elle quelque peu. Il vaut bien mieux que la plupart des... péquenauds que j'ai pu croiser de toute ma vie sordide. Je ne vois pas sinon en quoi vous pourriez m'y aider... Enfin si... Mais je sens l'entourloupe. Votre... petite sœur était déjà bien assez pénible à négocier avec mais c'était encore relativement... simple.
Solid: Si une personne de base ne s'intéresse pas à vous, mais qu'elle le fait après que vous ayez des pouvoirs, n'est-ce pas plutôt votre futur potentiel qui lui fait du charme? Après, c'est pour vous que je dis ça, hm.
Le regard de Valia se plissa, agacée par le fait que le démon parlait "sans savoir". Elle n'était pas une idiote. Des hommes, elle en avait vu dans sa couche à plus d'une reprise. Dans ses draps de satin, elle l'avait vu se lever pour se rhabiller. Comme toujours, il ne restait jamais les matins.
Valia passé:
... Qui est celle à qui tu penses?
???:
Hm? De quoi tu veux parler, ma chère Valia?
Valia passé:
Je sais quand un homme est "avec" moi ou quand il pense à quelqu'un d'autre... Alors qui est-elle? Ou il...?
Il avait esquissé un sourire en coin amusé avant de se retourner et de se pencher vers elle pour susurrer contre ses lèvres.
???:
Pourquoi penserai-je à quelqu'un d'autre que toi à cet instant? Tu sais pourtant que je vous aime tous à votre manière et quand je suis avec le ou la concernée... Je lui suis entièrement consacré.
Valia: Je sais ce que je fais, dit-elle en remettant une partie de sa longue chevelure derrière l'épaule. Et ce que je veux.
Solid: Bien, mais n'allez pas dire que je ne vous ai pas prévenu, dit-il avec un sourire. Du coup... vous rendre plus forte... de la magie... hmmm...
Valia: Je suis une grande fille, ne vous inquiétez pas, fit-elle avec un sourire équivoque.
Solid: Il y aura deux conditions pour que je vous y aide. Enfin, trois même. La première, que vous me décriviez un peu plus ce que vous voulez, un exemple serait le bienvenu. La deuxième concerne votre part du contrat, en échange de ce pouvoir, vous nous ouvrirez quand bon nous semblera l'accès au Manoir de l'autre folle que vous avez pensé être ma soeur. Et la dernière... Si vos nouveaux pouvoirs venaient à blesser de quelque manière que ce soit un des Shields, un des membres de ma famille donc, vous serez immédiatement mienne.
Valia: Hm... Je veux la même puissance que Nitrischa Artyom, je ne sais pas si votre petit précieux vous en a parlé.
Le chef de la Brigade prit un instant de réflexion.
Solid: Non, je dois avouer que cela ne me dit rien.
Elle eut un léger gloussement, dos de la main à ses lèvres.
Valia: Ça ne m'étonne pas... Mais il vous a peut-être parlé de son ancienne Femme...? Oui, non...?
Solid: Elle ne m'est pas inconnue, en effet. Est-ce elle?
Valia: C'est son nom, oui... Ancienne médecin de guerre capturée par le culte d'Oblivion. Ils essayaient de faire incarner en elle un Primordial de leur crû et ils étaient à deux doigts de réussir, narra t'elle en mimant un espace infime entre son index et son pouce.
Solid: Vous voulez avoir la force d'un quasi-primordial? demanda t'il avec un sourire.
Valia: Oui, dit-elle en levant le menton.
Valia passé:
Je sais que je peux t'être plus utile que ça. Laisse moi juste une chance...!
???:
Mais tu l'es déjà. Tu n'as pas besoin d'en faire plus.
Valia: Et votre petit précieux connaît tous les rituels qu'ils ont utilisé... ainsi que celui qu'il a lui-même fait pour empêcher que l'Oubli ne l'emporte, de stabiliser cette puissance.
Solid: C'est un peu cher payé pour ouvrir une porte, non? Je suis de très loin perdant sans parler que je ne peux pas, moi-même, vous donner ceci... enfin il y aurait bien "ça" mais...
Il prit un temps de réflexion.
Solid: ... Non, mauvaise idée...
Elle eut l'air intrigué un instant avant de se reprendre.
Valia: Je ne vois pas ce que vous pourriez proposer d'équivalent.
Solid: Ce sera difficile, en effet. Après, nous avons encore un autre moyen de retrouver Eylion sans votre aide, ce qui ne m'empêchera pas de vous maintenir captive ici et sans magie. Vous ne verrez pas Eylion et vous n'aurez jamais ce que vous voulez. Sans parler que si ma première méthode échoue, je pourrai venir vous torturer à loisir jusqu'à ce que vous vous décidiez. Vous êtes sûre de ne rien vouloir d'autre?
Elle grimaça à cette mention.
Valia: Parce que vous...
Elle hésita un instant, se mettant à réfléchir. Ce fut à ce moment que du grabuge se fit entendre à l'extérieur. Solid sembla réagir à des appels sur sa perle. Elle eut un sourire. Il était temps que ses suivants réagissent. Cependant, vu le bruit, il était possible qu'ils attaquent de front le QG. De quoi la contrarier. Elle savait qu'ils n'étaient pas très fins mais là...!
Solid: Tenez-les un petit peu, je vais devoir abréger avec Mademoiselle.
Valia: Vous n'avez aucune chance.
Même si la situation était mauvaise, elle essaya de tabler sur l'ignorance de son interlocuteur, de lui faire croire à une plus grande menace. Peine perdue. Le Démon se leva et dégaina son épée pour la mettre en joue.
Solid: Rappelez vos hommes... ou mourrez.
Valia: Vous me tuez, ils continueront jusqu'à ce que ma mort soit vengée, siffla t'elle.
Solid: Je ne reviens, hélas, jamais sur une parole.
Valia: Vous bluffez, fit-elle, néanmoins nerveuse.
Dehors, le combat faisait rage. Elle ignorait complétement si ses suivants auraient le dessus ou non. En attendant, elle était seule, dénuée de magie, face à un Démon.
Solid: Je n'ai pas conquis le cœur d'Eylion avec des mensonges. Ensemble, nous aurions plus de chances avec l'autre plutôt que chacun de notre côté.
Elle déglutit, hésitant.
Valia: ... Je, hm... Alors je... souhaite négocier... que vous... convainquiez... Eylion...
Solid: Eylion vous sera t'il plus favorable si vous l'aidez ou si vous oeuvrez contre lui? S'il apprend que vous vous en êtes EN PLUS pris à sa famille... adieu vos pouvoirs.
Elle serra les dents. Elle s'était déjà renseignée sur l'Arcaniste, assez pour savoir de quoi il avait déjà été capable. C'était bien pour ça qu'elle avait tablé sur l’Écorcheuse pour avoir le dessus.
Solid: Votre réponse?
Elle siffla de colère.
Valia: Très bien... Je les rappelle... mais rangez votre lame...!!
Le Démon rengaina son arme, sourire aux lèvres pendant que la femme portait une main à sa perle.
Valia: Nos... Arrêtez vos assauts.
Nos: ...?! Pourquoi?! On peut avoir le dessus!
Valia: Vous n'avez pas continué à écouter, bande d'imbéciles?! Je suis à l'intérieur!!
Nos: ...
Solid: Ravi de faire affaire avec vous ♪
Elle rabaissa sa main, frustrée.
Valia: Vous ne me donnez pas le choix.
Solid: C'est faux, on a toujours le choix.
Valia: Je choisis de vivre, comme je l'ai toujours fait, répliqua t'elle avec dédain.
Solid: Je tâcherai de le convaincre. Même si je ne peux pas décider pour lui.
Elle détourna le nez, énervée.
Nos: Qu'est-ce qu'on fait, Madame...?
Solid: Ils n'ont qu'à rentrer prendre le thé ♪
Valia: Restez dehors et ne bougez pas, dit-elle en réactivant brièvement sa perle, agacée.
Elle revint ensuite à son interlocuteur, plissant les yeux.
Valia: Hors de question...
Solid: Bien... comment procédons-nous? Et pourquoi vous étiez là-bas?
Valia: ... Je vous fais entrer quand vous le voulez au Manoir mais en échange, vous me laisserez repartir à ce moment-là... et vous essayerez de convaincre votre petit précieux de m'aider à l'avenir. J'étais là-bas pour lui proposer le Marché mais il a refusé.
Solid: Je vois... et comment avez-vous su comment y accéder? Et tout ça pour juste ça?
Valia: Oh, chéri... fit-elle avec un sourire suave. J'ai bien des moyens d'avoir des informations... L'histoire de votre petit précieux m'a été... ramenée à mes oreilles... Il vaut bien que je me sois intéressée à son cas.
Le but n'avait pas été de le convaincre en une seule fois. Exposer le Marché n'avait été que la première étape.
Solid: Donc... tout ceci... l’Écorcheuse... tout ça... S'il est entre ses mains, serait-ce de votre faute?
Valia: ...
Elle réajusta une mèche, soupirant.
Valia: J'aime savoir que mes négociations se passent sans heurt... Bien que... Avec ou sans moi... Votre petit précieux allait avoir des problèmes, dit-elle, amusée.
Solid: Oh? Pourriez-vous détailler?
Valia: Si je vous le dis, est-ce que je pourrai avoir la garantie de rester saine et sauve...?
Solid: Peut-être ferai-je mieux de vous tuer tout de suite alors?
La perle de Valia crépita un instant.
Nos: Madame, nous allons devoir nous retirer. Les autorités arrivent. Je vous en prie, revenez nous en un seul morceau.
Pas grâce à vous, bande de crétins, pensa t'elle, rageuse.
Valia: Oui mais sans savoir quelles menaces pourraient bien vous guetter vous et votre charmante petite famille, dit-elle avec un sourire vis à vis de Solid.
Solid: Ce n'est pas faux. Je sais que le Miqo'te aime bien se mettre dans de beaux draps mais là quand même...
Valia: Si vous saviez... dit-elle, amusée.
Solid: Cependant, vu que vous n'avez pas l'air de vouloir parler, que vous soyez morte ou non, ne changera rien, n'est-ce pas?
Valia: Je suis tout à faiiit disposée à parler voyons, chéri... Juste que je tiens à ma vie et que je n'aime pas souffrir, je cherche à préserver mon bien-être. Vous ne le feriez pas? dit-elle en papillonnant des cils.
Le Démon se contenta d'esquisser un sourire.
Solid: J'ai la sensation que nous serons amené à nous revoir prochainement. Si jamais cela devait se produire, je sais déjà quel sort vous réserver.
Valia: Probablement... Mais si vous tenez vraiment vos... paroles... J'en ai besoin d'une pour me sentir rassurée... Je me sens si... effrayée... fit-elle de manière sensuelle sur la fin.
Solid: Je ne vous ferai pas de mal, dit-il, toujours avec un sourire. Je jure que je ne vous ferai pas de mal. Satisfaite?
Valia: Voilà qui est mieux, bien mieux... répondit-elle en soupirant. Oui, satisfaite... Disons que je n'ai pas eu besoin de faire grand chose, vraiment... Votre petit précieux allait être enlevé de toutes façons par l'Ordre de Septhis et livré à une vieille connaissance... Tout ce que j'ai eu à faire était de pointer à l'envoyé de "Mademoiselle" Lucrétia où aller et à quel moment.
Solid: Je vois. Vous êtes donc une criminelle, au final?
Elle sentit la question piège à plein nez. Elle lui offrit donc son plus beau sourire d'ingénue.
Valia: Moi? Non... Je n'ai pratiquement rien fait.
Solid: Parfait. Les Deux Vipères se feront un plaisir de vous interroger en ce cas.
Elle soupira, mimant le plus bel air défaitiste qu'elle pouvait donner. En réalité, les autorités lui faisaient tout sauf peur.
Valia: Soit...
Solid se leva à ce moment-là pour lui tendre une perle à l'allure spéciale. Valia la prit, étonnée.
Solid: Ne vous avisez pas de la perdre. Il faudra bien que l'on se revoit pour aller voir cette chère Lucrétia.
Elle observa l'objet un instant, se disant de prendre garde à le mettre dans un endroit où elle pourrait entendre la sonnerie sans qu'il puisse espionner ses conversations.
Valia: Oh, bien sûr...
Elle le rangea dans une poche de sa tunique avant de se lever, de se rapprocher de Solid et de poser une main sur son torse.
Valia: De toutes façons, vous connaissez mon nom alors il ne vous sera pas... bien "dur" de me retrouver. Je suis la propriétaire du Noir Désir. Passez me voir quand vous le voulez, dit-elle avec un sourire amusé.
Elle était, en effet, la propriétaire d'une maison close assez luxueuse à Ul'dah. De par son statut, elle avait accès à une mine d'or d'informations et d'influence.
Solid: Noir Désir. Entendu. J'espère que jamais vous ne serez mon ennemie alors, dit-il avec un sourire.
Valia: Je peux être une très bonne amie comme une très bonne ennemie, lança t'elle avec un clin d’œil.
Solid: L'avenir nous dira ce qu'il en est. Ce fut fort instructif, merci beaucoup. Quand nous reverrons-nous?
Valia: Hé bien, vous viendrez me voir... ou vous m'appelerez, non?
Pendant ce temps, un petit groupe d'hommes des deux Vipères entra dans la bâtisse.
Empty: Au moins, vous avez trouvé le cadeau parfait, un joli paquet tout rouge!
Valia: Un peu grand le cadeau... Mais je ne dis jamais non à la grandeur, fit-elle avec un léger rire.
Officier: Shield...? lança t'il, un peu perdu. Vous nous avez appelé?
Solid: Ah, la luxure... je vous laisse avec nos amis les membres des Deux Vipères.
Elle tourna la tête vers ces derniers après un soupir discret.
Solid : Bonsoir Officier. Cette femme dispose d'informations sur la secte de Septhis.
Valia: Je vais venir avec vous pour tout vous expliquer, oui, dit-elle, digne.
Officier: Septhis? Ah, voilà qui pourrait être utile, en effet.
Solid: Je suis certain que ses renseignements seront précieux pour vous aider à les coincer!
Officier: Les hommes qui sont partis en nous voyant... Ils en faisaient parti?
Solid: Madame Valia? Est-ce le cas?
Elle prit un parfait air accablé.
Valia: Je crains que oui... Enfin, il me semble, non? demanda t'elle en tournant la tête vers Solid.
Solid: Ils en avaient après cette pauvre demoiselle.
Officier: Je vois, fit-il en fronçant les sourcils. Très bien, madame, nous irons au poste et vous nous expliquerez tout ça en détail. Avec nous, vous serez en sécurité.
Valia: Oh merci, Officier...! dit-elle, jouant les soulagées.
Solid: Merci de votre aide, Officier. Passez une bonne soirée.
Le Démon fit une courte révérence.
Officier: ... Avant que nous partions, ça me fait penser que je devais venir vous voir pour une affaire... difficile.
Solid: Je vous écoute?
Officier: Nos...
Il chercha le terme un instant.
Officier: ... "Alliés" Ishgardiens nous ont demandé des renforts pour un problème de Démon. L'un d'eux aurait débarqué durant les fiançailles de Dame Hélène Meaubant. Il a tué le fiancé, une partie des convives et gardes avant de s'enfuir avec la demoiselle.
Valia tâcha de cacher de son mieux son sourire amusé à cette mention pour retrouver son rôle de "femme".
Valia: C'est terrible...!
Solid: Je vais vous envoyer quelqu'un. Probablement l'homme qui a pu tenir tête seul à six de ces mécréants des Septhis.
Officier: Oui... Nos "alliés" Ishgardais devraient pouvoir vous en dire davantage. Ils "attendent" de nous une grande réactivité.
Solid: Je vous laisse escorter mademoiselle, je vais vous envoyer quelqu'un au plus vite, comptez sur nous.
L'Officier tourna les talons, ne voulant pas s'attarder visiblement en ces lieux, suivi de Valia qui se retourna brièvement avec un geste de main. Puis elle suivit l'escorte des gardes. Une fois dehors, son visage se ferma. La Brigade avait réussi à la piéger. Bien, elle leur concédait cette première victoire et resterai à l'ombre pour le moment. Mais elle était loin d'avoir donné son dernier mot.
Ailleurs. Quelque part dans le Manoir.
Frozen avait paniqué quand il avait senti qu'Empty n'était plus dans la même dimension qu'eux. Le Mage s'était efforcé de le rassurer comme il le pouvait. De l'enjoindre à commencer à envisager de trouver un moyen de se nourrir. Durant leur conversation, les corps qu'Empty avait déplacé étaient revenus lentement à leur place, comme mus par un retour en arrière dans le Temps.
La suivante et brève visite de l’Écorcheuse permit à Frozen de sortir temporairement pour accéder aux cuisines.
Le Lunaire accueillit la Solitude avec un soulagement certain.
Une première larme coula sur sa joue. Puis une autre. Et une autre. Enfin Seul.
Tant qu'Empty et Frozen étaient là, il ne s'était pas permis de céder à la faiblesse. Pas devant eux. Maintenant il pouvait se laisser pleinement à sa Peine, à son Désespoir. La Mort de Claus. Les Souffrances de Kaldriss. Le choc d'avoir revu le visage de Yunaia, même si ça n'avait été que son sosie. L'absence de Solid. Son Impuissance. Ses Craintes.
Au déluge transparent se mêla des larmes de sang, coulant depuis la moitié droite, couverte, de son visage. Les deux pans se réunissaient sous son menton, s'écoulant dans un mélange rougeâtre.
La Tristesse se fit consœur de la Colère alors qu'il se mettait à Hurler, rugissant face au Destin, face aux Chaînes qui le détenaient.
Il ne sentit pas le sourire dément, satisfait, dans les tréfonds de sa Conscience.
Tic Tac ♪