Un matin du début de la 4e lune ombrale

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Maeko
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Un matin du début de la 4e lune ombrale

Message par Maeko » 31 août 2016, 23:18

Les collines de la Noscea Centrale n’étaient pas encore éclairées par les premiers rayons du soleil que déjà, les premiers bruits se faisaient entendre. Ça et là, l’on pouvait entendre se trainer une méduse, un dodo chanter, et même les pas pressés d’une lalafelle encapuchonnée. C’est sur elle que nous nous attarderons, car sa démarche rythmée trahissait une appréhension montante. L’appréhension d’une personne préparait quelque malhonnête besogne.

Ses pas la guidèrent à travers le paysage vallonné, qu’elle arpentait sans relâche, posant un pied après l’autre. Après avoir traversé un pont, la silhouette se rapprocha d’une falaise qui surplombait la mer. En contrebas, une barque semblait attendre, agitée par le remous de la marée montante. Une corde était fixée à sa gauche, mais hors de question pour elle et sa frêle carrure de se risquer à affronter les embruns et le vide par une voie aussi dangereuse. Elle prit le bâton accroché sur son dos et se mit à chuchoter en l’agitant selon un motif complexe. Sous ses pieds, le morceau de falaise se décrocha et s’éleva de quelques centimètres, avant d’entamer une descente prudente en direction de l’eau.
En quelques secondes, elle avait atteint la barque, dans laquelle elle prit place en saluant d’un léger signe de tête l’homme qui la pilotait. Le rocher sur lequel elle se tenait quelques instants plus tôt tomba lourdement dans la mer, alors que l’embarcation s’éloignait des côtes Noscéennes.

Le voyage dura une longue heure, durant laquelle les rayons rougeoyants du soleil matinal donnèrent vie à la région. La petite barque rejoignit un navire plus grand, sans être majestueux, bien que la lumière lui donne un air presque menaçant. Après s’être suffisamment rapproché, la passagère en capuche se vit envoyer une échelle de corde, à laquelle elle s’agrippa pour monter sur le pont. L’effort la fit souffler, mais elle arriva sans trop de peine à se hisser sur la frégate, où l’attendaient une dizaine d’hommes au visage tendu. L’un d’entre eux, un homme coiffé d’une casquette de marin trop grande, salua la lalafelle d’un signe de tête avant de lui faire signe de le suivre. Ils traversèrent l’embarcation pour rejoindre les quartiers de la capitainerie, qui furent fermés à double tour par l’hôte des lieux.

« Installe-toi », lança-t-il, se défaisant de son manteau de toile cirée et de sa casquette, dévoilant une sorte de bijou argenté sur son front. L’invitée hotta sa capuche, avant de prendre place sur un fauteuil moelleux en croisant les bras. Son visage fatigué faisait ressortir ses yeux violets, et sa peau d’un naturel sombre semblait presque pâle. Ses cheveux poivre et sel l’auraient fait paraître une cinquantaine d’années. Seulement, elle n’en avait même pas la moitié.

L’Impérial – puisque ce diadème, ce « troisième œil », ne pouvait appartenir qu’à un Garlemaldais de souche – servit deux verres d’un vin aussi sombre que ses cheveux, en tendit un à son interlocutrice, puis prit méticuleusement place dans un siège de bois sculpté, face à un bureau croulant sous des piles de documents divers. Il remplissait l’ensemble de sa large carrure, et posa un regard vif et pétillant sur la jeune femme, qui lorgnait le verre d’un œil méfiant.

« Vous pouvez y aller, il est de chez vous. Je l’ai acheté à un marchand qui venait de Port-aux-Vins. J’en ferai, j’en suis sûr, un excellent commerce dans ma région. Il n’est pas aussi exceptionnel que nos grands crus, mais certains nobles pourraient apprécier la touche d’exotisme qui s’en dégage. » déclara le Garlemaldais d’un air joyeux, qui prit une longue gorgée du liquide. « Même si vous n’êtes pas venue boire du vin, ça ne pourra pas vous faire de mal. Vous êtes plus pâle qu’un calamar à l’agonie. Vous vous sentez bien au moins ? »

« Je me sens suffisamment bien pour être venue, en tout cas » répondit la lalafelle d’une voix froide, mais douce. « Je me verrai néanmoins contrainte de vous demander d’aller droit au but. Je me vois mal expliquer à mon client de ce matin, un officier du Maelstrom ayant à priori de sérieux problèmes d’impuissance, que je suis arrivée en retard car j’avais rendez-vous sur un navire Garlemaldais. »

« Votre bonne humeur fait plaisir à voir. Je vais tâcher d’être concis, dans ce cas. »

La jeune femme hocha la tête.

« Merci. »

« Ce n’est rien. Bien, pour commencer, même si vous vous en doutiez probablement, il est hors de question de vous extrader par Brumebleue. Les rixes s’y sont calmées depuis quelques lunes, bien sûr, mais la zone reste extrêmement dangereuse. Si vous souhaitez arriver à destination en un seul morceau, il faudra emprunter la voie maritime. »

« Mettons. Je suis plus inquiète pour les personnes qui vont me sortir d’ici que pour moi-même à vrai dire. Je ne tiens pas à envoyer une dizaine de vos hommes à la mort pour traverser une ligne imaginée dans la tête de dirigeants à l’égo disproportionné. »

Le Garlemaldais éclata d’un rire sincère, si bruyant que la lalafelle cru un instant que les murs en tremblaient.

« Vous ne pensiez pas sincèrement que je mettrais dix de mes hommes en danger pour une lalafelle Eorzéenne, rassurez-moi ? »

La dite Eorzéenne haussa ses sourcils en levant les mains, avant de soupirer.

« Mettez le nombre d’homme que vous estimez juste, ma parole. Peu m’importe, tant que personne ne se fait découper en morceau. Si, pour une raison ou pour une autre, les Grandes Compagnies ou la guilde des aventuriers apprennent ce que nous faisons, nous sommes tous morts. Je vois mal les juges – si tenté qu’on ait la chance d’être jugés – réagir positivement quand je leur dirais que je rêve de faire du tourisme à Ala Mhigo. »

Le rire tonitruant se fit de nouveau entendre, plus for encore cette fois-ci.

« C’est pourtant ce que vous souhaitez sincèrement faire, non ? »

« Nous en avons déjà parlé. Cette ville est un sujet sensible pour mes compatriotes. Beaucoup de gens y ont perdu des amis ou de la famille, et ils ne rêvent que de vengeance. »

« Tout comme nous ne rêvons que de paix et de stabilité. »

« A partir du moment où vous usez d’une violence disproportionnée pour accomplir vos rêves, vous avez tous fondamentalement tort, de toute manière. »

A ces mots, un silence lourd tomba. L’Impérial jeta sur son interlocutrice un regard mauvais, avant de se lever lentement et de verser le reste de son verre de vin sur le sol de la cabine. Puis, se mordant les lèvres, il reprit la parole, le ton sévère :

« Vous penserez à transmettre à vos aimables concitoyens que les dizaines divinités primordiales dont ils n’arrivent pas à se débarrasser menace chaque jour un peu plus l’équilibre de notre planète. »

Il fallait reconnaitre à cet Impérial qu’il avait le mérite d’avoir foi en ses convictions. Bien que la lalafelle ne semblait pas d’accord, elle eut le tact de garder le silence et de hocher la tête. Attendant patiemment que l’homme se calme, elle prit la peine de retenir les détails de son extraction. Elle recevrait un courrier codé d’ici quelques soleils qui lui indiquerait la date précise du départ, aux alentours de la fin de cette lune. Une chaloupe l’attendrait aux premières aurores, sur les plages de la Noscea Orientale. Celle-ci devait rejoindre un navire de réapprovisionnement Garlemaldais, dans lequel elle serait l’assistant du médecin de bord.

Aucune forme d’élémentalisme ou de magie quelconque ne serait acceptée avant d’être arrivés à Ala Mhigo et être sûrs que les faux papiers étaient en ordre. Une fois qu’elle aurait accosté, un logement l’attendrait sur place pour exercer son métier. La couverture semblait particulièrement complexe, et les détails seraient donnés pendant le voyage.

Une expédition relativement inhabituelle, mais somme toute moins effrayante qu’elle ne l’aurait imaginé. La discrétion faisait heureusement partie des rares qualités qu’elle possédait encore. Une seule chose la tracassait encore véritablement, un point qu’elle n’avait pas encore osé planifier.

« Et concernant ma requête ? »

L’Impériale haussa un sourcil, plus calme qu’auparavant.

« La tombe ? Comme prévu, j’ai déjà fait verser une avance à l’église afin qu’elle soit fleurie toutes les semaines. C’était une personne dont tu étais très proche ? »

« Pas assez, je crois. Peu importe, je ne souhaite pas en parler. J’imagine que nous ne nous reverrons pas avant un certain temps ? »

« En effet, je ne ferai pas partie du voyage. Après tout, j’ai des petits espions qui viennent me faire leurs comptes-rendus toutes les semaines ! A qui pourront-ils s’adresser si je laisse ma place pour me mettre en danger avec une étrangère ? » lança-t-il en riant derechef.

Ce Garlemaldais semblait avoir une joie de vivre sans limite, bien que sa tâche consistât à participer activement à la récolte d’informations sur les structures Eorzéennes afin de permettre la conquête du continent. Etait-ce vraiment si immoral ? C’était son métier, et il le faisait en accord avec ses valeurs. La jeune femme noire ne se donnait pas le droit de le juger. Pour l’instant.

Ce ne serait peut-être plus le cas lorsqu’elle serait au cœur du plus grande Empire de la planète. Si elle se faisait attraper par un camp ou l’autre, elle était morte. Paria, dans le meilleur des cas. Mais elle comptait bien acquérir là-bas une expérience qui lui ouvrirait les yeux sur le monde et lui permettrait de trouver, enfin, la voie qu’elle cherchait.

A la fin de la lune, son destin serait scellé.
Une question PvE ? Un projet RP à me proposer ? Un irrépressible besoin de voir débouler un vieux troll sur son topic drama ?

N'hésitez pas à me MP directement sur le forum.

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