Iverault Chatelfort

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Yverault Chatelfort
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Iverault Chatelfort

Message par Yverault Chatelfort » 18 déc. 2019, 17:39

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Iverault Chatelfort.

Aie confiance, prends dont ma main.
Je t'assure, tout ira bien.
Les ténèbres sont si loin.
Allons, ensemble, vers demain.
Dans la nuit sans lune, son corps n'était qu'une apparition obscure parmi les branchages griffus, reposant amorphe sur une branche, les bras ballants dans le vide parmi les feuilles mortes emportées par le vent.

-Que fais-tu mon enfant? Murmurait une voix douce comme un filet d'eau.

L'elezen tourna la tête et offrit un visage tel un mirage, sa longue chevelure sombre commençait à pâlir par endroits comme un semis d'étoiles, sous l'excessive manipulation d'ether et son regard vairon baignait de la plus incendiaire insolence à l'aube de son adolescence.

Ces minces lèvres de tourmalines noires murmurèrent, laconiques. "J'essaie de lire à travers les étoiles, comme toi."

"Ce n'est pas tant les étoiles mon ange, mais les trajectoires de cet univers." Répondit Elisebeth, douce créature au corps longiligne de naïade emmitouflée parmi d'amples tissus pales, de sa beauté désormais dépassée, elle en avait gardée la grace. D'un pas lent, elle avançait, caressant du bout des doigts les hautes herbes qui tels d'humbles apôtres s'inclinaient sur son passage. "Elles sont une vaste machine, un assemblage d'équations et de symboles et permettent la Lumière ou les Ombres."

Dans cette faculté propre à l'innocence de la jeunesse, pleines de rêves, d'histoires et d'imagination; il l'eut rêvé telle une Reine, Reine des astres, des étoiles et des arcanes. Elle n'était en vérité Reine de rien, sans royaume et sans sujets, elle n'était plus qu'une voyageuse, spectatrice des maux de ce monde. Sa vie à Sharlayan était un lointain souvenir fragile, brumeux et solaire, comme ces brouillards percés de glaives de lumière aux aurores. La blessure, de son âme en peine, recousue avec le fil de ces propres regrets et, condamnée; afin de ne jamais hanter son fils. Pourtant son destin inexorable approchait et l'haleine méphitique de la mort suintait de cette gueule avide. Ce chemin de vie l'a conduite à porter sa mélancolie en chaque instant et elle l'avait ainsi transmise à son fils, à travers ce regard, cette timidité, sa pudeur.
Cette déréliction lui appartenait, mais elle portait l'espoir ardent de lui extraire son fils...

"Penses-tu qu'un jour, je puis moi aussi lire dans les étoiles?" Demanda t'il tout en couvant sa mère du regard.

"Bien sur, c'est là ton héritage." Dit-elle tout en s'adossant à l'écorce de l'arbre. "Tu apprends déjà..."

"De quoi parles-tu?"

"Ce tarot auquel nous jouons tous deux, nous appelons cela des arcanes, Iverault. Tu connais déjà leur sens." Dit-elle en redressant ses prunelles d'argent vers le corps filiforme, si svelte de son fils. Il ressemblait à un Pierrot de Lune indolent et ensommeillé.

"Tu parles des cartes?" Demanda le garçon en redressant le torse avec nonchalance. Laissant glisser ses jambes de chaque côté de l'épaisse branche, il se tenait à cheval avec un frêle équilibre.

"Exactement...Fais attention de ne pas tomber mon ange, un jour tu vas te blesser. Tu me rappelles tant ton père...Lui aussi aimer cela, se perdre parmi les arbres de la forêt."

Le visage de l'elezen se ferma alors, masque hermétique, de glace et de marbre. Mais son regard tranchant trahissait le douloureux sentiment qui le possédait. "Ne me parle pas de lui..."
Il se souvenait de son visage comme un portrait flou, des yeux de jais, un regard de corbeau, une peau sombre et cette expression sévère, austère et impérieuse.

"Ton père avait ses raisons, Iverault."

"Aucune raison ne mérite cet abandon maman." Piqua l'adolescent en redressant les yeux vers la voute céleste. Au fond de lui, il savait que tout n'était que mensonge, il eut envie de crier aux étoiles de le lui rendre. il cherchait sa présence parmi l'infinie obscurité et l'océan du silence... Et parfois lorsqu'un coup de pinceau perçait les ténèbres de la nuit éternelle d'une flèche constellée alors son coeur s'ouvrait de milles couleurs en s'imaginant que c'était lui; et s'atténuait la douleur.

"Tu es jeune encore, un jour tu comprendras... Va te coucher maintenant, demain nous aurons une grosse journée, nous reprenons la route."

"Je vais dormir ici..." Répondit Iverault tout en reposant son dos contre l'arche boisée.

Elle savait qu'il ne servait à rien de protester, aussi têtu qu'il était...Encore un trait de caractère de son père. Ainsi quitta t'elle l'obscurité des bois pour se rapprocher du feu de camp qui crachait la lumière de ses flammes parmi la clairière clairsemée de roulottes et caravanes. Les chocobos sommeillaient paisiblement, son clan aussi...Alors elle jeta un dernier regard vers ces bois qu'elle eut depuis adopté, et son coeur se serra à la funeste pensée, des quelques temps qui lui restait. Car l'astromancienne savait de ces terribles prédictions, que le tic tac de l’horloge du destin allait bientôt, elle aussi fatalement la happer, et elle devait le préparer.

"Ha Elisebeth... Encore debout? Dis, nous prenons quelle direction demain? Demanda un des gitans tout en atténuant le feu.

"La forêt du sud Bruno...Nous partons pour le Thanalan, Ul'dah..."

"Alors tu as pris ta décision c'est ca?"

"Oui, il deviendra occultiste, je n'ai plus grand chose, mais je pourrais revendre mes bijoux une fois là bas." Murmura t'elle à mi-voix avant de retrouver sa roulotte, sa solitude. Et au crépuscule de son existence, s'agitait parmi cette modeste demeure, l'obscur ballet fantomatique de ces souvenirs.

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