Le chemin de la Fleur

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ZeroRosaria
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Le chemin de la Fleur

Message par ZeroRosaria » 08 mars 2020, 14:47

Verset I: La Fleur et la braise
Sommaire.

Doma

Un sifflement résonne dans sa tête.
"Je ne vois rien, ou suis-je ?"

Un cri.
"…"

Des grincements se font entendre, un bruit sourd au loin retentit.
"Fait-il orage? Il n’y a pas d’éclair, ni l’odeur de la pluie."

Une détonation, encore des cris. Des pleurs de tristesse, des gémissements de pitié. Un bruit sourd accompagné d’autres cris. Encore. Les pleurs s'estompent.

"Où suis-je ? Que se passe-t-il ?"

Étant sur le dos, elle essaya de se lever, mais en vain.
Une vive douleur s’empare de sa chair, ses jambes refusant d’obéir.

"Aie ! Ça fait mal !"

Une détonation proche se fit retentir, puis un vacarme de feu et d’acier, accompagné de pas cadencés.
Une odeur de brûlé, légère, se disperse dans l'air.

Le temps, bien qu’impossible à quantifier, permet à ses yeux de s’habituer à l’obscurité.

Dans cette noirceur se dessinent les débris d’un vase bleu décoré. Une fleur parmi les débris, semblait reposer, pour l’éternité.

"Ce… Ce vase, je suis à la maison ?"
« Maman ? Papa ? »

Une nouvelle détonation, encore ces cris à glacer le sang, tant ils semblent sortir de viscères plus que de cordes vocales. Le tout accompagné de voix agressives, incompréhensibles et de lancinant cliquetis de pas, marchants à l'unisson.

« Maman ! Papa ! Que se passe-t-il, où êtes vous ? »

Le silence.

Au fur et à mesure que l’obscurité devenait plus claire, de plus en plus de débris se dévoilent.
Des meubles en pièces à sa gauche, une armoire penchée à sa droite, un âtre de poêle au milieu, une braise se consumait faiblement lâchant quelques crépitements. Elle eut peine à reconnaître sa cuisine.
Sur le ton de la peur, elle s'époumone à appeler de nouveau ses parents.

« MAMAN ! … PAPA ! … <tousse, tousse> »

Derrière elle, une voix légère vient briser ce silence d’angoisse.

« Y… Ya… [n]… »

Elle mit toutes ces forces pour rouler sur le côté et se mettre sur le ventre.

« MAMAN ! Je suis là ! Où est-t… »

Alors qu’elle peinait à se retourner, elle vit à deux silhouettes, allongée sur le sol, couverte de débris massifs. Sa mère était là, ainsi que son père inanimé.

« PAPA ! MAMAN ! »

Sa mère bougeait les lèvres et tendit sa main dans sa direction, mais aucun son ne sortit, et sa main, trop loin de sa fille, ne pouvait que caresser le sol jonché de gravats.

"J’arrive maman !"

En larme, elle rassembla toutes ses forces, essayant de ramper vers sa mère.
Derrière dans l’âtre, la braise qui se consumait jusque là, venait de s’éteindre. Relâchant dans son agonie ardente, un dernier crépitement.

« J’arrive, tiens bon ! <tousse> »

Sa mère peinait à garder les yeux ouverts, sa respiration s'accélérant, ses forces l'abandonnant.
Alors qu’elle avançait péniblement sur un sol meurtri, sa mère tendit sa main, tremblante, tout en regardant sa raison de vivre approcher. Une larme sortit de ses yeux. Et dans un dernier soupir, sa maman bougea ses lèvres, un mot fut prononcé, sans voix, articulé au maximum pour être lisible.

« Je t’aime »

La main de sa mère se posa délicatement au sol, l’étincelle qui l’animait jusque-là, venait de s’éteindre. Relâchant dans son dernier sommeil, une dernière larme.

« … ma … man … »

Elle voulut crier, mais se fit interrompre par une boule sortant de sa gorge, qu’elle éjecta en toussant avec pénibilité.

<TOUSSE, TOUSSE>

Dans une maison délabrée, du sang fut versé.
Trois êtres y vivaient, mais un seul survivrai.

Se mettant à pleurer, elle rampa, malgré la douleur, voulant enlacer les personnes qu’elle chérissait tant. Alors qu’il lui restait environ un yalm. Elle s'agrippa à un morceau de bois long, planté dans ce qui restait d’un plancher. Mais le bois était fragile, à l’image des reste de la maison, il céda sans difficultés aucune.

Des grincements se font entendre, un grondement sourd au-dessus gémis.
Tel un orage en un éclair, le reste du plafond s'effondre, tel une pluie battante, sur son corps meurtri.

Un cri.
Son cri.

Un sifflement résonne dans sa tête.

Sous la charpente fumante se trouve une fille,
Coincée dans les décombres, écrasée par sa tristesse.
Les restes d’un vase et d’une fleur, fragile vestige d’un souvenir de tendresse.
Un voile noir se dépose sur ses yeux, observant le sol, sa conscience vacille.
Dernière modification par ZeroRosaria le 15 mai 2021, 11:10, modifié 6 fois.

ZeroRosaria
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Re: Le chemin de la Fleur

Message par ZeroRosaria » 15 mars 2020, 18:19

Verset II: Le Samouraï et la fleur

Le soleil se couche sur Namai. Ce petit village de campagne, accroché sur des plateaux rocheux de Yanxia. Tandis que les rayons semblaient disparaître, la nuit allait obscurcir les cultures de riz, principale activité du village. Des cheminées sortait une épaisse fumée blanche qui formait parfois de fragiles formes dans les volutes. Il règne dans ce village, une quiétude et une tranquillité que seuls la rivière en contrebas, venait percer d’une mélodie douce et reposante. Un soir comme un autre, sur le paisible village de Namai. Mais ce silence, si enivrant, n’est qu’éphémère.

En effet, dans les hauteurs, peu éloignée de ce charmant village, du haut de ce qui semble être un petit plateau herbeux creusé en son centre, d’un petit étang, un bruit sourd retentit. Suivi d’un autre, et un autre, encore. Son irrégularité vient percer le tendre calme des lieux. Telle des pulsations d’un cœur fatigué.
Le vacarme vient d’un jeune villageois. Ou plutôt, d’une jeune villageoise, armée d’une hache, elle s’acharne sur de pauvres bûches de bois, qui semblent bien solides. C’est seulement au bout de deux ou trois coups qu’elle parvient à exécuter ses coupables boisés. Les deux morceaux irréguliers, arrachés de leurs origines, choient ainsi sur deux tas opposés, la jeune fille ayant déjà œuvré à séparer d'autres rondins.
Parfois suspendu par un essorage de son front, ou d’un court moment de désaltération, la jeune fille perpétua cette tâche pendant une bonne partie de la soirée, alternant pose puis coupe de rondins. La longue découpe achevée, elle se mit à les empiler pour former un mur de bois, prêt à être séché pour l’année suivante.
Ce travail achevé, elle s'asseya sur une bille de bois, observant avec le peu de lumière qui restait, le modeste résultat qu’elle venait d’achever, avec un mélange de douleur, de soulagement et de satisfaction.

S'essuyant une dernière fois son front ruisselant de sueur, elle se leva, non sans mal, pour se diriger vers la cabane qui se trouvait au bord du plateau et de l’étang.
C’était une petite cabane, n’ayant qu’une seule pièce, un poêle qui avait vu des lunes passer, trônait fièrement au milieu. Posant sa hache à l’extérieur de l’entrée, la jeune fille se dirigea vers le poêle, l’ouvrant et prenant une bûche et la mettant dans les braises qui restait, elle souffla délicatement dessus pour raviver le feu, elle prit une lampe à huile qu’elle alluma avec une brindille avant de refermer le foyer.
La lumière de la lampe, accrochée au mur, peinait à éclaircir cette petite bicoque. Bien qu’il n’y avait pas grand chose à éclaircir. Une petite étagère contenait des outils de calligraphie, quelques vêtements accrochés, séchait non loin du feu salvateur sur un fil tendu. Des outils agricoles, rangés dans un coin, attendaient la saison suivante de leur utilisation. Il y avait aussi, enroulés, deux futons posés contre un des murs.

Le silence et la sérénité régnaient en ces lieux. parfois entrecoupé par les crépitements du feu, à qui l’on avait donné une nouvelle bûche à ronger. La jeune fille en profita pour se donner un brin de toilette, ainsi qu’à ses vêtements, les remplaçant par ceux accrochés et secs.
Alors qu’elle finissait à genou d'essuyer ses cornes, elle entendis dehors, des pas légers se rapprochant de la cabane, tapotant ses chaussures et frappant à la porte quatre fois.

« Bonsoir Maître Kusaragi. » dit-elle en inclinant sa tête.

La porte s’ouvrit, dévoilant un vieil homme, il referma la porte et posa ses chaussures ainsi que son chapeau sur l’excroissance d’une poutre.

« Bonsoir petite. » répondit-il en se courbant.

Alors qu’il s’installa lui aussi près du feu, se mettant à genou, posant son katana contre lui, il sortit deux cubes de riz, enroulé dans une grande feuille et en donna une à la petite. Alors que les deux mangeaient leurs portions de riz, il lui demanda comment c’était passé sa journée.
Elle lui raconta alors toute sa journée. Comment elle avait aidé une famille à la réparation d’un toit de maison, aida également à déplacer un stock de grain pour l’ensemencement de l’année suivante et que, en récompense de ses services, la famille lui offrit un repas. Elle passa le début de l'après-midi à errer près de la cabane, profitant d’un peu de répit avant de continuer la découpe de bois pour l’année suivante.

Le vieux samouraï souria, lui disant qu’il était content de ce qu’elle avait fait. Mais le vieillard voyait que quelque chose clochait dans le regard de la jeune fille. Elle n’avait sur son visage en effet, pas la même fougue que les autres jours, il voyait au-delà de la fatigue de la journée.
C’est alors qu'il comprit. Il réalisa que cela faisait tout juste un an depuis ce sombre jour.

Il se rappela de ce jour, il y a un an, à Doma. Une bataille, des explosions, du sang. Il se souvient de ce charnier de maison et de vie détruites en une journée. Des quelques survivants tentant de sauver ce qui restait des décombres, ou d’autres pleurant ceux qui n'étaient plus. C’est avec la rancœur de la défaite qu’il constata ce funeste décor, marchant dans ce que fût jadis des rues.
Alors qu’il enjambait les débris de maison, il entendit un lourd grondement, suivi d’un horrible hurlement. Surpris, il posa sa main sur son arme, se préparant à dégainer, mais plus rien ne se fit entendre. Une maison venait, à ses côtés, de s’effondrer plus encore. Mais le hurlement, venait-il aussi de là?
Rassemblant ses dernières forces, il accouru aux restes de la bâtisse et commença à déblayer les morceaux, s’armant même d’un bâton pour pivoter les plus gros morceaux. Alors que ses espoirs s'évanouissaient, il aperçut une tache rougeâtre, c’était du sang, habitué dorénavant de voir ce liquide, il remarqua qu’il était frais.
Il continua de déblayer, accélérant le pas, tentant de sauver quiconque serait au bout de ces décombres, il faillit même écraser une de ses jambes tant il se concentrait plus sur l'extraction que la dépose des débris.
Au bout d’un moment, une lueur d’espoir caressa son esprit, voyant deux personnes allongées sur le sol. Mais sa joie s’effaça rapidement, car les deux corps, ceux d’un homme et d’une femme, gisaient, inanimés et froids sur le sol. Une femme, un bras tendue, main ouverte posé sur les décombres, baignant dans le sang. Le vieil homme observait les deux êtres qui s'étaient rejoints dans l'au-delà, maudissant son impuissance face à ce spectacle. Mais tandis qu’il laissait voguer son regard, il observa un tissu au delà de la main de la femme, il était très difficile de le voir, mais son passé de guerrier, aguerris, lui permis voir un tissu dont la couleur n’était pas de la même que celles des deux autres corps. Il passa entre les deux et vit que le tissu était un vêtement. Un vêtement qui était même trop épais pour ne rien couvrir. Angoissé de se confronter de nouveau à un corps inanimé, il toucha quand même le vêtement avec le dos de sa main. Il y avait un corps, et il était tiède.
Il rassembla de nouveau ces forces pour retirer les décombres, posa même son katana afin d’être plus mobile. Les débris, l’un après l’autre, lui dévoilait un corps, plus petit, plus jeune. Il accéléra la cadence, gémissant des râles d'efforts, écorchant ses mains sur des échardes. Chaque déplacement était douloureux, chaque déplacement était un progrès.
Après un temps qui lui fut interminable, il découvrit une jeune fille, allongée, sa tête sur le côté, une fleur dans le prolongement de sa tête était posée, intacte, comme si elle se tenait au chevet de la jeune fille.
Le samouraï se pencha et mit sa main devant la bouche de la petite, mais ces mains étaient trop engourdies par les échardes et les crampes pour ressentir quoi que ce soit. Il attrapa alors de son katana, le dégaina, et le présenta comme avec sa main, devant la jeune fille. La lame se trouvant alors à moins d’un ilm de sa bouche, il observa son arme, concentré, les mains tremblantes. Il relâcha un immense soupir de soulagement lorsqu’il vit de la buée se condenser sur la lame. "Elle est vivante!" Il rengaina son arme et la re-fixa à sa taille, pris la jeune fille dans ses bras et la porta plus loin, dans une petite cavité dans le creux de la montagne.

Le vieil homme, après avoir examiné si la jeune fille n'avait aucune blessure grave, ainsi que avoir pansé les quelques autres superficielles, alluma un feu et attendis de l’autre côté du feu, à genoux. De très longues minutes passèrent, ne faisant lever le samouraï que pour raviver le feu, c’est d'ailleurs le crépitement de ce dernier qui réveilla la jeune Xaela. Quand elle réalisa qu’elle n’était pas avec ses parents, et que l’ombre d’un vieil homme attendait derrière le feu, elle essaya de se lever et partir, mais les nombreuses blessures ainsi que sa tête douloureuse l'en empêchait, elle ne put que reculer à demi assise, gardant son regard sur l’homme qui l’observait. Lorsqu'elle toucha la paroi en rocher, le samouraï détacha son katana, le prit à deux main, la courbure vers le haut et le déposa devant le feu en s’inclinant, avant de se relever et reculer, toujours en étant courbé vers la jeune fille, puis se remit à genoux, plus loin, hors de portée de son arme. La jeune fille observa l’homme, mais était trop tétanisée pour bouger. Alors ce fut l’homme qui parla en premier.

« Je suis désolé de te faire peur petite, cela n’est pas mon intention, regarde, je me suis désarmé devant toi. »

Malgré les dires de l’homme, elle avait trop peur pour se rapprocher, mais observant l’arme déposée près du feu, elle reconnut un katana, l’arme des samouraïs, ces fiers guerriers qui parfois passaient dans Doma. Elle se souvint de son père, qui un jour lui avait raconté que ces guerriers avaient un honneur indéfectible, et ne se séparait jamais de leur arme, ça l’avait même fait rire de savoir qu’ils dormaient avec.

« V… vous, vous êtes un sa… samouraï ? demanda-elle d’une voix tremblante.
— Je me nomme Terumasa, et je suis bien un samouraï. hochant sa tête comme pour venir appuyer ses dires. Je t’ai sorti des décombres d’une maison. Tu étais inconsciente, alors je t’ai appliqué les premiers soins et j’ai attendu que tu te rétablisses.
— Et mes parents, vous avez aussi pu les aider ? Ils étaient aussi dans ma maison. »

Le vieil homme serra les poings, il savait qu’il devait lui dire, sans mensonges. Mais il ignorait les mots à employer dans cette situation. Il s’inclina encore, sa tête frôlant la terre.

« Je suis désolé, vraiment désolé. Je n’ai pas pu sauver tes parents. Quand je suis arrivé ils étaient déjà… enfin ils n’étaient… »

N’arrivant pas à terminer cette phrase, il ne put que la terminer par une larme touchant la terre. La petite fille suivit, une larme, puis deux, puis des pleurs. Le vieux samouraï la laissa, ne sachant pas comment agir dans une situation pareille.
Tandis que les pleurs se faisaient plus légers, la jeune fille frotta ses yeux.

« Je, je voudrais les voir, s’il vous plaît.
— Je ne te retiens pas petite. Doma n’est pas loin. Seulement les autres survivants les auront sûrement déplacés aill...
— … J’aimerais leur dire au revoir. Juste une fois.

— Je comprends.
— Vous… vous… . Pouvez-vous venir avec moi s’il vous plaît ? »

Le samouraï releva la tête, regardant avec tristesse et bienveillance la jeune fille qui le fixait d’un regard perdu. Il se releva alors, il ajouta.

« Bien sûr, attends juste un instant. »

Il se leva, prit son katana, et alla vers un petit arbre et dégaina. En deux coups, il retira le bout d’une branche, puis la sectionna à la base, rangea la lame dans son écrin puis ramassa l'œuvre de sa découpe. La jeune fille l’observait sans trop comprendre ce qu’il faisait, le voyant juste s’agiter et revenir vers elle lui présentant un long bâton, comme on présenterait un katana.

« Tiens petite, ça va t’aider à marcher.
— Merci Monsieur », dit-elle en saisissant le bâton.

La jeune fille se releva, s’aidant de la canne improvisée. Puis ils marchèrent en direction de la ville. Le trajet se fit sans paroles, traversant un pré, découvrant ce qu’il restait de Doma. Ils marchèrent dans ce qui restait d’une rue, en direction des rares habitations encore debout. Le samouraï demanda à un villageois ou ont été mis les gens qui ne se "réveillerait plus", puis marchèrent dans la direction indiquée par l'un d'eux.
Ils arrivèrent dans une maison, agrandie par des rondins en guise de coin et de toile pour les murs, dans laquelle se trouvait de longues colonnes de corps, placé sous des draps de couleurs diverses. Le samouraï demanda à la jeune fille de l’attendre, pour retrouver ses parents, puis il partit en reconnaissance, cherchant deux Xaela adultes.
Lorsqu'il les reconnut, il lui fit signe de venir. Elle s’approcha du vieil homme, ainsi de deux draps. Elle n’osait plus bouger, tétanisée par la peur, se demandant si c’était un cauchemar, si elle allait se réveiller. Elle acquiesça de la tête au samouraï, qui retira les draps pour révéler la tête de deux Xaela.

La petite Xaela se mit à pleurer, serrant l'un après l'autre ses parents. Leur suppliant de revenir. Les villageois présents observèrent la macabre tragédie d’une fillette et de ses deux parents. Le samouraï, restait immobile. Ses yeux brillants de larmes trahissaient sa tristesse. Alors qu’il regardait ceux qu’il n’avait pu sauver, il sentit une pression contre sa taille. La jeune fille l’avait agrippé de ses frêles petits bras, continuant de pleurer dans la robe délavée du guerrier impuissant. Il se baissa à hauteur de la jeune fille, et l'enlaça à son tour, consolant comme il pouvait la tristesse de l’orpheline.
Des minutes ? Des heures ? Il est difficile de savoir combien de temps ils sont restés ainsi. Mais ce fût au bout d’un moment qu’ils se relevèrent, elle était tremblante comme une arbuste ballotté par les vents, l’orpheline caressa les cheveux de son père, puis la joue de sa mère, avant de hocher la tête vers le samouraï, qui remis les draps sur les visages des êtres figés. Puis ils repartirent, lentement, vers la sortie, la fillette parfois, regardant en arrière.

Les deux âmes marchèrent sans but, mais le samouraï qui dirigeait la marche, semblait suivre un chemin. Ils arrivèrent, devant la maison où ce cauchemar avait commencé. Il lui demanda si elle voulait récupérer des affaires, car bien que les gens aient souffert, il y en a certains qui peuvent profiter du malheur des autres, et voler dans les décombres.
La petite répondit qu’ils ne disposaient de pas grand chose. Le samouraï acquiesça et tous deux contemplèrent, dans le silence, les ruines de la maison.
Le vieil homme, brisant le silence, demanda à la jeune fille.

« A-tu de la famille, petite ? Des gens qui pourraient l'accueillir ?
— Non, je n… n’avait que maman et papa… . Hocha-t-elle négativement de la tête
— … Je vois. »

Ils restèrent de nouveau silencieux, le samouraï, qui avait vécu d’autres guerres, d’autres conflits, n’avait jamais eu à vivre les fin de batailles. Oh bien sûr, il le savait, mais son poste l’avait toujours placé dans les batailles, loin des conséquences post-combat, c’était la première fois qu’il avait été envoyé en renfort, au final pour rien. Lui rappelant que même un guerrier formé au combat, âgé de surcroît, n’est pas infaillible, et que cette fois-ci, il avait échoué.

L’orpheline observait le vieil homme qui avait un regard vide. Remarquant qu’elle le regardait, il brisa de nouveau le silence.

« Petite, je ne sais pas si ce que je vais dire est une bonne chose, ou même si c’est la meilleure solution, mais si tu es seule, tu as de grandes chances de te retrouver sans foyer. À errer sans maison. » Il serra les poings. « Tu me connais à peine, et je ne peux pas faire revenir tes parents, et jamais je ne pourrais les remplacer, mais si tu le souhaite, je pourrais t’accueillir, je n'ai pas un toit digne d'un roi, ni d'une... famille mais… »

L’orpheline se tenait sur sa canne de fortune, baissant sa tête, une larme chutant sur le sol, puis elle regarda le vieil homme, fixant toujours le même point dans les ruines. Elle voyait en lui des émotions, mais ne les comprenais pas. Elle accepta, d’un oui tremblant.
Le samouraï regarda la petite fille, lui demanda de le suivre. Ils avancent au bord de ce que fut jadis, l’entrée de la maison. Il dégaina lentement son katana, et d’un ton solennel, s’adressa aux débris.

« Parents de cet enfant, je m’adresse à vous qui n'êtes plus et que je n’ai pu sauver. Pardonnez mon impertinence de vous demander telle chose. le samouraï inclina son sabre, le tenant au dos de la lame avec ses deux mains.

Moi. Terumasa Kusaragi, samouraï de mon état, demande à veiller sur votre enfant.
En vertu de mon honneur, ainsi que de mon regret de n’avoir pu vous réunir;
Je fais le serment de protéger votre fille. La nourrir, quand elle aura faim. Un toit quand elle sera fatiguée. Lui apporter du savoir, pour affronter ce monde. La consoler au mieux, quand elle sera triste. Et quand elle aura grandi, je lui laisserai le choix du chemin qu’elle aura choisi. »

Sur ces mots, le samouraï attrapa une mèche de ses cheveux, les trancha de son sabre, puis les dispersa devant la maison. La petite Xaela, qui l'avait écouté et observé, voulu faire pareil, prenant quelques cheveux, les arracha difficilement puis s’agenouilla pour les poser au sol. Le vieux guerrier l’observa sans rien dire, mais ses yeux de nouveaux devinrent brillant. Il aide la jeune fille à se relever et lui dit alors.

« Allons nous reposer. Demain, nous irons à Namai, j'y possède une petite bicoque assez grande pour nous deux où nous pourrons nous installer, elle n’est pas parfaite et des travaux seront de mise, mais à deux, je pense que nous arriverons à en faire un endroit confortable. »

La jeune fille regarda le vieil homme et se surprit même à lui faire un sourire. Attendris, il lui renvoya un sourire parsemé de rides.
Les deux âmes partirent en direction du campement de la première rencontre, se préparant pour un lendemain, un nouveau chemin.


Les braises crépitaient dans le poêle. La jeune fille mangeait difficilement son repas. La voyant absente, il posa ses baguettes ainsi que son plat et s’exclama.

« Ça ne va pas petite ? »
Elle fixa le poêle, marquant une courte pause dans son repas.
« Maître. Vous avez perdu votre famille vous aussi ? demanda-t-elle d'une voix hésitante.
— Et bien… . Comme j’ai choisi la voie du samouraï, je n’ai jamais pu fonder de famille. J’ai bien eu des parents, mais à mon âge, eux aussi s’en sont allés.
— Ça fait longtemps ?
— Une dizaine d'années. »

Elle baissa la tête.

« Moi, ça … fait … un an aujourd'hui non ?
— Oui en effet... , ça fait un an. »

La jeune Xaela tremblotante, observait les braises. Le vent balayait la cabane, gémissant des sifflements dans les interstices de la porte. Le Samouraï, d’un regard bienveillant et souriant, tendit alors ses bras vers la petite. Elle posa à son tour le repas et les couverts, et alla s'effondrer dans ses bras en sanglotant. Il posa une main derrière sa tête et se balança faiblement de gauche à droite, tentant de consoler la tristesse de la jeune fille.

« À part vous, je n’ai plus personne, Maître Kusaragi. dit-elle d’une voix saccadée.
— Je sais petite, je sais…
— Vous êtes si sage, si gentil, si bienveillant. Je ne l’ai pas connu, mais vous êtes comme mon grand-père. »

À ces mots, le vieux samouraï fixa le sol devant le poêle, lui qui n’avait jamais eu d’enfant, fut touché au plus profond de son cœur.

« J’apprécie chaleureusement ce compliment, il me touche.
— J'espère ne pas vous avoir gêné.
— Pas le moins du monde. Je n'ai pas la prétention de remplacer ta famille. »
Un silence se fit quelques minutes, les deux êtres, fixant chacun tantôt le sol, le poêle ou leur repas.
« Mais c’est ce que je pense. » murmura-t-elle la tête baissée.

Le vieil homme, un peu surpris, tourna sa tête.

« Tu voudrais que je le sois petite ? »
À ces mots, elle joignit ses mains.
« J'aimerais avoir un grand… père... comme vous. »
Le samouraï se mit à réfléchir un moment, puis son esprit revint vers elle.

« Si c’est ce que tu souhaite, je n’y vois pas d’inconvénients. »

Il resta un moment à la fixer, puis fixa sa pitance, déplaçant les grains de riz avec ses baguettes.

« Ma... p... p... petite... fille... », dit-t-il le corps tremblotant et la larme à l'œil.

Les deux êtres s'enlacent un moment, les yeux emplis de larmes. Ils finirent leurs repas autour du poêle. Ce soir-là sur Namai, le calme revint, ils discutèrent longtemps. Surtout le samouraï, racontant des histoires sur ce qu’il avait vu dans sa
jeunesse, lui décrivant des terres qu’elle n’avait alors jamais vu, des mots jamais entendus, des rencontres fascinantes. Alors qu’il s’élançait dans une histoire fantastique d'un monde par delà les mers, il remarqua que la petite Xaela c’était endormis. Attendris par la rêveuse, il esquissa un sourire, puis se leva défaire les futons, la déposa sur l’un d’eux, la couvrant d’un drap. Il se mit alors sur l’autre, accroupi, observant les braises du foyer et tenant son katana comme une canne. Attendant à son tour le sommeil, se remémorant des souvenirs lointains.
Dernière modification par ZeroRosaria le 16 mai 2021, 18:49, modifié 2 fois.

ZeroRosaria
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Re: Le chemin de la Fleur

Message par ZeroRosaria » 03 nov. 2020, 11:42

Verset III: La préparation du corps


Une jeune femme sur les chemins de Yanxia, d’un pas déterminé, marche dans l’ombre de la végétation.
Le soleil traverse les feuilles des arbres, laissant ressortir leurs veines, gorgées de sève. Les petites pousses d'arbre se dandinent fébrilement au faible vent, quand celui-ci se laisse s'engouffrer entre les troncs.
La jeune femme s'arrête. Elle en profite pour remettre le long tissu qui lui sert d’attache pour son katana, puis repart de plus belle. Se laissant porter par le vent, chaud et léger, des aigrettes s’y laissent flotter comme de petits insectes dansant, approchant parfois la chevelure blanche de la voyageuse. Elle est surprise par le sol, passant de la terre battue, à des pavés biens espacés.

- Ah, j’arrive enfin près de la civilisation. Pas trop tôt !

La voyageuse, tapotant sa flasque vide, semble ravie de se rapprocher de ce qui semble être un village. Il n’est pas très grand, mais elle avait entendu parler de son marché, et surtout du saké local qui était paraît-il un des meilleurs de la région.
Au fur et à mesure qu’elle s’avance, elle perçoit enfin la place centrale.
C’est sans surprise qu’elle y distingue quatres étals.

“Autant de monde pour si peu d’étals? Heh… .”

Elle s’avance d’un pas décidé vers les odeurs d’alcools, qui la mène vers un étal tenu par trois personnes, réglées comme les rouages d’une horloge, enchaînant commande, service, et paiement. Elle s’approche de l’un d’eux, qui la regarde, s’attardant sur son katana puis son bandeau sur son front.

- Bonjour Madame ! Puisse la journée vous être agréable dans notre village ! Lui dit-il, enjoué.
- Bonjour Monsieur. Lui répondit-elle en s’inclinant aussi. Je souhaiterais savoir si je suis bien dans le village qui produit le meilleur osaké de la région.
- Je suis ravi de constater que notre réputation tient toujours. En effet nous… enfin notre village s'est spécialisé dans cette noble production.

La jeune femme ne dit rien, mais ses lèvres semblent trahir un mélange de satisfaction et de désir. Elle est interrompue par un bruit derrière elle, se retournant d’un mouvement fluide et bref.
Un jeune homme vient de tomber sur le sol froid de la place, des pièces carillonnent en tombant de sa poche.

- Regardez moi ça, voilà les pièces que tu me devais ! Vociféra un homme au loin, s’approchant du jeune homme au sol.
- Pardonnez moi monsieur, mais je ne vous doit rien, c’est mon argent pour le…
- … Ben voyons, ce morveux d’lézard me répond en plus.

Le jeune homme tente de se dépêcher à ramasser ses pièces, surveillant l’homme qui se rapproche, il se fait surprendre par la jeune femme qui le dépasse et s’interpose entre les deux.

- t… t… t… ! Interjecta la voyageuse à destination de l’homme, s’approchant.
- Uh? meh? Qui t’es toi? Encore un autre, décidément les étrang… .

L’homme s’arrêta, voyant la jeune femme approcher sa petite main de la tsuka de son sabre blanc, d’un geste lent.

- Allons, allons… . Dit-elle. Ne nous emportons pas pour quelques pièces. Vous dites qu’elles vous appartiennent, mais… forcée de constater que ce jeune homme n’a pas l’air du même avis. De plus, vous ne semblez pas lui avoir demandé avant qu’il ne les fasse tomber.

À ces mots, les passants, qui observaient la scène, acquiescent puis elle rajouta, coupant dans l’élan, une possible réponse de l’homme.

- Si ce jeune homme est bien en tort, il me semble que votre chef de village est plus en mesure de régler cette discorde.

- Hhh… pfeh ! Rétorqua l’homme, faisant demi tour la tête haute.

La jeune femme observa l’homme partir, puis fit demi tour, s'arrêtant près du jeune homme.

- Ça va ? Il ne t’en manque aucune ?
- N… non madame, merci madame.
- Bien sois plus prudent la prochaine fois d’accord.
- Oui madame, désolé de vous avoir fait perdre votre temps madame.
- Ne t’en fais pas. Lui dit-elle en souriant.

La jeune femme se rapprocha de l’étal d’où elle venait, reprenant sa conversation avec le vendeur, veillant discrètement sur le jeune homme qui s’en allait.

Elle acheta diverses bouteilles de saké, de couleurs différentes, puis elle répartit, ravie de ses emplettes, son sac chargé de combustible pour son esprit.
Certains passants l'évitent. Elle a l’habitude. Le katana, le symbole de ces guerriers d’honneur entre les mains d’une jeune Xaela, ne peut les faire hésiter qu’entre inconscience et crainte à son égard.
Reprenant son chemin de départ en sens inverse, délestée de son argent, mais alourdie par les divers sakés. Elle marche d’un pas régulier, les sons du village se faisant de plus en plus remplacer par le vent dans les feuillages et les cri d’animaux.
Dans cette cantate naturelle, elle entend des pas rapides se rapprocher, le vent étant à son avantage, elle reconnaît le jeune homme de tout à l’heure qui court à pleins poumons vers le village. Voyant sa sauveuse, il s’arrête finalement devant elle, essoufflé.

- Hhh… Hhh…
- Doucement, respire d'abord. Lui dit-elle.
- Hhh… j’ai… j’ai trouvé le corps de… Hhh… la bas… Hhh… le village…
- Du calme. Nous verrons dès que tu auras repris ton souffle.

Le souffle repris, elle suit le jeune homme sur la route, pendant quelques minutes, ils arrivent à un virage touffu en végétation. Le jeune homme lui montre du doigt, entre le chemin et la végétation, un corps gisant au sol face contre terre.

- Ne reste pas trop près et cache-toi au cas où. Murmura t-elle, s’approchant du corps.

Elle s’approche lentement, examinant le gisant.

- Hmm… C’est étrange, il ne semble pas avoir été dépouillé, la blessure est sèche, mais le coup a été probablement porté par une épée, d’un coup net.

La voyageuse retourne le corps examinant de nouveau.

- les yeux sont ouverts et la bouche est fermée. Une mort rapide, une exécution ? Non…

A peine finit-elle sa phrase qu’un homme en armure surgit des buissons. Portant une insigne garlemaldaise et une épée.

- Eh ben, j’ai du monde aujourd’hui, c’est ma chance ! lâcha le soldat, enjoué.
- Pff… Pffff… Pfffah wah ah ah ah !
- Ça t’fait rire le lézard ?
- Ah ah, eh eh…. Pardonnez moi, mais vous voir sortir comme cela d’un fourré, c'est d’une originalité horripilante…
- Hin hin, profite bien de ton fou rire, avant que tu ne subisses le même sort que ce villageois.

La jeune femme s’arreta de rire, reprenant un air sérieux.

- Je vois. Tu veux donc me tuer ? Pourtant, je vois que je respire encore.
- Une lézarde qui me provoque, hé hé. Fais gaffe je vais finir par être moins clément.
- Tu comptes attendre que je meure de vieillesse ? Ou alors tu te sent incapable d’attaquer… décidément l’éfficacité garlemaldaise va de mal en pis.
- Tu vas voir, petite peste…

Le soldat fonce sur elle, épée en avant, il recule brusquement sa main avant de donner un coup d’estoc. Mais la Xeala l’esquive, en profitant même pour lui asséner un petit coup dans le dos avec le fourreau de son sabre, qu’elle n’a même pas encore dégainé.

- Ouch… . Mais c’est qu'elle me résiste en plus cette petite…
- … Tu parles trop soldat, agit.

Il se retourne et s’élance à nouveau, tentant une autre approche, il fonce sur l’immobile jeune femme qui soupire. Au moment où l’épée arrive à mi longueur de bras, la jeune fille s’élance, frôlant la lame du soldat, puis son visage. Le soldat observe le bandeau sur la tête le dépasser. Il fait demi tour, brandit son épée mais ses forces déclinent, il l’observe s’arrêter, restant de dos.

- Tu vas te contenter de m’éviter encore longg.. gh...t..temmmp…
- Tu manque de pratique soldat. Au moins tu partira comme tel. Mais ici, personne ne te pleurera.

Le soldat baisse sa tête et observe son torse entaillé d’un large coup. Il s'effondre sur ses genoux, avant de choir totalement, relâchant son épée qui d’un tintement étouffé, tombe sur le sol herbeux. La Xaela regarde vers un buisson au loin.
Tenant le fourreau d’une main, et sa lame, dans l’autre. D’un geste presque théâtral, elle rengaine doucement la lame dans son fourreau.

- Tu peux sortir, il est neutralisé.

Le jeune homme sort de son buisson, partagé entre peur et soulagement. Elle lui demande d’aller chercher quelques villageois pour ramener le corps du villageois et aussi un sac de chaux et des pelles, ce qu’il fit, partant en direction du village, elle resta là, à observer les deux corps gisant sur le sol.
C’est au bout d’un moment qu’elle entendit le jeune homme revenir avec le sac de chaux et quelques villageois équipé de pelles, un grand gaillard arriva en premier, s’approchant du corps du villageois.

- Bon sang, mais c’est Haru. Dit-il d’une voix rauque. Que s'est-il passé ?

La jeune femme explica le déroulement des évenements pendant que les autres arrivèrent, elle décriva l’arrivée sur place, la découverte du corps, le soldat embusqué. Elle n'omet aucun détail, un des villageois confirmant même ses dires, par la différence de température des corps. Le villageois à la voix rauque s’approche du corps de Haru.

- Bon sang, il était si gentil, ne demandait rien à personne. Merde mais comment vais-je annoncer ça à sa femme, et ses enfants…
- Vous y penserez plus tard, il faut ramener son corps, et enterrer le soldat au plus vite.

Alors qu’une partie ramène le corps d’un des leurs, les autres commencent à creuser en retrait du sentier, la jeune xaela dépose un peu de chaux sur les traces de sang. Puis se dirigea vers les excavateurs.

- Il faudrait quelqu’un pour veiller sur le chemin, je prendrais sa place pour continuer à creuser.

Un des villageois opina, cédant sa pelle à la jeune fille. Tous creusèrent un trou assez profond, puis y placèrent le corps du soldat, elle déposa le reste de la chaux sur le corps puis ils s'attèlent de nouveau pour reboucher.

- Au fait madame, pourquoi mettre de la chaux sur le corps ? Cela ne va-t-il pas le faire conserver plus longtemps ? Demanda le jeune homme.
- Un peu, mais c’est surtout pour éviter que les animaux le sentent et le déterre.
- D’accord madame. Acquiesça-t-il, se remettant à déplacer la terre.

- Dis donc, vous semblez vous y connaître dans ce domaine petite hmm ? Rétorqua un villageois.
- Disons que je préfère vous éviter le pire, les garlemaldais sont assez agités en ce moment.

Le trou rebouché, ils finissent par ajouter quelques mottes de terre herbeuse pour fignoler le travail.

- Je suis désolée de vous avoir dérangés, mais je vous remercie pour votre aide. Dit-elle, observant le sol.
- Ne vous excusez pas, à vrai dire, c’est à nous de vous remercier. Dit l’un des villageois, suivi par les autres qui s’incline vers elle, la remerciant à leurs tours.
- Vous devriez rentrer dans votre village, il commence à faire tard.

Elle salue le groupe, qui après avoir repris leurs matériels, repart sur le chemin, puis en direction du village.

- Ton aide nous a été précieuse aussi. Dit-elle au jeune homme. Mais tu devrais rentrer également.
- Je m’excuse d’être aussi intrusif, mais vous partez sans dormir?
- Je vais trouver un coin tranquille, loin du sentier et me reposer à la belle étoile.
- Dormir dehors? Pardon madame, mais je… je… je ne peux accepter cela. Laissez-moi au moins vous proposer le gîte pour ce soir chez moi et mes parents.
- C’est gentil de ta part, mais je ne voudrais pas vous gêner.
- Je cherchais un moyen pour vous remercier pour les événements d’aujourd’hui. En plus mes parents vont être ravis, et puis même si notre demeure n’est pas parfaite, je suis certain qu’en faisant un peu de place, il y a moyens de...

“... Bon elle n’est pas parfaite, mais si on… ”

La Jeune femme se crispe, baissant la tête, murmure.

- D’accord, d’accord, si tu insistes tant, ce serait malpoli de refuser.

Ils prennent le chemin en direction du village, puis un autre. En retrait se dévoile une maison au loin, légèrement en surplomb.


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