[Background] L'Ours et la Perle

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Khorijin Dotharl
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[Background] L'Ours et la Perle

Message par Khorijin Dotharl » 04 sept. 2017, 01:28

Destin croisés
Ambiance
SPOILER

La tribu s'était rassemblée devant la grande yourte de Temeluun dès les premiers rayons d'Azim, les bergers et les chasseurs, les jeunes et les plus âgés, tous se tenaient derrière leur vénérable Khatun, habillés de rouge dans des tenues traditionnelles. Les bêtes étaient dans l'enclos, se pressant l'une contre l'autre pour se protéger du vent qui fouettait la Steppe, emportant dans l'air quelques grains de poussières après lesquels les jeunes chiots de berger courraient en aboyant.
Les Mol étaient peu nombreux et n'avaient pas pour réputation de faire de bons guerriers. Aussi étaient-ils souvent victime de l'oppression des tribus les plus nombreuses et les plus agressives ; enlèvements et attaques qu'ils tentaient au mieux d'éviter lorsque les Dieux chuchotaient à leurs Ugans.

Dans leurs tenues rouges, les Mol attendaient, le regard tourné vers la vaste Steppe devant eux. Cela faisait à présent quelques minutes qu'ils avaient aperçu la bannière des Jhungid flottant au vent sur un étendard, s'approchant d'eux petit à petit.
Un cortège d'une dizaine de chevaux harnachés aux couleurs de la tribu suivait un étalon beaucoup plus large en tête, tant qu'il ressemblait presque à un hainag vu de loin.

Il fallut encore de longue minutes pour que les Mol, qui n'avaient toujours pas bougé, distinguent un peu mieux l'animal en tête. Un ours à la fourrure rouge striée de cicatrices avançait lentement, portant sur son dos un guerrier Jhungid équipé d'une lourde hache.
Les traits encore jeune, le Xaela semblait pourtant afficher une attitude fière et sûr de lui, néanmoins, une fois arrivé à hauteur des Mol, son regard fauve ne put cacher sa surprise devant le rassemblement en tenues rouges devant la grande yourte.
Il les observa quelques instants, jetant un regard par dessus son épaule vers les guerriers qui l'avaient accompagné, semblant tous aussi perplexes que leur Prince.

Levant un bras, le jeune Xaela planta alors la bannière de sa tribu dans la terre d'un geste brusque, dans le plus grand silence, les Mol s'écartèrent alors l'un après l'autre, laissant avancer une silhouette plus petite que les autres parmi eux.

Une petite Xaela avançait pas après pas, l'air terrifiée. Ses grands yeux violets étaient écarquillés, observant le guerrier Jhungid comme si il était un tigre de la Steppe prêt à la déchiqueter de ses crocs. Sa peau était aussi pâle que le reflet de Nhaama dans le ciel et ses longs cheveux d'argents étaient coiffés avec élégance dans une série de tressages complexes alors qu'un large crâne d'animal couronnait sa tête.
Elle portait une longue robe rouge au tissu aussi léger que l'air, recouvrant son corps à peine adulte, laissant deviner ses formes au travers de l'étoffe qui semblait d'une qualité supérieure à ce qu'on trouvait habituellement dans les Steppes. Parée de bijoux d'os et d'argent, elle tenait simplement entre ses mains une large pierre ronde et lisse aux couleurs de nuit.




Déglutissant, elle s'arrêta devant l'ours du Jhungid, n'osant pas dériver ses yeux de lui, tremblante, seul les voiles de sa robe aérienne s'agitant sous les bourrasques de vent.
Le jeune guerrier posa son regard fauve sur elle, longuement, en oubliant pendant un instant le combat intense qu'il devait mener pour récupérer cette perle.

Un des Mol pris la parole, rompant finalement le silence ;

"Ne blesse pas notre peuple, guerrier de l'Est et accepte notre offrande en échange de ta bonté. Les Dieux ont parlé, elle sera ta femme pour l'éternité."

Le jeune guerrier eut du mal à cacher sa surprise, il plissa son regard, observant la petite tribu. Peu d'entre eux portaient des armes, beaucoup semblaient faibles, trop jeunes, trop vieux. Ceux en âge de se battre évitaient de croiser le regard du guerrier, baissant les yeux et regardant ailleurs.
Le guerrier de l'Est était jeune mais pas idiot, l'occasion était trop exceptionnelle pour passer à coté, et quelques guerriers pourraient encore se dissimuler dans les yourtes.
Le Prince Jhungid mit pied à terre, venant soulever la jeune oracle pour la mettre sur un cheval, avant que les Mol ne changent d'avis, ou qu'ils décident finalement de se battre.

La petite oracle ne bougea pas, se laissant emporter sur le cheval qui fit un demi-tour quand le Jhungid monté sur son ours tira sur la bride.
Silun tourna son regard aux couleurs d'un crépuscule vers sa tribu, leur faisant des adieux silencieux.

Les Anciens Dieux l'avaient voulu ainsi.

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Khorijin Dotharl
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Une union éternelle

Message par Khorijin Dotharl » 05 janv. 2018, 21:34

Une union éternelle



Les sabots de la jument tambourinaient le vaste sol de la Steppe, Silun s'accrochait aussi fort que possible au crin brun de l'animal, à s'en faire pâlir les phalanges.
On lui avait offert ce cheval juste quelques heures avant le début de la fête et voila qu'elle était déjà sur son dos à galoper le plus vite possible.

Alors que la jeune Xaela jetait un regard par dessus son épaule, elle aperçut avec surprise l'énorme silhouette de l'ours de guerre s'approcher de plus en plus. Sur son dos, le Xaela qui l'avait enlevée à sa tribu fixait la petite oracle d'un air résolu, ses yeux fauves déterminés à la rattraper.




Se mordant les lèvres, la Xaela murmura de nouveau à l'oreille de sa jument pour l'encourager à mettre plus de distance entre elles et leurs poursuivants. Avec toute la volonté du monde, Korchi ne parvint pourtant pas à galoper suffisamment vite et l'ombre massive de l'ours de guerre et du Prince Jhungid vinrent engloutir celle de la petite jument et de sa frêle cavalière.

Le barbare des Steppes posa ses larges mains sur la taille de l'Oracle, arrachant un petit cri de surprise à sa proie. D'un seul geste, Enkhjargal ramena sa promise contre lui et la serra contre son torse alors que la folle course s’arrêtait enfin sous les applaudissements lointains de toute la tribu.

Silun releva doucement son regard vers son Prince, le gratifiant d'un doux sourire lorsqu'il passa sa main sur son visage,revenant au pas vers Jhungid Iloh.

C'était l'une des plus anciennes traditions de mariage de la tribu, l'homme devait capturer son épouse à cheval, au galop dans la vaste Steppe avant que les festivités et les rituels commencent.
Il c’était passé un cycle entier avant qu'Enkhjargal puisse avoir l'autorisation de son père pour épouser sa prise à Mol Iloh, jugée trop jeune quand elle fut ramenée à la tribu. Le jeune Prince du alors prendre son mal en patience et attendre que les chamans de son père la juge apte à enfanter.

Il ne pouvait donc que se contenter d'admirer sa Perle et il avait pu observer la fragilité de son enveloppe, et l'innocence de son cœur tandis qu'elle admirait sa force extérieure, celle qui masquait parfois les doutes et les peurs qui le rongeaient. Elle le voyait dans son regard, comme une ombre qu'il tentait toujours de dissimuler mal grès son regard fier.

Alors que le jeune Prince attendait avec impatience de pouvoir la faire sienne, les deux futurs amants s'étaient découverts l'un et l'autre au fils du temps, faisant naître jours après jours et nuit après nuit un amour sincère et passionné que seul Nhaama aurait pu prévoir.

Ils partageaient ensemble des chants sous l'astre nocturne, des balades dans les terres sauvages, de longues chevauchées sur la cote Est, ou quelques vielles légendes de leurs tribu respectives. Parfois même la jeune Oracle osait lui faire part de ces visions, alors même que le reste de la tribu peinait encore à y croire.

Le jour de leur union arriva alors comme une évidence, se lier à jamais l'un à l'autre en suivant les anciens rituels et traditions de la tribu.

Comme lors de son départ de Mol Iloh, Silun fut vêtue d'une robe au tissu aussi léger que l'air, et ses cheveux coiffées en de complexes tressages aux quel étaient ajoutés des perles de bois et des plumes noires. A ses chevilles, son cou et ses poignets, son Prince y avait accrochés ses bijoux d'or gravés, comme des promesses d'amour et de richesse éternelles.
Enkhjargal lui portait la traditionnelle armure de l'Ours, symbole de la ligné de son père le Khan, de force, de courage et d'honneur. Les meilleurs métaux de la Steppe forgés en une lourde armure où plusieurs têtes d'ours en reliefs s'affichaient sur son torse, ses épaulières ou l'imposant heaume sur son crâne.

Sous le regard de Nhaama et de toute la tribu, les chamans Jhungid terminèrent les paroles sacrés qui uniraient à jamais leurs âmes, comme nombre de légendes dans leurs terres.

Ce n'est qu'après alors qu'arriva le temps de partager la nourriture et l'airag, de chanter et de danser pour les nouveaux amants, pour la première femme du second fils d'Ysugen Khan.
Les plateaux de buzz chauds passèrent de main en main, se croisant avec les nombreux plats de viande cuisiné, les beignets et les bols de thé au lait pendant que la tribu chantait tous ensembles les airs de fêtes, de joies et d'amours sous la douce mélodie des Morin Khuur.
La nuit semblait éternelle, plongée dans l'allégresse et la fête d'un nouvel amour naissant.

Ce n'est que bien plus tard alors, qu'enfin les deux amants purent se retrouver seul sous la yourte.

Enkhjargal posa ses mains sur le corps frêle de sa femme avec passion, celle ci relevant ses yeux aux couleurs d'un crépuscule vers son époux avec douceur.
Et dans un souffle, avant que leurs lèvres ne se touchent pour la première fois, l'un après l'autre ils murmurèrent ces quelques mots, éternels ;



" Lune de mes jours "
" Soleil de mes nuits "

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