Récits d'une tribale- T'ewia Liam

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T'ewia Liam
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Récits d'une tribale- T'ewia Liam

Message par T'ewia Liam » 15 janv. 2019, 10:42

Récit d'une vagabonde

La chaleur estivale était accablante et les insectes vrombissaient à l’extérieur des remparts de la grande cité d’Ul’dah. De petites tornades de poussière de sable tourbillonnaient sur les dunes, poussées par le souffle irrégulier du vent.

Les habitants de la cité étaient quand à eux bien à l’abri derrière les hauts murs de pierres, profitant de l’ombre offerte par les rues étroites qui tenaient le soleil assassin en respect. La cité d’Ul’dah, joyau du désert, étendait son faste luxueux et ses couleurs vives à la vue des riches comme des pauvres. A Ul’dah, la plus accablante pauvreté côtoyait la plus scandaleuse des richesses.

Un peu plus haut, sur les toits de pierre frappés par le soleil, la chaleur déformait l’air et offrait une vision presque irréelle à la jeune miqo’te qui y avait trouvé refuge après son menu larcin. T’ewia faisait partie de ceux qui n'avaient rien, un peu comme les réfugiés qui se massaient aux portes de la cité. Elle vivait de petits boulots et chapardait quand elle en avait l’occasion pour agrémenter sa vie et celle des autres mendiants.
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La jeune fille reprenait son souffle après une course-poursuite jouée contre deux gardes des Lames de Cuivre. Assise dans un des rares coins d’ombres offerts par les toits de la ville, elle pouvait enfin prendre le temps de contempler le fruit de son forfait : un gros fruit justement, d’une belle couleur orangée et à l’odeur sucrée qu’elle avait dérobé à la terrasse d’une riche demeure. Une fourchette dorée y était encore plantée et elle s’empressa de la mettre dans sa poche avant de s’attaquer à ce fruit réservé à l’élite. C’était peut-être le meilleur fruit qu’elle avait mangé - sans doute parce qu’il était rare et cher, mais aussi car son estomac criait famine depuis trop longtemps. La fourchette se vendrait sans doute bien, ce qui lui promettait quelques bons repas à venir. Elle en jubilait d’avance.

Deux ombres se profilèrent près de sa planque : celles des gardes qui étaient après elle un peu plus tôt. Armure cuivrée étincelante, bandeau protecteur sur les yeux et cimeterre au poing, ils s’avançaient sur le toit brulant et ne tarderaient pas à l’apercevoir. Les doigts et les lèvres encore collantes du jus sucré du fruit, elle laissa échapper un juron avant de décamper en courant de toit en toit dans l’espoir de le semer. Peine perdue, cette fois-ci les gardes semblaient bien décidés à ne pas laisser filer leur proie.

La jeune miqo’te connaissait bien la ville et se dirigea d'instinct vers une petite fenêtre d’aération qui lui avait déjà sauvée la mise par le passé et qui menaient dans un petit silo à grain. Arrivée devant la petite ouverture, elle s’y engouffra… pour rester honteusement bloquée au niveau du bassin, agitant les jambes et cherchant une prise à l’intérieur pour se débloquer. Elle avait un peu grandi ces derniers mois, et certains passages n'étaient plus pour elle.

- Rhââââ mais flûte ! Ils ont réduit la fenêtre, c’est pas possible ! Sh’iem* ! (* Grossièreté en Miqo’te qu’il serait malvenu de traduire)

Elle se senti tirée violemment par les pieds, et s’étala de tout son long sur le toit brulant et poussiéreux. Le plus petit des gardes lui tordit un bras derrière le dos, lui calant son genou au creux des hanches pour l’empêcher de bouger, la faisant gémir de douleur.

- Ca y est, je la tiens cette foutue gamine. Depuis le temps que j’en rêvais… c’est bien la dernière fois que tu m’obligeras à courir dans toute la cité, chat de gouttière.

Profitant de sa position, il plaqua le bras de la jeune fille sur la pierre, et leva son cimeterre bien haut. L’autre garde fronça les sourcils et s’approcha.

- Que comptes-tu faire, Van ? Tu ne vas quand même pas tuer une gamine ?
- Qu’elle survive ou pas, j’en ai rien à faire. J’en ai marre de courir après, c’est tout. Ça te gêne si j’lui coupe la main ? Mon père faisait ça quand il attrapait un voleur, et son père avant lui.
- Oui, ça me gêne. Trouve autre chose comme punition. Nous aurons besoin de gens utiles plus tard, pas d’handicapés et de bouches à nourrir en plus.

Le plus petit des gardes pris le temps de la réflexion, pendant que la jeune fille se tortillait, essayant en vain de se libérer.

- Gilles, j’ai une idée. On la revend comme esclave ? Elle ne sera plus dans nos pattes, et on pourrait en tirer un paquet honorable de Gils. On partage les bénéfices 50/50, évidemment. Je connais des marchands qui seraient ravis avec une pareille tigresse.
- Mouais, je préfère ça. C’est plus humain, et plus rentable. Je vais prendre de quoi l’attacher et la bâillonner. Tiens-la bien.

Le plus grand des gardes commençait à défaire sa ceinture pour en faire un lien. La jeune fille se tortillait de plus belle, entendant bien protester.

- Non mais ça va pas ?! C’est illégal ! Vous n’avez pas le droit ! Et… oh et puis tiens, j’te le rends !

Glissant rapidement sa main dans sa poche, elle s’empara de la précieuse fourchette dorée et la planta avec force dans le pied du garde, les dents effilées traversant le cuir et la chair. Le garde hurla, et T’ewia en profita pour se libérer en renversant l’homme, avant de le gratifier d’un grand coup de pied dans la mâchoire et de filer sans demander son reste. Sa ceinture à la main, Gilles regardait son collègue se tordre de douleur à terre, une fourchette plantée dans le pied. Van cracha une dent en balançant une insulte bien sentie en direction de la jeune fille, qui disparaissait déjà sur un autre toit.

Ce jour-là, de nombreux badauds assurèrent avoir entendu un florilège d’insultes résonner dans les hauteurs pendant une bonne demi-heure, tel l’écho d’une colère divine.
Dernière modification par T'ewia Liam le 20 déc. 2019, 10:28, modifié 3 fois.

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Re: Récits d'une vagabonde - T'ewia Liam

Message par T'ewia Liam » 15 févr. 2019, 13:48

Je deviens quelqu'un

Allongée sur son lit, la miqo'te solaire rêvassait et essayait de remettre de l'ordre dans la folle succession d'évènements qui l'avait propulsée du statut de voleuse notoire à celui de membre choyée de la compagnie. Tout était allé très vite, peut-être même trop vite. Certes, il n'est pas dans sa nature de patienter et de réfléchir longuement à une situation. T'ewia est impulsive et a toujours fait ses choix rapidement, qu'ils soient judicieux ou non ; et c'est ce qui lui a sans doute sauvé la vie à plusieurs reprises par le passé.

L'esprit de la miqo'te glissait doucement vers l'un de ses souvenirs récents.
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Les grillons s'étaient tus à l'approche de deux miqo'tes armées dans le soleil matinal. Elles montèrent en haut d'une colline, foulant l'herbe et la terre caillouteuse qui la composaient. La plus grande des miqo'tes se retourna face à l'autre, les peintures de chasse blanches lui donnant un air sauvage et menaçante.
- Ton entrrrainement commence, en garrrde !
Aventurière vétéran, la miqo'te lunaire leva sa hache de bataille dont le tranchant rayonna sous les rayons du soleil. Grande et musclée (comparativement à T'ewia en tout cas), Rinh impressionnait beaucoup l'apprentie combattante.
- Euuuh… on fait quoi comme entrrrrainement, Rinh ? J'dois fairrre quoi ?
- Défends toi, survit.

T'ewia n'eut qu'à peine le temps de se mettre en garde, bouclier en avant, que Rinh chargeait avec sa hache haut levé. Un frisson de terreur parcouru un instant l'échine de la plus jeune des combattantes. La jeune solaire donna un coup de pied dans la terre, faisant voler poussière et gravillons dans le visage de Rinh. Suffisant pour la déstabiliser un peu, mais pas pour arrêter sa charge. Un bruit sourd de métal contre métal raisonna en haut de la colline, faisant s'envoler les oiseaux qui nichaient tranquillement dans le voisinage.

T'ewia bloqua le coup avec son bouclier duquel des étincelles jaillirent, reculant de deux bons mètres en arrachant herbe et graviers sous ses pieds. A peine remise que d'autres coups commencèrent à pleuvoir, comme pour obliger T'ewia à rester sur la défensive, à une feinte de corps à gauche, à un blocage au bouclier à droite. Tentant de reprendre le dessus, l'apprentie combattante se laissa tomber sur le dos et tenta divers crocs en jambe et crochets pour faire chuter Rinh, que sa grande hache pouvait plus facilement déstabiliser. L'idée était bonne, mais la force de la jeune miqo'te insuffisante, et elle se retrouva au sol, allongée sur le dos, subissant plus qu'autre chose les coups sans pouvoir plus les rendre. Un dernier coup de pied de Rinh envoya T'ewia bouler en bas de la colline, où elle s'arrêta pour rester sur le dos, couverte d'herbe et de poussière, le souffle court et les dents serrées.

- J'ai beaucoup à apprrrendre… mais n'espères pas m'faire changer de décision comme ça.
La jeune miqo'te se remis debout avec l'aide de la main tendue de Rinh. Elle put lire la satisfaction dans les yeux de la grande miqo'te, et elle se sentit fière. Fière d'avoir pu résister à de tels assauts, et fière de ne pas avoir dû déclarer forfait.

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Re: Récits d'une vagabonde - T'ewia Liam

Message par T'ewia Liam » 28 nov. 2019, 13:12

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Le vent sifflait sur le haut des dunes de Sagolii, soulevant le sable et la poussière. En d'autres lieux c'eût été une nuisance, mais son souffle rafraîchissait un peu la peau hâlée de la miqo'te qui se tenait là, sous les rayons éclatants du soleil. Elle contemplait le campement de sa tribu, ses différentes tentes organisées autour de celles du Nuhn et ses chasseresses qui se préparaient pour leur dur labeur se répartissaient déjà les zones, se défiant déjà sur la plus belle chasse du jour comme il était de coutume.

Cela faisait une saison déjà. Une saison que la jeune miqo'te était revenue trouver la tribu qu'elle avait quittée quelques années auparavant en se perdant dans la décadente cité d'Ul'dah, survivant à peine avant d'entrer au sein de la Compagnie Vindicte.

Une saison sans aucun contact avec le monde extérieur, telle était la condition de son Nhun pour qu'elle puisse de nouveau se réclamer de la tribu des T. Une saison où elle avait réappris ce qu'elle avait oublié, où elle avait travaillé, chassé, appris et relevé des défis. Avec son clan elle avait chanté le souvenir des ancêtres, chanté les chasses glorieuses au nom du Condor, totem de la tribu des T. Elle avait chanté sa raison de vivre, elle qui était jusque-là perdue.

Le cœur de la miqo'te se gonfla de fierté lorsque son Nhun, accompagné des anciennes, lui annonçaient finalement qu'elle était de nouveau une T. Il lui faudrait maintenant faire honneur à sa tribu, aux anciens, au totem et à Azeyma. Elle allait repartir vers les terres civilisées et retrouver sa seconde famille, la Vindicte. Elle reviendrait très régulièrement dans sa clan et apporterait médicaments et matériels difficiles ou trop chers à obtenir autrement. C'était sa charge au sein de la tribu et elle l'acceptait avec honneur.

La jeune miqo'te ferma les yeux un instant, une larme coula sur sa joue lorsqu'elle se détourna finalement du campement tribal pour reprendre la route qui la mènerait à Sombrelinceul où elle allait retrouver sa compagnie. Les siens - parmi les civilisés - lui manquaient terriblement maintenant.

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Re: Récits d'une tribale- T'ewia Liam

Message par T'ewia Liam » 21 janv. 2020, 10:48

Un !

Le cimeterre de la tribale effectua un moulinet au-dessus de son épaule avant de heurter violemment le mannequin d'entrainement dans une frappe haute. Le choc le fit tournoyer et son fléau de bois virevolta vers la tête de la jeune femme.

Deux !

La miqo'te se baissa sur ses jambes pour éviter le premier coup de fléau, profitant de son élan pour glisser son pied gauche en arrière et pivoter sur elle-même en levant son bouclier pour protéger sa volte. La seconde attaque du mannequin frappa la rondache d'entrainement en lui arrachant quelques étincelles.

Trois !

La tribale se releva en se détendant vivement, la lame du cimeterre décollant du sol jusqu'à heurter son adversaire dans une attaque montante à la cuisse. Le mannequin encaissa le choc et reprit davantage de vitesse, son fléau de bois voletant en tous sens tandis que la miqo'te effectuait une souple roulade sur le côté pour l'esquiver et se relever, bouclier dressé et cimeterre au niveau de l'épaule.
* * *
T'ewia fit une pause pour contrôler sa respiration, observant le mannequin d'entrainement effectuer encore quelques tours en ralentissant, balançant son fléau avec de moins en moins de conviction. Elle sourit fièrement en songeant à sa nouvelle vie.

Son retour à la vie civilisée ne s'était pas passé comme elle l'espérait. La compagnie avec laquelle elle avait fait un long chemin ne correspondait plus à ses attentes. Un malaise qu'elle ressentait déjà par le passé s'était décuplé avec son retour, jusqu'à devenir souffrance. Elle avait trop changé pour supporter encore cette vie qui ne lui convenait pas.

T'ewia n'était pas rongée par la vengeance bien au contraire : elle était une flamme brûlante d'espoir et d'envie de bien faire. La miqo'te rêvait d'honorer sa tribu par ses actions au sein d'une compagnie libre. Elle désirait une vie simple, éloignée du luxe et des richesses excessives qui selon elle affaiblissent le corps et corrompent l'esprit. Elle voulait des frères et des sœurs d'armes organisés et entrainés pour relever des défis dont elle serait fière. Elle voulait de l'honneur, de l'honnêteté et du pragmatisme.

Elle avait donc décidé de quitter sa compagnie pour rejoindre les Crocs de Safran, une organisation de mercenaires que F'rlyn - son mentor - était en train de mettre en place. Le capitaine de la jeune compagnie lui offrit bien vite l'opportunité de devenir officier instructrice, et cela donna à la jeune miqo'te l'opportunité de transformer ses rêves en réalité. Entourée de frères et sœurs d'armes partageant son code d'honneur, elle n'avait plus peur de mal faire et se sentait pousser des ailes. Son feu intérieur pouvait enfin s'exprimer
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