[Background] Coeur de barde, un conte vents et marées

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Mae Reed
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[Background] Coeur de barde, un conte vents et marées

Message par Mae Reed » 09 nov. 2015, 22:27

Le monde change, nous n'en sommes que les passager. Nous vivons, puis nous retournons à la planète. Nous rêvons d'immortalité, ceux qui l'ont acquise eux, en viennent à nous envier. Nous naissons fort de la seule certitude que nous mourrons un jour, au lieu d'en avoir peur demandons nous si ce n'est pas la raison pour laquelle tout est infiniment plus beau. Ce qui rend chaque seconde unique et précieuse.

On peut museler le barde, mais jamais ses ballades.
On peut vaincre le conteur, mais restent ses valeurs.
On m'a pris mon barde, fait taire mon conteur.
En moi vit sa légende, ceci est mon histoire.

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Je suis C'lahia de la tribu des C. Dernière des filles de C'junn qui fut et restera à mes yeux le plus grand des Nunh. Partout on le nommait "La voix des Coeurls", moi en ce temps tout simplement mon papa, ce qui m'a valut plus d'une fois de devoir faire le tour du camps sur les mains... Les notions de respect quand on à pas dix ans, c'est toujours un peu différent que voulez vous. "La voix des Coeurls", car il savait par sa musique, apaiser les esprits les plus farouches. Il pouvait dompter le plus sauvage des coeurls et en faire un ami fidèle ce qui même chez nous est un don rare, certains disent qu'il savait leur parler. Il terrassait par l'éloquence ses ennemis et inspirait la crainte d'un silence redouté. S'il était archer né, c'était surtout le gardien des chants de mon enfance, des légendes de nos anciens qui lorsqu'il en contait la fin me laissaient toujours les yeux rouges, et un sourire plein de joie. Je crois qu'il y a quelque chose dans le timbre de sa voix qui perce l'âme, ou bien était ce les mots dont il usait qui traduisaient exactement l'émotion désirée, je l'ignore. J'en garde quelques traces, des trop pleins d'émotions.

Ma mère le jour qui m'a vu naitre a changée sa vie pour la mienne, mais elle survit quelque part, il disait dans mes yeux. Je porte en hommage son nom et plus d'un de ses traits dit on. C'est peut être ce qui poussa Père à me garder près de lui, soit ça soit bien trop têtue je suis. J'étais souvent dans ses pattes et malgré ma malice il gardait sa prestance, je ne suis pas certaine de réussir à me faire entendre sérieusement comme il le fit avec agrippée à la jambe une petite trop émotive à consoler sans arrêt. Il m'arrive encore de pleurer, mais je sais aujourd'hui mieux me contenir... Toujours est il que c'est la raison qui me fit devenir à mon tour barde, tout ce temps passé à capter le son de sa voix, à apprendre ses chants et transformer ses histoires comme le font les enfants. Je me dis pour me dédouaner qu'il devait en être fier, au fond, pour m'avoir supportée tant et tant sans trop grogner ni a une autre femelle vouloir me confier. Le sommeil ne me décourageais pas plus que ses affaires importantes, j'y restais collée même pendant les sommets et pour réussir à m'endormir il a trouvé cette idée : à sa façon m'a coiffée au long fil d'or des années, ça a toujours capté mon attention, mieux encore ça me faisait taire et je finissais par trouver quelques rêves. Bien sur je n'ai jamais été de fait, la plus coquette des Miqo'te mais j'en suis fière, de ma crinière. C'est mon seul bijou, ma petite fierté. Ça, et ma chère Vanya, une femelle coeurl qu'il a veillé pour moi, elle et moi sommes nées le même jour et j'ai comme l'impression qu'on se comprend, d'entendre sa voix, parfois... Si vous saviez ce que je lui dois, sans elle rien n'aurait été possible.


Au sein d'une de nos tribu on n'est jamais vraiment seule, je ne garde que des souvenirs heureux de mon enfance aux cotés des miens malgré l'absence maternelle et la retenue d'un Nunh aimant. Il a veillé toujours à ce qu'aucun de mes frère et sœur n'ait à me jalouser, je n'étais ni la préférée ni la plus chanceuse, c'est ainsi que j'ai grandis. J'ai eu des amis et pour modèles quelques unes des plus grandes guerrières qu'on puisse imaginer fouler cette terre. C'est l'image que j'aime en garder, chacun veillait sur l'autre. Nous nous regroupions les soirs sous le manteau de nuit auprès du feu pour écouter les histoires et le jour, pour la gloire des nôtres, nous apprenions à traquer les plus féroces créatures sur le ton du défi. Rien ne se perdait, ni la chaire ni les os. Nous avions toujours de quoi nous vêtir, amusés des créations de nos paires nous jouions de malice et mangions à nos faims quand les ventres grondaient. Oh, nous n'étions pas nombreux ce qui permit de vivre ainsi. Nos tribus sont très loin de ressembler à ne serait ce qu'un village, elle vivent toutes éparpillées et nos codes sont de fait bien plus léger qu'il n'en faudrait pour une des grandes Cités. Encore aujourd'hui les miens favorisent ce genre de vies, même si de plus en plus abandonnent leurs logis, parfois leurs culture jusqu’à ce que les noms tombent dans l’oubli. Je ne peux pas leur donner tors, la suite m'a prouvée que toute culture, toute tradition a ses bons, et ses très mauvais aspects. J'en paye aujourd'hui le prix... Nous avons tous grandit.




Il y en avait un, plus vieux de quelques années, il y en a toujours de ce genre d’exceptions. Malgré notre petit nombre je n'ai pas tout de suite vue le coeurl noir tapis. Enfants, ses élans de rébellion et ses promesses pour l'avenir me plaisaient je dois l'avouer. Il voulait déjà je me souviens alors que nous ne touchions même pas la table en tendant la main, devenir notre prochain Nunh et apporter la grandeur par l'union de tout les C, ses paroles étaient celles d'un chef bien plus qu'un Nunh. Ses rêves de gloire nous rendaient admirative, et lui, sourd à la voix de Père. Plus le temps passait, plus il quittait les feux le soir tôt avant la fin des histoires, sans en connaitre les morales. Il tournait le dos aux chants, mêlés d'Ether et de sentiments. J'ignore encore s'il me veillait par intérêt ou simplement s'il me voulait, mais il m'a toujours protégée. Si je tentais tout pour le faire rire lui me prouvait par la force qu'il deviendrait tout ce qu'il disait. C'est peu avant mes quinze ans que j'ai enfin compris que C'mahal Tia, c'était son nom alors, n'avait que la colère pour conviction. J'ai compris bien trop tard le fond de ses intentions et qu'elles couteraient la légende de mon père, et ma liberté si chère.

Puis j'ai eu quinze ans enfin, le temps avait fait de nous les ébauches solides de fières filles des Coeurls, Père avait une main mise encore très sure sur nos quelques Tia, à une exception près. C'mahal était devenu le coeurl noir, s'était armé contre les dons du C'junn Nunh dont les paroles n'arrivaient plus à son cœur sombre. Malgré tout je ne peux qu'avouer que son courage était déjà aussi grand que son épée. Il prouvait chaque jour sa puissance et arriva celui que d'entre tous je maudit. Le jour ou il défia Père pour prendre sa place de Nunh.



Nous étions tous réuni, le soleil était haut dans le ciel. Mon cœur était plein de la colère qui gagnait chacune comme s'il s'en abreuvait. Mais nous n'y pouvions rien, nulle n'avait son mot a dire c'est la règle. C'mahal malgré son jeune age était dans son droit et lorsqu'il lança son défi, je vis dans les yeux de Père pour la première fois le voile d'une rage terrible. Si je savais, il savait, qu'aucun de ses chants ne pourraient apaiser la soif de pouvoir du Tia conquérant. Si j'ai compris alors, il a comprit : Qu'était en train de se jouer quelque chose qui changerait pour des saisons et des saisons le destin de notre tribu.


Je ne suis pas capable de raconter ce que j'ai vue ce jour là, trop violents étaient les échanges de coups qui pleuvaient sans fin. Trop de haine emplissait les cris de mes sœurs. C'était la mort que chantait Père, et l'implacable volonté de dominer que grondait C'mahal. Je ne peux pas dire non plus combien de temps ça a duré, une ou plusieurs éternités. La mémoire est un don précieux, elle sait aussi se protéger... Je ne me souviens pour promesse de vengeance que de l'ultime fin de ce combat : C'mahal par force et jeunesse l'avait emporté, face à lui genou en terre, meurtrit, mon Père. J'entends encore ses mots, quelques mots mis bout a bout qui me firent l'effet de cents coups.

"Je suis vaincu ce jour, prend mon nom tu n'es plus mon petit. Sur la tribu puisse tu veiller toujours, ma dernière volonté, prend aussi ma vie."


Nos règles ont du bon, ou non. C'mahal dès son premier souffle de Nunh n'en respecta pas une. Il refusa la volonté de Père, pire encore il lui ôta deux doigts de sa main magique, le privant pour toujours de ses plus hauts talents, de sa si belle musique. Le chassa comme ennemi de la tribu et pour achever son cœur, le laisser seul dans son malheur... Jeta sur moi son dévolu, contre ma volonté pour compagne me choisit. J'ai bien voulut protester, de toutes mes forces refuser. Rien n'y fit il me garda captive et pour s'en assurer, chaque seconde il me soufflait que le fuir n'engendrerait... Que sa colère, et qu'il ordonnerait dans l'heure, la mort de mon Père.

Mille fois j'ai voulue mourir, plus du double encore fuir. retrouver C'junn qui n'était plus un Nunh pour lui offrir mon épaule, j'ai fini par le faire une nuit j'ai mis les voiles. J'avais quinze ans et pour destin horrible, de me tenir aux cotés de celui qui brisait toutes nos règles, malgré ses menaces qui planaient je l'ai tout de même fait. Une seule nuit de plus à partager sa couche et je l'aurais tué prise d'un élan farouche... Mais, ç’aurait été détruire l’œuvre de plus d'une vie, je n'en avais pas le droit, un Tia lui ôtera la vie. ce fut ma seule promesse fuyant sans me retourner, j'ai étouffée mes larmes et mes sœurs abandonnée. J'ai fuis sur les routes au hasard pour rester cachée de son regard. Souvent le danger m'a guetté j'étais bien trop jeune pour ce genre de vie mener. Mais j'avais pour moi une chose qui valait toutes les forces : mon humble petit art et un espoir féroce. J'allais de voyage en voyage partageant mes histoires, ce fut la fin brutale de mon adolescence. J'en ai connue des âmes nobles, j'en ai vécue des rudes batailles. L'on m'a souvent aidée, surement la chance je dois remercier. Mais je suis toujours là et je continue d'avancer.

Voila tout ce temps que je cherche qui saura libérer mes sœurs et vaincre l'apostat. C'junn redevenu Tia, jamais je ne retrouva. Ou est il parti, qu'a il fait de sa vie ? Sans doute a il brouillé ses pistes pour mon bien, car C'mahal Nunh lui, me fit chercher sur tout les chemins. Aucun des miens jamais ne lui livra ma vie et lorsqu'il arrive qu'on me trouve, nous partageons a l’abri. Des nouvelles de la tribu, des échos de ce qu'elle est devenue. Le Coeurl noir a jeté les anciennes, mes plus fières sœurs a fait siennes. Il chasse par avidité, pactise par cupidité. Son désir de pouvoir est encore ce jour un moteur. Je peux sentir encore tout ce qu'il pèse sur nous, il ne nous a offert que malheur. J'ignore pourquoi il me traque encore, bien que les années ont calmées ses ardeurs. Est il toujours capable de sentiments, est ce ainsi qu'on aime vraiment ? Je doute, son intérêt pour moi doit avoir un sens que lui seul garde pour secret. Qu'importe ses intentions il a pris mon innocence, jamais je ne lui pardonnerai.

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Il reste un petit espoir... Vieille légende ou baliverne ? Elle parle de Torama aux longues cornes. Coeurl parmi les Coeurls, on dit que lorsque Torama gronde, Il fait taire même le Coeurl noir. C'est pour lui que je parcours le monde, c'est a lui qu'ira mon cœur. Mais je commence a fatiguer... Je suis lasse de voyager. J'aimerai juste un peu, un instant, me poser.
Mae Jackham Reed, L'anguille.
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