[Nouvelles] Le Tranche Vermines

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Qoribucha
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[Nouvelles] Le Tranche Vermines

Message par Qoribucha » 31 mai 2020, 17:16

Nouvelle N°1:



Crise de famille






I


Le soleil trônait haut au milieu du ciel bleu, avec l'arrivée des beaux jours, la pluie se faisait plus rare, même si en ce coin du monde qu'est la Noscea, celle-ci était souvent présente, comme une ombre maléfique planant sur les mortels, prêt à les arroser sans scrupule aucun. Sur le sentier à flan de belle falaise, face à la plage, marchait un homme tout d'armure et de cuir vêtu, des bottes au pourpoint en passant par les braies marronnasses. Il était coiffé d'un casque usé aux répliques de bois de cerf métalliques cachant son visage complètement de tous regards extérieurs. Il leva les yeux sur des ombres tranchant la lumière par le ciel, des rapaces pour sûr. Ils tournoyaient au dessus d'une surélévation gazonnée et fleurie. L'homme au casque décida de s'y diriger, il sentait qu'il devait vérifier, même s'il savait déjà ce qui devait se trouver au milieu de l'herbe.

Une fois arrivé en ce lieu qui avait attiré l'attention des charognards, il ne fut pas surprit d'y trouver le cadavre d'une jeune fille à l'épaule mise à nue (dont muscles et tendons pendaient, poisseux) par ce qui pouvait-être des griffes, des crocs ou des lames de bandits de petites chemins, lâches et cupides, voire affamés de plaisirs charnels post-mortem. L'homme au casque posa un genou au sol et arracha le médaillon doré de son cou déchiré, sa robe fleurie des beaux jours était couverte d'une tâche noire poisseuse à l'odeur de fer rouillé, sa blessure avait vidé la jeune fille de son sang en peu de temps, elle était morte ainsi en séchant au soleil. L'homme regarda le pendentif, pour y constater le message d'une fille aimée par sa mère, il se demandait si l'ironie du destin n'avait pas permis à ce que la mère soit sa meurtrière, il n'y pensa pas plus cependant et se redressa. Le pendentif d'or vaudra probablement une petite somme. Il ne rebroussa pas chemin et continua sa route car il devait constater quelle créature avait fait cela, humaine ou non. Marchant sans hésitation en préparant son glaive de fer.



II




L'homme au casque arriva au bout du chemin, celui-ci avait remonté pour finalement descendre sur une humble petite ferme plus en bas. Toiturée d'ardoises peintes en bleu ciel et aux murs blancs, elle dénotait avec le vert des vignes qui l'entourait, il y en avait des carrés trop petit pour êtres appelés des champs, mais qui pouvait sûrement fournir de quoi remplir le ventre à une maisonnée de quelques individus. L'homme au casque descendit le chemin en petites foulée, la pente était si raide qu'il ne pouvait aller moins vite. L'élan le fit finalement courir jusqu'en bas dans une course maladroite, à la limite du ridicule lorsqu'il manqua de perdre l'équilibre. Il reprit finalement pieds et leva le regard sur la ferme. Il passa à côté de deux chocobos qui le regardait curieusement de leurs yeux noirs comme une nuit nuageuse, secouant leur fabuleux plumage jaune poussin caractéristique, ce qui ne manquait pas de répandre l'odeur toute aussi caractéristique de ces dociles oiseaux, une senteur de sauvage, de terre et d'humidité qui prenait au nez si l'on n'était pas habitué. L'homme au casque se rappela alors pourquoi il ne voyage pas à dos de chocobos.

S'arrêtant face à la ferme, le voyageur tomba sur un homme à la barbe rousse plutôt longue, possédant de l'embonpoint, il se stoppa pour le fixer avec de grands yeux, portant sur son dos un panier remplit de grappes de raisins mauves appétissants, mais petits, visiblement ils servaient à la conception d'alcools.

-Salutations, voyageur ! S'écria le fermier barbu en levant la main droite. On en voit pas beaucoup passer dans le coin en ce moment ? Qu'est-ce qui t'amènes ?

-Salut, fermier. N'as-tu vu aucune créature s'aventurer dans tes vignes ? Le ton de l'homme au casque était neutre et austère, comme son apparence.

-Pour sûr non ! (le fermier posa son panier, redressant son dos pour le faire craquer.) C'est un coin plutôt tranquille ici. C'est pour ça que voir un garçon aussi équipé me surprend. Eh, Margone ! S'écria l'homme vers les vignes avec les mains en porte voix. On a de la visite !

Une femme sortit la tête des vignes, elle était blonde aux traits fins comme un diamant taillé en pointe, ses cheveux dansaient au vent comme le blé, ne laissant apercevoir ses yeux d'un bleu d'une profondeur à s'y noyer que quelques secondes entrecoupées. Elle approcha alors vers les deux hommes, sa robe planant sous la brise, elle était fleurie. L'homme en armure savait où il avait déjà vu ce genre de motifs floraux.

-Voici Margone et je suis Jeandré. Présenta le fermier. Nous sommes les propriétaire de cette petite ferme viticole.

-Je suis le Tranche Vermines.

-Le Tranche Vermines, dis-tu ? Un bien étrange nom. Dit-il en se frottant la barbe de la main.

-...

-Pourquoi reste-tu interdit tout d'un coup ?

-Jeandré, est-ce que cette amulette appartient à une personne que tu connais ? Il montre alors l'amulette trouvé sur le cadavre plus tôt.

Margone haussa soudainement les paupière dans un cri silencieux de surprise tandis que Jeandré fronça les sourcils d'un air mauvais.

-C'est l'amulette de Citanielle, notre fille, que lui as-tu fais, mécréant ?! Hurla Jeandré en attrapant le Tranche Vermines par l'épaule d'une main ferme.

-Je l'ai retrouvé morte plus en amont dans les falaises, Jeandré. Répondit-il toujours aussi neutralement au fermier.

-P-peste... Mensonge... Les mines du fermier et de Margnone se décomposèrent doucement.

-C'est la vérité, elle est tombée de la falaise et s'est fracturé la nuque. Elle est morte sans douleur.

Jeandré s'écroula à genoux, abruti par l'annonce, la bouche ouverte, comme bloquée. Margone, elle, recula doucement pour tomber sur le séant.

-N-notre petite fille... Souffla-t-elle d'une voix sanglotante.

Le couple fondit en sanglots, terrassés par la tristesse alors que le Tranche Vermines resta devant eux, figé comme une idole de mauvaise augure, demeurant muet, son casque cachant toutes formes d'émotion, tel un objet sans âme.

-J-je dois la voir...

-Non, vous ne le devez pas.
-Mais enfin, c'est ma fille !

-Si je dis cela, c'est parce que la voir vous ferait trop de mal. Je l'enterrerais pour vous demain, vous n'aurez qu'à me donner l'emplacement... Je vous laisserais voir son visage avant...Afin de lui dire au revoir.

-Bien... Vous viendrez chez nous pour la nuit. Nous devons parler.

-D'accord.




III




La flamme du chandelier au milieu de la tablée faisait danser ombres de la pièce, le tranche vermines et Jeandré étaient attablés, mangeant une soupe de petits légumes. Le tranche vermines avait retiré son casque, révélant un visage fin mais couverts de cicatrices, visiblement des coups de lames ou de fouet, on ne saurait le dire. Son œil droit était caché par sa longue tignasse blonde et sauvage, il posa ses yeux bleus-gris sur Jeandré, ne disant pas un mot, le laissant muet dans son deuil.

-Quand Citanielle est née nous avions décidé de quitter la ville de Limsa Lominsa afin qu'elle puisse vivre dans un milieu sain, loin du bruit ambiant, des corsaires et des putes de quartiers. Lança Jeandré en rompant le silence.

Le tranche vermines ne répondit pas.

-Tu sais du tranche vermines, Limsa Lominsa est une magnifique ville, ah ! Je l'aime malgré tout le mal que je t'en dis. Je pensais que la nature et les grands espaces ferait de ma fille une femme bien portante, alors nous avons déménagé ici, j'ai construit cette petite maison de mes mains dans la sueur. Margone s'est occupée de faire vivre les vignes afin que l'on vive de la viticulture paisiblement. Jeandré s'affala sur sa chaise, pensif, et continua d'un ton nostalgique. Vers ses cinq cycles cette chipie de fille commençait à fuir dès que notre regard n'était plus posé sur elle, on a bien faillit la perdre une dizaine de fois dans les champs ! Bien souvent on l'entendait hurler, en larmes, les culottes accrochées aux branches des vignes, comme si elles la retenait de voyager un peu trop loin de chez elle.

-La nature peut parfois se révéler très protectrice envers ceux qui prennent soin d'elle.

-C'est aussi ce que je pense, du tranche vermines. Vers ses dix cycles... Oh, je n'en suis plus vraiment très sûr, elle commençait doucement à avoir l'âge de raison. Elle nous aidait à tailler la vigne avec son petit béret blanc en dentelle et sa petite robe fleurie, ah ! Si tu l'avais vue, un véritable petit ange, elle se démarquait au milieu de ce déferlement de couleurs que donnait le paysage. C'était la chose la plus belle que je n'ai jamais vu de ma vie de gros fermier. Jeandré ricana tristement.

-Elle était heureuse ici. Tu ne dois pas t'en vouloir pour quoique ce soit, Jeandré.

-Je le sais, on était heureux, ici... Oh ! Je t'ai raconté quand elle avait ses douze cycles ? Là, c'était le moment, elle était prête pour se rendre au marché avec sa mère, on y vend le raisin, alors elle aidait au stand. Faut dire qu'elle était rayonnante alors ça attirait le regard. Le raisin ça se vend bien, ça nous donne à manger dans l'assiette, on n'a pas toujours eut de bonnes récoltes, mais on a toujours fait avec. Citanielle a fait quelques marchés, quatre ou cinq fois, puis ma femme a finit par s'y rendre seule. Elle est dans sa chambre à présent. Pleurant sa fille comme je la pleure... Alors je vais t'en dire plus. Te dire des choses qui me travaillaient...
>> Elle s'en allait seule au marché de Port-aux-vins, je la soupçonne de m'avoir trompé plusieurs fois, tu sais... Mais je me taisais parce que je ne voulais pas que Citanielle entende ou vive une dispute, voire pire. Ce petit paradis on l'avait construit ensembles, je ne voulais pas le détruire alors j'ai accepté cette incertitude. J'ai vécu avec et tenté de faire avec. C 'était moins pire que tu ne le pensais, ma fille était comblée et ça me suffisait.

-Peut-être te faisais-tu des idées. Dit le tranche vermines d'un ton qui se voulait réconfortant malgré sa neutralité. Cet endroit est beau, tu es d'apparence un homme bon, pourquoi voudrait-elle aller ailleurs ?

-T'es jeune, fiston, tu comprendras bien assez tôt que les femmes sont incompréhensibles. Répondit Jeandré en pointant le tranche vermines de sa cuillère. Margone, a toujours été belle comme le soleil, mais mystérieuse comme la nuit. Pour le coup Citanielle avait hérité de mon énergie.

Le tranche vermines hocha la tête en signe d'approbation, non pour sa femme, mais pour les femmes en général.

-Ne me prends pas pour un imbécile, fiston. Jeandré s'essuya la bouche avec un chiffon.

Le tranche vermines posa les yeux sur lui à nouveau en s'arrêtant de manger net.

-Citanielle était énergique, mais pas idiote au point de traîner dans les escarpements. Continua Jeandré. C'est pas ça qui l'a tuée. Dès que t'es arrivé, tu m'as posé des questions à propos d'une créature qui pourrait se promener dans ma propriété. Quelque chose t'a amené ici, du tranche vermines, quelque chose qui a tué ma fille. Je me trompe ?

-Non, j'ai retrouvé ta fille l'épaule arrachée, elle s'était vidée de son sang.

Jeandré frappa du poing sur la table et éclata en sanglots en se pinçant les lèvres. Il secoua la tête en tentant le déni, il ne pouvait s'y résoudre. Il se leva en faisant grincer sa chaise et tourna les talons jusqu'au coffre de bois au couvercle rond posé dans un coin sombre de la pièce et sortit trois petits sacs de jute de sa poche arrière . Le tranche vermines le suivait du regard en s'affalant doucement, sa chaise couinant sous son poids. Le fermier ouvrit le coffre et plongea sa main dans des pièces de gils et en prit plusieurs poignées, le tranche vermines pouvait en compter une vingtaine pour l'instant, ça n'en finissait pas. Arrêté à une cinquantaine, ayant remplit trois bonnes bourses, il les jeta sur la table en ébène devant le tranche vermines qui posa les yeux dessus, puis sur Jeandré, il savait déjà ce qu'il voulait.

-Du tranche vermines, je veux que tu me retrouves cette saloperie qui a fait ça à ma fille et que tu la tue. Il y a environs cinq cents bons gils en tout, j'ai pas compté, mais ça s'en rapproche, qu'il y en ait un peu moins ou un peu plus. Jeandré s'essuya le nez en reniflant, la rage aux yeux. Je veux que tu la tue, tu m'entends ?!

-Je m'en occupe dès demain, tu as ma parole. Répondit-il en posant sa cuillère dans son bol vide. Garde ton argent pour l'instant, je ne le prends qu'une fois le travail terminé.

-Bien, il se fait tard, va dormir. Termina le fermier en soufflant sur la flamme de la bougie.




IV



Le tranche vermines ne dormait pas, assis sur le planché à côté du lit, il somnolait malgré tout doucement, vérifiait parfois sous son lit si rien ne s'y cachait en serrant son glaive fermement contre sa poitrine. Il avait laissé la fenêtre ouverte et seule la lune éclairait la pièce de sa lumière argentée. On pouvait entendre la brise souffler dehors doucement ainsi que le bois de la maison vivre, craquer par-ci par-là sans toutefois être inquiétant. Il avait gardé son équipement sur lui, ayant simplement quelques peu desserré les lanières de cuir qui retenaient les morceaux de son armure entre eux.

Un nouveau craquement se fit entendre parmi ceux déjà audibles de la maison, puis un nouveau, le même, et encore un autre. Pas de doute pour lui, c'était des pas qui se dirigeaient vers sa chambre. Sous un élan de lucidité, il roula et se glissa avec difficulté sous le lit, plaçant son casque sur sa tête en scrutant la porte qui s'ouvrait doucement dans un grincement sinistre. Dans la pénombre il ne pu voir que des jambes féminines marcher doucement vers la fenêtre ouverte. La lune les éclairait alors peu à peu, montrant une peau pâle, tellement transparente que même avec si peu de visibilité, on pouvait y distinguer les petits vaisseaux sanguins parcourant les muscles des cuisses. La femme s'arrêta à la fenêtre et ne bougea plus pendant cinq bonnes secondes qui paraissaient êtres une éternité. Soudainement, une force surhumaine souleva le lit et l'envoya valser contre le mur dans un vacarme de tous les diables ! L'aventurier n'eut pas le temps de distinguer son assaillant qu'il se fit prendre par le col et lancer par delà la fenêtre, il en lâcha sa rondache qui resta à l'intérieur. Il vit alors le mur de la maison, le ciel et la lune, avant de sentir dans son dos un coup foudroyant le parcourir, le choc du sol sur sa colonne vertébrale, qui, même protégé par le métal, le paralysa sur place alors qu'il hurla de douleur. Il tenta de se redresser en vain, cherchant son glaive de la main droite et l'attrapant à bout de doigts pour le tirer jusqu'à lui et le serrer en haletant. Il leva alors les yeux vers la fenêtre de sa chambre.

Une créature en sortait doucement, pour s'accrocher au mur, telle une araignée, c'était une silhouette féminine longiligne et transparente, comme un fantôme, ses longs cheveux blonds dansaient dans des mouvements incompréhensibles, comme mus par leur propre raison, sa robe aux motifs fleuris flottaient comme dans une rivière et ses ongles noirs, taillés comme des griffes, grattaient le mur de la maison sur lequel elle marchait doucement en fixant sa proie de ses deux yeux blancs et brillants, comme ceux d'un loup affamé. La lune rendait le spectacle de la créature magnifiquement sinistre, une aura évanescente qui aurait presque fasciné le tranche vermines.

-Halte, Margone ! S'écria le tranche vermines en pointant la créature de son glaive. Serais-tu un fantôme ? Impossible... Tu semblais bien tangible lorsque nous nous sommes rencontrés. Un vampire, peut-être ? Il se leva en faisant tourner le glaive dans sa dextre, se mettant en garde, les deux mains en prise sur le pommeau, lame levée à hauteur de ses yeux cachés par son casque. Non, tu as résisté à la lumière du jour. Tu es une draugr.

La créature ouvrit une gueule cauchemardesque couronnée de canines, le sang tâchant encore ses lèvres étirées.

-Tu as fais subir le même sort à Jeandré qu'à ta fille, pas vrai ? En te voyant j'ai déjà deviné ce qui s'est passé. Lorque tu t'absentais pour aller au marché, tu as entamé une relation avec un bel homme, un séducteur né, sans doute aux cheveux de jais et à la belle gueule. Il t'a mit dans sa couche pour te baiser et t'as tué pour prendre ton argent, un vrai bandit. Cette trahison, la tienne et celle de cet homme t'ont tellement humilié que tu en es devenue une draugr ! C'est courant maintenant !

La créature émit un hurlement vers le tranche vermines qui continua malgré tout son discours.

-Tu as pendant un temps bu le sang des animaux du coin, mais il t'en fallait plus, il t'en fallait de l'humain, alors tu as commencé par ta fille, tu ne voulais pas, mais tu n'y pouvais rien. Tu l'as condamnée !

Margone, s'élança alors au sol, marchant en titubant sur ses jambes sèches comme un mal-nourrit affaiblit par la fin, elle hurla alors dans un cri strident qui envoya au sol le tranche vermines, son armure faisant caisse de résonance, il se roula au sol en gémissant et jeta son casque plus loin. Sans lui laisser le temps de se redresser, la draugr se jetta sur lui en plantant ses griffes dans ses bras. Dans un élan il s'abattit au sol en un tonneau afin de l'écraser sous son poids et celui de son équipement, ce qui la fit lâcher. Tranche vermines se réceptionna maladroitement sur la terre, se relevant en titubant et pointant son glaive sur le monstre qui s'était déjà relevé, le regardant de ses yeux meurtriers.

L'aventurier courut alors vers Margone, envoyant le tranchant de son glaive loger vers son épaule, ramassant le monstre au sol par la violence de son coup, le sang se répandant dans un bruit flasque. Il ne s'arrêta pas dans sa lancée, tentant de planter le bout de son glaive dans sa cage thoracique, en vain, elle avait esquivé d'un saut de sauterelle, d'une rapidité déconcertante et vint déjà planter ses griffes dans la joue droite du combattant, mettant sa chair à vif. Il tituba en arrière en tenant son visage ensanglanté, toujours sur ses gardes. Mais la draugr revint déjà à la charge.

-Margone ! S'écria Jeandré en sortant de la maison, tenant son épaule d'où coulait à flot son sang. Non, arrête, je t'en prie !

-Jeandré ! Ma rondache ! Elle se trouve dans la chambre, allez la chercher il le faut ! Vite !

-Maman ?

Une nouvelle voix se mélangea au balais des cris, celle d'une jeune fille , les deux hommes tournèrent alors leurs yeux vers sa provenance. C'était Citanielle, dans le même état que sa mère, devenue un monstre cadavérique aux cheveux ondulants, elle aussi. Elle regardait le tranche vermines de ses petits yeux brillants, salivant de sa gueule béante, elle était toute aussi affamée.

-Eh merde... Fit le combattant d'un air déjà lassé.

Citanielle approchait doucement en de petits pas alors que sa mère se relevait sur ses deux jambes en grondant d'une voix rauque.

-Citanielle ?! C-comment ?!

-Les draugrs transmettent leur malédiction chez les personnes qu'elles aiment, Jeandré, allez chercher mon putain de bouclier ! Rugit le tranche vermines.

Les deux monstruosités féminines tournaient déjà en cercle autour du combattant, comme deux requins autour d'une viande saignante, prêtes à le dévorer à tout moment. Leurs cheveux blonds traînant doucement dans les airs en de légères danses, telles des aurores boréales d'or.
Jeandré courait dans les escaliers, trébuchant de nombreuses fois en gémissant de douleur, il avait beau appuyer, son sang giclait sur les murs et le sol, il ne pouvait arrêter l'hémorragie. La mère et la fille s'élancèrent alors à deux, l'une à gauche, l'autre à droite sur le tranche vermine qui se baissa soudainement en roulant en avant, laissant les deux danseuses sinistres atterrir sur leur côté opposé. Citanielle, plus agile et rapide, sauta sur le combattant pour lui planter ses griffes dans le cuir des épaules, elles étaient assez acérées, cependant, pour se planter dans sa chair. Il hurla de douleur, accompagnant le cri strident de la fille et envoya son poing directement dans la mâchoire pour la faire tomber. La mère elle n'attendit pas un répit pour le charger en claquant des dents. Il la stoppa difficilement avec le plat de son glaive posé en travers de ses mains aux doigts longs et crochus et la repoussa d'une pression. Il commença à fatiguer, essoufflé par l'oppression des adversaires. La fille se préparait déjà à revenir à la charge quand soudainement...

-Du tranche vermines ! Attrape ! Jeandré lança la rondache avant de tomber de la fenêtre, à bout de forces, s'écrasant au sol avec violence, son sang se répandant doucement sur la terre.

L'odeur cuivrée du sang de Jeandré qui s'écoulait attirait l'attention des draugrs qui, affamées, approchèrent de lui à pas de velour. Le tranche vermines en profita alors pour ramasser sa rondache et courir à toute vitesse vers Citanielle qui ne se retourna que trop tard, voyant la rondache s'enfoncer entre les crocs de sa mâchoire, brisant celle-ci en deux. Elle recula en tenant la partie inférieur branlante, puis s'écroula au sol, inerte. La mère se tourna et hurla d'un nouveau cri aigu, mais celui-ci était différent, le tranche vermines aurait cru y entendre des sanglots, il recula d'un pas en voyant la chose se ruer vers lui avec rage. Mais il l'intercepta, cette fois-ci, facilement, lui plantant son glaive dans le cœur et l'envoyant rouler plus loin dans un geyser de sang . Il s'écroula au sol .

Elles étaient enfin mortes. Retirant ses cheveux trempés de sueur devant ses yeux et les plaçant derrière sa tête, le tranche vermines approcha de Jeandré pour le redresser sur le séant. Le fermier respirait, il était toujours conscient malgré tout le sang que sa chemise avait épongé.

-Tu sais, fiston, j'ai entendu... Ton histoire. Souffla Jeandré, les yeux entre ouverts. Elle m'avait trompé, hein...

-En effet, Jeandré. Le tranche vermines regarda le sol, puis le fermier.

-Tu peux me laisser ici... Si ce que tu as dis sur les draugr est vrai... Alors je ne me transformerais pas.

Jeandré ferma les yeux, définitivement cette fois alors que de dernières larmes coulent doucement sur ses joues.

-... Je pense que tu te trompes... Mon ami, tu te transformes déjà. Tu te transformes déjà...

Le soleil se leva enfin... Le tranche vermine planta sa lame dans le crâne du fermier et tourna les talons en ramassant son casque pour reprendre sa route.



FIN
Dernière modification par Qoribucha le 11 sept. 2020, 14:02, modifié 2 fois.

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