[Background] Tourner les pages - Hayline

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[Background] Tourner les pages - Hayline

Message par Fee_du_renard » 16 août 2021, 14:15

La couverture

"Hayline ! Viens ici ma chérie." dit-elle pendant qu'elle s'asseyait en vidant son sac en toile, recousu et rapiécé de part en part.
La jeune fille accouru, le sourire aux lèvres, et vint s'asseoir à côté d'elle. La plus âgée passa la main sur le pantalon de la plus jeune au niveau du genou, époussetant ce dernier. "Tu t'es encore fourrée je ne sais où ?
- Non maman, j'étais avec Khloé. Elle a accouché pendant que tu étais au travail. Je peux même te dire que c'est une fille aussi et qu'elle est pas très jolie. On dirait un poulet mal cuit."
dit la jeune fille en pouffant par la suite.
"Tu sais Line, quand tu es née, tu n'étais pas bien belle non plus. C'est normal tout ça. Enfin je suis heureuse de te voir sourire, c'est que tout va bien pour toutes les deux. Elle reste encore à l'auberge ?
- Je ne sais pas, je crois que le type avec qui elle a fait son bébé ne verse plus rien. J'ai entendu les gens dire que bientôt elle devrait revenir ici avec nous."


La mère sourit gravement puis regarda sa fille et lui caressa la joue. Elle sortie ensuite un morceau de pain et du fromage de piètre qualité et coupa deux parts. Elle tendit la plus grosse à sa fille. "Demain, avant que je retourne travailler, nous irons faire un peu de place sous le auvent et on y mettra des couvertures et ce qu'on peut. Je crois que la place que Khloé occupait est prise maintenant.
- Mais maman, on a déjà pas énormément de place. Et puis les autres ont pas l'air de vouloir l'aider.
- Ce n'est pas une raison. Il ne faut pas attendre des autres mais faire soi-même le premier pas.
- Mais on a que deux couvertures.
- Alors je travaillerais plus et j'en ramènerais une."
répondit la mère, venant enlacer sa fille par l'épaule pour se rapprocher d'elle et lui tenir chaud.

"Avant de dormir, tu me lira 3 pages de ton livre." ajouta t'elle. La jeune fille soupira et leva les yeux au ciel puis alla chercher son bouquin.
"Arrêtes de râler. C'est important de savoir lire et écrire et -
- Oui et compter blablabla, pour être indépendante."
interrompit Hayline. "C'est pas ça maman, c'est juste que c'est toujours le même livre. Je le connaît par coeur, je ne lis même plus, je récite de tête.".
La mère baissa un peu les yeux et hocha la tête pour elle même. Elle regarda ensuite sa fille en lui disant : "Bien, je travaillerai donc plus pour avoir un nouveau livre et une nouvelle couverture."
Hayline vint s'agenouiller devant elle. "Pourquoi je ne t'aiderais pas ? Peut-être que ton patron voudra bien me donner la pièce ?!
- Nous en avons déjà parler, tu es trop jeune et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose !
- Mais maman, j'ai presque 14 ans. Je sais quand même me débrouiller."
insista la jeune fille.
La mère fronça les sourcils et la regarda en ajoutant : "On en a déjà parler, c'est pas le travail qui m'inquiète, ce sont les clients.
- Alors, disons que tu travaille pour acheter une couverture et un livre et moi je me débrouille pour ramener à manger cette semaine, ça te va ?
- Hum...."
La mère se mit à fixer sa fille en plissant les yeux. Elle tendit son petit doigt en forme de crochet pour inviter sa fille à y accrocher le sien.
"Marché conclu, mais je ne veux pas que tu ailles faire n'importe quoi, tu peux troquer mais pas te mettre en danger d'accord ?".

Hayline ne répondit pas verbalement mais saisit l'auriculaire de sa mère avec son propre doigt et hocha la tête.
Peu après, les deux élezennes firent fondre un peu de neige puis se décrassèrent le visage et le corps avant de se blottir l'une contre l'autre. Hayline lu les trois pages de son livre et déplaça la brindille qui lui servait de marque page. Elle rangea l'ouvrage dans le bric à brac entassé à leurs côtés.
Elle se retourna ensuite pour se lover contre sa mère déjà endormie, fatiguée par son travail.

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Préface

Message par Fee_du_renard » 29 août 2021, 17:03

La Préface


Hayline revint de ses recherches avec de la viande séchée, une cuisse de poulet cuite et quelques pommes de terre qu'elle déballa sur leur emplacement. Sa mère à l'écart était vraisemblablement avec leur nouvelle voisine de rue et son nouveau-né. Elle vit sa fille et lui décrocha un sourire satisfait en venant vers elle pour la prendre dans les bras.

"Je vois que tu as réussi à nous trouver un festin aujourd'hui. Tu ne l'a pas volé au moins ?
- Non M'man, j'ai fais ce qu'il fallait pour les avoir, je les ai mérités.
- Et de quelle façon ?
- Un illusionniste ne révèle jamais ses tours tu sais."
dit la jeune élezenne tandis qu'un petit sourire narquois se glissa sur ses lèvres.
"Tu dis ça parce que je risque de me fâcher ou pas Line ?
- Euh, disons que je travaille quand même mais mais ! Mais je ne suis pas avec les clients de la taverne, je fais la plonge après le service. Promis"
. La mère regarda sa fille en plissant les yeux puis hocha à la tête vers elle. "Je suis fière de toi ma fille, tu es maline. Mais attention à ne pas oublier d'être prudente d'accord ?" répondit simplement la mère d'Hayline en lui passant la main dans les cheveux.
Hayline fit oui de la tête et se mit en tailleur en regardant les deux nouvelles voisines sur une couverture usée qui était avant sienne.

"Elle lui a donné un nom ?
- Oui, elle s'appelle Evangèle."
informa la mère en donnant sa part de nourriture à Hayline et en mettant quelques vivres de côtés. "Ça doit être dur de vivre là alors qu'on vient de naître non ?
- C'est vrai ma chérie....Au moins tu as connu une vraie maison pendant des années avant que nous...
- Tu sais, je comprendrais jamais pourquoi le père les laisse là.
- La noblesse n'a que faire des plus modestes.
- Il en avait à faire quand il trempait son boudin dans sa cave humide.
- HAYLINE !"
reprit sa mère en fronçant les sourcils.
"Bah quoi ? C'est vrai !"
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"C'est comme ça, nous sommes des femmes. Même avec beaucoup d'argent, il y aura toujours des hommes au dessus de nous.
- C'est injuste ! Je hais les hommes !"
maugrea la jeune fille, parlant même la bouche pleine en faisant de grands gestes.
"Tu crois que y a des endroits où ce sont pas les hommes qui commandent ?
- C'est possible ma chérie, je ne sais pas vraiment à vrai dire.
- Non parce que quand même, c'est quoi la différence entre nous, on sait faire les même chose qu'eux.
- On peut enfanter nous et c'est une grande chance.
- La bonne blague, pour finir à la rue comme Khloé et son évantruc ?
- Tu es remontée Line, calme toi un peu.".
La plus âgée des deux femmes posa sa main sur celle de la plus jeune et la regarda dans les yeux.

"Tu sais ma chérie, il vaux mieux que tu l'accepte maintenant et que tu vive avec.
- Parce que tu appelle ça vivre ? Regarde-nous maman ! Depuis que papa est mort on vit ici.
- Hayline !
- Juste parce que tu as un vagin !
- HayLINE !
- Alors que tu rapportes plus de gils que lui quand il travaillait. On aurait largement pu continuer à vivre comme avant.
- HAYLINE, tais-toi ! Tout le monde nous regarde. Ne te donne pas en spectacle ma fille."
La mère se fâcha fortement en lançant un regard noir à sa fille. Cette dernière finit par baisser la tête et manger en silence.

Elle regarda de temps à autre ses deux voisines en coin. Khloé, affaiblie par son accouchement donnait le sein tant bien que mal à son bébé lové contre elle. Elle l'entourait de toute part comme pour la protéger du froid alors qu'elle-même grelottait.
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Premier chapitre

Message par Fee_du_renard » 08 sept. 2021, 11:52

Chapitre 1
Après plusieurs jours à fonctionner de la sorte, la mère d'Hayline lui proposa de continuer à trouver de quoi les nourrir tandis qu'elle prendrait soin d'économiser et d'acheter des affaires pour améliorer leur confort dans la rue.
La jeune élézenne était travailleuse et respectait les consignes de sa mère, à savoir; ne pas avoir de lien avec de la clientèle, de quelques sortes que ce soit.

Un soir, après avoir mangé de quoi leur tenir au corps, Seleyne, la mère, tendit à sa fille un linge abîmé contenant un cadeau. En ouvrant délicatement les pans du tissu, Hayline découvrit un livre usé avec de nombreux contes.
"Maman, ça a dû te coûter cher !
- Ce n'était pas donné, c'est vrai.
- Alors rend-le ! Je ne veux pas que ce qui puisse nous servir à toutes les deux se retrouve dépensé dans un objet qui n'est pas nécessaire."

Seleyne pris sa fille dans ses bras puis posa ses deux mains de part et d'autre de son visage afin de plonger ses yeux dorés dans ceux d'Hayline : "Ma chérie, que tu saches lire et que tu puisses être capable n'est pas nécessaire, mais c'est vital. Je veux que tu deviennes grande et forte, que tu sois forte, toujours. Savoir lire est un outil indispensable pour ça. Alors non, je ne rendrais pas ce livre. Et tu sais quoi ? J'aimerais que tu me lise le premier conte qui est dedans."

Hayline resta un instant muette en fixant le regard protecteur et plein de fierté de sa mère. Elle baissa ensuite ses yeux sur la couverture du livre et ses commissures laissèrent échapper un sourire discret mais bien présent. Elle s'installa alors aux côtés de Seleyne, contre le mur de briques froid et, sous leur "maison de fortune" elle entama la lecture de la première histoire. Butant sur les mots, devant parfois se reprendre devant le langage plus élaboré qu'à l'accoutumé, elle narra la vie de Richard à la houppe, prenant même le loisir de faire les voix des personnages.


Des jours durant, la lecture se fit quotidienne. Le nouveau livre donnait du fil à retorde à la jeune fille mais cette dernière ne rechignait pas à l'épreuve, même si elle pouvait soupirer ou avoir envie de jeter son livre et de s'en détourner, elle faisait au mieux pour étudier chaque lettre, chaque syllabe compliquée. Plus que d'apprendre simplement à lire les lettres, elle essayait de les comprendre. Elle ne se demandait pas "quand ?" Elle se demandait surtout "comment et pourquoi ?".

Un soir, pendant un instant de lecture calme où sa mère à moitié endormie se reposait, Hayline qui tentait de comprendre un nouveau mot se vit interrompre par la petite Evangèle. L'enfant de deux mois ne faisait que pleurer en vain, ce qui exaspéra la jeune fille.
"Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ?" demanda Seleyne en ouvrant doucement les yeux.
Les sourcils froncés, cette dernière répondit : "Je sais pas, la petite arrête pas de chialer là, ça me déconcentre !
- Tu sais c'est normal que...".
La mère d'Hayline stoppa nette sa phrase et se leva le regard inquiet. Elle prit le bébé dans les bras et demanda à Hayline de la garder contre elle puis repartie vers leur voisine.

La jeune pré adolescente pris l'enfant dans ses bras, de façon maladroite. Elle vit que le froid l'avait rendue presque gelée au point de se briser. Elle serra doucement la petite dans ses bras, se recouvrant même d'une couverture. Le bébé continuait de pleurer dans les oreilles d'Hayline. Elle ne savait pas s'y prendre avec les enfants et n'avait qu'une envie; la confier à quelqu'un d'autre.
Elle regarda alors vers l'emplacement de Khloé et compris pourquoi le nouveau né ne pouvait s'arrêter. Elle vit sa mère se tenant la bouche puis mettant son propre poing sur sa poitrine avant de recouvrir le corps de leur voisine d'une couverture miteuse, jusqu'au dessus de la tête.

Hayline compris que la petite dans ses bras n'avait plus rien d'autre qu'elle à ce moment précis.
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Chapitre 2

Message par Fee_du_renard » 27 sept. 2021, 19:21

Chapitre 2

En quelques heures à peine, les laissers pour compte de la rue avaient fait leurs adieux à ce qui restait de Khloé. Quelques uns étaient venus se recueillir, d'autres avaient trouvé des plantes résistantes pour les déposer près du corps, comme pour orner la silhouette cachée par le tissu et la rendre moins difficile à regarder.

La mère d'Hayline regardait ce spectacle avec les yeux marqués par une profonde tristesse. Elle avait repris la petite Evangèle et déjà recevais les conseils de ses lointains voisins du pavé qui n'avaient jamais bougé le moindre petit doigt pour la jeune maman et son bébé.
"Tu devrais la rendre à son père.
- Il n'en veut pas, pas plus qu'il ne voulait de Khloé dans sa vie.
- Tu sais Seleyne, tu ne réussiras pas à subvenir à tes besoins en plus de ceux de ta propre fille avec un marmot d'à peine quelques semaines sur les bras. Si le géniteur n'en veut pas alors mets-le à l'orphelinat.
- J'y penserais, merci"
dit simplement la femme, enlaçant de plus belle le bébé dans ses bras.

Hayline, sa mère et la petite s'endormirent avec le corps froid et rigide à leurs côtés. Seuls des bruits de bottes se firent entendre vers 3h du matin, lorsqu'une patrouille repéra le cadavre et le souleva comme un vulgaire sac de jute. Ils l'emmenèrent sans rien dire et le mirent dans une brouette sale et pleine de saletés ramassées au sol.

"Maman, ils vont la mettre où Khloé ?
- Ils vont la jeter tout simplement, par dessus les remparts ma chérie.
- Et le cimetière ? Il n'y a plus de place.
- Hayline, il n'y a jamais eu de place pour les gens comme elle, moi ou toi. Nous passons et c'est tout. Personne ne parlera de nous après, personne ne chantera de chants sur les pauvres ou n'écrira de livres. Nous faisons tâche dans l'histoire".

Hayline fixa sa mère en coin sans rien dire de plus. Elle dévia ensuite son regard vers le pavé où finit Khloé. Plongée dans le mutisme, elle prit conscience que sa vie ne valait rien.
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"Tu ne veux pas la mettre à l'orphelinat alors ?
- C'est pareil voire pire qu'ici Hayline. Ils sont déjà entassés et probablement violentés. Et je n'ai aucune confiance au clergé."
répondit Seleyne en délaçant son corsage et en proposant son téton légèrement rosé à l'aréole mince au bébé pleurant pour pouvoir se nourrir.

La jeune fille regarda sa mère faire et grimaça en se disant que ça n'avait pas l'air agréable tant les traits sur le visage de la nourricière potentielle étaient crispées. Elle avisa ensuite la petite vie innocente qui tentait avidement de récupérer du lait, entrecoupant ses succions par des moments de cris constrits qui semblaient aller au dela de ce que ses poumons pouvait supporter. Elle essaya d'aider sa mère en calmant Evangèle. Hayline, la main caressant doucement la tête du nouveau-né, se mit à fixer le vide et à se plonger dans ses pensées.

"C'est injuste ! On a pas demander à se compliquer la vie maman.
- Ma chérie, même si garder cette petite est une erreur, sache que je le referais cent fois si ce n'est plus. Et je sais que c'est difficile pour toi mais sache que tu es ma fille et que je t'aime, quoi qu'il arrive.
- Je le sais mais, je....".
Hayline s'arrêta et soupira en regardant la scène.

"D'accord, on va se serrer les coudes mais, on ne pourra pas aller travailler à deux. Et on va devoir trouver du lait.
- Pas si ma montée arrive.
- Ce serait étrange non après tant d'années. C'est pas comme si tu m'allaitais hier.
- Ce n'est pas si rare tu sais, le corps des femmes est plein de magie.
- Je ne crois pas que ce soit magique maman. J'aimerai comprendre même. Comment ce serait possible ? Et tu pense que c'est seulement les femmes ? Tu crois que c'est comme les animaux ? Est-ce que ce serait pas par-
- Hayline, je ne sais pas".
Seleyne posa doucement une main sur celle de sa fille pour la stopper dans tous ses questionnements. "Je ne suis pas une bibliothèque tu sais, je n'ai pas réponse à tout" Sourit alors la mère en faisant un clin d'oeil à l'adolescente.

Elles prirent la décision ce soir là de laisser la plus jeune faire les corvées quotidiennes et travailler pour gagner leur croûte, tandis que la plus âgée serait présente pour qu'Evangèle puisse survivre et grandir à leurs côtés. Elles jurèrent de protéger l'héritage de Khloé comme si elle faisait partie de leur famille.
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Soeur d'adoption

Message par Fee_du_renard » 11 oct. 2021, 21:48

Chapitre 3


Que la vie devint douce au contact de cet enfant qui n'était pas le leur. Certes, le travail épuisait Hayline mais il suffisait de regarder Evangèle grandir et apprendre les petites choses simples de la vie pour alléger ses épaules lourdes et fatiguées.
La rue devenait, au fur et à mesure des mois, une école et un lieu de découverte.

Seleyne était parvenu à faire revenir son lait maternel et Hayline, les traits tirés, rentrait avec hâte le soir pour pouvoir observer l'enfant paisiblement endormie dans son berceau de fortune après être repue, son repas liquide encore coincé au coin de ses lèvres.
Alors, la soeur d'adoption s'allongeait près de la toute petite fille et sentait son odeur. Une odeur douce, légèrement sucrée mais d'avantage comparable à une poudre légère. Evangèle sentait un peu comme de la pâte à gâteau, celle qui resterait au fond du plat après qu'on y ai transvasé le contenu dans le moule qui va au four.

Un soir, elle accompagna son étreinte douce en déposant un ours de seconde main aux côtés de l'enfant, tandis qu'elle et la mère, exténuées, dormaient. Elle se pencha sur le bébé et lui murmura.
"Voilà Eve, comme ça tu aura un ami quand je ne suis pas là. Je ne lui ai pas donné de nom parce que je suis vraiment pas douée avec ça. Mais quand tu sera plus grande, tu n'aura qu'à le faire."

Il était sûr que pour se le procurer, elle avait mis de côté bien des opportunités pour elle même. Mais elle pensait que c'était important. Après tout, elle avait deux livres et Evangele n'avait rien. C'était pour elle un moyen de rester présente le plus longtemps possible alors que durant la journée elle devait parcourir la ville d'Ishgard pour remplir toutes les tâches payées à sa portée.
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Jamais Hayline ne broncha. Elle cacha sa fatigue longtemps. Assez de temps pour voir la petite Evangèle faire ses premiers pas, pour la voir manger solide et également commencer à parler. Seleyne, la mère, semblait retrouver une seconde vie avec la petite fille collée à elle.
Parfois elle prenait Evangèle avec elle et se postait devant des lieux stratégiques pour mendier. On pouvait lui donner pas mal de choses en une journée, même si ce n'était pas forcément de l'argent. Car il est sûr que les nobles de la Cité disposaient de deux choses en abondance : l'argent et la pitié. Dans les bons jours, cela aidait assez pour que Hayline se repose et n'aille pas à la recherche de travail pour la journée. Mais quelque fois, souvent de la part des hommes puissants de la ville, elle entendait des messes-basses quand les talonnettes passaient à leur côté.

"Quelle honte ! Je ne comprends vraiment pas pourquoi ces nuisibles se reproduisent. Encore des bouches à nourrir. Comme si on était leur porte-monnaie"

"Ces gens devraient se remonter les manches et prendre le premier travail qui vient, peut importe s'ils aiment ou pas. Quand on veut s'en sortir on peux."

"Vivre au crochet de ceux qui ont réussi ! C'est ça qu'ils font. En plus regarde les, on dirait deux pouilleuses."


Dans ces cas là, Seleyne ne disait rien. Même si cela l'atteignait, elle gardait le sourire, elle refusait que quelqu'un sache que ça lui faisait mal.
Elle ne disait pas non plus qu'Evangèle n'était pas sa fille. Elle ne lui cacha pas pour autant, mais elle se dit qu'elle aurait tout le temps d'approfondir le sujet plus tard, lorsqu'elle aura pris de l'âge et de la maturité.

Alors, tous les soirs, elles rentraient et écoutaient les histoires que Hayline leur lisait. Avec la pratique, sa lecture était devenue fluide. Elle y mettait le ton, mimant même les voix de ses personnages. A l'aube de ses 16 ans, elle était devenue une seconde maman.
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L'amour des mots

Message par Fee_du_renard » 26 oct. 2021, 11:54

Chapitre 4

Durant ces deux années, Hayline avait grandit de dix. Elle affina son caractère bien trempé mais appris avec le travail à donner le change et à se fondre dans une attitude plus convenable, même si elle gardait toujours son aplomb. Elle appris bien vite que chaque opportunité de se faire de l'argent était bonne à prendre, tout en restant dans ce qu'elle acceptait de faire. Elle vit aussi que plus efficacement elle travaillait, plus grassement on l'a payait. Et elle s'arrangeait bien souvent pour terminer ses tâches en avance et aller d'elle-même voir ses employeurs pour exposer ce qu'elle avait fini.

Ceux-là savaient d'où elle venait et ça ne posait pas de problèmes. Bien que souvent ils étaient eux aussi à couteau tirés, ils payaient sans sourciller. Certains auraient sûrement voulu faire plus, mais au risque de se retrouver eux aussi à la rue. Alors ils se contentaient de faire plus souvent appel à elle, de façon plus récurrente.

"Si tu pouvais Hayline, qu'est ce que tu ferais dans ta vie ?
- Oh, euh, et bien..... je ne me suis jamais posé la question. J'aime imaginer les choses que je lis mais j'ai peur de rêver et d'être déçue, Sir Gerneld.
- C'est pas obligé d'être précis. Tu sais moi je voulais être fleuriste. Aujourd'hui je suis un vendeur de légumes. Héhé, disons qu'au lieu de me contenter du sommet, je me suis installé dans les racines.".
L'homme se mit à rire, les mains avec ses caisses qu'il rangeait sur les étagères. Hayline était au dessus de ses haricots, en train de les équeuter pour les mettre dans des bocaux, prêts à la vente.

"Alors disons que je voudrais savoir plein de choses. J'aimerais apprendre, comprendre les choses. Un jour pourquoi pas, tout ce savoir pourrait m'aider à sortir de Brouillasse. Comme un pont" finit par avouer la jeune fille en plaçant des graines de haricot les unes derrière les autres, mimant avec ses doigts le fait de partir en sautant dessus.

L'avantage, c'est que tu sais bien lire ma petite ! Tu sais, peu de gens savent ça, surtout dans ta situation.
- C'est grâce à ma mère, vous savez. Je sais lire, compter et calculer. Maintenant il ne me reste plus qu'à m'entraîner à l'écriture.
- Pourquoi ne le fais tu pas en parallèle ?
- Et bien, je n'ai pas de support ou même de quoi écrire.
- Oh, d'accord, je comprends mieux"
Finit par dire l'élezen en souriant en coin et en regardant Hayline travailler dur.

Ce jour là, elle avait reçu de quoi manger mais revint le sourire aux lèvres vers sa mère et sa soeur. Elle posa la nourriture et sortit de sa poche une mine et un carnet et les montra fièrement à sa mère.
"Regarde, je vais pouvoir m'entraîner maman !
- Mais où as-tu eu ça ? C'est cher tu sais le papier.
- C'est Monsieur Gerneld. Il a quelques vieux carnets qu'il utilisait pour ses commandes alors il a proposé de me donner de quoi écrire dès qu'il le pourrait.
- C'est vraiment gentil de sa part. C'est un homme bien."
. Seleyne sourit à sa fille et commença à servir le repas tandis que Hayline se pencha, au calme, sur son cahier pour commencer à écrire les lettres de l'alphabet avec attention.

Lire était une chose, mais écrire devenait compliqué. Elle y passa tout son temps libre, montrant son évolution à sa famille tous les soirs. L'anamorphose des début fit place à une écriture en bâton parfois trop appuyée. Il fallu du temps avant de passer en cursive, et Hayline le savait, il lui faudrait encore plus de pratique pour maîtriser les lettrines, ces majuscules travaillées qui ornent les débuts de paragraphes des plus grands ouvrages.
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Le sceau volé

Message par Fee_du_renard » 09 nov. 2021, 05:38

Chapitre 5

La petite Evangèle dans les bras, la mère faisait les cents pas près de leur "chez elles". Elle finit par la poser et lui chanter une chanson pour l'endormir. Puis, le regard toujours inquiet, Seleyne retourna faire le pied de grue. Elle savait que Hayline cumulait parfois plusieurs petits travails mais elle n'était jamais rentrée aussi tard. La nuit tombait déjà et elle se demandait si elle n'avait pas été gardée pour faire la plonge à la taverne. Appuyant son poing sur son ventre, elle ressentait comme une boule de douleur au niveau de son estomac. Personne dans les environs ne l'avait vu non plus, elle avait déjà demandé à plusieurs reprise.

Des bruits de talons de chaussures retentirent alors sur le pavé. Ils étaient très rapides.
"Mamaaaan, mamaaan !"

Hayline arriva en courant, semblant apeurée et était suivie par deux hommes bien plus âgés, courant eux aussi en riant presque. L'un portait un écusson de la garde d'Ishgard mais pas sa tenue. L'élezènne se cacha derrière sa mère qui s'interposa en croisant les bras.
"C'est ta fille ?" jacta le garde en civil vers Seleyne.
- Que lui voulez vous ? Pourquoi vous lui courez après ?
- C'est une petite voleuse, elle doit comprendre qu'on ne vole pas !"


Le groupe fut rejoint par la foule de Brouillasse, curieuse, qui regardait la scène. L'écusson levé dans sa main, le garde les dispersa vite en leur faisant comprendre de ne surtout pas s'en mêler, leur invectivant de détourner le regard.
Il n'en fallu pas plus pour que chacun regagne sa place, même si leurs oreilles restaient belle et bien à l'écoute.

Seleyne regarda sa fille sans trop comprendre. Elle vit Hayline les larmes aux yeux, tandis que d'autres avaient déjà marqué ses joues en séchant sur le chemin. Elle cachait son haut qui semblait avoir été délacé et avait des traces rouges à ses poignets et sur ses genoux.


"Allez femme, pousses-toi !
- Qu'aurait-elle volé ? Et qu'allez vous donc lui faire ?
- Le sceau familial de mon ami ici présent. Elle l'a chapardé ! Et ne t'inquiètes pas, nous allons lui faire comprendre. Remets-nous ta gamine, crois-moi elle va arrêter de voler.".


Seleyne fronça les sourcils et se retourna à nouveau vers Hayline. Celle ci avait le visage tiré de souffrance et les larmes ne s'arrêtaient pas. "Non, maman, j'ai rien volé. C'est pas moi. Tu me connais, j'ai jamais volé et j'ai jamais menti. J'ai rien pris maman. Ne les laisse pas m'emmener, s'il te plaît, ils m'ont fait.....mal" finis par lâcher la jeune élézenne entre ses sanglots. Elle fixait sa mère, lui demandant presque pitié, le regard s'emplissant d'une frayeur indicible dès qu'elle reposait son regard sur les deux hommes qui vociféraient contre elle.

Seleyne embrassa sa fille sur le front et la serra contre elle puis elle se tourna et fit face aux deux hommes, toujours droite et le regard sévère. "Elle n'a rien fait !
- Oh quoi ? Ses larmes te suffisent ? C'est son regard si doux qui t'a persuadé ? Je te dis qu'elle l'a fait, alors pousses-toi ou c'est moi qui vais te pousser !" commença à hurler l'homme, commençant à se grandir en ressortant les épaules.

"Elle est chez elle ici ! Elle n'a rien fait.
- Chez elle ? AHahha, mais c'est que de la boue et de la pierre."
. L'homme se mit à rire, s'avançant vers la mère d'Hayline. Devant son avancée, Seleyne poussa sa fille vers l'arrière, prête à tenir coûte que coûte.
"Tu n'as aucun droit ici !
- Ah oui ? Je suis de la garde, et mon ami que tu vois derrière, crois-moi qu'il a le bras long ! Alors j'ai tous les droits que je veux ici. Toi, tu n'es qu'une merde sur un pavé, et tu restera une merde sur un pavé. Allez dégage la rombière !"


Le garde s'avança en bousculant violemment Seleyne. Elle fit projetée contre le sol et atterrit contre une pierre, restant inconsciente.



Devant le corps de la mère inerte, les deux hommes se regardèrent en chien de fusil. C'était sûr, des droits ils en avaient, mais ce qu'ils venaient de faire les outrepassaient.
"Merde, allez viens Stéphan, faut pas rester là !". Le noble commença à rabattre sa capuche pour cacher son visage et attrapa le bras de son ami pour le faire reculer. "Laisse la petite, j'ai plein d'autres sceaux. Viens avant que je ne puisse plus annuler tes bêtises".

Le garde, furieux, regarda Hayline. Elle était à portée de mains, mais il se ravisa en serrant le poing et en grognant. Sur le retour, ils firent profil bas. Seul le garde lâcha quelques mots, qui ressemblaient d'avantage à des menaces, aux quelques croquants qui vinrent tout de même voir après tout ces hurlements. "Elle est tombée toute seule !"

Les démunis alentours vinrent s'approcher de Seleyne, étendue. Sa fille, choquée se jeta sur sa maman, l'appelant à plusieurs reprises, tandis que Evangèle, réveillée, hurlait en se cachant sous la couverture de laine rapiécée.

Il fallu quelques minutes avant que la mère ne se réveille, le regard hagard. On l'aida à se mettre sur les coudes et on lui laissa de la place pour respirer. "Oh ma chérie, tu n'as rien ?
- Non maman, mais toi, tu va bien ? J'ai tellement eu peur, j'ai cru te perdre tu sais.
- Ça va aller, j'ai la tête dure".

Seleyne sourit tout en se redressant doucement, poussant la pierre qui avait réceptionner sa tête et un peu de son sang malgré elle. Hayline vint lui poser un linge sur le crâne et resta près de sa maman, qu'elle aida à s'installer dans leur petit endroit.

"Tu sais maman, c'est vrai que j'ai rien fais, je te jure.
- Je sais Line, j'ai confiance en toi ma fille. J'ai confiance en toi."


Par la suite, elles ne parlèrent pas de ce qui aurait pu se passer mais profitèrent simplement d'être l'une avec l'autre.

Quant au sceau, le noble le retrouva dans sa besace. Il semblerait qu'il l'avait juste changer de poche.....
Roleplay sauvage bienvenu.
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Fee_du_renard
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Le bois qui craque

Message par Fee_du_renard » 29 nov. 2021, 12:08

Chapitre 5

Seleyne, fatiguée par l'attente et ses douleurs somnola rapidement avant de s'endormir. Elle tenait dans ses bras Hayline qui était lovée contre elle, Evangèle, non loin de là, avait pu être calmée et dormait à poings fermés.
Le lendemain, la jeune élezenne, voyant que sa mère était affaiblie, n'alla pas quérir du travail. Elle voulait rester et prendre le relais avec sa sœur d'adoption, pour laisser sa mère récupérer.

"Line, est-ce que ces hommes t'on fait quelque chose ?" demanda cette dernière, sur un moment d'éveil.
"Rien.
- Tu es sûre ma chérie ? Tu dois me le d-
- Je suis partie avant...."
répondit la jeune élézenne avant de venir près de sa mère, en la regardant dans les yeux. "Ne t'inquiètes pas pour moi, je vais bien, d'accord maman ?"

Caressant le visage de sa fille, Seleyne lui sourit, les yeux un peu dans le vague. "Je serais là pour toi quoi qu'il arrive tu sais. Mais si un jour je devais partir-
- Arrêtes maman. S'il te plaît. J'ai déjà eu la frayeur de ma vie hier, ne me dit pas ça.
- Mais tu sais, je partirai avant toi, quoi qu'il arrive. Sâche juste que je suis fière de toi. Et je te fais confiance. Même si tu es perdue, je sais que tu trouvera toujours un chemin.
- .... moi aussi je t'aime"
. Hayline vint embrasser sa mère sur le front doucement.

"Tu t'es occupée de moi quand j'était petite, maintenant c'est mon tour. Tu as faim ?" rétorqua la fille en se levant et en prenant dans leurs maigres réserves de quoi remplir leurs ventres affamées.
Seleyne sourit tendrement vers elle en hochant la tête et tapota la couverture moelleuse à ses côtés pour faire signe à sa fille de s'assoir. Elle regarda la petite Evangèle faire sa sieste et toutes deux se mirent à piocher dans leurs souvenirs pour égayer ce moment solennel de quelques rires.

Avant de dormir, Hayline, comme à l'accoutumée, s'improvisa conteuse d'histoire et anima la soirée de sa mère et de sa soeur, leur mettant des images pleins les yeux.

Le matin qui suivait, Hayline se réveilla doucement. En se frottant les yeux, elle s'étira, satisfaite d'une nuit reposante. Elle avait fait de magnifiques rêves grâce aux histoires de la veille et avait un petit sourire aux lèvres.

Elle chercha sa mère du regard et ne l'a trouva pas. Evangèle était aussi absente de la couverture. Elle l'a vit au loin dans les bras de sa mère. A y regarder de plus près, ce n'était pas Seleyne. Elle fronça les sourcils, commençant à se lever pour récupérer sa soeur mais un des habitants de la rue l'arrêta en lui prenant la main doucement, lui faisant tourner le regard vers lui : "Hayline, attends ma petite. Reste un peu ici"
"Mais laisse-moi, je veux récupérer ma soeur." répondit Hayline, se fâchant rapidement en tirant sa main en arrière. Elle commença à s'inquiéter, ne comprenant pas pourquoi quelqu'un avait pris l'initiative de prendre Evangèle dans ses bras sans même demander.

En avançant vers la femme et l'enfant, elle marcha dans quelques flaques et vomis qu'elle vint essuyer sur le pavé d'un revers de semelle. Arrivée à leur hauteur elle vit Evangèle pleurer, ainsi que la femme qui la tenait. Cette dernière se tourna vers Hayline et lui dit : "Je...je suis tellement désolée pour toi. Pauvre enfant !" en essayant de lui caresser la tête.

Méfiante et perdue devant les divers comportements, la jeune élezenne recula à nouveau, puis regarda vers l'endroit que tout Brouillasse fixait; le rempart au Sud-est.
Elle vit alors quatre soldats amener un chariot de bois usé sur lequel était déposé le corps de Seleyne, les yeux ouverts comme si elle fixait encore sa fille.
Ils firent balancier avec les roues, dans un bruit de bois qui craque sous le poids, et le corps de la mère roula jusqu'à disparaître derrière le mur gelé, comme s'il n'avait jamais existé.

Hayline compris alors qu'elle venait de perdre sa maman et voulu crier ou courir, mais, la bouche ouverte, rien ne sortait plus. Ses jambes étaient comme scellées sur les pavés. Ces pavés qui avaient fini de tout lui prendre.


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