[Background] Syren Amarya

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

[Background] Syren Amarya

Message par Syren » 21 oct. 2021, 14:09

Image
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

------------------------
----------------------------Elle se nomme Syren Amarya.
------------------------------------.
----------------------------Mais les rares badauds l'ayant croisés aiment l'appeler, la voix tremblante d'admiration, la Muse.
---------------------------------------------.
----------------------------Aucun ne s'hasarderait à demander son âge, tant sa beauté semble intemporelle.
---------------------------------
----------------------------Sa peau, bien plus diaphane que les autres Veenas, inspire une grande fragilité et innocence,
-------------------.
----------------------------Alors que ses yeux d'un bleu délavé semblent scruter les moindres recoins de l'âme de son interlocuteur dans une grande douceur.
-----------.
----------------------------Une ennivrante odeur d’absolu de jasmin sambac sépale et d’essence de sauge sclarée semble l'entourer - évoquant mélancolie et érotisme.
----
----------------------------Certaines rumeurs affirment la voir quelques fois se balader parmi les pins vertigineux de Sombrelinceul, d'une démarche sensuelle et chimérique.
-------------.
----------------------------D'autres, quant à eux, crient à qui veut l'entendre qu'ils ont entendu sa voix cristalline et envoutante aux abords de la Rivière des Murmures.
------------------------.
----------------------------Ces récits inscrivirent sa légende, imprégnant le folklore de ces bois par le nom de la Dame des Murmures.
---------------------------------.
----------------------------Et bien que l'Histoire nous apprit à se méfier des récits magnifiés par l'Homme, tous semblent s'accorder sur la beauté ensorcelante de son chant.
------------------------



------------------------------------------------( Voix parlée ♪ )
-----------------------------Lunefreya, Kingsglaive, interprétée par Lena Headey.
-------------------------------( Voix chantée ⚝ )
---------------------------"Ocean Lullaby", par Colossal Trailer Music.
( Thème ≈ )-------------------
"Kindred, the Eternal Hunters", par League of Legends.
---------------
----------

-----
La fiche personnage◥ sera mise à jour en fonction des découvertes révélées dans ce background afin d'en apporter justification et rendre le tout cohérent.----
Dernière modification par Syren le 24 oct. 2021, 15:42, modifié 1 fois.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 21 oct. 2021, 14:09

Pour une plus grande facilité de lecture et afin d'initier plus facilement le rôle-play, différentes légendes ont été utilisées durant l'écriture de ce background.

_--: Musique d'ambiance conseillée pendant la lecture.
👁⃤ _: Évènement pouvant être connu d'un point de vue rôleplay. D'autres personnages-joueurs peuvent en en avoir été témoins ou acteurs.
_ : Évènement pouvant être connu d'un point de vue rôleplay. D'autres personnages-joueurs peuvent en avoir connaissance (ex: rumeurs, etc).
_ : Évènement inconnu d'un point de vue rôleplay.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 21 oct. 2021, 14:10

PROLOGUE —
Image


___Une nuit d’encre enveloppait la forêt de son épais châle. La lune, pourtant habituellement fièrement visible sur ces monts escarpés, avait déjà abandonné le combat. Les quelques braves rayons qui osaient malencontreusement s’hasarder entre les branches se mourraient avant même d’en atteindre le sol. Seul le vent semblait profiter de ces ténèbres, dansant entre les arbres à en faire crier l’écorce, chantant leurs odes sinistres au travers des feuillages. Une légère brume l’accompagnait dans ses malices, serpentant entre les grands pins aux courbes altières pour recouvrir de son voile la rosée naissante. Au loin, quelques hululements de retardataires fuyant les lieux se faisaient encore parfois entendre — mais disparaissaient tout aussi subitement, happés par la forêt. Mais sinon, le silence. Oppressant, glaçant, austère.

___« Encore une. »

___Le murmure fébrile de l’homme se mourut aussitôt qu’il quitta ses lèvres. Seul le crépitement de sa torche daigna lui répondre. Tout autour de lui, cette même obscurité silencieuse qui semblait être figée dans le temps — et pourtant, au creux de ses oreilles, son coeur battait la chamade dans un capharnaüm assourdissant. Il prit une longue respiration, tentant de se redonner une contenance. D’une main incertaine, il passa sa torche lentement devant lui, laissant les ombres chancelantes dansées sur le visage inerte de la jeune Veena. Son corps frêle était niché entre deux épaisses racines sinueuses, enveloppé d’une mousse noirâtre comme linceul de fortune. Les gouttes de sang qui perlaient de son sein partiellement arraché tombaient sur les feuilles tel un métronome. Tic. Tic. Tic. Tic. L’homme détourna son regard, le souffle court.

___« Jiyrn... »

___Un Viéra plus âgé le dépassa à pas hâtifs avant de se figer devant le corps sans vie. Il l’observa quelques instants, silencieux, rigide.
___Elle était jeune. Très jeune. Des filets de sang encore chaud se glissaient dans les plis des haillons de la robe, avant de se mourir dans la brume à même le sol. Son visage endormi était apposé contre le tronc, la bouche légèrement entrouverte, les oreilles affaissées. Quelques hématomes contrastaient à sa peau perlée au niveau de son cou et de ses poignets, signes d’une lutte brave — mais vaine. La scène semblait presque surréaliste, comme peinte de la main démente d’un artiste des Anciens Temps. L’innocence bafouée par le vice, la pureté souillée par le sang. Et pourtant, la même triste conclusion: un simple cadavre.
L’ancien détourna lui aussi le regard un bref instant. Malgré une centaine d’années à contempler silencieusement les atrocités de ce monde, le meurtre barbare d’un enfant restait toujours aussi insupportable.

___« Aucune trace de son cœur. »

___La voix fébrile de son comparse le ramena brusquement à la réalité. Il ne prit néanmoins pas la peine de regarder à nouveau la victime pour attester les dires. Il le savait déjà. Toujours la même façon de procéder. Toujours les mêmes cibles. Toujours la même cruauté. Cette enfant n’était pas la première et, il en était certain, tout aussi loin d’être la dernière. Et pourtant… Elle en demeurait d’autant plus problématique.

___« Qu’allons-nous leur dire ? »

___L’ancien poussa un léger grognement. L’inquiétude du jeune Veena en devenait palpable, et son débit de paroles en était la preuve. Ses murmures, aussi hésitant soient-ils, semblaient assourdissant dans cette forêt maudite. Il avait besoin de se concentrer. De silence. Et de réponses.
___D’un bref regard, il toisa l’obscurité autour d’eux comme pour la défier. Il sentait à travers ses vieux os les griffes de la nuit se refermer. Quelque chose de malsain résidait dans ces lieux.
Quelque chose de profane.

___« Tenons-en nous au discours officiel. » Finit-il par murmurer, de sa voix rauque.

___Il se détourna du cadavre avant de porter un mouchoir à son nez. L’odeur de la mort, emportée par les caresses de la brume, devenait étouffante. D’un pas fragile mais sûr, il entreprit de faire marche arrière, sous le regard abasourdi de son comparse.

___« Mais la tribu…
___La tribu croira ce que je lui dirai de croire. »

___Il se retourna et défia son apprenti du regard. Ses yeux, bien que ridés, étaient encore aussi perçants que la lame d’un jeune écuyer. Il ne fallut qu’un bref instant pour que le jeune traqueur abdique, abaissant la tête en signe de soumission. Des frissons lui parcoururent l'échine — l’ancien l’apeurait tout autant que cette forêt.

___Alors qu’il s’apprêtait à lui emboîter le pas, résilié, un hurlement strident retentit au loin. Un cri si puissant que son écho semblait résonner à travers toute la forêt pour se briser à leurs tympans et leur en fragmenter l’âme. Les deux Viéras se figèrent, le sang glacé, les oreilles dressées. La douleur dans cette voix était si palpable qu’elle s'immisçait en eux à leur en tordre les boyaux. Puis, le silence.
___Ils se regardèrent alors, mortifiés. Le disciple cherchait désespérément dans le regard de l’ancien une once d’assurance, mais son bouclier était brisé. Ses pupilles s’agitaient, comme une caisse de résonnance à un cri martelant encore son esprit. Il regarda tout autour de lui avant de poser son attention sur le cadavre de la Veena. Elle semblait lui sourire.
La Forêt venait de donner vie.
Dernière modification par Syren le 21 oct. 2021, 16:16, modifié 2 fois.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 21 oct. 2021, 14:41




_______Lamb, tell me a story.
_______Agneau, raconte-moi une histoire.
There was once a pale man with dark hair who was very lonely._________
Il existait autrefois un homme pâle avec de longs cheveux cendrés qui se sentait très seul._________


_______Why was it lonely?
_______Pourquoi était-il seul ?
All things must meet this man, so they shunned him.___________
Tous doivent le rencontrer, c'est pourquoi ils le fuyaient.___________


____________Did he chase them all?
____________Les a-t-il tous pourchassés ?
He took an axe and split himself in two.____
Il prit une hache et se fendit en deux.____

____So he would always have a friend?
____Pour toujours avoir un ami ?


---------------__
----------____
-----______
Image______



Texte tiré du jeu League of Legends©◥ de Riot Games.----
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 21 oct. 2021, 14:59

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE —
— I.I —
( Une page de l'histoire est déchirée, et perdue au gré du vent. )
Le récit sera conté plus tard, au cours des role-plays.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 21 oct. 2021, 15:52

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE —
— I.II —
Image


ndlr — Le sexe des Viéras étant impossible à déterminer à leur plus jeune âge, le pronom « Iel » sera utilisé au cours de cette période. Néamoins, pour de la cohésion avec le reste du récit, les adjectifs et attributs concernant Soren/Syren seront accordés au féminin.
source — «[Viera] gender is determined at birth, but both Female and Male look the same so there is no way to distinguish between them. During puberty, the changes to the bodies become more apparent and only then you’re able to clearly tell their sex. After coming of age (around 20 years old), aging becomes extremely slow and they get older while keeping their young appearance. »

.
___Des plantes bien étranges...
___La jeune Viéra observait cette rampante d’un œil intrigué. Le végétal ondulait le long de l’arbre tel un serpent autour de sa proie, plantant ses épines acérées en sa chair. La sève qui s'écoulait des blessures perlait comme le sang d’un condamné. Avec une lenteur sadique, la plante resserrait son étreinte contre l'écorce, l'obligeant à céder sous la force exercée dans un maigre craquement. L’enfant était fascinée par ce spectacle qui s'offrait à iel. Sous son regard innocent se dessinait son premier souvenir de la mort — une image qui, iel ne le savait pas encore, n’allait jamais quitter son esprit.

___Iel approcha sa main maladroite et hésitante de la spirée. Du bout de ses doigts, iel entreprit de caresser lentement la tige, intriguée par ce prédateur naturel. Quel spectacle fascinant ! La nature était finalement aussi belle que effrayante. En nous condamnant à vivre, elle semblait nous laisser que deux précieuses ressources: la mort pour finir les maux qui nous déchirent, et la mélancolie pour nous faire supporter la vie dans tous les maux qui nous flétrissent. Et l’Homme, dans sa fébrilité, ne pouvait qu’espérer la comprendre en lui résistant.
___Iel sortit de ses pensées en sentant son doigt se heurter à un obstacle. Une jeune épine solitaire se dressait fièrement là, pointant vers le royaume des dieux dans toute son arrogance. L’enfant fronça les sourcils avant d’avancer son visage pour la regarder de plus près. Devant ses grands yeux bleutés teintés d’innocence se dressait donc une des coupables. C’était elle et ses consœurs qui avaient tué son arbre préféré. Mais iel ne ressentait aucune animosité, ni une seule once de colère. Non, bien au contraire. Iel était fascinée. Iel continua de glisser son doigt le long de l’épine avant de l’arrêter sur la pointe. La douleur se fit immédiatement ressentir, mais l’enfant ne réagit point. Son regard continuait de fixer la scène, détaché. Sans même s’en rendre compte, iel se mit à exercer une légère pression jusqu’à ce qu’une fine goutte écarlate apparaisse. La perle de sang glissa alors le long de sa peau de porcelaine avant de se mourir dans les hautes-herbes. Un léger craquement derrière iel la sortit de sa transe.

___Deux jeunes Veena étaient en train de l’espionner, cachés vulgairement derrière un arbrisseau. La peur se lisait dans leurs regards. A peine eut-elle le temps de les remarquer que les deux enfants s’enfuirent d’un pas hâtif, ne laissant comme seul souvenir de leur passage des gloussements étouffés. Iel regarda les deux crinières ébènes disparaître dans le champ de blé, alors qu’un sentiment de solitude l’envahissait. Cette amie d’enfance qui, aussi loin qu’elle se souvienne, n’avait tristement jamais quitté ses côtés.

___« Enfant. »

___La silhouette de sa mère se dessinait dans le contre-jour. Le soleil, si ardent en cette journée d’été, lui donnait l’apparence d’un mirage aux courbes effacées. L’enfant baissa la tête pour cacher une légère moue en se relevant. D’un mouvement discret, iel tenta vainement de s’essuyer ses genoux couverts de poussière et de remettre en place sa petite robe en lin. Sa mère détestait qu’iel ne soit pas présentable — presque autant qu’elle détestait qu’iel s’aventure dehors. Toujours le regard tourné vers le sol, iel se fit très vite enveloppée par l’ombre qui se dressait devant iel en silence. La jeune Veena sentait la pression de son regard, alors que ses mains serraient instinctivement le tissu de sa robe pour se donner contenance.

___« Enfant. » Répéta-t-elle d’une voix douce, mais ferme.

___L’enfant redressa la tête pour la regarder dans les yeux. La femme qui se trouvait devant elle ne lui ressemblait en rien. Ses longs cheveux auburn étaient attachés dans un chignon formel et discrètement orné, dégageant un visage à la beauté fade. Aucune marque ostentatoire n’était apparente, si ce n’est la splendeur de ses yeux émeraudes. Ses mains étaient pieusement liées entre elles devant sa longue tunique ecclésiastique. Les années étaient légèrement visibles sur sa peau halée, mais sa vie de dévotion l’avait préservé des plus gros ravages du temps.

___« Qu'est-ce donc, Soren? »

___Sa mère se saisit de son poignet d’une main ferme. Sa peau glaciale, malgré cette journée étouffante, fit frissonner la jeune Viéra. Elle regarda le doigt de son enfant encore ensanglanté, silencieuse, avant de le plonger dans le sien.

___« Rien, Mère. Murmura-t-elle d’une voix tremblante.
___Rien, dis-tu? »

___Soren sentit les doigts de sa mère se resserrer autour de son poignet tel un étau. Iel grimaça de douleur tout en baissant la tête.

___« Viens prier. » Siffla la Viéra en tirant son enfant derrière elle.

___Iel se laissa emporter en jetant un dernier regard à l’arbre asphyxié. Les épines de la spirée brillaient légèrement sous le zénith, narguant de ses lames les prochaines victimes à sa portée. Le mancenillier lui rendit son dernier souffle. Sa dernière feuille se décrocha, virevoltant quelques instants dans le regard de Soren, avant de rejoindre la terre. Un léger frisson parcourut son échine alors que son cœur se mit étrangement à accélérer. Devant ses yeux innocents, la nature se dévoilait entièrement, muraillant l’être entre deux constantes immuables: la vie écourtée, encerclant la mort à l'infini.

___La douleur des cailloux sous ses pieds nus la ramena brutalement à la réalité. Elles venaient d’atteindre le Valgrind. Ce chemin de fortune, traversant la contrée d’ouest en est, était utilisé depuis des siècles comme route de pèlerinage par les Élus. Elle reliait le village forestier d'Álfheim et ses côtes maritimes à l’autel de Læraðr, à la lisière de Myrkviðr. Enfin, c’était le discours officiel de toutes les autorités religieuses de la contrée. La vérité était que la route continuait plus loin, beaucoup plus loin, au-delà de la forêt et de tous ses dangers. Communément appelée Dauðr, son nom était presque exclusivement mentionné par des murmures pour alimenter le folklore local. Terre de naissance de toutes les créatures de contes pour enfant, peu d’informations véritables circulaient à son sujet. Le simple fait de prononcer son nom était connu pour attirer le mauvais œil — et bien peu de croyants étaient prêts à s’y risquer. Soren entendit parler du Dauðr une seule fois dans sa courte existence. Iel s’en souvenait très bien. Sa mère, exaspérée par son manque de rigueur dans sa dévotion, lui conta l’histoire de la Bête: une créature abominable aux crocs acérés qui descendait des montagnes séparant le Dauðr d'Álfheim pendant la nuit pour venir dévorer les enfants qui ne priaient pas avec ferveur. Bien que ce conte lui fut raconté plusieurs fois par la suite, plus jamais elle n’entendit ce nom.

___La seule mention du Dauðr qui avait été laissée visible par les autorités religieuses se trouvait dans le temple principal d'Álfheim. Taillée à même la roche, les fidèles pouvaient lire les textes fondateurs de la contrée, dont la légende du Valgrind. Il était raconté que l'Esprit de la Forêt, le Seul et l'Unique, avait construit ce chemin pour les plus pieux et parfaits de ses enfants afin de les mener à la terre promise et les sauver du Dauðr. Ces nouveau-nés, encore immaculés, devaient être préservés des autres enfants déjà souillés par le vice des faux-Douze. Après des jours de marche et guidés par la foi, ces Élus aux oreilles pointues et au cœur lourd arrivèrent à cette forêt qui devint, au fur des siècles, le berceau d’une toute nouvelle civilisation.
Álfheim était le nouveau berceau de cette humanité. Valgrind était le chemin sacré qui y amenait. Et Dauðr était le reste.

___« Nous y sommes presques.»

___La voix de sa mère, bien qu’encore monotone, semblait plus fébrile. Soren réalisa alors que la main qui la tenait auparavant fermement était maintenant moite et incertaine. Myrkviðr. La partie maudite et lugubre de la forêt d'Álfheim, qui eut le droit avec les âges à son propre nom comme pour s'en dissocier. Elle avait toujours eu cet effet particulier sur sa mère, aussi loin qu’elle s’en souvienne. Passage obligatoire pour atteindre l’autel de Læraðr, elle était aussi tristement connue pour les nombreuses morts dont elle fut témoin — ou coupable. Durant le dernier siècle, plusieurs jeunes filles avaient été retrouvées sans vie en son sein. Ces enfants étaient nées des Impurs disait-on, des impis s’étant glissés dans le rang des Élus pour semer la graine du doute et de la profanation. Poussées par le vice coulant dans leurs veines, leurs progénitures tentaient de rejoindre le Dauðr par le massif montagneux faisant office de seule barrière naturelle, afin d'apporter misère et malédiction sur Álfheim et son peuple. Mais Myrkviðr, bénie par la grâce de l'Esprit de la Forêt, les en empêchait en les perdant dans un labyrinthe sans fin. Du moins, c’est ce que l’histoire disait. Les plus sceptiques accusaient la Bête. D’autres, une démence collective. Mais la seule vérité demeurait des jeunes filles mortes, et des parents exécutés. De quoi alimenter encore plus la légende et la crainte du Dauðr.

___Enfin, le chêne blanc apparut devant elles. L’autel de Læraðr, lieu sacré des Élus. Cet immense arbre millénaire se dressait fièrement au milieu d’une toute petite plaine cachée dans la forêt, à l’abris des regards. Le Valgrind menait jusqu’à son pied, avant de se scinder en deux pour en faire le tour dans un cercle parfait. Tout autour du chêne, de nombreux symboles de protection Viéra étaient formés à l’aide de silex charbonneux — ces mêmes pierres qui constituaient le chemin sacré menant jusqu’ici. Le Læraðr était d’une taille considérable, perçant avec une facilité déconcertante le plafond de la forêt pour en forcer un puit de lumière. Doté de feuilles pourpre à cinq lancéolés, il était avant tout reconnaissable par son tronc d’un blanc immaculé. La caresse des astres le faisait luire en tout temps comme un marbre des plus précieux, accentuant ses courbes pour le rendre d’autant plus imposant. Ses racines, profondément ancrées dans le sol depuis des millénaires, enlaçaient de part et d’autre le Valgrind sans jamais le détruire. Sa magnificence était telle qu’il était dit qu’il pouvait convertir le plus hésitant des païens en un regard.

___« Prie. »

___Soren baissa son regard le long du Læraðr pour retrouver sa mère à son pied, assise en tailleur et mains liées.

___« Prie. » Siffla-t-elle à nouveau entre ses dents, trahissant une certaine impatience.

___L’enfant rejoignit ses côtés en pliant à son tour genoux au sol. Alors qu’iel allait fermer les yeux, quelque chose attira son regard au pied du grand chêne. Une jeune spirée, d’à peine quelques centimètres, avait déjà commencé son inexorable ascension le long de l’écorce bénie.
___Iel regarda du coin de l’œil sa mère qui, déjà en transe, récitait des psaumes inaudibles. Soren reporta alors son regard brièvement sur la rampante, avant de joindre ses mains entre elles et fermer les yeux à son tour. Le sourire aux lèvres.
__________
__________
__________
Image« Álfheim, encerclé par Dauðr. Gloire à Elle ! »
_____Notes partiellement effacées au dos de la toile.
__________Peintre inconnu, date inconnue.

Œuvre exposée à Dalmasca, avant l'invasion Garlemaldaise. Les historiens ont été incapables de définir la provenance de cette toile, ni même sa signification. Elle fut longtemps considérée comme de l'art abstrait, inspirée à la fois par les contes et légendes d'Othard, mais aussi par la topologie singulière de la ceinture rocheuse dans les contrées nordiques de Dalmasca.
Dernière modification par Syren le 24 oct. 2021, 01:19, modifié 1 fois.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 24 oct. 2021, 00:28




I wonder how they see me._________
Je me demande comment ils me voient._________


_______Ashes on wool.
_______Telle des cendres sur de la laine.


____________What sound do they make?
____________Et quel son font-ils ?



---------------__
----------____
-----______
Image______



Texte tiré du jeu League of Legends©◥ de Riot Games.----
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [BG Veena] Syren Amarya

Message par Syren » 24 oct. 2021, 01:17

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE —
— I.III —
Image


Image
Poème de Jean-Napoléon Vernier◥, Les fables, pensées et poésies (1865).----

.
___« ...sur de la neige... »

___Soren se réveilla en sueur, le souffle court. Son cœur battait la chamade si fort qu’il semblait en faire trembler son corps frêle. Paniquée, elle se redressa partiellement pour chercher du regard quelqu’un, ou quelque chose. Mais elle était seule, perdue dans un horizon de mer laiteuse. Elle posa les mains sur son visage pour reprendre son souffle et ses esprits. Juste un mauvais rêve.

___Ses yeux finirent par s’habituer à la lumière aveuglante. L’hiver était enfin arrivé dans la contrée, habillant les côtes de Njól de sa plus belle robe blanche. Njól… Que faisait-elle ici? Elle remarqua alors que, à quelques centimètres seulement de ses pieds nus, la falaise ouvrait goulument sa bouche pour l’avaler. En contre-bas, la Mer Vierge s’écrasait contre les rochers avec une rare violence. Elle poussa un léger cri de surprise avant de tirer son corps plus loin à l’aide de ses mains fébriles. La jeune Veena, enfin hors de danger, s’écroula dans la neige.

___Que faisait-elle ici? Et depuis combien de temps?
___Ces questions ne cessèrent de marteler son esprit alors que les flocons s’écrasaient doucement sur son visage. La Viéra ouvrit les yeux et admira la mer de nuages moutonneux passer devant elle. Après un bref instant, elle poussa un soupire et se redressa à nouveau, tirant ses genoux contre sa poitrine avant de les enlacer de ses bras. La chaleur de la peur commençait à se dissiper. Elle cacha le bout de son menton entre ses jambes, ne laissant que ses grands yeux gris balayés l’horizon et ses longues oreilles narguées les cieux.

___Le Njól formait la frontière naturelle à l’ouest et au sud du village d’Álfheim. Ces côtes maritimes, bien que extrêmement escarpées, étaient très prisées par les Élus — chose très surprenante pour un peuple de la forêt. Les hommes tentaient depuis des années à les dompter pour la pêche et le minage. Plusieurs escaliers avaient été construit durant les siècles pour relier la mer à la terre, osant braver la centaine de mètres de l’éperon rocheux. Un port de fortune avait été construit en contrebas, pouvant accueillir un peu moins d’une dizaine de barques. Seuls les plus téméraires osaient arpenter les eaux à la recherche de vivres pour le village — la plupart préférant la sécurité de la forêt ou de la chasse, là où leurs compétences s'exaltaient. Ces mâles, souvent considérés comme peu fréquentables, alimentaient le folklore local de leurs contes et légendes rencontrés en mer. Peu de personnes osaient les croire, mais leurs regards depuis longtemps éteint en faisaient douter certains. Les femelles, quant à elles, se rendaient uniquement ici pour la Mer Vierge. Cette mer, habituellement calme, était principalement connue pour son apparence laiteuse. Bien qu’il fut prouvé depuis maintenant plusieurs années que cela était le fruit de cristaux étranges recouvrant l'ensemble des côtes, les fidèles continuaient de vénérer ces eaux comme mentionné dans les textes anciens. Il était dit que les Élus comprirent qu’ils étaient arrivés en terre promise lorsqu’ils posèrent leurs yeux pour la première fois sur la Mer Vierge. L'Esprit de la Forêt serait alors sortie de la mer pour les accueillir et les bénir de ses prières, avant de disparaître en son sein pour toujours veiller sur eux. Depuis, plusieurs rumeurs de pèlerins et marins affirmant l’avoir vue danser dans ces eaux s’étaient ajoutées à la légende, transformant le folklore en texte fondateur.
Dogme assez aliénant et ancré dans leur foi pour transformer ce peuple de la forêt en dompteurs de marée.

___« Foutaises... » Soupira Soren, repensant à cette histoire.

___La jeune Veena, maintenant adolescente, se leva enfin. Le froid avait eut raison d’elle. Elle perdit son regard une nouvelle fois dans la mer en croisant les bras pour se réchauffer. Les vagues blanchâtres dansaient entre elles avant de s’écraser en silence contre la côte charbonneuse, offrant un spectacle monochromatique époustouflant. Depuis toute petite, Soren aimait venir lire et se reposer aux abords du Njól. Bien que plus à l'aise à travers les arbres comme le reste de son peuple, le son de la mer avait quelque chose de reposant. Il parvenait à couvrir le bruit assourdissant des prières et des traditions.

___Elle remit en places quelques mèches rebelles virevoltant sur son visage, avant de se retourner. Beaucoup de questions restaient en suspens, mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps en ces lieux. La peur de sa mère était plus forte que sa soif de réponses, spécialement aujourd’hui. C’était l'Aurorea. Journée célébrant l’arrivée des premiers Élus en ces terres et, par conséquent, de la création des textes fondateurs. Parmi l’ensemble des fêtes religieuses, celle-ci était sans aucun doute la plus sacrée et symbolique. Elle signifiait la naissance de leur peuple et de leur civilisation, et, par conséquent, de la volonté de l'Esprit de la Forêt. À cette occasion, la vie à Álfheim se figeait dans le temps: chaque personne quittait sa place prédéfinie dans la société pour se vouer corps et âme à la prière, de l’aurore au crépuscule. Au zénith, une grande marche cathartique était organisée en partance du village. Les fidèles devaient se rendre tout d’abord jusqu’au Njól, où se trouvait présentement Soren, pour prendre un bain dans la Mer Vierge afin que l'Esprit de la Forêt, dans sa grande bonté, les lave de leurs péchés et pensées profanes. C’était aussi à ce moment précis que les nouveau-nés étaient baptisés par la Matriarche, en faisant un jour particulièrement attendus par les parents. Fraîchement purifiés, les fidèles pouvaient alors prendre la route du Valgrind pour se rendre à l’autel de Læraðr, lieu où se déroulait la cérémonie principale de l'Aurorea.

___Sa mère, en tant que Matriarche, officiait l’ensemble des cérémonies. La présence de Soren était donc indispensable. Non pas uniquement car cela était son devoir en tant que fille et future Mère des Élus, non. Mais car tout cela était organisé pour elle. Elle, l’Élue parmi les Élus. Elle, la descendante directe de l'Esprit de la Forêt.

Elle, l’objet de culte de tout un peuple.

__________
__________
__________
Image
« Depuis le Fléau, une grande instabilité existe au travers des éléments. Des sources d'éther surchargées jaillissent du sol et se manifestent en cristaux corrompus. Ces cristaux, en retour, attirent les créatures les plus désagréables, les plus courantes de toutes étant les sprites élémentaires qui, en absorbant les cristaux, se corrompent eux-mêmes. (...) Alors que l'éther est bénin et un élément constitutif de la vie, l'éther corrompu agit comme un cancer convertissant et pervertissant sa nature même et tout ce qui l'entoure. »
Professeur Lamberteint, "La Métastase Élémentaire".


__________Peintre inconnu, date inconnue.
Œuvre exposée à Dalmasca, avant l'invasion Garlemaldaise. Les historiens ont été incapables de définir la provenance de cette toile, ni même sa signification. Récemment, des rapports garlemaldais ayant fuité parlent d'une côte maritime à une centaine de kilomètres du Ranch de Sakay où la concentration d'éther corrompu serait telle que la mer à ses abords en aurait été altérée. Plusieurs artistes d'Othard pensent que cette ancienne toile peut faire référence à ce lieu oublié du reste du monde.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Avatar de l’utilisateur
Syren
Messages : 10
Inscription : 19 oct. 2021, 16:57

Re: [Background] Syren Amarya

Message par Syren » 22 nov. 2021, 16:07

CHAPITRE I : L'ODE À LA MÈRE —
— I.IV —
Image


.
___Les nombreuses bougies qui recouvraient la plaine de l’autel du Læraðr faisaient danser des ombres effrayantes dans la forêt. L’odeur puissante de cire chaude se mélangeait à celle de l’encens, rendant l’air difficilement respirable. Les thuriféraire, posés à même le sol, dégageaient une fumée épaisse de manière continue. Elle serpentait à la surface de la neige dans une lenteur chimérique, avant d’embrasser l’écorce de l’arbre millénaire et de se mourir dans la nuit d’encre. Dans le ciel, la lune et les étoiles s’étaient cachées, laissant place à un plafond de nuages qui semblaient figés dans le temps. Des dizaines de personnes tournées vers le grand chêne blanc demeuraient immobiles. Emmitouflées sous d’épaisses coules en laine pourpre, ces silhouettes se perdaient à l’horizon dans un silence mortuaire. Seul le crépitement des flammes se faisait entendre.

___Au pied de l’arbre sacré, Soren attendait patiemment. Elle jeta un regard discret au Læraðr par dessus son épaule. Il semblait à l’agonie. Une épaisse rampante s’était emprise de lui. Enroulée tout du long de son tronc, elle l’étouffait petit à petit dans une lenteur sadique. Son écorce, auparavant si blanche, s’était grisée et fissurée sous la pression de la spirée. Une épaisse sève écarlate perlait de ses blessures, gouttant tel un métronome dans la neige souillée. Il était trop tard. Les épines étaient déjà profondément ancrées dans sa chair.

___Une cloche se mit à tinter. La jeune Veena porta à nouveau son regard sur la foule devant elle, silencieuse. Une personne se tenait là, au milieu du Valgrind. Elle reconnue immédiatement sa mère par la coule qu’elle vêtissait, bien différente des autres. D’un blanc écrémé, elle possédait une longue cape où étaient brodés plusieurs symboles vieras dans un noble pourpre. Les mêmes symboles qui se trouvaient tout autour de l’autel de Læraðr. Dans sa main droite, un thuriféraire en fer forgé crachait une épaisse fumée blanchâtre qui stagnait dans les airs dans son sillage. Dans sa main gauche, une fine clochette était fièrement tenue à bout de doigts. Elle la fit tinter une seconde fois avant de la tendre à une autre personne à ses côtés. Les flammes dansantes des bougies lui éclairaient le visage de façon sinistre.

___La Matriarche brava la distance les séparant, quittant le Valgrind pour enfoncer ses pieds nus dans la neige fraîche. Enfin à portée, elles se fixèrent longuement dans les yeux sans un bruit. Aucune expression ne transparaissait sur leurs visages, si ce n’est une profonde indifférence. Le même sang avait beau couler dans leurs veines, elles n’en restaient pas moins que deux inconnues.

___« Incline-toi. » Siffla sa mère entre ses dents, de manière à ce qu’elle seule entende.

___Soren n’en fit rien. Stoïque, elle continuait de défier son autorité en plongeant ses grands yeux grisâtres dans les siens. Le visage de la Matriarche se referma, alors que ses rides prirent forme pour trahir une colère naissante. Elle se pinça les lèvres, avant de réitérer sa demande d’un ton glacial, à peine audible.

___« Incline-toi. »

___Après quelques instants, la jeune Veena s’exécuta sans quitter sa mère du regard. Elle s’agenouilla devant elle, enveloppée dans la fumée dense du thuriféraire. Elle sentit alors cette main ferme et glaciale se poser sur le sommet de son crâne, entre ses deux longues oreilles. Les ongles de la Matriache se plantèrent lentement dans sa peau. Soren serra les dents mais ne trahit aucune émotion, continuant de la fixer. Alors qu’elle la força à baisser sa tête, la jeune femme eut le temps d'entre apercevoir un sourire sadique sur ses lèvres. Elle prit une profonde inspiration pour se donner de la force, les yeux fixés sur un point invisible dans la neige devant elle. La fumée s’insinuait dans ses bronches tel un poison. L’air devenait rare, ses pensées confuses.

___Elle surprit une larme glisser sur sa joue, avant de fermer les yeux. Des psaumes commençaient à être chantées au loin. Ou était-ce à côté d’elle ? Elle n’avait plus aucun repère. Le monde semblait s’écrouler sous ses genoux fébriles, emportant avec lui l’ensemble de ses sens. Sa respiration devint haletante alors que son cœur tambourinait dans sa poitrine. Autour d’elle, un noir absolu.
Soren sentit la pointe d’une lame se poser au milieu de son front. Lentement, elle glissa le long de son visage, embrassant les courbes de son nez aquilin avant de se poser sur ses lèvres. Elle lui offrit son dû, un simple baiser, afin qu’elle puisse continuer son chemin. La lame caressa le bout de son menton avant de se perdre vers sa carotide. La froideur de lame sur son cou la fit trembler de tout son être. Son esprit s'assombrissait. Elle perdit connaissance.

___« Mère Nature, nous t'implorons ! »

___La jeune Veena ouvrit à nouveau les yeux. Seulement quelques secondes s’étaient écoulées et pourtant, cela lui paraissait une éternité. Autour d’elle, des ombres semblaient la fixer. Tout était flou, comme si les ténèbres avaient inhibés sa propre réalité. Plus rien n’avait de sens.

___« Mère Nature, nous t'implorons ! »

___Une main s’empara de la sienne pour l’aider à se relever. Ses jambes flageolantes n’arrivaient plus à supporter son propre poids. Toute sa force, ses pensées et ses convictions semblaient l’avoir quittées. En se redressant, elle sentit le tissu de sa robe glisser le long de son corps. Ses bretelles avaient été coupées pour la mettre à nue. Mentalement, et physiquement.

___« Mère Nature, nous t'implorons ! »

___Les ombres continuaient à scander cette phrase dans un capharnaüm abrutissant. La psaume martelait son esprit déjà si embrumé pour s’y inscrire au fer rouge. Elle sentit différentes mains s’emparer de ses poignets et de sa taille pour la maintenir debout, telle un pantin de chair. Elle voulait hurler, mais son corps ne lui appartenait plus. Elle allait à nouveau perdre connaissance quand une main s’empara fermement de son menton. Elle entrouvrit les yeux et crut reconnaître les yeux émeraudes de sa mère. Derrière elle, les ombres avaient maintenant des visages déformés. Leurs bouches étaient ouvertes de façon inhumaine, se dévoilant comme des trous abyssaux dépourvus de langues et de dents. Leurs yeux, entièrement noir de jais, semblaient exorbités. Elle tenta d’hurler à nouveau de peur, mais ses propres lèvres semblaient ficelées entre elles.

___« Mère Nature, nous t'implorons ! »

___À la lisière de la forêt, deux silhouettes attirèrent son regard. C’était Eux. Elle le savait. Elle le sentait au plus profond de son être. Ils restaient immobiles, comme ancrés dans une autre réalité. Était-elle en train de perdre la raison ? Son champ de vision fut à nouveau entravé par le visage de sa mère. Elle sentit ses deux mains se poser sur ses tempes pour la contraindre à la regarder.

___« Mère Nature pleine de grâce, les Dieux sont avec toi, cœur béni parmi les femmes. Sainte Nature, Mère des Dieux, prie pour nous pécheurs, maintenant et jusqu'à notre mort: Amen. » Scanda-t-elle au visage de sa propre fille, ses yeux plongés dans les siens.

___Soren sentit toutes les mains qui tenaient son corps se retirer afin de la relâcher. Elle s’écroula dans la neige, entièrement nue, comme une vulgaire poupée de chiffon. Depuis combien de temps étaient-ils là ? Encore abasourdie, elle tira ses jambes difficilement contre elle pour s’emmitoufler. Elle était glacée. Son corps, parsemé de spasmes, semblait prêt à se disloquer. Autour d’elle, le silence était revenu.
___Elle entrouvrit difficilement les yeux, le regard encore voilé. À travers les mèches collées à son visage par la sueur, elle aperçut l’ensemble des fidèles inclinés vers elle, faces contre le sol. Sa mère, à quelques centimètres seulement, se tenait dans la même position de soumission. Le regard de la jeune fille se hasarda à la lisière de la forêt mais les deux silhouettes avaient maintenant disparus. Avaient-elles seulement existé?

___Elle sentit son esprit la quitter une nouvelle fois. Alors qu’un voile noir obscurcissait sa vue, elle eut tout juste le temps d’entre apercevoir sa mère crachant discrètement un caillot de sang à même la neige. Elle ferma enfin les yeux, le cœur plus léger.
--------------------------“Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie.”
------------------------------------------------------------------------------— Shakespeare

Répondre

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invités