[Background décousu] Les souvenirs du Clairvoyant

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[Background décousu] Les souvenirs du Clairvoyant

Message par Eternelle » 21 avr. 2017, 16:18



16 ans.
Tandis que le soleil mourrait à l’horizon, la lune annonça de ses premiers éclats une nuit particulièrement sombre. Dans un silence lugubre, les lumières s’éteignirent peu à peu dans les chaumières. Les rues s’endormirent, bercées par une pluie morne et fine.

Alors que Gridania reposait paisiblement, le grincement lourd des portes reliant le Quartier des Combattants à la vieille ville perturba la quiétude de l’endroit. Dans l’encadrement, cinq silhouettes se dessinèrent : trois soldats des Deux Vipères se tenaient de part et d’autre d’une jeune fille à l’allure raffinée, trônant au centre du convoi. Juste derrière, un mog maladroit tentait de protéger la demoiselle de l’averse en recouvrant son visage à l’aide d’une large feuille de figuier parasol.
Bien que sa démarche fût gracieuse et ses gestes empreints d’une légèreté excessivement délicate, le visage de l’adolescente arborait un air sévère. Elle gardait la tête haute et le regard rivé sur l’horizon, imperturbable. Ses yeux étaient d’un vert si intense qu’on aurait cru voir scintiller deux émeraudes.

L’escorte pénétra enfin dans le quartier, jalonnant la route vers une demeure majestueuse qui surplombait une côte fleurie. Quelques commères étaient accoudées aux fenêtres encore éclairées, oppressant la demoiselle de leur air faussement compatissant.
Arrivés devant l’entrée de la bâtisse, un des soldats prit instinctivement les devants et vint toquer à la porte. La jeune fille se figea sans ciller. Une interminable seconde passa avant qu’un domestique ne vienne leur ouvrir, brisant le silence macabre qui régnait jusqu’alors.

- Mademoiselle Serenity ! Lança ce dernier, dans un hoquet surpris. En-entrez, je vous en prie…

Le domestique ouvrit plus largement la porte, invitant l’escouade à entrer. Les gardes cédèrent humblement le passage à l’adolescente avant de s’engouffrer eux-mêmes à l’intérieur du manoir.
Au cœur du séjour était rassemblé une petite dizaine de personnes arborant, comme point commun, une mine déconfite et endeuillée. Les quelques bribes de conversation étaient prudemment murmurées, ne laissant entendre que des lamentations à peine perceptibles. Lorsque la dite Serenity pénétra dans la pièce, les chuchotis cessèrent et tous les regards se tournèrent vers elle. Certains s’inclinèrent tandis que d’autres se contentèrent de l’apitoyer par des expressions encore plus navrées. L’intéressée n’y prêta aucune attention et se contenta de rester muette, digne et solennelle.

- Mademoiselle, il a demandé à vous voir… dit un autre domestique en s’approchant.

La jeune fille hocha doucement la tête en guise d’approbation puis se tourna machinalement vers les soldats qui l’avaient escorté. D’un regard étonnement sage pour son jeune âge, elle les libéra de leur mission. Ces derniers saluèrent donc l’assemblée et firent volte-face, sortant dans un mutisme respectueux.
De son côté, la demoiselle congédia le domestique et se rendit seule jusqu’à la porte close d’un couloir désert. En quittant le séjour, elle avait toutefois adressé un coup d’œil furtif à une fillette qui sanglotait dans un coin. « Ne pleure pas, Neige, ne pleure pas… » disait une femme plus âgée en tentant vainement de consoler l’enfant. Serenity avait légèrement froncé les sourcils face à la scène, puis avait disparu dans le couloir.

La jeune fille toqua une fois avant d’entrer dans une chambre faiblement éclairée. L’endroit sentait l’encens et était décoré avec un charme typiquement sombrelinçois. Seules les quelques bougies luisaient et permettaient d’apercevoir le grand lit qui trônait au centre de la pièce. Là, allongé, reposait un vieil homme au teint blafard. Il semblait mourant.
L’adolescente resta immobile une seconde avant de s’approcher doucement du vieillard. Elle décrocha de sa ceinture quelques feuilles de dryade et les déposèrent sur le front du patriarche, à la manière d’une serviette humide qu’on utiliserait pour calmer une fièvre. S’asseyant sur le rebord du lit, celle-ci sourit enfin.

- Serenity… Tu es venue… Dit l’homme en souriant fébrilement, la voix tremblante.
- Oui, père, je suis venue.
- Tu dois m’écouter attentivement. Nous n’avons plus beaucoup de temps…

L’aîné releva difficilement la tête vers sa fille, la fixant avec gravité comme s’il s’apprêtait à lui faire une révélation.

- Les voix de la forêt m’ont accordé une dernière faveur. Ce soir je t’ai aperçu à travers le reflet d’un cristal… Tu reposais paisiblement.

Serenity posa une main sur son cœur en écoutant les propos abstraits de son père. Elle réfléchit un instant, préoccupée. Etait-ce une prémonition ou simplement l’interprétation délirante d’un vieil homme ? Il serait sans doute impossible de le savoir. Ce qui était certain, c’est qu’elle éprouvait un profond respect pour lui. Jamais elle n’oserait remettre en question le jugement de l’ancien. Elle ne répondit donc rien et se contenta de le laisser finir.

- Les gens douteront de toi, de ton don, de ton héritage… La volonté du Clairvoyant divise et oppose deux camps. N'en tiens pas rigueur aux sceptiques… La peur vient de l’ignorance, et nul ne saurait être puni d’avoir manqué de sagesse. Tu accompliras de grandes choses, Serenity, je le sais. Je le sens. Et dans un dernier bienfait tu t’éteindras, comme moi, déléguant ton rôle au digne héritier du Clairvoyant…

Le doyen toussa deux, trois fois. Il s’interrompit et se rallongea en détendant tout son corps. L’adolescente, elle, montra pour la première fois un signe de faiblesse. Une larme coula le long de sa joue alors qu’elle serra sa main dans celle du vieillard. Celui-ci lui accorda alors un faible sourire, calme et rassurant.

Puis un courant d’air vint éteindre les bougies. Il faisait noir. Il n’y avait plus rien. Pas l’ombre d’une âme, pas un soupire.

Talyon Aubely mourut cette nuit-là, laissant derrière lui une jeune druidesse au fardeau bien lourd à porter.

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Re: [Background décousu] Les souvenirs du Clairvoyant

Message par Eternelle » 23 avr. 2017, 17:25




25 ans.
« Ses yeux sont blancs. Habités par une âme qui n’est pas la sienne. »
Alors qu’une chaleur étouffante s’écrasait sur le Thanalan central, le reflet du soleil sur la terre séchée donnait aux Vestiges de Sil’dih un hâle cuivré. Le ravin dans lequel s’étalaient les ruines était un puit de lumière aride, déserté par les voyageurs les plus raisonnables.
Un peu à l’écart s’était établi un petit campement, composé de deux tentes, d’un feu éteint et de quelques caisses remplis de matériel d’archéologie. Les bruits de pioches claquants sur la roche, au cœur des débris, trahissaient sans mal l’endroit où se situaient les occupants de cette installation précaire. Apparaissant derrière une colonne, le premier était un homme à la peau mate et aux longs cheveux noirs, s’illustrant comme un habitant typique de la Petite Ala Mhigo. La seconde, suivant de près ce dernier, était une jeune femme à l’allure plus sombrelinçoise. Ses cheveux blonds étaient nattés et ses yeux brillaient d’un vert intense.

Alors que les deux archéologues s’investissaient de leur tâche, l’ombre de trois imposants chocobos les firent relever la tête. Au centre du convoi trônait Serenity, assise élégamment sur un volatile au plumage blanc immaculé, l’air impérial, escortée par deux soldats de l’ordre des Deux Vipères. La druidesse plongea son regard dans celui de la jeune femme, partageant ce qu’il semblait être un échange familier.

- Neige, cette lubie n’a que trop durée. Rentre avec moi à Gridania. Proclama-t-elle, impassible, sans même saluer quiconque.

Neige resta silencieuse un instant, l’air ahuri. Rencontrer sa sœur aînée en dehors des frontières de la Sylve relevait du miracle... ou d’une malédiction. Elle savait que si celle-ci s’était donné la peine de se déplacer en personne, il ne valait mieux pas la contrarier. Pourtant, elle osa…

- Je me suis déjà arrangée avec mère. J’ai obtenu les autorisations nécessaires afin de quitter la ville sans entailler ta «précieuse réputation».

Les mots fuitèrent, presque malgré elle. Neige aurait voulu se tenir la bouche un instant, se rendant visiblement compte de ce qu’elle venait de dire. Toutefois, elle tenta de faire bonne figure et fixa sa sœur, les sourcils froncés. L’un des soldats s’indigna et s’apprêtait à descendre de sa monture avant d’être découragé par un simple geste par Serenity. Cette dernière gardait un air solennel et répondit avec sagesse :

- Il te faut partir. Un grand danger te guette et très bientôt, ni la bienveillance de la Mère, ni moi-même ne pourront plus t’aider. Je connais la passion ardente qui habite ton cœur mais je te conjure de l’abandonner. Rentre avec moi.

- Et tout cela pour quoi ? Devenir élémentaliste ? Soldat peut-être ? Tout ceci est digne de toi. Ce n’est pas ce à quoi j’aspire. J’ai bien d’autres projets en tête…

Neige manifesta son mécontentement en tournant le dos à sa sœur. Elle reprit sa pioche et s’éloigna d’à peine quelques pas, faisant mine de reprendre le travail. Serenity, elle, regarda partir sa cadette d’un air résigné. User de la force aurait pu certainement s’avérer efficace mais elle renonça à cette idée. Le Clairvoyant posa une main sur son cœur, peiné, et ferma les yeux une seconde avant de les rouvrir directement vers l’autre archéologue.

- Elric Meltar, veillez bien sur elle je vous prie. Dit-elle, redevenant soudainement impassible, le ton ferme. Je sais qu’elle vous écoute…

L’homme resta pantois un instant, un peu gêné, avant d’acquiescer légèrement. Serenity hocha la tête d’un air approbateur et fit reculer son chocobo blanc d’une main agile. Elle s’éloigna donc, suivit de près par les deux soldats, adressant avec fatalité un dernier regard à sa sœur.


Dix soleils après l’intervention vaine de Serenity, on lui annonça que Neige avait eu un accident, la rendant aveugle.

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Re: [Background décousu] Les souvenirs du Clairvoyant

Message par Eternelle » 27 avr. 2017, 03:59




27 ans.
« Il est l’obstacle. Celui qui provoquera la fin. »
Les festivités n’avaient pas attendues le début de la cérémonie pour commencer. La foule s’entassait devant l’entrée du Sanctuaire des Douze, comme un océan euphorique et réjouissant. Unis dans un brouhaha de rires esclaffés, les gens chantaient et dansaient, les bras entremêlés, en attendant l’ouverture des portes. Des banderoles aux couleurs des Deux Vipères et du Maelstrom se mélangèrent, virevoltants au gré d’une brise estivale. Ni les nuages, ni même l’indignation des quelques traditionnalistes ne vinrent ternir le bonheur de cet évènement. Tout était parfait.

Camouflé derrière l’épais rideau d’une fenêtre, Joras Blake observait le rassemblement en contrebas, pensif. L’homme portait son plus bel uniforme, arborant fièrement le rouge de sa Grande Compagnie. Il était élégant et soigné, comme on le voyait peu d’ordinaire. Ses cheveux bruns revenaient en arrière, coiffés en brosse, lui donnant un air sage qui ne dupait personne.
Après un court instant, celui-ci se retourna, avisant d’un œil perplexe les deux femmes qui étaient assises derrière lui. La première, jeune, restait aussi statique qu’une pierre, le regard d’un blanc vide et inexpressif. La seconde, nettement plus âgée, tapait du pied dans un mélange d’impatience et d’agacement. Toutes deux étaient d’un blond lumineux et affichaient une ressemblance familière assez flagrante.

- Merci d’être venu, Elinn. Je sais que vous n’étiez pas très emballé… Dit Joras, brisant le silence pesant qui régnait jusqu’alors.
- Je fais cela pour ma fille, lieutenant Blake. N’y voyait aucune marque de sympathie. Rétorqua la femme plus âgée, d’un ton sec.
- Mère, s’il-vous-pl… Commença la plus jeune.
- Silence, Neige ! Ton père se retournerait dans sa tombe s’il voyait à quel spectacle grotesque nous assistons aujourd’hui.

Un nouveau silence s’installa, plus lourd que le précédent. Joras fronça les sourcils et sentit le haut de son crâne chauffer jusqu’à ce qu’on puisse y cuire un œuf. L’idée de balancer sa hache sur sa future belle-mère lui traversa l’esprit mais il y renonça aussitôt. Il se contenta de rester muet, s’efforçant d’écouter la vieille femme qui s’insurgeait.

- Depuis des siècles, les Aubely s’évertuent à respecter et transmettre les préceptes de la Sylve. Continua Elinn Aubely, toujours plus piquante. Notre vie entière est dédiée aux traditions les plus fondamentales, visant à développer pieusement notre belle cité. Voilà pourquoi nous avons toujours une place au sein du Grand Conseil des esprits ! Jamais aucun de nous n’avait osé se marier à un non-gridanien… Pour cela, votre présence ici est une insulte !

Elinn tapa le pied de sa canne contre le sol, d’un coup sec, théâtralisant son mécontentement. Elle fusilla le marié d’un regard noir, comme si elle s’apprêtait à le pousser par la fenêtre. Joras, lui, tentait très difficilement de rester calme, allant même jusqu’à essayer de convaincre la matriarche.

- C’est aussi le choix de votre fille ! Vous devriez vous réjouir de la voir heureuse.
- Ma fille s’est laissée duper par vos tentations perfides ! Serenity est vouée à faire régner la volonté des esprits, comme les druides de notre famille et tous les druides du Temple de la Sérénité ! Nous la destinions à de grandes choses mais vous l’avez détourné de la voie spirituelle qui lui était réservée, offrant à la place une vie de débauche digne des limséens !

Joras serra les poings, sentant la rage monter et prendre le contrôle. Il s’apprêta à crier un juron lorsqu’un cliquetis métallique l’interrompit. La porte de la pièce s’ouvrit alors, dessinant une silhouette enchanteresse dans l’encadrement.
Serenity pénétra dans la salle, vêtue de sa longue robe blanche. Le bord de sa traine était encore à l’extérieur alors qu’elle se trouvait déjà au centre du salon. C’était une mariée éblouissante, enveloppée d’une pureté quasi-céleste. Elle sourit légèrement, sage et lumineuse. Joras, de son côté, resta bouche bée un moment, comme s’il redécouvrait sa femme pour la première fois. Toute sa haine se volatilisa en une fraction de seconde, remplacée par une joie enivrante. Il contourna le sofa rapidement et s’approcha de la druidesse, joignant ses mains aux siennes, ému.

- Tu es magnifique, Sere…

Serenity sourit un peu plus largement, partageant l’émotion de son époux. Elle posa une main sur la joue de l’hyurgoth, tendrement, son regard émeraude plongé dans le sien.

- Il est l’heure, allons nous marier.

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Re: [Background décousu] Les souvenirs du Clairvoyant

Message par Eternelle » 07 juin 2017, 21:27




12 ans.
« A la croisée des chemins, une vie sera sauvée. »
- Lornel, attends-moi !
- Plus vite, Neige ! Voilà ce qui arrive quand on abuse des fèves de Mun-Tuy !

Emportés par une euphorie estivale, deux enfants jouaient à faire la course au cœur de la forêt. Le garçon, un élezen plutôt élancé, gardait une longueur d’avance sur la fillette qui semblait déjà essoufflée. Ils parcouraient la Sylve à vive allure, enjambant les racines comme s’il s’agissait d’un parcours d’obstacles. Leurs rires esclaffés se mêlèrent alors aux gazouillis d’oiseaux et aux craquements des branches qui rompaient sous leurs pieds.

Evitant de justesse la collision avec un marchand ambulant (qui manifesta son mécontentement par quelques réprimandes au poing levé), Neige fixait désespérément la nuque de l’élézen sans parvenir à le rattraper. Soudain, Lornel freina puis s’arrêta net, comme pétrifié. La fille, fonçant tête baissée, se cogna lourdement contre son dos et tomba sur les fesses. En se massant la nuque, celle-ci releva les yeux et aperçu, devant son adversaire, deux silhouettes familières.
La première était celle d’une jeune fille entrant tout juste dans l’adolescence et dont la longue chevelure cendrée tombait en cascade. Elle se tenait droite, l’air impérial et charismatique tandis que son regard, d’un vert scintillant, se portait sur les deux chenapans. L’aura qui émanait d’elle était empreinte d’une sagesse et d’une autorité étrangement précoces pour son âge.
Le deuxième, un hyurois à peine plus vieux qu’elle, restait en arrière et se contentait de fixer les enfants en silence.

- Neige, Lornel, rentrez au Temple sans tarder. Les leçons vont bientôt commencer. Dit l’aînée, la voix douce mais le ton ferme.

Le petit élézen, intimidé, s’inclina maladroitement. Il se hâta d’obéir et se dirigea rapidement vers la direction donnée sans accorder le moindre regard à sa complice. Neige, plus téméraire, fronça les sourcils d’un air boudeur. Elle ouvrit alors la bouche pour tenter de négocier mais en fut dissuadée par un simple regard désapprobateur de son aînée. Elle se remit donc debout, et traîna des pieds.

- Et toi, Serenity, tu ne viens pas ? Demanda timidement la cadette en voyant les élémentalistes rester statiques.
- Je dois d’abord m’entretenir avec frère Jomont. N’aies crainte, nous nous y retrouverons plus tard… Répondit l’aînée, en portant son attention vers son camarade plus âgé. Havelock, peux-tu s’il-te-plait les escorter jusqu’à Gridania ? Je ne voudrais pas que ces garnements s’égarent une nouvelle fois.

Ledit Havelock acquiesça d’un hochement de tête discret et incita la fillette à le suivre. Neige s’exécuta en silence, portant ponctuellement un regard derrière elle pour voir la silhouette de sa sœur disparaitre à l’horizon.


Serenity marcha un long moment dans la forêt. Ses promenades avaient de plus en plus des airs de pèlerinages. Elle gardait toujours un silence pieux et imperturbable, comme si elle méditait, tandis que le vent caressait ses joues délicates.
Arrivée à un croisement, deux chemins se proposaient à elle. A gauche se trouvait sa destination. Pourtant, quelque chose l’incita à prendre à droite. Portée par une soudaine intuition, l’élémentaliste foula donc le sentier calmement en s’enfonçant dans le Massif de ronces. Les hautes épines entravèrent la tiédeur du soleil et rendirent l’endroit plus sombre. Le cri lointain d’une bête et le sifflement d’un courant d’air froid transformaient la Sylve en théâtre d’épouvantes. Cela ressemblait trait pour trait à un mauvais choix fait par un personnage de conte qui aurait manqué de discernement en se dirigeant vers le chemin ténébreux plutôt que l’autre, lumineux. Pourtant, Serenity semblait confiante.

Après quelques minutes d’avancée au cœur du massif, l’écho d’un galop suivi d’un grommellement suspect alertèrent la hyuroise. Pressant le pas, elle tourna à un virage pour arriver finalement devant une clairière qui était le premier puit de lumière qu’elle rencontrait jusqu’à présent. Face à elle, plus loin, un imposant sanglier semblait avoir pris en chasse un jeune mog. Cachée dans un buisson épineux qui la mutilait plus qu’il ne la protégeait, la chétive créature avait l’air terrifiée.
L’élémentaliste s’avança donc, la démarche assurée, et brandit sa baguette. Le sanglier se désintéressa momentanément du mog pour constater la présence de Serenity, la chargeant aussitôt. Tout en gardant un calme olympien, cette dernière leva doucement son arme vers le ciel ensoleillé et incanta un sort à demi-mots. Les yeux fermés, elle moulina de sa main libre une bourrasque de vent qui se matérialisa en une sorte d’orbe instable. Ses gestes étaient circulaires, légers et aériens, pendant que son autre main maintenait sa baguette tendue. Elle libéra enfin l’éther emmagasiné, balançant une rafale qui fit voltiger la bête et l’assomma.

Serenity s’approcha ensuite du buisson d'où le mog peinait à s’extirper. Elle s’agenouilla à sa hauteur et écarta les ronces doucement pour lui accorder un sourire rassurant. Celui-ci hésita un instant mais fut bien trop mal-en-point pour résister davantage. Une fois tiré d’affaire, l’élémentaliste observa les blessures du mog et posa méticuleusement sa main sur chaque égratignure. Une lueur immaculée jaillit enfin, apaisant la douleur de son nouvel ami.

Serenity se releva et tapota la tête du mog avec bienveillance. Bien que la créature restait muette, la jeune fille ressentait sa sincère reconnaissance. Elle savait dès à présent que plus jamais ils ne se quitteraient.
« Bonjour, Kuppop Kop. Je m’appelle Serenity et je suis enchantée de faire ta connaissance ! »

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