Automne
"L'été appartient aux amants,
L'automne se dédie à la guerre,
Une feuille tombe."
L'automne se dédie à la guerre,
Une feuille tombe."
Le vent m'a finalement porté jusqu'au pays d'Hingashi. La traversée fut longue, le retour le sera encore plus. Il devenait de la plus haute importance de mettre la main sur de véritables Katana, loin des répliques destinées à satisfaire les curieux Eorzéens. D'avoir entre les mains une lame capable d'accumuler suffisement de Kenki sans se briser. La Lame qui fend la Lune a pour contrecoup de briser les armes qui possèdent la moindre impureté, le plus infime défaut.
Je ne vais pas me mentir, je ressens une certaine joie à me retrouver parmi mes lointains compatriote. Le raffinement. La retenue. Les tissus, les odeurs. Hélas, ma mission se doit d'être rapide, Meiken-dono attend mon retour. Bien que j'ai toute confiance en Kotonoha-san, si quelque chose devait arriver en mon absence, ce serait un grand déshonneur. C'est mon devoir que d'être aux côtés de mon seigneur. J'ai échoué une première fois, le Vent m'a porté jusqu'à Murasaki Meiken, et m'a offert une seconde chance, celui de racheter mon honneur de samouraï. Il n'y aura pas de seconde fois.
J'ai rendez-vous à la jetée numéro une, dans un entrepôt, pour faire affaire. Quatres katanas. La nuit est déjà présente depuis bien longtemps, et je suis loin des yeux du Sekiseigumi. Au point de rendez-vous, un autre homme attend. Grand, oriental, un cache-oeil couvrant le côté gauche de son visage, un haori noir sur les épaules. Je distingue un tanto à son obi. En me rapprochant, son unique oeil me fixe. Lui aussi semble sur ses gardes. J'avance à pas mesuré, puis le salue.
Il n'est pas mon homme. Lui aussi a eu rendez-vous ici. Alors que nous échangeons quelques mots, nous parvenons à la même conclusion. Notre "contact" à d'autres intentions. Comment le blâmer. Un domien qui vient d'Eorzéa pour acheter des armes, il y a certainement des gens que ça intéresse. Un bruit dans la nuit, celui d'une arme qu'on tire de son fourreau. Mon compagnon d'infortune se place dos à moi, dégainant son tanto.
Mes sens sont aux aguets. Puis des ombres sortent quatres hommes, visages couvert, katanas en mains. Pas de signe distinctifs, mais ils attaquent. Tué ou être tué. L'étranger qui couvre mon dos éclate d'un rire sinistre, et s'élance sur deux adversaires. Je reste calme, visualisant mes prochains gestes.
Bruits de lames qui percent la chair, râles étouffés et os qui se brisent. Bruits de corps qui chutent lourdement au sol. Je me retourne, l'homme au cache-oeil retire sa lame du coeur de son dernier adversaire. Il essuit la lame sur son haori, puis, amusé, comme si tout ceci n'était qu'un jeu, m'invite à l'aider à jeter les corps à la mer. J'inspecte les katanas, il semblerait que la chance est de mon côté. L'un d'eux possède une lame faisant quatre ilms de moins.
Je me présente à mon compagnon d'infortune, lui dévoilant la raison de ma présence. Il accepte de me laisser garder les armes de nos adversaires d'un soir, lui n'aura pas les épices pour lesquelles il était venu. Il se présente comme étant un "honnête marchand" de la mer de Rubis. Bunjiro. Il sait lui même que je ne suis pas dupe, mais je ne cherche pas à en savoir plus. Je l'invite à ce que nous quittions les lieux dans l'instant. Il me regarde, puis équarquille l'oeil, m'adressant un grand sourire.
"A une prochaine fois, Akira-chan !"
Je reste sur place, interloqué. Je n'ai pas le temps de répondre qu'il est déjà parti. Je récupère les katanas, puis retourne non loin du Shiokaze. Je ne suis là que depuis quelques heures, mais je dois déjà repartir. J'aimerais rester. Partir pour Doma, aider les citoyens. Chasser les ordures qui profitent de la situation pour s'en prendre aux faibles. Mais ce n'est pas l'heure. Ce n'est pas le moment. Je dois retourner en Eorzéa. Et cette fois, à ma ceinture, se trouvera une lame qui réveillera le guerrier en moi, déjà endormi depuis trop longtemps.
Je suis à bord du bateau pour le retour. Le voyage jusqu'à Hingashi fut long. Le retour l'est encore plus. Les vents me portent jusqu'à Meiken-dono et le clan d'Ise. La Noscea se dessine à l'Horizon. Alors que ma main se pose sur le tsuba de mon arme, une pensée s'impose dans mon esprit, plus claire que jamais. L'Automne arrivera tôt cette année, mais il apporte avec lui une tempête qui fera autant tomber les feuilles d'arbres, que les hommes.