[Anecdotes] Déterrer ses racines

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Khorijin Dotharl
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[Anecdotes] Déterrer ses racines

Message par Khorijin Dotharl » 12 sept. 2017, 12:49

Un premier départ

Khorijin s'éloigna du feu de camp où étaient restés ses compagnons d'armes.
Elle voulait partir avant que la nuit ne soit totalement noire et que les braseros qui éclairaient les routes marchandes soient complètement éteins. Mais trouver le courage de leur annoncer son départ avait été plus difficile qu'elle l'aurait imaginé, leur regards et leurs jugements sur sa décision étaient plus durs à affronter que n'importe quel combat.

Deimos avait compris qu'en la laissant partir, l'Alliance serait un peu plus affaiblie et la Compagnie plus vulnérable, comme une armure incomplète. Elle y avait pourtant longuement réfléchi et devant les obstacles multiples qui se mettaient à présent devant leur route, la Xaela été convaincue que son choix était le bon.

Elle vint enrouler Serre noire dans une étoffe de laine, son seul bien de valeur qu'elle avait à offrir comme tribut, venant l'apporter au Khan des Jhungid devant lequel elle s'inclina. Son fils avait fait passer sa requête un peu plus tôt, peu singulière mais démontrant le respect qu'elle avait eu pour leur accueil et pour le cheval qu'ils lui prêteraient pendant sa traversée. Elle laissa alors là son arme la plus efficace et la plus précieuse, devant le trône du vieux Xaela vêtu d'une peau d'Ours qui lui avait donné son approbation, avant de quitter sa grande yourte.

Dehors, un guerrier Xaela portant les couleurs de la tribu l'accompagna jusqu'au chevaux, il lui confia une lance d'une facture bien inférieure, mais qui suffirait à la Dotharl pour se défendre dans la Steppe, puis il vint lui apporter une jument à la robe aussi pâle que la lune, lui souhaitant courage et force pour son voyage.
La Dotharl s'approcha pour caresser l'animal et l'habituer à sa présence, à son odeur, lui chuchotant quelques mots dans son dialecte en observant l'étendue à peine éclairée par les astres qui les attendaient toutes les deux.

Elle passa alors un long moment à préparer sa monture, brossant sa crinière et sa robe blanche puis vérifiant l'état de ses sabots pendant que Jhungid Iloh s'endormait petit à petit. Quand elle commença à harnacher sa monture et la charger des quelques vivres qu'on lui avait gracieusement offert, elle aperçut la silhouette de Deimos s'asseoir sur une roche non loin d'elle.
Khorijin tourna son attention vers lui en silence, devinant déjà la raison de sa présence à son départ qu'elle avait pourtant voulu rapide et discret, désapprouvant intérieurement l'idée de fuir un combat auprès de ses compagnons. Se figeant quelques instants en regardant le Malaguld, elle attendait qu'il commence son chant, comme attendant une permission qu'il lui donnerait de la laisser partir vers les siens.

Avant de commencer son morceau, il jeta une poignée de poussière dans l’air, un peu de terre de la steppe qui s’envola en volutes, puis il prononça ces quelques paroles.




"Fille de Nhama, retournant au clan des Dotharls,
Les héros d’antan accompagnent ton voyage,
Ton cheval vole à travers l’étendue sauvage,
Ses sabots effleurent la terre dans un murmure,
Et le vent efface vos traces d’un souffle pur
"



Alors qu’elle terminait de se préparer, le conteur Malaguld poursuivit en jouant une mélodie sur sa flûte, taillée dans un os long. Une brise éthérée sembla se former autour de la Xaela et son destrier, l’entourant avant de s’estomper.
Khorijin glissa Asha dans un sac en peau, à l’abri du vent froid de la nuit, ajusta les dernières sangles de sa monture et mis le pied à l'étrier, s'installant sur la selle.

Serrant la bride entre ses gantelets de métal, elle regarda une dernière fois Jhungid Iloh avec une pointe de regret qui fut impossible à chasser sur l'instant. Elle aurait ignoré cette sensation il y a encore des années, mais en cet instant il lui rappelait le jour ou elle avait quitté sa tribu et sa famille depuis les montagnes glaciales d'Azim. Quitter une famille pour en rejoindre une autre.
Relevant le menton, la Dotharl lança un dernier regard à celui qu'elle considérait comme son frère, exerçant une légère pression sur les flancs de la jument pour la lancer vers les étendues noires et sauvages.

Elle continuait d'entendre le son de la flûte de Deimos, porté par le vent soufflant dans son dos, alors que les sabots de son cheval étouffaient petit-à-petit la mélodie.

Pendant un instant, son œil capta une silhouette familière sur un promontoire rocheux dans la continuité du territoire du campement. Plissant les yeux, son regard azur reconnaissait l'ombre massive et immobile au loin.
Khorijin l'observa en silence, son cœur serré. Chacune de ses longues séparations avec Jaghatai avait mené à des événements marquants de sa vie qui se terminaient toujours dans le sang et annihilant ce qu'elle avait construit, comme si Nhaama elle même leur interdisait de s'éloigner l'un de l'autre ou les avait maudits à jamais pour avoir défié la mort.

Déglutissant, la Dotharl exerça une nouvelle pression sur les flancs de l'animal, le relançant au galop dans la Steppe sous le manteau d'étoiles.

Sa crinière immaculée flottant au vent avec celle de la jument blanche, la sensation désagréable de laisser ses compagnons derrière elle laissa place à d'autres émotions ; celle de liberté et de puissance, comme un animal qui goûterait à la liberté après avoir été en cage trop longtemps. Son cheval et elle ne faisant qu'un sur le sol qui l'avait vu naître et grandir, la magie de la mélodie du Malaguld les poussant sur les routes marchandes sans fatigue pendant toute la longue nuit, le vent les portaient toute les deux ; lestes et rapides.

La nuit défila sous les foulées infatigables de la jument, les deux sauvageonnes de la Steppe réussissant tant bien que mal à éviter les dangers de la faunes et du Tsagan Tsaar.
Et alors qu'Azim montrait ses premiers rayons à l'aube, elles sentirent l'effet de la magie de Deimos s'estomper. La Xaela mit pied à terre, venant tirer doucement la bride de sa courageuse jument vers la rivière qui leur offrirait un peu d'eau fraîche.

Tapotant l'encolure de la bête, Khorijin releva le regard en souriant, admirant au loin les Yourtes roses et vertes des Qestir.

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Khorijin Dotharl
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Seule

Message par Khorijin Dotharl » 15 sept. 2017, 14:52

Seule


Après une halte au Ralliement, la Dotharl était repartie sur le dos de sa jument au travers de la Steppe, cette fois à l'aube, préférant voyager de jour. Leur dernière chevauchée de nuit avait manqué de s'arrêter brutalement quelques fois, ayant préféré fuir au galop en dehors des combats qu'elle avait croisés de près ou de loin.
Elle avait beau être la Lance Céleste, de nuit, seule et avec un équipement médiocre, elle n'aurait eu que peu de chances et son objectif était bien plus important que son égo de guerrière Dotharl.

Les Dotharl, elle se posait mille question sur leur réaction à son retour, mais fallait il d'abord les trouver. Chez les Qestir, les marchands de passage et les visiteurs affirmaient que leur campement se situait aux abords du désert, loin derrière le trône de l'aube.
C'était encore une longue chevauchée, peut être tout une journée pour y parvenir, sans parler des Oronir qui avaient remporté le Naadam l'année passée et qui ne laisseraient probablement pas un cavalier seul passer sans l'arrêter, si elle leur tombait dessus.
Mais qu'importe ces idiots en jaune, sa quête importait plus que tous le reste. Si elle était faite prisonnière ou si elle était tuée, l'Alliance et la Compagnie Fantôme auraient tout le mal du monde à la retrouver au milieu de nulle part et sans plus de soutien, c'était tout leur plan qui risquait d'échouer.

La Xaela tapota la tête d'Asha, rangée dans un sac sur les flancs de la jument, avant de talonner sa monture vers l'Ouest. Elle passa alors loin du trône de l'aube, préférant longer les montagnes pour le contourner, traversant les cours d'eau qui lui permirent quelques haltes à elle et sa monture, devant faire cette fois sans la magie de Deimos. Elle y rencontra quelques bergers et leurs des bêtes venues se désaltérer, repartant dès que sa monture était rassasiée.

La journée fut encore longue, s'éloignant progressivement du coeur de la Steppe pour se diriger vers le désert de Nhaama, l'eau serait alors de plus en plus rare, surtout si les Dotharl avaient depuis fait reculer leur camp. Elle préférait économiser les forces de sa monture, la laissant avancer au pas, Asha, elle, commençait à mal supporter la chaleur, se laissant pendre en dehors du sac pour espérer qu'un souffle de vent vienne caresser ses écailles.

Khorijin versa un peu d'eau sur le dragonnet, lui arrachant un soupir, elle devait supporter encore plusieurs heures de cheval avant de trouver un endroit sûr pour passer la nuit. Il ne s'étendait devant elle qu'une large et vaste plaine verdoyante, sans rien d'autre que quelques rochers à l'horizon.

La Xaela imita le dragonnet ; relâchant un léger soupir, lorsque un bruit derrière elle attira son attention. Sa jument dressa les oreilles et Asha tourna mollement sa tête vers l'arrière.
S'immobilisant quelques instants, elles perçurent le tambourinement des sabots au loin s'approcher, plus le temps de vérifier si il s'agissait d'une tribu ou d'un troupeau, il fallait dégager.

La jument des Jhungid reparti au galop aussi vite que possible sous la pression de sa cavalière, éprouvée par les heures de marche sous le soleil, la Xaela sentait que sa monture semblait lente et malhabile, lâchant un souffle rauque à chaque foulée.

La Dotharl jeta quelques regards par dessus son épaule, voyant une poignée de cavaliers se rapprocher de plus en plus vite de sa position.



De quelle tribu de dégénéré pouvaient ils bien venir pour chasser un cavalier seul dans la Steppe ? Pensa-t-elle un instant.
Puis étrangement, parmi ses réponses pouvait tout aussi bien se trouver sa propre tribu.
Soupirant seule, elle écrasa un talon sur la tête d'Asha pour la forcer à rentrer dans le sac, bondissant sur la selle de sa jument en saisissant sa lance au vol, sa main libre continuant de tenir la bride de l'animal.

A ce rythme ils finiraient de toute façon par la rattraper, l'affrontement était à présent inévitable, elle ferma alors les yeux un instant, inspirant profondément.

Une première flèche siffla juste à coté de son visage, faisant voler quelques mèches de ses cheveux immaculés et lui laissant une fine coupure sur la joue, puis une seconde se planta dans son sac de châtaignes, sauvant la croupe de la jument lancée au galop.

Elle capta du regard un cavalier s'approchant à sa gauche, commençant à dangereusement s’approcher de sa monture. La Dotharl tira alors brusquement sur la bride de sa jument, gênant le galop du cheval derrière elle et le forçant à ralentir de quelques foulées.
Suffisamment pour que la Dotharl saisisse l'opportunité de bondir sur la selle derrière son agresseur, l'éjectant en plein galop après un violent coup de casque qui fit tourner la tête de la Xaela quelques instants.
Reprenant en main l'animal, elle lui fit faire un demi tour dans un arc de cercle, entendant les sabots se heurter au corps qui avait roulé sous l'étalon brun, avisant les quatre cavalier restants, habillés de pourpre et de blanc.

Le frisson du combat s'éveilla chez la Dotharl, comme une manœuvre sans retour ou la seule issue était la mort, la sienne ou celle de ses ennemis. Il n'y avait pourtant aucune haine, pas même de peur, juste l'art de la guerre dans la plus simple forme.
Ses yeux azurs écarquillés, son cœur tambourinant sa poitrine aux rythmes des foulées de son cheval tout juste emprunté, se jetant droit sur les quatre cavaliers.

A nouveau les archers visèrent la cavalière, l'un des projectiles sifflant loin d'elle alors que le second trouva une faille dans son armure, s'enfonçant dans sa jambe dans un sursaut de douleur. Mais plus qu'a quelques mètres, la Dotharl arma sa lance dans une main, la propulsant directement dans le poitrail du cheval en face, lui arrachant un terrible cri de douleur et basculant dans l'herbe en entraînant son cavalier dans sa chute et sous son poids.

Khorijin chercha brièvement du regard sa jument sans la trouver, se focalisant de nouveau sur les deux cavaliers restants, brisant la hampe de la flèche dans un mouvement.
Un sourire suffisant se dessina sur ses lèvres, sure et fière d'elle alors que l'étalon repartait déjà au galop après un second demi tour.

Une seconde flèche vint s'enfoncer dans son épaule, faisant sauter la lanière qui retenait son épaulière et la faisant chuter de sa monture sous l'impact en plein galop. Venant rencontrer le sol dans un choc violent, le souffle coupé et roulant dans l'herbe, la Xaela se retrouva hébétée quelques instants, tâtonnant pour retrouver ses marques.
Elle releva le regard vers les quatre pattes du cheval qui se trouvait à sa hauteur, menaçant de l'écraser sur son passage.

Une lueur bleutée vint soudain se refléter sur le sol meurtri de la Steppe, un souffle glacial venant engloutir la chaleur étouffante qui régnait, puis qu'un hurlement précéda la chute d'un Xaela aux bras figé dans une épaisse couche de givre.
La chute du cavalier permis à Khorijin d'éviter la charge de la monture, roulant sur un coté alors qu'elle apercevait Asha s'acharner sur le Xaela au sol, un second souffle glacial en plein visage, venant lui ôter la vie.

Haletante, son regard azur se tourna vers le dernier cavalier plus loin qui venait ramasser un de ses compagnons encore en vie, fuyant sans demander leur reste alors que les deux chevaux encore vivant suivaient instinctivement.

L'adrénaline se dissipa lentement et les blessure de la Dotharl l'arrachèrent à son extase du combat, venant lui rappeler les conséquences de cet affrontement et la difficulté de traverser la Steppe seule.
Brisant de nouveau la hampe de flèche dans son épaule, elle siffla la jument, épuisée revenant au pas vers elle.

Khorijin se hissa difficilement sur la selle, constatant sa réserve d'eau percée par les projectiles. Soupirant, elle s'éloigna du lieu de l'affrontement, espérant trouver un abri pour la nuit, avant que la nuit de la prenne.

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Au bout du voyage

Message par Khorijin Dotharl » 22 sept. 2017, 00:09

Asha sortit en trombe de la sacoche quand elle entendit un bruit sourd.
Blessée, a bout de forces et sans eau, la jument avait porté Khorijin jusqu’à qu'elle ne puisse plus tenir en selle, venant durement rencontrer le sol. Asha avait tenté de la réveiller, de lui souffler une légère brise sur le visage, mais la Xaela demeurait inconsciente, ses dernières forces épuisées.

La petite créature avait commencé à paniquer, essayant de la mordre, de la faire bouger, de hurler, mais rien ne semblait donner de résultats.
Asha s’était alors couchée sur la Xaela, tremblotante, perdue dans une vaste steppe qu'elle ne connaissait pas.
Puis la jument avait levé ses oreilles, écartant ses naseaux alors que ses yeux observaient les deux silhouettes qui s'approchaient prudemment.



Asha n'avait plus la force ne défendre le corps de son amie, se contentant d'observer les deux silhouettes en bleu s'approcher d'elles doucement. L'un vint récupérer la jument, alors que l'autre donna un léger coup de botte dans le corps qui eut un léger sursaut de défense, surprenant même Asha qui se redressa d'un bond.
Les deux Xaela déposèrent alors la blessée sur la jument, avisant d'un œil le dragonnet qui les suivait de quelques pas en arrière, en marchant sur le sol, laissant traîner ses ailes par terre mais déterminée à ne pas laisser la lancière seule avec eux.

Ils tournèrent les talons, revenant sur leurs pas avec leur trouvaille, marchant durant de longues minutes sans que le dragonnet n'abandonne. L'un deux amusé, jetait parfois des regards vers la créature, l'encourageant à continuer.
Soufflant, Asha agitait ses pattes pour rattraper la distance, puisant dans ses toutes dernières forces. La petite dragonne fini par apercevoir le bout de yourtes aux teintes bleutés et les quelques Xaelas qui y vivaient accordés aux même couleurs.

Plusieurs jours passèrent alors, Asha gardait un œil attentif sur les Xaela qui entouraient son amie allongée dans une yourte. Personne ne semblait la chasser et elle avait remarqué que ces derniers semblaient lui ressembler plus que tous les autres Xaela qu'elle avait pu voir. Beaucoup d'entre-eux arboraient une peau aux teintes bleutées ou froides, des cheveux blancs ou clairs, elle songea alors qu'ils étaient peut être de sa famille, tout comme ceux de la sienne avaient des écailles bleues.

Elle rongeait parfois un os garni d'un peu de chair qu'on lui lançait, reprenant doucement ses forces elle aussi petit-à-petit. Et un soir, alors qu'aucun ne surveillait, la petite dragonne se glissa dans la yourte pour se coller aux flancs de Khorijin, attendant son réveil.

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L'appel du Silence

Message par Khorijin Dotharl » 25 sept. 2017, 14:54


L'appel du silence
Les Dotharl rentraient à peine à Dotharl Khaa, le corps couvert de sang et des marques de la bataille qu'ils avaient menée, certains se soutenant entre-eux pour marcher, les corps des défunts laissés en arrière comme le voulaient leurs traditions, à la Steppe et aux prédateurs. Cette année encore, la victoire du Naadam leur avait échappé, mais le combat avait été grand et exaltant pour tous, ceux qui étaient tombés au combat reviendraient surement bientôt, nul n'en doutait.
Khorijin fit un signe de la tête vers son aînée, son regard trahissant malgré tout la déception de la défaite et de la perte des siens, rendant la tribu moins nombreuse encore que la veille.

La lancière contourna une yourte, le pas lent et le corps éreinté par la bataille, se laissant lourdement choir dans le sable fin de la retraite de Nhaama, le regard tourné vers le ciel.
Inspirant, elle étira ses lèvres dans un léger sourire, laissant son corps profiter du calme et la fraîcheur de la tombée de la nuit après l'affrontement annuel et ancestral que les Xaela se livraient, pour le pouvoir, pour la renommée, ou juste pour le plaisir de la guerre.

Son retour avait eu des réactions mitigées, l'incompréhension d'abord, puis les questions, un tas de questions auxquelles elle n'avait pas toujours su répondre, auxquelles elle ne voulait pas toujours répondre.
Elle avait vu tant de choses différentes depuis son départ de la tribu, des plus incroyables aux plus tristes, des plus envoûtantes au plus terrifiantes. Que pourraient-ils comprendre de tout ce qui se passait au-delà de ces terres ?

Elle même avait mis déjà tant de temps à s'adapter aux réalités de ce monde au-delà de la Steppe, voulait-elle vraiment les plonger dans son univers où l'avenir n'avait pas de place ?
Pourquoi les faire douter, les arracher à la vie qu'ils avaient ici, tout était si simple.

On l'avait accueillie comme une enfant perdue dont on attendait le retour depuis des lunes, comme si Nhaama elle-même l'avait rendue aux siens après des lunes et des lunes d'absences ; l'âme de la Lance céleste n'était pas perdue à jamais, elle s’était simplement égarée.
Ces histoires incroyables sur les terres au delà de la mer, sur les démons et les créatures qu'elle avait affronté, sur l'Empire de métal, celui la même qui osa fouler la Stepper durant un combat sacré, sur les compagnons qu'elle avait trouvés en route, les choses qu'elle leur avait apportées en cadeau, tout ce partage avait aidé la Xaela à se réintégrer parmi les siens plus vite qu'elle l'aurait cru ; comme une championne et non comme une paria ou une défectrice.

Jour après jour alors qu'elle reprenait ses forces, elle retrouvait aussi ses habitudes, celles dont elle avait depuis longtemps oublié le visage, apprenant ce qu'ils avaient vécu depuis qu'elle avait disparu.
On la débarrassa de son armure trouée et abîmée, l'habillant aux couleurs de la tribu, comme avant ; une parure légère de cuir d'un bleu profond, renforcée de métal aux reflets d'argent, son cou cerclé d'un lourd bijoux protégeant son plastron. Puis on lui avait fourni une nouvelle lance pour l'occasion du combat à venir où elle serait à leurs cotés, comme un cadeau de bienvenue pour son retour. Khorijin en avait presque oublié la qualité rare des armures et des armes de sa tribu, un des traits qui les différenciait parfois des autres dans Azim.

Elle se sentait légère, comme libérée d'un poids sur son âme, celui de son armure dans un premier temps, mais aussi loin de la corruption de Serre noire. Et surtout loin, loin d'absolument tout.

Elle ouvrit les yeux après un long moment, observant le ciel étoilé de la Steppe comme si elle le voyait pour la toute première fois, cette palette de couleur infinie et envoûtante qui défilait devant ses yeux Azur, les Dieux qui brillaient la haut au dessus d'elle en des milliers d'étoiles scintillantes.

Khorijin se sentait en paix, pour la première fois depuis longtemps, peut être pour la première fois dans cette vie, observant le ciel s'étendre à l'infini vers le désert de la Steppe, la Xaela pensa à ce qui l'attendait encore après cette soirée.

N'avait elle pas passé trop de temps dans cette vie à penser à lui ? Devait elle encore se brûler à l'aimer encore et à travers la mort, jusqu'à qu'il ne reste d'elle plus que des cendres sur lesquelles il marcherait sans remords ?

Son regard resta hypnotisé par le ciel de nuit sous la Steppe paisible, sans parvenir à répondre vraiment à ses interrogations, oubliant tout ce qui pouvait être important, ne sentant même plus les blessures qui striaient sa peau depuis la fin du Naadam, ne sentant plus son corps, comme si elle flottait au dessus du sable froid.

Peut être, peut être devait elle oublier ce qu'il y avait derrière elle. L'oublier lui, les oublier eux, oublier qui elle était et rester ici.

Rester un enfant de la Steppe.

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