[Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

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Ennrael
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[Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Ennrael » 02 nov. 2018, 04:44

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[ Étant donné mon retard conséquent sur la Chronique d'Eylion, j'ouvre ce topic pour pouvoir offrir une mise en ambiance en attendant de pouvoir l'intégrer à la Chronique principale. Ce topic est à destination des joueurs qui sont ou seront impliqués dans cette trame. ]

Les trois gardiens gisaient au sol, étranglés. Trois hommes les surplombaient, terminant de revêtir leurs uniformes. L'un d'eux, d'une stature assez impressionnante, eut plus de mal à enfiler sa tenue à cause d'un bras en moins. Il fut aidé rapidement par son complice. Une fois apprêtés, ils savaient qu'ils feraient illusion le temps d'ouvrir toutes les cellules.

Le Chaos se mit rapidement à envahir la prison. Les détenus, bien plus nombreux et acharnés, prirent le contrôle des lieux. Les Immortels, réactifs, envoyèrent rapidement des renforts. Un véritable champ de bataille allait s'instaurer mais ce n'était plus l'affaire des trois responsables. Ils seraient déjà loin quand le bâtiment serait repris.

Dans une ruelle sombre d'Ul'dah, ils s'arrêtèrent pour reprendre leurs souffles. Le plus maigre et élancé du trio salua solennellement ses comparses en s'inclinant, bras en croix.

Elézen: Septhis vous remercie.
Hyurgoth: Vous... transmettrez mes... saluts et mon message à votr'Raïs, fit-il, encore essoufflé.
Elézen: Je le ferai.

D'un saut, l'Elézen attrapa le rebord d'une fenêtre basse avant de commencer une ascension aussi agile que périlleuse vers les sommets de la ville. À l'inverse de ses complices de circonstance, leur fuite ne semblait pas l'avoir impacté. Laissés seuls, le Hyur se retourna vers son imposant interlocuteur.

Hyur: ... Qu'est-ce qu'on fait maintenant, Alev...?
Alev: Maintenant...? Maintenant, on va aller chercher de quoi se remplumer.

L'ancien chef de bande ouvrit la marche avec hargne. Heureusement, il avait gardé des caches à de multiples endroits. Il n'aurait pas de difficulté à rétablir son précédent statut et recruter des hommes. Il pourrait également payer la Main de Sephtis pour quelque chose d'autre. Quelque chose qui l'avait rongé, qu'il avait couvé durant ces quatre longues années d'emprisonnement.

Il n'avait pas oublié celui qu'il avait considéré comme son second. Celui qui lui avait arraché le bras. Il lui tardait vraiment de voir la tête du traître quand Sephtis la lui apporterait sur un plateau. Pour chaque minute qu'il avait passé à croupir en prison, il lui ferait payer. Pour chaque moment qu'il avait dû endurer sans son bras.

Deux jours plus tard. Endroit inconnu.

La salle était grande, grise, idéale pour les échos. Six individus vêtus de coules sombres se tenaient aux quatre coins d'un pentagramme complexe. L'étoile étrange qui composait le centre s'étirait pour former six cercles dans lesquels ils étaient agenouillés. Les mélopées s'étaient faites plus graves, plus intenses au fil de l'avancée du rituel. Des mélopées qui se turent peu à peu pour laisser place au silence.

Rien ne se produisit au premier abord. Puis un cercle de lumière d'un bleu spectral se dessina sur les contours du pentagramme, illuminant les lieux. Le tic tac fantomatique d'une horloge se fit entendre. Puis des gloussements lointains, multiples, éthérés. Le grincement caractéristique des aiguilles à l'agonie. Enfin, le craquellement d'un bois ancien, sinistre.

Le reste du symbole s'embrasa soudain et se déforma jusqu'à former le cadran malsain d'une horloge torturée. Le passage s'ouvrit au niveau du sol, laissant place à une première ronce épineuse qui se pointa, dansante. Une autre la suivit, et une autre, et une autre... Une véritable armée de ces choses s'éleva dans les airs, offrant leurs formes monstrueuses au regard de ses invocateurs. Au sein de cet enchevêtrement complexe, quelques branches s'unirent pour former une silhouette humanoïde fine.

Du bois sombre, une peau blanche se dégagea telle une rose en pleine éclosion. Une chevelure longue, immaculée apparut. Une robe élaborée tout aussi blanche se déploya. Des lèvres roses. Un nez fin. Un œil d'un bleu azur et limpide. L'autre d'un rouge rubis et sanguin. Deux miroirs délicats. Les traits d'une fragile poupée de porcelaine. Une jeune adolescente s'offrit à leur vue, trônant au sein de la construction épineuse qui la soutenait sans la blesser.

L'apparition étira ses bras comme si elle venait de se réveiller d'un long sommeil. Elle regarda ensuite à gauche et à droite, ses lèvres entrouvertes en un O discret et élégant. Un rire cristallin résonna enfin. Elle daigna, après quelques minutes interminables, à prêter attention aux personnes en présence, leur offrant un sourire innocent... Si innocent... Si empreint de pureté...

Apparition: Ça manque de décoration ici! s'exclama t'elle d'une voix à la mesure de son apparence.

La personne en face d'elle se releva, une femme de haute stature, encapuchonnée.

Inconnue: Je suis désolée de vous accueillir dans ces conditions, dit-elle en s'inclinant, main sur le cœur.

L'Entité se contenta de regarder à nouveau les alentours.

Apparition: C'est donc ça, l'Extérieur...?
Inconnue: Hm?
Apparition: Père ne serait pas d'accord, pas d'accord du tout. Pourquoi je suis ici...?!

Le changement brusque de comportement et d'expression prit au dépourvu l'encapuchonnée.

Apparition: Je dois repartir, je ne peux pas rester, poursuivit-elle, complètement hystérique. Père sera furieux quand il verra que je ne suis plus là!
Inconnue: Qui est... Père?

Les ronces bougèrent, une paire se précipitant vers la ritualiste pour finir bloquée par la barrière du pentagramme, à deux centimètres de son visage. Une lourde pression tomba en parallèle sur la pièce et les personnes en présence. Des gémissements s'élevèrent de part et d'autre du cercle alors que les mages tentaient de maintenir le sort en place.

Ritualiste 1: ... Ugh...! Madame...!
Ritualiste 2: Elle essaye... de repartir...!
Ritualiste 3: On ne va pas pouvoir... l'en empêcher... si ça continue...!
Inconnue: ...!

Le regard de l'Apparition avait complètement viré au noir alors qu'elle s'efforçait de briser le rituel, les ronces envahissant progressivement l'espace du pentagramme.

Inconnue: JE SUIS LÀ POUR VOUS RAMENER KRIS!

La pression retomba immédiatement, les yeux de l'Entité revenant à la "normale" à cette mention.

Apparition: Mon Écorché...?

Les mages se plièrent en deux à ce relâchement, pantelants. La femme mit, quant à elle, une main sur son cœur mis à mal.

Inconnue: O-oui, c'est ça, votre Écorché, reprit-elle, le sourire discordant. Enfin, pour vous aider à le retrouver.

Le trône arboricole avança l'Entité jusqu'à ce que son visage ne surplombe celui de la ritualiste.

Apparition: Où est-il?! Où est mon Écorché?! fit-elle d'une voix frisant le surnaturel.
Inconnue: J-je sais où il est... ou plutôt où il va être. Je suis là pour vous proposer un Marché. Un Pacte.
Apparition: Marché, Pacte...? reprit-elle, perplexe.
Inconnue: O-oui, on... vous rend un service, vous nous rendez la pareille... reprit-elle, semi-interloquée.

Les négociations furent âpres mais elles finirent par devenir plus fluides quand la ritualiste parvint à réveiller l'instinct naturel de la Démone. Ses yeux de nouveau noirs, celle-ci termina de sceller le Pacte. Sa voix, imposante, résonna au sein de la pièce.

Apparition: Que les Heures me Soient Témoins. Si vous ne tenez pas votre part, vous serez mon Nouveau Jouet pour l’Éternité.
Inconnue: ... J'accepte, fit-elle, tendue après autant d'efforts pour parvenir à ce résultat.

Le symbole de l'Horloge torturée apparut de nouveau sous le nuage de ronces. De multiples gloussements fantomatiques s'élevèrent en même temps dans un concert macabre. Au centre, le sourire dément de la Créature se faisait de plus en plus extatique alors qu'elle levait la tête pour profiter des énergies invoquées. De multiples branches épineuses dépassèrent de la barrière pour entourer leur Pactisante, la saisir et la soulever dans les airs sous le regard inquiet des autres mages.

Les doigts pâles de la Démone s'approchèrent de l’œil droit, sa peau prenant la teinte et la texture des branches jusqu'à ce que ces ongles ne soient à l'image des épines. Arrivés à la lisière, ils s'allongèrent pour plonger et engloutir l’œil, faisant pousser un hurlement de douleur à son propriétaire. Du sang vint couler le long de la joue jusqu'à ce que le processus soit terminé. Quand l'Entité retira sa main, l’œil droit de la femme était toujours là mais une Marque sous la forme d'un pentagramme rougeâtre et faiblement luminescent envahissait désormais l'ensemble de celui-ci.

La construction de ronces la relâcha alors et la Créature recula, ses yeux revenant à la normale. Ravie, elle joignit ses mains vers son visage, comme le ferait une demoiselle de la noblesse, la tête légèrement inclinée sur le côté.

Apparition: Voilà, on est maintenant amies ♥

La femme tituba une fois sur ses pieds, main à son œil malmené.

Inconnue: C'est... un Honneur... fit-elle, décontenancée.
Apparition: Je vous attendrai pour le Thé, fit-elle avec un grand sourire.

Sur ces mots, le cercle s'illumina de nouveau, l'adolescente disparaissant parmi les branches dans une éclosion inversée. Les ronces s'animèrent, se repliant dans le sol jusqu'à ce que le pentacle ne soit inerte à nouveau. Un lourd silence suivit la fin de l'échange, silence brisé par la Pactisante.

Inconnue: ... Vous savez ce qu'il vous reste tous à faire.

Sur ces mots, elle tourna les talons et sortit de la salle, laissant ses serviteurs se reprendre. Bien qu'affaiblie par ce qui venait de se passer, elle exultait intérieurement. Tout se passait, pour le moment, comme prévu. Mieux encore, elle n'aurait pas grand chose à faire si ce n'était observer la partie d'échecs à venir.

Elle lui montrerai...
Non.
... Elle leur montrerai à tous de quoi elle était capable.

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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Ennrael » 07 nov. 2018, 15:55

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La Patience, il l'avait apprise. Pour survivre, pour pouvoir atteindre ses objectifs, il l'avait chèrement acquise.

Il lui avait fallu des années d'entraînement pour éteindre chaque parcelle de son Humanité. Quand il était en Mission, plus rien ne comptait, que ce soit sa vie ou celle des autres. Plus rien ne comptait...

Pas même le Passé.

Il était ici le Prédateur et en tant que tel, il avait suivi sa Proie pendant des jours, restant à une distance prudente. Il s'était renseigné dans les Ombres. Jusqu'à connaître chaque habitude. Chaque Obstacle. Chaque Risque. Méticuleusement, il avait attendu le moment propice, adéquat pour frapper.

Et ce jour était arrivé.

Celui qu'il guettait courait à toute vitesse dans les rues, essoufflé, main à sa linkperle.

Eylion: ... Parlez lui comme s'il était votre enfant... Oui, c'est important! ... Je suis en route, j'ai ce qu'il faut dans mon sac, tenez bon...! ... Oui, dites à votre frère de sortir de la pièce...! Et surtout, par Azeyma, surtout n'approchez pas votre mari...!!

L'Arcaniste relâcha sa perle, pestant allégrement face à l'urgence. Ses poumons en feu, il savait que deux vies étaient en jeu, peut-être plus. Il coupa par une ruelle isolée. L'Impair que l'Ombre attendait. Il fondit depuis les hauteurs, s'abattant sur le Mage qui ne l'aperçut qu'à la dernière minute. Trop tard. Un coup brutal le plongea dans le Noir de l'Inconscience.

Était-ce lui ou bien il y avait comme un gloussement éthéré...?

L'Azur finit par s'ouvrir sur une vue trouble. Après un temps d'ajustement, il s'aperçut que sa joue se trouvait sur un sol froid et que ses mains étaient attachées dans son dos. Une silhouette sombre était accroupie devant lui.

Inconnu: ... Je vois que tu te réveilles enfin, Kris.
Eylion: ...?

Sa tête l'élançait sérieusement. Il fallut quelques instants supplémentaires pour qu'il puisse voir distinctement les alentours de la pièce, qui ressemblait à un vieil entrepôt rempli de caisses et de tonneaux oubliés. Devant lui, un Miqo'te solaire vêtu d'une tenue obscure l'observait, l'air détaché, accroupi, la main droite tenant le poignet du gauche. Ses traits lui parurent étrangement familiers.

Eylion: Qui...? demanda t'il d'une voix pâteuse.
Solaire: ... J'aurai aimé que nos retrouvailles se fassent dans d'autres circonstances.

Retrouvailles...? Le Mage tâcha de se redresser de son mieux en gémissant. Il se mit alors à mieux observer son ravisseur. Ce fut son regard qui finit par lui mettre la puce à l'oreille, un regard d'un vert clair particulier. Puis la cicatrice à son œil. L'Azur s'écarquilla.

Eylion: Claus...?

Le Solaire eut un sourire navré.

Claus: J'aurai aimé dire que je suis content de voir que tu te souviens de moi malgré toutes ces années.

Claus, l'un de ses premiers amis d'enfance. Ils avaient été tous les deux dans la même bande d'orphelins. Ils avaient parcouru les rues ensemble. Ri, pleuré et souffert jusqu'à ce que leurs chemins les séparent.
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Eylion: ... Qu'est-ce que ça veut dire...?
Claus: ... T'as mis en rogne la mauvaise personne, Kris...
Eylion: Explique toi, grogna t'il en retour.
Claus: Alev m'a tout raconté. T'as vraiment été con... Tu avais tout pour réussir, tout... Et pour un stupide cas moral, t'as tout foutu en l'air. Et il a fallu qu'il fasse appel à mon Ordre pour ramener tes fesses auprès de lui... fit-il dans une grimace éloquente.
Eylion: Alev? fit-il, interloqué.
Claus: Hm, pas au courant à ce que je vois... Il a réussi à se sortir de prison sauf qu'il ne t'a pas oublié.

Le Mage cligna son œil unique, surpris. Puis il éclata de rire devant l'air stupéfait du Solaire.

Eylion: Alev...? ALEV?

Il continua de rire face à son ami d'enfance confus. Un rire qu'il interrompit brusquement pour lui offrir un sourire peu amène.

Eylion: Quoi, c'est tout...? Désolé, c'est que je m'attendais à une autre invitation, lança t'il, sarcastique à souhait.

Bien qu'une partie de son rire était sincère, l'Arcaniste cherchait avant tout à déstabiliser Claus, à détourner son attention. Pendant ce temps, il pouvait chercher la fine lame de rasoir qu'il avait coincé dans la partie métallique de ses mitaines. En tant que Roublard, il savait où cacher des ustensiles pour qu'ils ne soient pas découvert dans une fouille. Tout ce qu'il devait faire maintenant, c'était de faire parler son interlocuteur.

Claus: Je ne crois pas que tu te rendes bien compte de ta position.
Eylion: Bien sûr, je t'en prie, prend moi pour un con. J'avais à peine remarqué que j'étais attaché.

Claus était de plus en plus perplexe face à l'attitude du Lunaire.

Claus: Je... ne me souviens pas que tu étais comme ça par le passé.
Eylion: C'est vrai que tu m'as connu comme le gamin silencieux, gentillet. Discret, amiable... Mais tu veux que je te dise? Ce n'était qu'un Masque. Comme tant d'autres que j'ai dû porter pour me sortir de toute cette merde. Pour le reste, le Temps a fait son œuvre.

L'Azur se fit Glace en fixant le Solaire qui en fut décontenancé un instant. Le Mage changea tout aussi vite d'expression, offrant un sourire détaché.

Eylion: Mais pour ce que ça vaut, je suis content de te revoir Claus... Même dans des circonstances aussi pourries. Je t'avoue que je ne sais pas ce que ça fait de vendre son ami pour asseoir ses petites ambitions. Je suppose que Septhis a sauté sur l'occasion de te mettre à l'épreuve, hm?

La mâchoire de Claus se crispa.

Eylion: Hm, troublé...? Allons, j'essaye de te faciliter le boulot là...
Claus: Ferme la!

Furibond, l'assassin se redressa, faisant quelques pas nerveux dans la pièce.

Claus: Espèce d'abruti, Alev est en route là...! Tu as peut-être une petite chance de t'en sortir si tu joues bien tes putains de cartes...!

Le visage du Lunaire se ferma aussitôt, retrouvant soudain un sérieux froid.

Eylion: Tu le connais aussi bien que moi. Il ne me laissera pas partir en un seul morceau.
Claus: ...

Ses mains étaient désormais libres, les cordes sciées. Eylion chercha son grimoire du regard pendant que Claus lui tournait à demi le dos. L'ouvrage n'était en vue nulle part. Évidemment, ça aurait été trop facile. Le Miqo'te repéra une embrasure au loin. S'il se débrouillait bien, il pourrait l'atteindre avant que Claus ne lui remette la main dessus... Il pourrait aussi attendre mais il ne savait pas quand Alev serait là avec ses hommes de main.

Eylion: Claus... Je sais que Septhis est toute ta vie même si je ne sais pas tout ce que tu as dû traverser pour te faire ta place parmi eux. Mais ce n'est pas obligé de finir comme ça. J'ai des moyens, des alliés, bien plus qu'Alev actuellement... Ton Ordre aurait tout intérêt à négocier avec moi, pas avec lui. Conduis moi à eux et on trouvera un arrangement...
Claus: ... Je ne peux pas, Kris, putain. Tu ne sais pas comment l'Ordre fonctionne. Il ne revient pas sur un contrat passé...
Eylion: Il y a forcément des exceptions à la règle.
Claus: Comme partout mais là... Non... Ils n'accepteraient jamais... Ce serait vu, de ma part, comme un acte de faiblesse. Un rattachement à mon ancienne vie...
Eylion: Alors j'espère que tu arriveras à me pardonner...
Le Mage s'élança vers la sortie, passant à côté de l'assassin. Bien que pris au dépourvu, ce dernier fut plus leste, interceptant le Lunaire d'un coup violent dans le ventre. Le souffle coupé brièvement sous l'effet de la douleur, Eylion eut du mal à se remettre du choc. Toutefois, il tâcha de mettre de côté ses ressentis pour tenter de blesser le Solaire avec sa lame de rasoir, lame dont le poignet fut aussitôt saisi avec force, au point que l'arme fut lâchée.

Claus: Laisse tomber, tu n'as aucune chance...!
Eylion: Comme si ça allait m'arrêter...!!

Le genou du Lunaire heurta avec violence les attributs inférieurs de son opposant qui le relâcha aussitôt. Après un coup de poing sans ménagement à la mâchoire pour achever son acte, il ne demanda pas son reste pour continuer sa fuite, sousestimant la faculté de récupération d'un assassin. Une erreur qui prit la forme de bolas venant ligoter ses jambes. En plein élan, le Mage chuta brutalement au sol.

Claus: JE VAIS TE TUER...! souffla t'il douloureusement.
Eylion: Fais la... putain de queue... pour ça... Urgh...!

Claus fondit aussitôt sur lui, bien décidé à l'étrangler. Il ne vit pas la silhouette imposante qui l'intercepta avec une vitesse surnaturelle. Eylion ne comprit pas ce qu'il se passait en premier lieu. Le Solaire tomba dos au sol, tentant de repousser l'individu qui l'avait plaqué au sol. Un combat qui se retrouva rapidement inégal. Le Mage vit de longues griffes acérées se lever pour s'abattre une première fois sur Claus, lui arrachant un hurlement de souffrance. L'assassin parvint, à grande peine, à dégainer l'un de ses poignards pour l'enfoncer dans le flanc de son adversaire pendant que sa jambe essayait de le repousser.

Le coup porta bien mais son adversaire ne broncha pas, plaquant la tête du Solaire avec une violence telle que le sol se fissura.

Eylion s'aperçut que l'individu était vêtu... d'un uniforme de majordome. Malgré lui, il se sentait comme paralysé par la rapidité des mouvements et la découverte progressive de la Chose qui était en train de s'acharner sur son ami d'enfance.

Une taille grande, des oreilles qui faisaient penser à celles des Elézens. Une peau d'un violet froid. Une chevelure d'un brun glacé. Les cris de Claus augmentaient en volume à chaque frappe. Des os brisés, écartelés se mêlaient à ce concert de l'agonie. Le sang, écarlate, baigna le sol, teintant même les murs sous la brutalité des gestes de la Créature. Une partie vint même éclabousser le visage du Lunaire sous le choc. Qu'importe ce que l'assassin essayait de faire, il était impuissant à se dégager de la poigne d'acier qui était en train de le déchiqueter vif.

Finalement, la voix s'éteignit dans un gargouillis macabre. Même mort, la Chose continua de s'acharner jusqu'à ce que les articulations cèdent. Ce ne fut qu'une fois le corps en lambeaux que l'être se releva, dans une pantomime de marionnette à qui on venait de redresser les fils. Il se tourna vers le Miqo'te avec une lenteur d'outretombe, le dos voûté, ses doigts longs, déformés, dégoulinants des restes de la dépouille. Tête baissée, la chevelure mi-longue masquait son visage.

En deux longues enjambées, il surplomba le survivant à la respiration haletante. Il releva alors la tête, révélant son visage. Deux puits donnant sur des Abîmes sans fond. Des dents pointues sur une bouche distordue en conséquence. Mais cette vision de Cauchemar ne fut pas la cause de l'Horreur qui enserra le cœur d'Eylion.

Eylion: Kaldriss... murmura t'il à grand peine.

C'était impossible. Il l'avait vu se faire transpercer par l’Écorcheuse. Ça ne pouvait pas être lui. Le Déni ne voulait pas laisser penser la pensée terrifiante que l'Elézen qui lui avait permis de garder son Humanité, celui qu'il avait considéré en premier comme un frère... était resté en arrière. Vingt longues années supplémentaires dans le Manoir.

Kaldriss: Je SuIs DéSolé... répondit une voix rauque, sifflante, aux accents de soufre.

Le Mage ne put s'empêcher d'avoir un rire discordant. C'était plus fort que lui. Il ne contrôlait pas ce rire. Une larme coula sur sa joue alors qu'il ne pouvait s'empêcher de rire, presque hystérique.

Kaldriss: Tu l'AvAis DiT... Ils m'AttEndEnt ToUs, souffla le Démon.

Démon qui le saisit par le col pour le soulever doucement comme il soulèverait une plume. Deux traînées obscures coulèrent des deux abîmes qui avaient remplacé son regard.

Eylion Passé: Arrête de raconter des conneries! Tu retrouveras ta fiancée et ton mariage sera le plus beau de tout Eorzéa. Il sera tellement lumineux, tellement dégoulinant de bons sentiments, d'amour, de joie que je serai le putain de témoin le plus envieux et aigri jamais vu. Ta sœur me détestera, ton père me tolérera juste par principe et ta mère sera ivre de rage. Ta fiancée sera amusée et toi, tu seras tellement ébloui par cette dernière que tu te ficheras bien de toute l'assemblée. Tu m'entends, crétin?! Si l'un d'entre nous doit s'en sortir, c'est TOI! Ils t'attendent TOUS! Tu ne peux pas abandonner maintenant, tu ne peux pas l'abandonner ELLE!

Kaldriss: Je SuIs DéSolé...
Eylion: ...!!

Le Miqo'te eut le réflexe de saisir l'un des poignets qui le maintenaient, ses jambes dans le vide.

Eylion: Ka...!

Kaldriss chercha dans une poche avant de son veston un cristal noir, qui présentait des ramifications complexes à l'intérieur. Il serra le poing de façon à le briser. Les morceaux se transformèrent immédiatement en volutes de fumée noire qui se rassemblèrent dans son dos pour former une faille étroite. De celle-ci se dégagèrent de multiples ronces qui vinrent agripper les bras et les jambes du Mage. Une sensation aussi familière que douloureuse.

Eylion: ... Non!
Kaldriss: Ils m'AttEndEnt ToUs, ne pouvait-il que réitérer, grinçant.

Kaldriss Passé: Quand nous serons hors d'ici, tu n'auras plus jamais à retourner à ta vie de voleur. Ça te dirait de devenir un vrai Mage attitré?
Eylion Passé: Un Mage... attitré.
Kaldriss Passé: Inutile de me regarder comme ça, avait-il fait avec un rire. Je suis sincère... Tu es le frère que je n'ai jamais eu et j'aurai bien besoin d'un vrai Conseiller une fois de retour à la maison.

Les branches tirèrent brutalement en arrière, Kaldriss relâchant sa prise. La dernière vision qu'eut Eylion avant d'être englouti par la faille fut celle du hurlement strident et torturé du Monstre se prenant la tête de ses mains griffues.

De l'Autre Côté, une fois l'ouverture disparue, ses liens le retournèrent face à l’Écorcheuse. Les ronces partaient de son dos et de derrière ses pieds mais hormis ce fait, elle avait toujours l'air d'une adolescente ravissante. Comblée, elle le rapprocha d'elle avant de saisir son visage ensanglanté entre ses doigts pâles et froids.

Écorcheuse: Bon retour à la Maison, mon Écorché ♥

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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Ennrael » 08 nov. 2018, 19:23

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Une fois libre, il s'était précipité sur Elle. Il voulait lui faire Mal. Qu'importe s'il savait, par avance, qu'il n'y parviendrait pas. La Rage pure, aveugle avait guidé ses actes. Ça faisait depuis longtemps que la Haine ne l'avait étreint avec une telle force. Les ronces l'avaient attrapé par le col et la Démone l'avait regardé avec l'incompréhension d'une enfant ne comprenant pas ce que voulait lui dire un adulte en colère.

Il avait dû se résoudre à être traîné jusqu'à une salle pour se changer. Debout devant le miroir, il s'appliqua à réajuster le col de sa tenue de majordome, le visage fermé. Il ignorait ce qui l’écœurait le plus: de porter à nouveau ces habits ou bien de constater qu'il savait encore parfaitement comment les enfiler et ajuster chaque pan pour que l'ensemble soit impeccable. Son seul prix de consolation était de savoir qu'il n'était pas seul. En effet, dès qu'ils avaient compris que l’Écorcheuse était en train de fomenter son retour à la "Maison", Solid avait suggéré que Frozen et Empty entrent dans l'ombre du Mage pour le surveiller.

Les deux Shields serviraient de balise au sein des dimensions.

Cependant, les renforts n'étaient pas prêts d'arriver. Le Temps s'écoulait dix fois moins vite au sein du Manoir. Une heure dans le Monde d'où il venait en valait dix en ces lieux. Un jour, dix jours. Il devrait tenir, ne pas craquer et surtout veiller à ce que les deux Shields ne soient pas découverts. Peut-être même qu'il pouvait préparer le terrain, installer des pièges pour aider ses alliés? Néanmoins, il ne put s'empêcher de frissonner en son for intérieur. Combien de jours... de semaines devrait-il endurer avant de pouvoir passer à l'offensive...? Est-ce que Solid parviendrait, seulement, à se frayer un chemin jusqu'ici...? À qui ferait-il d'ailleurs appel...?

L'uniforme apprêté, son attention se porta sur la pierre qui lui permettait de passer de sa forme masculine à féminine, celle-ci se trouvant dans une sacoche de sa précédente tenue. Il la saisit entre deux doigts avant de refermer le poing dessus, ses courbes s'arrondissant, ses cheveux poussant autour d'un visage plus fin. L'Azur se porta à nouveau sur le Miroir. Il savait que cette Forme défrisait l’Écorcheuse et qu'elle pouvait voir tout ce qui se passait dans le Manoir à travers les Miroirs et les Tableaux.

Pendant une seconde, il hésita à faire mine d'envoyer un baiser à son reflet juste pour le plaisir de la provocation pure, de voir la réaction de sa ravisseuse. Mais quelque chose lui disait que c'était une mauvaise idée de provoquer un Démon vu la position dans laquelle il se trouvait. La pierre termina dans une poche de sa veste, hors de son contact.

Quelques instants plus tard, le voilà sur les pas de l'adolescente qui trottinait d'un pas enthousiaste devant lui. Elle avait tenu absolument à lui donner des "Présents", de quoi lui donner un mauvais pressentiment. Devant la porte, elle donna la clé au Lunaire, impatiente. Celui-ci la déverrouilla et l'ouvrit sur un salon sombre, à peine éclairée par des bougies ci et là. À l'intérieur, cinq femmes se trouvaient assises là où elles le pouvaient, que ce soit sur le divan, le fauteuil ou bien au sol.

La première chose qui frappa le Mage fut le visage de la plus proche qui était presque un sosie de Yunaia. Pendant un instant, il crut que c'était elle et que l’Écorcheuse l'avait enlevé. Mais non, le grain de beauté n'était pas à la même place et il y avait des détails qui permettaient de faire la différence. Cette vision eut le don de réveiller la douleur de la Perte, le temps qu'il se force à observer le reste de l'assemblée. Une autre ressemblait vaguement à son ancienne Femme et les trois autres lui firent penser à d'autres Femmes qui avaient tenté de le séduire sans y parvenir. Visiblement, l’Écorcheuse ne faisait pas la distinction. Le détail sordide poussait jusqu'au fait qu'elles portaient des vêtements similaires à celles dont elles devaient être la copie.

Il s'aperçut, plus tardivement, de la présence d'un Xaela crucifié au fond de la pièce, à moitié dans l'ombre, dont les traits s'approchaient de ceux de Solid. Il respirait difficilement mais il était toujours en vie. Ses cornes avaient été peintes grossièrement en blanc et sa peau en rouge. Eylion devina qu'il n'avait pas dû se laisser faire.

Écorcheuse: Alors, ça te plaît? fit-elle avec un sourire radieux. Toi aussi, maintenant, tu as des Jouets...!
Eylion: Je...

Les Femmes avaient tourné leurs regards vers eux, inquiètes, la peur lisible sur leurs traits. Cette vision eut le don de provoquer un haut-le-cœur chez le Lunaire qui s'efforçait de ne rien montrer. Le moindre impair et la Démone les tuerait tous.

Eylion: Ce sont vraiment... mes Jouets?

L'adolescente prit sa main entre les siennes.

Écorcheuse: Oui! Je suis désolée, je ne savais pas que tu t'ennuyais ici. Alors, ça te plaît?

Elle le regarda avec de grands yeux impatients. Il puisa dans toutes ses ressources internes pour ne pas grimacer. Non, au lieu de ça, il lui offrit le plus beau sourire possible.

Eylion: Absolument, Mademoiselle, fit-il en modulant sa voix avec charme. Il me tarde de jouer avec eux. Vous n'auriez pas dû faire tant d'efforts.

Le sourire de l'Entité se fit rayonnant à ces paroles.

Écorcheuse: Je suis heureuse, je savais que ça te ferait plaisir...! Mais avant de te laisser Jouer, je dois déjà te Guérir.
Eylion: Me... Guérir?

La Démone piocha dans la poche de la veste du Mage, sortant la pierre noire, fruit du contrat avec Solid. Elle resserra ses doigts pâles dessus, serrant assez pour la mettre en miettes, sans se départir de son sourire pendant que son autre main se posait sur le torse d'Eylion.

Écorcheuse: Te Guérir de tout ce que les vilains gens de l'Extérieur t'ont fait.

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Ennrael
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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Ennrael » 13 nov. 2018, 23:48

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Tout s'était enchaîné à une vitesse telle qu'il eut du mal à se reprendre ou à comprendre ce qu'il s'était passé. En prenant le temps de fouiller dans sa mémoire, il se rappela que... Oui, il avait été traîné à travers les couloirs du Manoir. Il avait entendu le bruit sinistre de multiples mécanismes, d'un passage s'ouvrant. Une pénombre inquiétante durant une descente d'escaliers. Il se souvenait de la sensation des ronces dans son col, de la moiteur de ses propres mains, de son souffle court.

Et puis, qu'y avait-il eu d'autre...? Les branches, oui, multiples. Elles l'entouraient, l'étouffaient à moitié. Certaines avaient dû s'infiltrer sous sa peau car il pouvait sentir des pulsations dans ses veines. Il ne pouvait pas bouger, qu'importe ce qu'il pouvait faire. Son estomac se serrait au rythme des sensations à la fois agréables et désagréables qui le prenaient. De l'exaltation d'une noirceur sous-jacente à la répulsion de cette même horreur. Il se sentait à la fois nauséeux et stimulé.

Il ne sentait plus le bas de son corps, ses jambes, ainsi que le côté droit de son visage. Ils étaient engloutis par la monstrueuse construction arboricole qui l'emprisonnait. Son Azur n'arrivait qu'à voir, à grande peine, la salle de pierre dans laquelle il se trouvait. Elle était immense. Circulaire. Une pénombre rougeâtre, à la fois surnaturelle et lugubre, régnait dans les alentours. Il avait l'impression de se trouver dans une sorte de crypte.

Au centre de la pièce, il pouvait voir un lit qui ressemblait à ces lits d'hospice ou bien d'asile, avec de quoi attacher le patient. Un lit tellement ensanglanté qu'on aurait pu croire que quelqu'un avait versé un seau de sang par le dessus.

Empty: ...
Eylion: Hrr...
Empty: Sérieusement...
Eylion: E... Empty...?
Empty: Qui d'autre?

Le Mage eut un faible rire nerveux.

Empty: Frozen, reste caché au cas où.
Eylion: Je crois que je t'ai entraîné dans une... sale situation...
Empty: Bon, elle peut me voir par ton œil à la noix?
Eylion: Je ne... sais pas... Je sens que la moitié droite de mon visage... est bloquée... Putain, je sens... des trucs pas nets... sous ma peau...
Empty: Prie pour toi que ça soit bon alors.

Le Démon sortit de l'ombre d'Eylion, ou du moins ce qu'il restait vu qu'elle était masquée par celle de la construction qui le retenait et qui prenait un pan entier du mur de la salle. En constatant l'état de l'Arcaniste, Empty dégaina ses lames.

Empty: Allez, au travail.
Eylion: ... Tu vas... essayer de faire quoi là...?
Empty: Tu veux sortir de là comment?
Eylion: ... Et si... elle le sentait? Te repérer... Et on est coincé ici... pour le moment... Je ne sais même pas... Ah... Où on est...

Empty tenta, malgré tout, d'attaquer une racine à portée pour voir comment la "plante" réagissait. Du sang noir s'écoula de l'égratignure faite, la racine se mettant à siffler de manière monstrueuse tout en s'agitant dans tous les sens. Il put comprendre que la construction était réellement solide, ne devant cette égratignure qu'à sa force et la qualité de ses armes.

Empty: Ouais, j'aurai pas le temps de tailler tout le reste. Putain, dans quoi tu t'es fourré, sérieux.
Eylion: ... Ah... Je ne sais pas trop... fit-il avec un faible sourire se voulant bravache.
Empty: Et tu sens quoi sous ta peau t'as dit?

Le Démon sortit du champ de vision d'Eylion, allant explorer le reste de la pièce que ce dernier ne pouvait pas voir.

Eylion: ... Tu pourrais peut-être... t'en sortir... Attendre le suivant passage de cette... tarée... Pour filer... Trouver le portail... et je ne sais pas trop pour... te répondre... J'ai l'impression d'un truc qui pulse... Non... De multiples trucs qui pulsent sous la peau... C'est à la fois désagréable et en même temps... Ah... Je... Je ne saurai pas comment le définir...
Empty: Si t'as des cafards du néant ou une saloperie du genre, tu restes loin de moi.
Eylion: T'as... franchement le chic... pour savoir quoi dire... souffla t'il dans un rire nerveux.

Le Lunaire entendit quelques bruits à la lisière de son ouïe, suivi d'un...

Empty: ... Qu'est-ce que...
Eylion: ...?
Empty: Eylion, c'est quoi cette pièce?

Il tenta de tourner la tête, en vain.

Eylion: Je... ne sais pas... Je ne l'ai jamais vu...
Empty: Il y a le corps de plusieurs femmes, et... elles ressemblent beaucoup à ta tortionnaire.
Eylion: Quoi...? fit-il, surpris.
Empty: Quoi, elle t'a aussi mis des racines dans les oreilles?
Eylion: Non, mais...

Il souffla à nouveau.

Eylion: Comment ça, elles ressemblent... à l’Écorcheuse...? Je n'arrive pas à tourner... la tête...

Il entendit un long soupir de la part de son frère. Ce dernier revint pour lui présenter le corps nu d'une femme morte. Son épaule semblait avoir été percée à l'aide d'un outil comme un croc de boucher. Le côté gauche de son corps avait été écorché. Quant au visage, il semblait, en effet, semblable à celui de l’Écorcheuse même si quelques traits étaient légèrement différents.

Empty: Mieux?
Eylion: ... Oh putain... de bordel de...! C'est quoi cette pièce...? lança t'il, choqué.
Empty: Mais on est pas rendu avec toi en fait, dit-il avec une mine équivoque. Enfin...

Celui-ci reposa le corps au sol avant de s'éloigner à nouveau, reprenant son exploration.

Eylion: Écoute... J'ai du mal à réfléchir... à l'heure actuelle... Désolé si j'ai des... "cafards" du Néant ou je ne sais pas quoi qui est en train de me foutre en l'air...

Empty se rapprocha du lit au centre de la pièce, se mettant à l'observer.

Empty: Si seulement tu avais pu retrouver ton rôle de servant...
Eylion: Oui... mais... visiblement... elle a d'autres plans... Salope... J'aurai bien... voulu tenter... de voir si je ne pouvais pas donner un coup de main...
Empty: Et t'aurais fait quoi exactement?
Eylion: J'aurai tenté... de poser des glyphes... Même si la Magie est affaiblie ici... Ça ne veut pas dire... qu'elle est totalement annulée...

Le Démon récupéra un autre corps qu'il vint déposer sur le siège d'opération. Il commença à l'attacher mais les attaches se muèrent d'elles-mêmes, se rabattant sur les poignets et les chevilles du cadavre. Celui-ci commença subitement à convulser dans tous les sens, s'agitant furieusement au point de faire trembler les sangles. Un hurlement lointain se fit entendre, ne venant pas du corps mais d'un point indéterminé dans la salle, comme des cris lointains de détresse, de douleur.

Eylion: ...!!
Empty: Oh, elle vit encore celle-là ou quoi? Ferme ton claquet bon sang!
Eylion: Putain...! Retire la de là...!!
Empty: Pourquoi ça?

Les hurlements continuaient... On pouvait presque distinguer des supplications.

Eylion: À ton avis, merde?!
Empty: Ta gueule la morte!

Empty alla en décrocher une nouvelle. Eylion put deviner qu'il y en avait plusieurs dans les alentours mais il lui était impossible de savoir combien, ni où. Il revit juste son frère déposer le nouveau corps devant celle attachée mais le geste ne fit aucun effet sur les convulsions et les cris continus.

Eylion: Empty, il faut vraiment que tu la retires de là! Et si elle t'entendait?!
Empty: Et comment tu crois qu'on va justifier la plante crevée qui pisse le sang? Je fausse les pistes! Par contre, celle-là me casse les oreilles...

Il détacha le cadavre, celui-ci redevenant aussitôt inerte, les cris retombant. Pendant qu'Empty parlait, la racine avait cessé peu à peu de saigner, bougeant avec une grande lenteur pour rejoindre sa plaie.

Eylion: Fausser... les pistes...?
Empty: Si elle est un brin attentive, elle verra que quelqu'un a tenté d'attaquer les racines, alors je vais m’amuser à déplacer tous les corps. Ta détention ne sera pas de tout repos pour elle.
Eylion: C'est sûr qu'elle va se poser des questions...

Il tenta de reposer le corps sur le lit sans l'attacher mais les sangles muèrent de nouveau par elles-mêmes. Les cris et les convulsions reprirent, obligeant l'infiltré à l'ôter immédiatement de là.

Empty: Rhaaaa...
Eylion: C'est... vraiment bizarre... Des sosies... de l'autre... salope... À moitié écorchées... Elles sont mortes ou...?

Pendant qu'il parlait, Empty vint récupérer trois corps qu'il vint disposer autour de la construction qui retenait Eylion, comme si elles essayaient d'être proches de lui.

Empty: Au fait, ton Écorcheuse... c'est bien le même visage qu'elle a? Ou tu la trouves changée?
Eylion: ... Heu, si tu pouvais... en soulever devant mon œil... Pour mieux voir...

Le Démon s'exécuta, en soulevant une devant l'Azur qui se mit à l'observer attentivement.

Eylion: ... Ce n'est pas elle... Elle y ressemble beaucoup, oui mais... Je suis formel... Ce n'est pas elle...
Empty: Ok... dit-il en la relâchant à terre. Tu n'auras qu'à dire qu'elles ont bougé d'elles-mêmes.
Eylion: D'accord...
Empty: Mais je commence à me demander si mon oncle n'a pas vu juste.
Eylion: À propos de...?
Empty: Que ton Écorcheuse est une victime aussi.

Le Mage eut un léger rire discordant.

Eylion: Putain, pour une victime... Elle n'agit pas trop en tant que telle... Tu as vu ce qu'elle a fait à ce Xa...
Empty: Si la création attendue est décevante... on la tue.
Eylion: Création...?
Empty: Je reviens, sois sage.

Pendant qu'il parlait, Empty faisait des tests, attachant un autre corps au lit avant de faire le tour de la salle, pour voir d'où venaient les cris. Cependant, il put constater qu'ils ne venaient pas "d'ici", ce n'étaient que des échos fantomatiques qui se répercutaient sur les murs sombres de la salle.

Eylion: Comment ça... création... Empty...? demanda t'il, inquiet.
Empty: Fais chier...
Eylion: ...

L'infiltré enleva le corps pour aller le rajouter aux pieds d'Eylion, aux côtés de ceux qu'il avait déjà déplacé.

Empty: Et une membre de plus à ton fan groupe, félicitations!
Eylion: ... J'adore... ton sens de la déco... ne put-il s'empêcher de lancer, sarcastique.
Empty: T'as vu ça? Et encore, tout à l'heure, je voulais en mettre l'une sur l'autre comme si elles s'amusaient ensemble, mais elles bougent trop pour ça.
Eylion: ... Putain, merde... Empty... Je ne sais pas trop ce qu'elles sont... mais quand même...
Empty: Pour en revenir à la création... si j'avais pas été "correct", quel sort m'aurait réservé mon très cher et estimé oncle?

Eylion tenta de dodeliner de la tête avant d'être rappelé à l'ordre par son immobilisation actuelle.

Eylion: À la base, il a tenté... de t'éliminer... vu que la fusion... n'avait pas été faite... C'est bien ça...?
Empty: C'était pas une fusion totale, il devait prendre le pouvoir que j'avais et une fois que je n'avais plus d'utilité, hop, poubelle. Sauf que bon, j'étais pas jetable en vrai. Mais on s'éloigne, t'as pas pigé je crois.
Eylion: Hrm... Développe alors...
Empty: Le Père de l’Écorcheuse doit vouloir sa "fille parfaite". Si l'une d'entre elles ne colle pas avec son image, hop, adios. Tu as tous les ratés ici, je crois.
Eylion: ... S'il y a bien un Père... Hm... mais tu penses... alors... Hm... Mais alors... pourquoi on... a l'autre... salope... et pas Lui... directement...?
Empty: J'ai rien pigé! Tiens toi surtout à carreau et soit mielleux avec s'il le faut, histoire de pas rejoindre cette collection.
Eylion: ... Super... Tu ne sais pas à quel point... j'adore lui faire des numéros de charme... dit-il, sarcastique.
Empty: Si tu préfères, je tranche ta tête et on rentre à la maison, et tu repousseras tranquillou pendant quelques lunes.

Le Mage grimaça.

Eylion: Je n'ai jamais... été... décapité... Je préfère... ne pas essayer...
Empty: Tu sais quoi? J'vais aller faire un tour, je te laisse avec ton fan club.
Eylion: Fais attention...
Empty: Genre, j'vais courir en criant dans le couloir? Bien sûr, quelle remarque idiote!

Le Miqo'te souffla un rire nerveux et amusé à la fois pendant que son frère s'éloignait. Celui-ci put rejoindre des escaliers étroits qui remontaient jusqu'à un passage bloqué. Une rapide analyse lui permit de comprendre que le passage en question était bloqué par un enchantement complexe. Passer par les ombres n'était pas une option. Il dut attendre le suivant passage, retournant auprès d'Eylion pour passer le temps en discutant.

Entre hypothèses et sujets de conversation légers pour se changer les idées, un bruit venant de la sortie attira leur attention. Empty disparut aussitôt dans les ombres. Peu de temps après, une Elézenne encapuchonnée, vêtue d'une toge vert sombre, s'approcha du Mage, un sourire sur ses lèvres peintes.

Elle retira sa capuche une fois arrivée à proximité, révélant une abondante chevelure rousse.

Inconnue: Eylion Grenn, c'est un honneur de vous avoir en face pour la première fois.
Eylion: ...? À... qui ai-je l'honneur...?

Le sourire de l'inconnue s'élargit à cette question.

Inconnue: Une amie si vous le souhaitez... Mon nom est Valia Sarined. Sachez que j'ai une très grande estime de vos travaux.
Eylion: De mes... travaux...?
Valia: ... J'ignore comment on a pu passer à côté d'un tel... potentiel... fit-elle suave, en se rapprochant. En même temps, vous vous faites discret. C'est étonnant, avec tout ce que vous savez, qu'on n'entende jamais parler de vous.

Il eut un air de plus en plus perplexe avant de grogner.

Eylion: Allez au point... J'ai un Thé à prendre comme vous le voyez.

Elle eut un léger rire.

Valia: On se la joue à la dure...? J'aime ça... Bon, par quel point pourrai-je commencer...? Ah oui... Nitrisha Artyom, ça vous dit quelque chose?

Le visage du Mage, ou plutôt la moitié de celui-ci, se ferma à cette mention.

Valia: Je sais ce que vous lui avez fait.

Elle levant une main aux ongles peints vers le visage de l'Arcaniste, sans toutefois le toucher. Elle avait l'air soudain fascinée.

Valia: Vous en avez fait une Déesse.

Il eut un sourire discordant en retour.

Eylion: ... Un Monstre... Oui, je commence à voir... où vous voulez en venir... et vous pouvez... aller vous faire foutre...
Valia: Pourquoi je m'attendais à cette réponse...? fit-elle avec un sourire navré. Vous qui... pourtant en savez plus que bien des Occultistes les plus brillants qui existent... Vu tous les cultes que vous avez croisé... Je sais pour votre Fem...
Eylion: ANCIENNE Femme, grogna t'il. Vous feriez mieux de vous la fermer... si c'est pour débiter autant de conneries en si peu de temps...

Elle soupira.

Valia: Je voulais dire que je savais tout votre parcours, jusqu'aux Hunters... Je ne suis pas votre ennemie, vous savez, surtout dans la situation...

Son sourire revint, se faisant à nouveau plus suave et amusé.

Valia: ... Dans laquelle vous vous trouvez actuellement.
Eylion: ...

Il souffla.

Eylion: Alors... c'est ça? Vous vous proposez... de me faire sortir gentiment d'ici pour que je vous charcute à la sortie? Très inventif, vraiment...
Valia: Tant de vulgarité... On m'avait dit votre caractère difficile mais... j'ai l'habitude, dit-elle amusée. Mais oui, c'est très simple comme vous le voyez... Enfin, me "charcuter" n'est pas le mot exact... et mes buts sont bien plus vastes.
Eylion: Faites moi rêver... répliqua t'il avec un sourire peu amène.
Valia: ... Non... Pour le moment, je crois...

Les doigts de la femme descendirent jusqu'au torse du Miqo'te, s'y déposant, presque dans une caresse.

Valia: ... Que je vais vous laisser réfléchir... profiter de vos retrouvailles... Lucrétia est si charmante, vraiment. Je ne voudrais pas vous séparer trop vite.

Le Mage prit une inspiration, agacé. Son immobilisation et son état le frustraient.

Valia: Réfléchissez à mon offre... dit-elle, ses doigts remontant à la lisière de la mâchoire. Nous aurions... tellement... à gagner à travailler ensemble.

Il se mura dans son silence, son air se fermant. Non pas que l'envie de répliquer ou de poser des questions lui manquait, seulement son esprit était embrouillé par ce qui pulsait au sein de ses veines. Plus le temps passait, plus il avait du mal à garder ses pensées cohérentes.

Valia: Je prends ça pour un oui, poursuivit-elle, amusée, avant de tourner les talons. J'espère que vous serez plus... "ouvert" à ma prochaine visite, Monsieur Grenn.

Elle s'éloigna sur ces mots tout en faisant un geste de main en arrière. Elle ignorait qu'elle était talonnée de près par Empty, bien décidé à creuser ce qu'il se passait. En-dehors du passage, Lucrétia attendait Valia, vêtue d'une robe couleur azur.

Lucrétia: Vous avez pu parler avec mon Écorché? demanda t'elle avec un sourire ingénu.
Valia: Oui, il est... tout à fait charmant, je vois ce que vous lui trouvez.
Lucrétia: Vous voyez! lança t'elle avec un fort enthousiasme. Mon Écorché est merveilleux.
Valia: Hm...

La femme cacha son malaise derrière un sourire parfaitement calculé.

Valia: Oui, tout à fait... Je pense sinon que je vais rentrer chez moi. J'ai tenu ma part, comme vous le voyez.
Empty: ...!
Lucrétia: Vous êtes sûre que vous ne voulez pas rester? fit-elle tout en inclinant légèrement la tête sur le côté avec un sourire.
Valia: Ce serait avec plaisir mais non, j'ai beaucoup d'affaires. Je reviendrais pour l'Heure du Thé. Promis, répondit-elle avec le plus beau sourire qu'elle pouvait offrir.

Le sourire de la Démone se fit plus indéfinissable pendant un bref instant avant qu'elle ne retrouva son air ingénu.

Lucrétia: D'accord...! Amies pour toujours...!
Valia: Amies... pour toujours. Hm... Je... devrai garder la Marque à mon œil tant que je souhaite venir ici en fait?
Lucrétia: Bien sûr! Comment vous retrouverai-je sinon?

L'adolescente vint prendre vivement les mains de son interlocutrice dans les siennes, comme si c'était sa meilleure amie. Prise au dépourvu, l'Elézenne acquiesça avec prudence.

Valia: Je voulais juste... savoir mais je suis contente que vous considériez ça comme une Marque d'Amitié. Je vous ramènerai d'ailleurs un présent la prochaine fois.
Lucrétia: Un présent?

Elle sembla subitement très intéressée comme si Valia venait de lui annoncer que c'était bientôt son anniversaire.

Lucrétia: Dites le moi, dites le moi!

La femme eut un rire discret.

Valia: Si je vous le disais, ce ne serait plus une surprise, Lucrétia.
Lucrétia: Oh...

Elle relâcha Valia avec une moue déçue.

Lucrétia: D'accord...
Valia: Pourriez-vous me raccompagner, en attendant?
Lucrétia: Oui, bien sûr... dit-elle, toujours un peu déçue.

Elles se dirigèrent alors vers une porte non loin, porte qui s'ouvrit sur une volée de marches descendant dans ce qui devait être un sous-sol. Le sous-sol ressemblait à une cave des plus classiques, bondée de multiples objets stockés et oubliés là, que ce soit des tableaux, des fauteuils recouverts de draps blancs poussiéreux ou encore des coffres. Dans ce capharnaüm, la Démone guida la femme entre les objets jusqu'à un mur dissimulé derrière deux rideaux. Lucrétia posa alors ses doigts pâles sur le mur, faisant apparaître un symbole ressemblant presque à un engrenage. Le mur dévoila alors un passage secret et un très long couloir menant à une autre porte.

La nouvelle salle au bout était une petite salle circulaire autour d'un socle assez large muni d'un cercle formé de cercles ésotériques. L'air se mit à s'alourdir quand Lucrétia activa le portail, ses yeux devenant d'un noir absolu, les symboles s'illuminant de rouge. Une Faille obscure apparut au-dessus du socle, une Faille qu'Empty et Valia empruntèrent tour à tour.

Quand Empty ressortit de l'autre côté, il s'aperçut qu'il se trouvait dans d'antiques ruines amdaporiennes, à Sombrelinceul. Il faisait grand jour. Il hésita, pendant un instant, à revenir en arrière mais... il décida finalement de saisir l'opportunité de rejoindre Valia. D'un geste de main, il sortit de sa tenue un prisme mirage qu'il utilisa, ses vêtements prenant l'aspect d'un uniforme de majordome.

Il accourut ensuite pour rattraper la femme, modulant sa voix pour la rendre plus distinguée.

Empty: Madame... vous marchez bien vite!
Valia: Hm...?

Elle se retourna, surprise alors qu'elle se dirigeait vers l'Éthérite la plus proche, à savoir celle du Moulin de la Clairière. Elle regarda de bas en haut l'individu, de plus de plus en plus étonnée.

Empty: Dame Lucrétia a eu l'excellente idée de m'envoyer vous assister pour que vous lui rameniez un présent somptueux!
Valia: Vous... faites parti du Manoir?
Empty: Naturellement, pensiez-vous donc que des majordomes sortent de nulle part ainsi? Non, assurément!

Pour ne pas s'attendre à ce coup-là, elle ne s'y attendait pas! L'idée d'avoir ce rebut dans ses pattes ne l'enchantait absolument pas. Elle tâcha de se reprendre de son mieux, ce n'était pas le moment de tout faire rater, si proche du but.

Valia: C'est... une attention tout à fait charmante mais je n'ai pas besoin de votre aide.

Empty fit mine d'être choqué, bien plus aguerri à ce petit jeu que son interlocutrice.

Empty: Mademoiselle ne sera pas contente... du tout...

La mention la rendit inconfortable sur le moment mais elle tâcha de masquer ce pan, bien que grossièrement.

Valia: Je... J'ai déjà décidé du présent, c'est pour ça, dit-elle avec un grand sourire.
Empty: Ooooh, voilà qui est d'un soulagement certain! Puis-je m'enquérir de la nature du présent? Il en va de l'avenir de votre tête sur vos épaules, huhuhu!

Le sourire de la femme tilta de manière imperceptible sous l'effet de son agacement profond.

Valia: Mais ce ne serait plus une surprise si je vous le disais...!
Empty: Mais ce n'est pas à moi que vous allez l'ouvrir, alors n'ayez crainte. Je suis ici afin que la situation soit des plus favorables!

C'est qu'il insistait le corniaud. Après un instant de réflexion, elle reprit néanmoins.

Valia: Très bien, très bien, suivez moi... Je vais vous le remettre, vous le rapporterez à Demoiselle Lucrétia.
Empty: Non, non, non, non, non! Madame sera fâchée si ce n'est pas vous qui allez le lui remettre! À moins que... vous...! V-vous n'envisagez pas de lui fausser compagnie?!
Valia: Non, bien sûr que non! Je compte... lui remettre un collier, voilà, si vous tenez vraiment à le savoir.
Empty: Un collier! Oh malheur! OH MALHEUR!!!
Valia: ...?! Q-quoi?
Empty: Quelle idée sotte! JAMAIS!
Valia: Pourquoi? demanda t'elle, interloquée.
Empty: Suivez-moi, je sais ce qui lui plaira au plus haut point!

Elle le regarda, un brin éberluée, avant qu'une pointe d'agacement et de frustration ne la prenne. Elle n'allait pas pouvoir le faire lâcher comme ça. Malheureusement, elle n'avait pas réellement le "choix".

Empty: Laissez-moi vous guider jusqu'au lieu adapté pour offrir votre présent!

Elle soupira discrètement à cette mention.

Valia: ... Je vous suis mais sachez que je suis une femme très occupée...! Il me faut rentrer au plus tôt.
Empty: Soit, nous serons brefs.

Ils se rendirent auprès de l’Éthérite du hameau avant de se téléporter au sein du jardin appartenant à la Brigade Rouge.

Empty: Nous y sommes! Le cadeau parfait siège ici!

La femme regarda les alentours, perplexe, en relâchant la main du "majordome".

Valia: Où sommes-nous...?
Empty: C'est ici qu'a résidé fut un temps l’Écorché. Dame Lucrétia fut fortement déçue de voir qu'il n'avait pas son mouchoir de poche. Ce cadeau vous voudra bien plus de louanges qu'un collier!
Valia: Où... Mais alors, nous sommes devant la Brigade Rouge...! s'exclama t'elle, surprise.
Empty: Est-ce un problème? Vous connaissent-ils?

Elle secoua la tête tout en lissant sa tunique, nerveusement. Elle ne pouvait s'empêcher d'injurier mentalement la folle obsessionnelle et l'ensemble de son personnel dément.

Valia: N-non mais...
Empty: Fort bien. Entrons. Pendant que vous ferez distraction, je m’emparerai du mouchoir et nous aurons tous les deux ce que nous désirons: Vous le présent et moi le bonheur de Dame Lucrétia!
Valia: ... Hmm... Très... bien mais si quelque chose ne va pas, je vous laisse dedans, je vous préviens!
Empty: En voilà des manières! Mais soit...

Une fois à l'intérieur, Valia fit quelques pas, peu rassurée. Sa mauvaise intuition allait se vérifier car Empty se cala contre la porte pour la bloquer.

Empty: MIA, Code Jaune!
Valia: ...?!

[MaGiE DéSaCtIvéE]

Valia: Qu'est-ce que...

Le Démon esquissa un sourire satisfait.

Empty: Bienvenue à la Brigade Rouge...
Valia: V-vous... en faites parti...?!

Solid accourut à ce moment, alerté par l'activation.

Solid: Que se passe-il...? fit-il, surpris.

Valia, de son côté, porta ses mains à sa poitrine sous l'effet de la surprise avant de tourner la tête vers Solid, semblant comprendre dans quel guêpier elle venait de se fourrer.

Empty: Voici notre ticket d'entrée pour le Manoir!
Solid: Oh...
Valia: C'est... absurde...! Qu'est-ce que vous savez au juste?!
Empty: Que vous êtes venue rendre visite à Eylion. C'était une conversation très intéressante.

Elle n'en revenait pas.

Solid: Et si nous allions discuter, hm?
Valia: Comment ça, rendre visite? essaya t'elle de nier. Je ne connais pas d'Eylion...!

Quand elle vit le Démon Rouge s'approcher, elle recula d'un pas.

Valia: Ne m'approchez pas! fit-elle, effrayée.
Empty: "Haaan, vous en avez fait une Déesse!", mima t'il avec exagération.
Valia: ...! Vous... Personne n'était là...

Empty disparut pendant quelques instants, avant de réapparaître.

Valia: ...!!

Elle recula encore, choquée.

Solid: On peut être de votre côté... ou bien... je peux vous montrer que je sais être original au niveau des tortures.
Valia: ... Je...

Elle regarda Empty et Solid tour à tour, cherchant désespérément une issue.

Solid: Peut-être qu'une tasse de thé vous ferait du bien? Ou bien un alcool plus fort?

Elle essaya de retrouver son calme de son mieux avant de se redresser. Puisqu'elle était coincée de toutes façons, autant garder sa dignité et compter les cartes encore en main pour se sortir de ce pétrin.

Valia: Je... ne prendrais rien, merci, fit-elle, assez réfléchie pour ne rien boire de ce qui pourrait provenir de la Brigade.
Solid: Entendu... Allons au salon, cela sera plus confortable pour parler, d'accord? ♪
Valia: ...

Elle leva le menton, tâchant de le garder haut.

Valia: Je vous suis.

Solid se mit à sourire, ouvrant la marche vers le salon bleu à proximité. La femme s'assit sur l'un des divans en enlevant sa capuche.

Solid: Bien ♪ Vous n'avez pas l'air de vouloir être de notre côté pour le moment, puis-je savoir pourquoi?
Valia: Pourquoi vous seriez de mon côté? demanda t'elle avec un ton détaché.

Elle croisa les jambes tout en parlant. Un homme passa dans les environs, homme auquel Solid s'adressa en attirant son attention d'un geste de main.

Solid: Allez surveiller l'entrée, et bloquez tout possible renfort, je vous prie. Prenez autant de personnes que nécessaire.
Jhinn: ...

Elle fronça brièvement des sourcils en suivant Jhinn du regard avant de revenir à Solid. Il pensait vraiment qu'elle allait juste se contenter de rester comme ça, à ne rien faire, intimidée? Elle porta une main à son oreille, faisant mine de replacer une mèche de cheveux derrière celle-ci. Elle activa au passage sa perle discrètement. Avec un peu de chance, ses suivants seraient assez intelligents pour suivre la conversation et comprendre où elle se trouvait et ce qui était en train de se passer.

Après le départ de l'homme, Solid revint à elle.

Solid: Pourquoi ne le serai-je pas, pour commencer? On dirait qu'on peut faire affaire, tous les deux.
Valia: Affaire... De quelle sorte d'affaire parle t'on là? amorça t'elle, toujours sur le même ton.
Solid: Eh bien... tout dépendra de ce que vous désirez. Personnellement, j'aimerai récupérer Eylion de manière définitive. Et si possible, régler cette histoire de Manoir.

Elle eut un petit sourire en coin à la première mention, assez bref, presque un rictus amusé. Il était encore heureux que Solid ne soit pas télépathe car elle s'en sortirait nettement moins bien. La pensée à l'origine de ce rictus était de l'acabit moqueur d'un "Aw, le démon rouge se soucie de son petit casse-croûte nocturne? Comme c'est mignon".

Valia: Je ne sais pas si vous pourriez m'accorder ce que je désire et je ne vois pas pourquoi je prendrais le risque de vous le dire.
Solid: Vous pensez vraiment que je vais vous laisser partir si vous me lancez un vilain regard?
Valia: Je ne crois pas, en effet, mais si vilain que ça, franchement...? dit-elle avec un sourire se voulant plus charmeur.
Solid: Nous voulons manifestement tous les deux quelque chose. On doit bien pouvoir s'arranger, non?
Valia: ... Tout dépend si vous pourriez m'accorder plus de pouvoir, chose que votre... petit Arcaniste pourrait facilement accorder mais j'ai crû comprendre qu'il était du genre têtu en affaires.
Solid: Tout dépend de ce que vous recherchez, mais à parler ainsi, on peut tourner autour du pot un bon moment, non?

Elle fit une brève moue.

Valia: J'ai pourtant été claire: je veux être plus forte, avoir plus de puissance à ma disposition.
Solid: C'est tout? Pourquoi, vous êtes faible?

Elle soupira.

Valia: J'ai quelques capacités mais je ne suis qu'une pauvre frêle... dame... dit-elle avec un ton ampoulé, surjouant à souhait.
Solid: Mais quelle force voulez-vous? Vous avez envie de soulever des rocs entiers? Avoir la tête la plus pensante du pays? Être une fortune écrasante? La force a plusieurs aspects...
Valia: Si j'ai fait appel à votre charmant Arcaniste, vous devez bien vous douter de quel type de force je vise, dit-elle avec un sourire un brin moqueur.
Solid: Magique, mais dans quel but?
Valia: Mes propres buts mais... Puisque vous êtes si... "cordial", souffla t'elle avec un ton empli de sous-entendus pas très nets. On va dire que l'un d'eux est d'impressionner quelqu'un qui me pense incapable.
Solid: Vous voulez courir après une personne qui ne veut pas vous regarder pour ce que vous êtes? Si obtenir de la puissance est votre désir, sans doute je peux vous y aider. Mais pour votre propre bien, vous devriez savoir que dans le fond, cette personne ne s'intéresse pas vraiment à vous.
Valia: Vous ne connaissez pas cette personne, s'offusqua t'elle quelque peu. Il vaut bien mieux que la plupart des... péquenauds que j'ai pu croiser de toute ma vie sordide. Je ne vois pas sinon en quoi vous pourriez m'y aider... Enfin si... Mais je sens l'entourloupe. Votre... petite sœur était déjà bien assez pénible à négocier avec mais c'était encore relativement... simple.
Solid: Si une personne de base ne s'intéresse pas à vous, mais qu'elle le fait après que vous ayez des pouvoirs, n'est-ce pas plutôt votre futur potentiel qui lui fait du charme? Après, c'est pour vous que je dis ça, hm.

Le regard de Valia se plissa, agacée par le fait que le démon parlait "sans savoir". Elle n'était pas une idiote. Des hommes, elle en avait vu dans sa couche à plus d'une reprise. Dans ses draps de satin, elle l'avait vu se lever pour se rhabiller. Comme toujours, il ne restait jamais les matins.

Valia passé: ... Qui est celle à qui tu penses?
???: Hm? De quoi tu veux parler, ma chère Valia?
Valia passé: Je sais quand un homme est "avec" moi ou quand il pense à quelqu'un d'autre... Alors qui est-elle? Ou il...?

Il avait esquissé un sourire en coin amusé avant de se retourner et de se pencher vers elle pour susurrer contre ses lèvres.

???: Pourquoi penserai-je à quelqu'un d'autre que toi à cet instant? Tu sais pourtant que je vous aime tous à votre manière et quand je suis avec le ou la concernée... Je lui suis entièrement consacré.

Valia: Je sais ce que je fais, dit-elle en remettant une partie de sa longue chevelure derrière l'épaule. Et ce que je veux.
Solid: Bien, mais n'allez pas dire que je ne vous ai pas prévenu, dit-il avec un sourire. Du coup... vous rendre plus forte... de la magie... hmmm...
Valia: Je suis une grande fille, ne vous inquiétez pas, fit-elle avec un sourire équivoque.
Solid: Il y aura deux conditions pour que je vous y aide. Enfin, trois même. La première, que vous me décriviez un peu plus ce que vous voulez, un exemple serait le bienvenu. La deuxième concerne votre part du contrat, en échange de ce pouvoir, vous nous ouvrirez quand bon nous semblera l'accès au Manoir de l'autre folle que vous avez pensé être ma soeur. Et la dernière... Si vos nouveaux pouvoirs venaient à blesser de quelque manière que ce soit un des Shields, un des membres de ma famille donc, vous serez immédiatement mienne.
Valia: Hm... Je veux la même puissance que Nitrischa Artyom, je ne sais pas si votre petit précieux vous en a parlé.

Le chef de la Brigade prit un instant de réflexion.

Solid: Non, je dois avouer que cela ne me dit rien.

Elle eut un léger gloussement, dos de la main à ses lèvres.

Valia: Ça ne m'étonne pas... Mais il vous a peut-être parlé de son ancienne Femme...? Oui, non...?
Solid: Elle ne m'est pas inconnue, en effet. Est-ce elle?
Valia: C'est son nom, oui... Ancienne médecin de guerre capturée par le culte d'Oblivion. Ils essayaient de faire incarner en elle un Primordial de leur crû et ils étaient à deux doigts de réussir, narra t'elle en mimant un espace infime entre son index et son pouce.
Solid: Vous voulez avoir la force d'un quasi-primordial? demanda t'il avec un sourire.
Valia: Oui, dit-elle en levant le menton.

Valia passé: Je sais que je peux t'être plus utile que ça. Laisse moi juste une chance...!
???: Mais tu l'es déjà. Tu n'as pas besoin d'en faire plus.

Valia: Et votre petit précieux connaît tous les rituels qu'ils ont utilisé... ainsi que celui qu'il a lui-même fait pour empêcher que l'Oubli ne l'emporte, de stabiliser cette puissance.
Solid: C'est un peu cher payé pour ouvrir une porte, non? Je suis de très loin perdant sans parler que je ne peux pas, moi-même, vous donner ceci... enfin il y aurait bien "ça" mais...

Il prit un temps de réflexion.

Solid: ... Non, mauvaise idée...

Elle eut l'air intrigué un instant avant de se reprendre.

Valia: Je ne vois pas ce que vous pourriez proposer d'équivalent.
Solid: Ce sera difficile, en effet. Après, nous avons encore un autre moyen de retrouver Eylion sans votre aide, ce qui ne m'empêchera pas de vous maintenir captive ici et sans magie. Vous ne verrez pas Eylion et vous n'aurez jamais ce que vous voulez. Sans parler que si ma première méthode échoue, je pourrai venir vous torturer à loisir jusqu'à ce que vous vous décidiez. Vous êtes sûre de ne rien vouloir d'autre?

Elle grimaça à cette mention.

Valia: Parce que vous...

Elle hésita un instant, se mettant à réfléchir. Ce fut à ce moment que du grabuge se fit entendre à l'extérieur. Solid sembla réagir à des appels sur sa perle. Elle eut un sourire. Il était temps que ses suivants réagissent. Cependant, vu le bruit, il était possible qu'ils attaquent de front le QG. De quoi la contrarier. Elle savait qu'ils n'étaient pas très fins mais là...!

Solid: Tenez-les un petit peu, je vais devoir abréger avec Mademoiselle.
Valia: Vous n'avez aucune chance.

Même si la situation était mauvaise, elle essaya de tabler sur l'ignorance de son interlocuteur, de lui faire croire à une plus grande menace. Peine perdue. Le Démon se leva et dégaina son épée pour la mettre en joue.

Solid: Rappelez vos hommes... ou mourrez.
Valia: Vous me tuez, ils continueront jusqu'à ce que ma mort soit vengée, siffla t'elle.
Solid: Je ne reviens, hélas, jamais sur une parole.
Valia: Vous bluffez, fit-elle, néanmoins nerveuse.

Dehors, le combat faisait rage. Elle ignorait complétement si ses suivants auraient le dessus ou non. En attendant, elle était seule, dénuée de magie, face à un Démon.

Solid: Je n'ai pas conquis le cœur d'Eylion avec des mensonges. Ensemble, nous aurions plus de chances avec l'autre plutôt que chacun de notre côté.

Elle déglutit, hésitant.

Valia: ... Je, hm... Alors je... souhaite négocier... que vous... convainquiez... Eylion...
Solid: Eylion vous sera t'il plus favorable si vous l'aidez ou si vous oeuvrez contre lui? S'il apprend que vous vous en êtes EN PLUS pris à sa famille... adieu vos pouvoirs.

Elle serra les dents. Elle s'était déjà renseignée sur l'Arcaniste, assez pour savoir de quoi il avait déjà été capable. C'était bien pour ça qu'elle avait tablé sur l’Écorcheuse pour avoir le dessus.

Solid: Votre réponse?

Elle siffla de colère.

Valia: Très bien... Je les rappelle... mais rangez votre lame...!!

Le Démon rengaina son arme, sourire aux lèvres pendant que la femme portait une main à sa perle.

Valia: Nos... Arrêtez vos assauts.
Nos: ...?! Pourquoi?! On peut avoir le dessus!
Valia: Vous n'avez pas continué à écouter, bande d'imbéciles?! Je suis à l'intérieur!!
Nos: ...
Solid: Ravi de faire affaire avec vous ♪

Elle rabaissa sa main, frustrée.

Valia: Vous ne me donnez pas le choix.
Solid: C'est faux, on a toujours le choix.
Valia: Je choisis de vivre, comme je l'ai toujours fait, répliqua t'elle avec dédain.
Solid: Je tâcherai de le convaincre. Même si je ne peux pas décider pour lui.

Elle détourna le nez, énervée.

Nos: Qu'est-ce qu'on fait, Madame...?
Solid: Ils n'ont qu'à rentrer prendre le thé ♪
Valia: Restez dehors et ne bougez pas, dit-elle en réactivant brièvement sa perle, agacée.

Elle revint ensuite à son interlocuteur, plissant les yeux.

Valia: Hors de question...

Solid: Bien... comment procédons-nous? Et pourquoi vous étiez là-bas?
Valia: ... Je vous fais entrer quand vous le voulez au Manoir mais en échange, vous me laisserez repartir à ce moment-là... et vous essayerez de convaincre votre petit précieux de m'aider à l'avenir. J'étais là-bas pour lui proposer le Marché mais il a refusé.
Solid: Je vois... et comment avez-vous su comment y accéder? Et tout ça pour juste ça?
Valia: Oh, chéri... fit-elle avec un sourire suave. J'ai bien des moyens d'avoir des informations... L'histoire de votre petit précieux m'a été... ramenée à mes oreilles... Il vaut bien que je me sois intéressée à son cas.

Le but n'avait pas été de le convaincre en une seule fois. Exposer le Marché n'avait été que la première étape.

Solid: Donc... tout ceci... l’Écorcheuse... tout ça... S'il est entre ses mains, serait-ce de votre faute?
Valia: ...

Elle réajusta une mèche, soupirant.

Valia: J'aime savoir que mes négociations se passent sans heurt... Bien que... Avec ou sans moi... Votre petit précieux allait avoir des problèmes, dit-elle, amusée.
Solid: Oh? Pourriez-vous détailler?
Valia: Si je vous le dis, est-ce que je pourrai avoir la garantie de rester saine et sauve...?
Solid: Peut-être ferai-je mieux de vous tuer tout de suite alors?

La perle de Valia crépita un instant.

Nos: Madame, nous allons devoir nous retirer. Les autorités arrivent. Je vous en prie, revenez nous en un seul morceau.

Pas grâce à vous, bande de crétins, pensa t'elle, rageuse.

Valia: Oui mais sans savoir quelles menaces pourraient bien vous guetter vous et votre charmante petite famille, dit-elle avec un sourire vis à vis de Solid.
Solid: Ce n'est pas faux. Je sais que le Miqo'te aime bien se mettre dans de beaux draps mais là quand même...
Valia: Si vous saviez... dit-elle, amusée.
Solid: Cependant, vu que vous n'avez pas l'air de vouloir parler, que vous soyez morte ou non, ne changera rien, n'est-ce pas?
Valia: Je suis tout à faiiit disposée à parler voyons, chéri... Juste que je tiens à ma vie et que je n'aime pas souffrir, je cherche à préserver mon bien-être. Vous ne le feriez pas? dit-elle en papillonnant des cils.

Le Démon se contenta d'esquisser un sourire.

Solid: J'ai la sensation que nous serons amené à nous revoir prochainement. Si jamais cela devait se produire, je sais déjà quel sort vous réserver.
Valia: Probablement... Mais si vous tenez vraiment vos... paroles... J'en ai besoin d'une pour me sentir rassurée... Je me sens si... effrayée... fit-elle de manière sensuelle sur la fin.
Solid: Je ne vous ferai pas de mal, dit-il, toujours avec un sourire. Je jure que je ne vous ferai pas de mal. Satisfaite?
Valia: Voilà qui est mieux, bien mieux... répondit-elle en soupirant. Oui, satisfaite... Disons que je n'ai pas eu besoin de faire grand chose, vraiment... Votre petit précieux allait être enlevé de toutes façons par l'Ordre de Septhis et livré à une vieille connaissance... Tout ce que j'ai eu à faire était de pointer à l'envoyé de "Mademoiselle" Lucrétia où aller et à quel moment.

Solid: Je vois. Vous êtes donc une criminelle, au final?

Elle sentit la question piège à plein nez. Elle lui offrit donc son plus beau sourire d'ingénue.

Valia: Moi? Non... Je n'ai pratiquement rien fait.
Solid: Parfait. Les Deux Vipères se feront un plaisir de vous interroger en ce cas.

Elle soupira, mimant le plus bel air défaitiste qu'elle pouvait donner. En réalité, les autorités lui faisaient tout sauf peur.

Valia: Soit...

Solid se leva à ce moment-là pour lui tendre une perle à l'allure spéciale. Valia la prit, étonnée.

Solid: Ne vous avisez pas de la perdre. Il faudra bien que l'on se revoit pour aller voir cette chère Lucrétia.

Elle observa l'objet un instant, se disant de prendre garde à le mettre dans un endroit où elle pourrait entendre la sonnerie sans qu'il puisse espionner ses conversations.

Valia: Oh, bien sûr...

Elle le rangea dans une poche de sa tunique avant de se lever, de se rapprocher de Solid et de poser une main sur son torse.

Valia: De toutes façons, vous connaissez mon nom alors il ne vous sera pas... bien "dur" de me retrouver. Je suis la propriétaire du Noir Désir. Passez me voir quand vous le voulez, dit-elle avec un sourire amusé.

Elle était, en effet, la propriétaire d'une maison close assez luxueuse à Ul'dah. De par son statut, elle avait accès à une mine d'or d'informations et d'influence.

Solid: Noir Désir. Entendu. J'espère que jamais vous ne serez mon ennemie alors, dit-il avec un sourire.
Valia: Je peux être une très bonne amie comme une très bonne ennemie, lança t'elle avec un clin d’œil.
Solid: L'avenir nous dira ce qu'il en est. Ce fut fort instructif, merci beaucoup. Quand nous reverrons-nous?
Valia: Hé bien, vous viendrez me voir... ou vous m'appelerez, non?

Pendant ce temps, un petit groupe d'hommes des deux Vipères entra dans la bâtisse.

Empty: Au moins, vous avez trouvé le cadeau parfait, un joli paquet tout rouge!
Valia: Un peu grand le cadeau... Mais je ne dis jamais non à la grandeur, fit-elle avec un léger rire.
Officier: Shield...? lança t'il, un peu perdu. Vous nous avez appelé?
Solid: Ah, la luxure... je vous laisse avec nos amis les membres des Deux Vipères.

Elle tourna la tête vers ces derniers après un soupir discret.

Solid : Bonsoir Officier. Cette femme dispose d'informations sur la secte de Septhis.
Valia: Je vais venir avec vous pour tout vous expliquer, oui, dit-elle, digne.
Officier: Septhis? Ah, voilà qui pourrait être utile, en effet.
Solid: Je suis certain que ses renseignements seront précieux pour vous aider à les coincer!
Officier: Les hommes qui sont partis en nous voyant... Ils en faisaient parti?
Solid: Madame Valia? Est-ce le cas?

Elle prit un parfait air accablé.

Valia: Je crains que oui... Enfin, il me semble, non? demanda t'elle en tournant la tête vers Solid.
Solid: Ils en avaient après cette pauvre demoiselle.
Officier: Je vois, fit-il en fronçant les sourcils. Très bien, madame, nous irons au poste et vous nous expliquerez tout ça en détail. Avec nous, vous serez en sécurité.
Valia: Oh merci, Officier...! dit-elle, jouant les soulagées.
Solid: Merci de votre aide, Officier. Passez une bonne soirée.

Le Démon fit une courte révérence.

Officier: ... Avant que nous partions, ça me fait penser que je devais venir vous voir pour une affaire... difficile.
Solid: Je vous écoute?
Officier: Nos...

Il chercha le terme un instant.

Officier: ... "Alliés" Ishgardiens nous ont demandé des renforts pour un problème de Démon. L'un d'eux aurait débarqué durant les fiançailles de Dame Hélène Meaubant. Il a tué le fiancé, une partie des convives et gardes avant de s'enfuir avec la demoiselle.

Valia tâcha de cacher de son mieux son sourire amusé à cette mention pour retrouver son rôle de "femme".

Valia: C'est terrible...!
Solid: Je vais vous envoyer quelqu'un. Probablement l'homme qui a pu tenir tête seul à six de ces mécréants des Septhis.
Officier: Oui... Nos "alliés" Ishgardais devraient pouvoir vous en dire davantage. Ils "attendent" de nous une grande réactivité.
Solid: Je vous laisse escorter mademoiselle, je vais vous envoyer quelqu'un au plus vite, comptez sur nous.

L'Officier tourna les talons, ne voulant pas s'attarder visiblement en ces lieux, suivi de Valia qui se retourna brièvement avec un geste de main. Puis elle suivit l'escorte des gardes. Une fois dehors, son visage se ferma. La Brigade avait réussi à la piéger. Bien, elle leur concédait cette première victoire et resterai à l'ombre pour le moment. Mais elle était loin d'avoir donné son dernier mot.

Ailleurs. Quelque part dans le Manoir.

Frozen avait paniqué quand il avait senti qu'Empty n'était plus dans la même dimension qu'eux. Le Mage s'était efforcé de le rassurer comme il le pouvait. De l'enjoindre à commencer à envisager de trouver un moyen de se nourrir. Durant leur conversation, les corps qu'Empty avait déplacé étaient revenus lentement à leur place, comme mus par un retour en arrière dans le Temps.

La suivante et brève visite de l’Écorcheuse permit à Frozen de sortir temporairement pour accéder aux cuisines.

Le Lunaire accueillit la Solitude avec un soulagement certain.

Une première larme coula sur sa joue. Puis une autre. Et une autre. Enfin Seul.

Tant qu'Empty et Frozen étaient là, il ne s'était pas permis de céder à la faiblesse. Pas devant eux. Maintenant il pouvait se laisser pleinement à sa Peine, à son Désespoir. La Mort de Claus. Les Souffrances de Kaldriss. Le choc d'avoir revu le visage de Yunaia, même si ça n'avait été que son sosie. L'absence de Solid. Son Impuissance. Ses Craintes.

Au déluge transparent se mêla des larmes de sang, coulant depuis la moitié droite, couverte, de son visage. Les deux pans se réunissaient sous son menton, s'écoulant dans un mélange rougeâtre.

La Tristesse se fit consœur de la Colère alors qu'il se mettait à Hurler, rugissant face au Destin, face aux Chaînes qui le détenaient.

Il ne sentit pas le sourire dément, satisfait, dans les tréfonds de sa Conscience.
Tic Tac ♪

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Ennrael
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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Ennrael » 23 nov. 2018, 12:19

Image
Combien de Temps... Depuis combien de Temps était-il là, suspendu? Deux jours, quatre? Des semaines, des mois? Son sens du Temps était détraqué. Ça faisait depuis longtemps que son Esprit s'était fermé à ce qui arrivait à son Corps. Le Haut, le Bas, il ne savait plus ce que c'était. Sa Conscience oscillait entre Éveil et Obscurité. Il n'entendait même plus Frozen depuis que ce dernier s'était enfoui dans son ombre.

Puis, enfin, la Délivrance.

Il tomba à terre, relâché brusquement par la construction. Ses muscles gémirent sous l'effet de leur réveil brutal. Il dut ramper en premier lieu, ses doigts s'accrochant à la pierre sombre. Du moins, jusqu'à ce qu'il soit soulevé par une haute silhouette. Il reconnut les traits familiers de Solid auquel il tenta de porter sa main, voulant s'assurer de leur réalité, mais sa Conscience le lâcha à nouveau. "Ses" paupières, lourdes, donnaient parfois des visions de son trajet.

Puis le Noir.

Il reprit connaissance au contact de doigts familiers, doux, dans sa chevelure. Après un gémissement, il se força à ouvrir "les" yeux sur le visage tout d'abord flou puis de plus en plus net de Yunaia. Il se trouvait actuellement dans sa chambre du QG de la Brigade, allongé dans le lit. La lumière du jour passait à travers les fenêtres et la jeune femme était assis à ses côtés.

Eylion: ...!

Elle lui offrit un sourire.

Eylion: Yuna... fit-il d'une voix rauque, surprise.
Yunaia: Shh...
Eylion: Pourquoi, comment...
Yunaia: Tout va bien...

Il tenta de se redresser péniblement, encore engourdi.

Eylion: Qu'est-ce que tu fais là? demanda t'il, toujours interloqué.
Yunaia: Je ne pouvais pas ne pas venir. Pas avant...

Le sourire de la tenancière s'élargit. Il sentit alors une douleur brusque, vive, au niveau de son flanc. Il baissa un regard d'incompréhension sur le poignard qu'elle venait de lui planter.

Eylion: ...!!
Yunaia: ... D'avoir vengé Djin, fit-elle avec un sourire absolument ravissant.

Il tâcha de se dégager, de se débattre. Il recula assez pour tomber du lit, la lame s'extirpant de sa blessure qui se mit à saigner avec abondance. Il porta une main dessus pour tenter de juguler le flot, la souffrance.

Eylion: Urh...!
Yunaia: Ça ne te suffisait pas de me briser le cœur? Non, il te fallait, en plus, m'arracher le peu que j'avais, dit-elle en se relevant, arme en main, un masque de cire en guise de visage.
Eylion: Je... ne comprends pas ce que tu dis, arh... Je n'ai jamais... touché à... Rrh... Djin...!
Yunaia: Tu ne peux pas cacher tes Vices. Ta Colère. Pas à moi, dit-elle avec un sourire doucereux.

Il comprit rapidement qu'il ne se trouvait pas dans la Réalité. La présence de Yunaia, ses actes, ses paroles n'avaient aucun sens. Toutefois, quand elle s'approcha, menaçante, sa lame ensanglantée en main, il n'était pas prêt de rester pour savoir si mourir allait lui permettre de sortir de ce Cauchemar.

Dans un cri de souffrance, il se releva à grande peine avant de courir vers la sortie. Quand il ouvrit brutalement la porte, il tomba nez à nez avec Solid.

Solid: Pourquoi tu ne retournes pas auprès de Yunaia? Je suis fatigué de tes hésitations.

Le Mage avait beau savoir que ce n'était pas la Réalité, les mots le poignardèrent avec autant d'efficacité que s'ils avaient été réels. Il recula instinctivement d'un pas pour sentir le sol se dérober sous son pas. Il chuta dans un puits sans fond, le plafond de la chambre s'éloignant rapidement. Son dos finit par heurter une surface froide. De la glace. Il se trouvait dans la caverne gelée où était scellée son ancienne Femme. Le visage de Neil, son fils adoptif, se pencha sur lui.

Neil: Tu es une telle déception, Père, fit-il avec un masque de mépris.
Eylion: Ggh... Je... sais... que tout... ça n'est... pas... Aah...! ... Réel...!

Le visage de Neil fit place, dans une volute de fumée d'un violet sombre, à son Lui Adulte.

Adulte: Je t'avais mis en garde contre la Culpabilité.

La face laissa à nouveau place à celle de Neil, alternant entre les deux au fil des paroles.

Neil: Qui essayes tu de Tromper? Tu n'as jamais réussi à sauver qui que ce soit...
Adulte: ... À commencer par toi.

Un autre visage se pencha aux côtés de l'Adulte. Alexis. Puis Tali. Enfin Light. Les quatre l'observaient avec le même mépris.

Alexis: Tu n'as pas même été capable...
Tali: ... De garder une simple promesse.
Light: Tu fais un bien pitoyable Frère...

Light laissa place à Shadow pendant que le sol s'effondrait à nouveau. Les autres silhouettes s'évanouirent alors que le Démon prenait Eylion par le col pour l'entraîner plus profondément dans sa Chute. Arrivés à destination, il l'écrasa au sol avec violence, faisant pousser un cri au Lunaire.

Empty: Qu'est-ce que tu me ramènes là?
Light: Ce qui reste de Lui.

Péniblement, Eylion tâcha de ramper malgré sa blessure au flanc et ses os malmenés. Il se trouvait dans le Hall de la Brigade. Empty s'approcha et lui écrasa sans ménagement la main, arrachant un autre cri de souffrance.

Empty: Tu m'as habitué à mieux.
Eylion: ... Vos... putains... de gueule... Je... Aarrhhh...!

Le Démon venait de tourner son talon. L'instant suivant, une version Enfant de l'Arcaniste bondit sur ce dernier, le poussant en arrière.

Enfant: Je les retiens! Enfuis toi, vite!
Empty: Tu crois que je vais avoir pitié d'un mioche?!

Eylion ne demanda pas son reste. Il se releva à nouveau, clopinant aussi vite qu'il le pouvait loin de ses Frères, le souffle court, main toujours à son flanc blessé. Il poussa la porte de l'entrée à l'aide de son épaule. Il arriva dans un couloir du Manoir avant de sentir ses bras pris de part et d'autre par deux personnes sur les côtés.

Taziel: Hééé, c'est sympa de venir nous rendre visite!
Kyuuji: Il est temps de régler tous les soucis.

D'un geste leste, le duo le plaqua au sol au point que le Lunaire passa à travers dans un autre cri. Il termina sur une table familière... Une table de torture. Les sangles se rabattirent sur ses chevilles et poignets. Le décor ne lui laissait aucun doute sur là où il se trouvait. Un sous sol obscur. Une odeur de mort, de viscères, de peur. Deux mains se plaquèrent de par et d'autre de son visage, sur la table, le faisant sursauter.

Il se trouvait exactement là où il avait attaché Elazar, le chef du culte d'Oblivion, peu après le carnage effectué par son ancienne Femme. Ils l'avaient laissé là en attendant de décider son sort, au milieu des corps, attaché à l'une des tables utilisées pour les expérimentations dudit culte.

Son propre visage se pencha sur lui avec un sourire peu amène. Il y avait toutefois une différence notable: cette version de lui avait le fond de ses yeux noirs, leur conférant un aspect démoniaque.

Adolescent: Il m'a fallu du Temps... Du Temps pour comprendre ce qui me dérangeait. Pour saisir ce qui clochait dans toute cette situation alors que la réponse était là, à portée de main. Mais tu vois... J'avais du mal à concevoir ce que ça faisait d'avoir autant de sang sur les mains. De torturer, de briser ma propre Femme. En me forçant à me mettre à ta place, j'ai compris... J'ai compris d'où venait ce sentiment de Rage dans mes tripes.

La Haine suintait à chacun de ses propos, les mêmes qu'il avait énoncé autrefois. Elazar s'était plié aux exigences de son ancienne Femme. Il avait réuni tout le monde dans les sous-sols. À l'abattoir. Il n'avait pas même résisté à sa séquestration, attendant sa sentence. Il n'avait réclamé qu'une chose: d'être abattu par celle qu'il aimait dans la plus pure et noble des traditions.

Adolescent: Alors même que tu condamnais l'ensemble des tiens à la Mort, tu offrais l'image du parfait Repentir. Complaisant, à tenter de marquer sa mémoire de la manière la plus ignoble qu'il soit, de lui nier sa Vengeance. Car, tu vois... Si j'avais été à ta place, par Amour, par réel Repentir, j'aurai continué à être celui qu'elle a toujours connu. Je lui aurai offert le combat qu'elle attendait, je lui aurai offert à tuer l'image même de son Tourment. Tu veux que je te dise, Elazar...?

Il se pencha sur lui.

Adolescent: Tu es faible.

Il entendit le hurlement de Banshee à proximité. Nitrischa. Elle l'avait suivi quand il était sorti en trombe de la chambre. Il savait par avance la suite alors qu'elle demandait si c'était vrai. Elazar avait détourné le visage, au supplice. Elle l'avait invectivé, détruit une partie des murs dans sa Colère quand elle avait enfin compris. Le Mage, quant à lui, s'était redressé, terrible.

Adolescent: Je ne te laisserai pas la facilité de la Mort, ni même celui d'être anéanti de ses mains. Je te maudis, Elazar Meriel. Je te maudis à la revoir chaque nuit, la Vengeresse comme la Dépossédée. Chaque nuit, tu revivras les Tourments que tu lui as fait subir, tour à tour Bourreau et Victime. Jamais tes yeux ne se reposeront sur elle. Jamais ta soif de sa chair ne sera étanchée.

Il fut libéré. Le Lunaire ne demanda pas son reste pour se diriger vers la porte, s'attendant à voir Nitrischa fondre sur lui. Elle l'avait fait pour Elazar, le tabassant avant de le laisser tout à fait partir, le laissant à sa future Folie. Mais rien n'arriva. Le sous-sol était vide. Il était de nouveau seul. La porte fut atteinte, poussée péniblement. Il se retrouva dans un couloir du Manoir.

Gauche, droite. Rien. Personne.

Il clopina comme il le pouvait et ouvrit une autre porte au hasard. Il découvrit sa chambre du QG, Yunaia assise au bord du lit, lui offrant un sourire. Il referma aussitôt et se précipita vers une autre pièce.
Même salle. Même personne. Il ignorait encore que le Cycle allait se répéter et se répéter.
Encore et encore et encore. Son Âme morcelée bout à bout. Son Passé revécu.
Une Boucle sans fin. Sa Culpabilité enfoncée jusqu'à la gorge.
L'Espoir faible, tremblant, de trouver une issue.
N'importe laquelle. Il devait bien y avoir...
Une issue. Un Moyen.
N'importe laqu...
Une is...
Un M...
...
...
...

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Kyuuji Atagi
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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Kyuuji Atagi » 26 nov. 2018, 16:58

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ImageUn nouveau voyage dans le Néant l’attendait.
ImageLe Prêtre rejoignit Solid, Adam et Zaurak au Quartier Général de la Brigade Rouge, comme convenu. L’heure était venue de se rendre au Manoir pour ramener Eylion. Solid souhaitait essayer de sauver la démone, qu’il estimait être victime également. L’appréhension gagnait Kyuuji doucement, inexorablement. De ce qu’il avait lu dans la lettre qu’Eylion leur avait fourni, et qui contenait tout ce qu’il savait sur le manoir, il s’attendait à des tourments psychologiques. Plus qu’un combat frontal, il appréhendait un combat mental, psychologique ou émotionnel.

ImageUne jeune femme, visiblement connue des Shield et en lien avec le Manoir, leur ouvrit la voie vers le Domaine. L’urgence de la situation et l’inquiétude empêchèrent le Prêtre de l’interroger sur son identité ou sa capacité à les conduire dans ce lieu particulier.
ImageArrivé au Manoir, le Quatuor d’invités, ou d’intrus ils n’en savaient rien encore, ne fut accueilli par personne. Livrés à eux-mêmes dans le vaste hall, leur attention fut attirée par un miroir immense, une horloge sans aiguille et au cadran torturé, et une table basse. Solid sentait la présence de son frère, dans l’ombre de Eylion, quelque part derrière l’horloge. Pour fonctionner, il lui manquait des engrenages et ses aiguilles. En fouillant le hall, les premiers éléments les mirent sur la piste de ce qui devint leur quête. Énigmes tintées de pêchés et de vices, lettres tourmentées et dérangeantes et rouages frappés d’une lettre leur indiquaient le chemin, les menant à travers tout le Manoir. Les indices parsemés dans chaque recoin leur firent découvrir l’histoire tourmentée de la famille Delamone.
ImageLa famille était torturée et corrompue par l’emprise et l’obsession du père de famille, Viktor Delamone. Plus le quatuor en apprenait, plus les révélations se faisaient dérangeantes. Kyuuji s’enfermait lentement sur lui-même, faisant taire ses craintes, pris par l’horreur de la situation. Viktor était obsédé par la perfection qu’incarnait sa fille, Lucrétia. Il lui vouait un amour incestueux et malsain, la modelant à l’image qu’il désirait. Pour Viktor, la jeune femme n’existait que pour répondre à ses désirs, à sa vision de la perfection, pour combler ses perversions. Le Prêtre, malheureusement, n’avait pas à imaginer ce qu’il lui faisait, tout était décrit dans les lettres que Viktor échangeait avec un pair. Anita, la mère de Lucrétia et épouse de Viktor, incarnait la peur qu’elle ressentait pour la sécurité et la vie de sa fille. Les vices de Viktor avaient fini par attirer la chute de la famille Delamone après de bien trop nombreuses jeunes femmes enlevées, séquestrées, torturées et tuées. Mais le plus grand mal vint de l’intérieur de la famille. Juste avant leur mort, Lucrétia les maudit tous deux à vivre leur tragédie pour l’éternité.

ImageDurant leur quête, les Invités résolurent assez facilement les énigmes, mais ils durent parcourir plusieurs fois le Manoir dans son intégralité pour réunir tous les éléments. Le temps commençait à jouer en leur défaveur. La démone était sur le point de se réveiller, et le sort qu’elle réservait à ses invités n’était absolument pas enviable. Heureusement, Anita, en échange de la promesse de sauver sa fille, leur vint en aide. Son spectre révéla un indice tandis qu’elle avait suspendu le temps dans le Manoir, retardant le réveille de Lucrétia.
ImageEnfin en possession de tous les engrenages, les Invités purent faire fonctionner l’Horloge dans le hall d’entrée. Se faisant, le temps repris son court, sonnant l’heure du thé et le réveille de Lucrétia. Mais le passage secret menant au sous-sol du Manoir se révéla également. La démone ne tarderait pas à les trouver, alors ils s’engagèrent dans le couloir qui menait à Eylion. Ils découvrirent une salle de supplices et de tortures. L’Arcaniste était également présent, mais possédé et manipulé. En tenue impeccable de majordome, il tenait très bien son rôle. Frozen, le frère de Solid caché dans l’ombre d’Eylion rejoignit son frère, le veillant.
ImageQuelques mots échangés ne le firent pas revenir à lui, malgré les quelques signes de luttes internes qu’il montra. Leur tentative de le ramener à lui fut interrompue par l’arrivée de la démone. Elle souhaitait désormais jouer avec ses invités. Et Eylion lui offrit cette opportunité en manipulant l’esprit et le cœur des infortunés. Le Miqo’te matérialisa leurs propres Démons.
ImageKyuuji fut le premier à succomber, déjà malmené psychologiquement. Ses démons. Il révéla ce qu’il enfermait au plus profond de lui, leur opposant sa propre image dans une scène d’horreur. Heureusement, ses compagnons se débarrassèrent de lui rapidement, mais la vision laissa la place à ce qui hantait Solid. La Lumière, entrave et implacable, qui cherchait à les absorber. Encore une fois, l’illusion fut levée par les compagnons de Solid. Et à nouveau la scène changea pour révéler une vision de Zaurak. Ils furent plongés dans le Coerthas, dans une cabane, où Zaurak plus jeune invoquait une puissante magie destructrice qu’il tourna contre eux. Se relayant pour soutenir le Chirurgien, Solid, Taziel, qui avait depuis longtemps pris la place d’Adam, et Kyuuji se chargèrent de dissiper la scène. Ce fut ensuite le tour de Taziel. Le Quatuor se trouva plonger dans un univers de Brumes et de souffrance. Adam et Taziel, sous sa véritable forme, se faisaient face jusqu’à ce que les brumes absorbent le jeune élézen. Alors le démon tourna son attention et ses attaques mentales sur le groupe. Epuisés, malmenés et déstabilisés à tous de rôles, ils parvinrent in extremis à se délivrer du cycle de leurs tourments personnels. Revenant à la réalité, ils durent reprendre le combat contre Eylion et Lucrétia.
ImageL’Ombre qui possédait Eylion fut détruite, le libérant de ses liens. Voyant son écorché inconscient, la Démone devint folle et invoqua un immense cadran. Elle s’apprêtait à manipuler et arrêter la course du temps. Ce n’était clairement pas une chose qu’ils pouvaient laisser faire. Se ruant sur elle pour l’arrêter, ils découvrirent dans son ombre la présence de Viktor qui la possédait toujours. Les derniers éléments se mirent alors en place dans l’esprit des invités. Pris d’un élan de clairvoyance, Solid dirigea les opérations dans un ultime assaut conjoint, libérant finalement Lucrétia de l’emprise de son père. Ainsi livrée à elle-même, la démone sombra dans un état de choc et de détresse, mais elle était libre, et ils allaient pouvoir tenir la promesse faite à Anita.
ImageDésireux de quitter cet endroit maudit, les Invités réunirent les prisonniers qu’ils avaient découvert au court de l’exploration du Manoir, et les guidèrent à la sortie. Frozen prit soin d’Eylion, l’emmenant avec lui dans les Ombres. Taziel se chargeait de Lucrétia.
ImageLe retour dans le monde originel fut éprouvant, surtout pour les âmes torturées et damnés prisonnières de Lucrétia. Mais le Cuisinier, un Roegadyn craintif, les prit en charge, laissant Solid, Taziel, Zaurak, Kyuuji et Lucrétia seuls. Sans avoir besoin de se concerter, ils rejoignirent le Quartier Général de la Brigade Rouge.


ImageLe sauvetage avait été un succès. Ils avaient réussi à ramener Eylion, ainsi que les prisonniers. Ils avaient également tenu leur promesses, Solid comptait bien prendre soin de Lucrétia, désormais libérée de l’emprise de son père malfaisant. Mais Kyuuji était particulièrement affecté. Non par le mal du Néant, non par la corruption qui était très faible dans le Manoir, mais par la peine, l’horreur, la culpabilité, la honte et les doutes.
ImageIl avait découvert les tourments de la famille Delamone avec une peine croissante. Viktor torturait des jeunes filles, les séquestrait, et se réjouissait de leurs souffrances. Il semblait faire partie d’une loge qui faisait l’apologie de ces pratiques. Quelques dessins équivoques l’avaient déjà poussé dans ses retranchements. Mais la découverte de la relation qu’il entretenait avec sa fille, sa propre fille, l’avait rendu malade. Il n’arrivait pas à imaginer qu’un père puisse faire cela à ses enfants. Il ne pouvait pas l’envisager. Pourtant il était face à l’évidence de ses actes. Outre les sévices physiques, déjà monstrueux, Viktor avait modelé l’esprit de son enfant pour qu’elle réponde à ses attentes. Mais Lucrétia avait fini par découvrir le meurtre de sa mère, perpétré par son père. Certainement ceux des autres filles. Rongé par les remords, elle les avait tous deux maudits.
ImageLe doute, les ruminations, la peur, le désir de correspondre aux souhaits de son père avaient trouvé écho dans l’âme du Raen. Passé révolu, souvenirs enfouis, sentiments bien connu, Kyuuji avait été pris dans le flot de sa sensibilité et de son empathie. Il revivait intérieurement les similitudes.
ImageComme si cela n’avait suffi à ébranler profondément le prêtre, Kyuuji avait en outre révélé les plus profondes ténèbres de son âme. Frappé de plein fouet par la vision de ce qu’il avait été, la culpabilité, la honte, le doute, les remords et les regrets l’envahirent. Il craignait désormais le regard de ses compagnons.


ImageLe Soleil s’était à peine levé sur le Quartier Général de la Brigade Rouge, pourtant ils étaient tous épuisés. Taziel pris rapidement congés, visiblement peu enclin à partager de tels moments. Solid invita Zaurak et Kyuuji à se reposer ici. Ils acceptèrent son offre, éreintés et ne désirant rester seuls après une telle épreuve. Le Démon Rouge leur mit à disposition une chambre parfaite pour le Prêtre. Nature, plantes et lumière régnaient dans la pièce. Epuisé et en proie à tous ses tourments, le Raen s’effondra sur le matelas.
ImageMalgré la fatigue physique et mentale, le repos fut secoué et interrompu par les cauchemars. Son acceptation fragile de ses erreurs et de ses actes menaçait de voler en éclat. La peine qu’il taisait face au départ inéluctable et prochain de son épouse refaisait surface, faisant résonner la solitude qu’il ressentait dès qu’il se remémorait son passé. Se forçant à la méditation, ne désirant pas déranger Zaurak dans son sommeil, Kyuuji parvint à trouver un peu le sommeil. Il appréhendait désormais les explications qui suivraient inévitablement. Il fuyait le regard de ses amis. Il était terrifié à l’idée d’y percevoir son propre reflet.
Dernière modification par Kyuuji Atagi le 19 déc. 2018, 11:13, modifié 2 fois.

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Valorius Solignac
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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Valorius Solignac » 26 nov. 2018, 19:23

Journal de Zaurak Icewind
Vingt-sixième soleil de la Sixième lune astrale


Mes mains tremblent encore alors que j’écris… Je me suis réveillé totalement désorienté dans cette chambre étrangère après quelques heures d’un sommeil peuplé de cauchemars. Ma poitrine brûle d’un feu sombre et mon corps peine à retrouver son équilibre. Voilà donc ce qui se passe quand on séjourne dans le Néant, ou du moins dans un lieu qui en est proche.
Kyuuji n’était plus là à mon réveil, et je l’ai aperçu dans le jardin pendant que je me préparais un thé en cuisine. Il nous faudra parler de l’épreuve que nous avons traversée, mais pas tout de suite. Comme moi il doit retrouver un semblant de calme intérieur, même si je pense que ce sera difficile.
Je n’ai pas vu Solid. Il doit veiller sur Eylion. Je me demande dans quel état va être le miqote à son réveil. Séjourner dans ce lieu maudit et se faire posséder par un démon en prime… Il y a de quoi ruiner la santé mentale de n’importe qui. Mais cette demeure est chaleureuse, comme ses habitants. Quelle ironie de trouver refuge et amitié auprès de démons. Les parias rassemblent leurs solitudes, je suppose.
Solid a parlé d’un rapport à écrire. Je vais tenter de retranscrire mes souvenirs avec précision tant qu’ils sont frais dans ma mémoire. Chaque détail compte.


Notre équipe de secours était dirigée par Solid, celui qui me semble être le chef de la famille Shield. Il avait appris par un de ses frères qu’Eylion était retenu dans un lieu maudit situé au-delà de notre dimension.
Un homme taciturne nommé Taziel l’accompagnait, et Kyuuji et moi avions été appelés en renfort.
Nous avons pu accéder au manoir par un portail de faille ouvert par une femme qui obéissait de mauvaise grâce aux demandes de Solid. La faille franchie nous nous sommes retrouvés dans le hall d’entrée de ce qui fut une somptueuse demeure, mais qui était visiblement altéré. J’ai immédiatement ressenti la faiblesse en ether de l’endroit, et une empreinte diffuse de Néant.

Un grand miroir occupait le mur gauche, et nous savions que les miroirs comme les tableaux en ce lieu servaient à sa maîtresse pour surveiller sa demeure. Cependant, ils pouvaient aussi cacher des énigmes qui nous fourniraient des clés pour ouvrir les portes enchantées du manoir.
Il n’y avait personne en vue, et nous avons donc fouillé rapidement le hall, découvrant une horloge privée d’aiguilles, une lettre dans un tiroir de commode et une inscription derrière le miroir.

La lettre semblait anodine, mais nous allions découvrir plus loin ce qu’elle cachait vraiment.

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En retournant le miroir nous avons trouvé une inscription :
Je danse avec vous sans jamais que vous me touchiez. Jamais vous ne me prendrez de vitesse. Je vous suis à la fois proche et éloigné.
Alors que je répondais « l’ombre », un creux apparut sous le texte, contenant un petit objet métallique rond parfaitement encastré, comme fraîchement coulé dans un moule. Un rouage mécanique.
Ceux qui examinaient l’horloge avaient trouvé en son sein des emplacements vides pour des engrenages, et le rouage du miroir s’insérait parfaitement dans l’un d’entre eux. Solid sentait la présence de son frère resté avec Eylion derrière le mur gardé par l’horloge, et il devint clair qu’il allait falloir trouver tous les rouages pour ouvrir le passage. Ainsi que les aiguilles du cadran.

Devant nous un escalier monumental menait à l’étage, nous l’avons emprunté, et nous sommes arrivés dans une galerie de portraits.
Toute la dynastie de la famille Delamone était représentée là. Les derniers tableaux de la rangée montraient un homme austère aux cheveux blancs, une femme à l’expression inquiète et une très belle jeune fille aux cheveux de neige. Viktor Delamone, Anita Delamone, et Lucretia Delamone –aussi connue sous le surnom de l’Ecorcheuse.
Nous avons méthodiquement examiné tous les tableaux, qui semblaient nous suivre du regard tandis que nous opérions.

Derrière les portraits de Lucretia et de ses présumés parents nous avons trouvé d’autres inscriptions. De nouvelles énigmes, mais il nous a été révélé par la suite que chacune décrivait l’état psychologique des personnages qui les gardaient. Je me demande en rédigeant ceci qui a écrit ces mots dissimulés…
Viktor : Je vous hante dans les moments les plus sombres. Ceux qui choisissent de me garder ont affaire à ma sœur, la Folie. Je suis Répétition. Je suis Vice. Je suis Boucle Eternelle dans vos pensées.
C’est Kyuuji qui trouva le mot-clé. Rumination. Ironie cruelle car cela lui ressemble trop.
Lucretia : Je suis ce qu’on attend de tous sans qu’on puisse jamais l’atteindre. Ceux qui pensent m’avoir ont affaire à mon frère, l’Arrogance. Je suis Eternité. Je suis Vertu. Je provoque une soif qu’on ne peut étancher.
Je regardais le visage adorable de celle qui était devenue la maîtresse tortionnaire d’un manoir maudit. Perfection.
Anita : Je suis ce qui vous prend dans l’Inattendu et l’Inconnu. On ne me choisit pas, je suis ce qui vous garde aux côtés de ma sœur, l’Angoisse. Je suis Tourment. Je suis Emotion. Je suis ce qui vous paralyse.
La Peur était la réponse évidente.
Nous avions obtenu trois rouages supplémentaires, apparus derrière les tableaux de la même manière qu’avec le miroir. Et nous étions au bout d’un couloir devant deux portes verrouillées.

En examinant les portes, nous avons remarqué un petit emplacement cranté destiné à accueillir un rouage. Ainsi en plus de réparer l’horloge ils servaient de clé. Ils portaient étrangement tous une lettre gravée. Nous avions deux A et deux T, et Taziel proposa le mot « Attaque ». Cela devait se révéler exact par la suite, même si nous n’avions aucune idée de l’utilité de cet indice.

Le rouage d’Anita ouvrit la porte de gauche. C’était une chambre de femme, à première vue rien d’anormal, avec un autre portrait d’Anita sur le mur derrière la porte. Sur ce tableau-là, la jeune femme portait des marques de strangulation. En fouillant nous avons trouvé une autre lettre dans la coiffeuse.

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Solid examinait le lit, indiquant que le matelas était fortement creusé en son centre, comme si un corps s’y était incrusté. Tout portait à penser qu’Anita Delamone avait été assassinée, probablement par son mari s’il avait découvert son projet de fuite.
L’autre porte nous résista. Il fallait redescendre et chercher d’autres pièces, d’autres clés.

Au rez-de-chaussée une porte menait aux communs.
Nous avons eu la surprise de trouver des prisonniers enfermés dans une pièce. Plusieurs femmes, et un xaela qu’on avait grossièrement maquillé pour qu’il ressemble à Solid. Il avait été torturé et crucifié, et nous avons entrepris de soigner ses blessures pendant que Solid expliquait que les femmes étaient des sosies de celles qu’Eylion avait aimées.
Apparemment l’Ecorcheuse exprimait sa jalousie sur ces personnes réduites à l’état de jouet vivant.
Le xaela nous posa un problème imprévu. Dès qu’il fut en état de se relever, il voulut partir en quête de vengeance, et il fallut toute l’autorité de Solid et une promesse qu’on reviendrait les chercher tous pour qu’il accepte de rester avec les femmes tandis que nous repartions.

Un peu plus loin se trouvaient les cuisines, et une salle à manger où nous avons rencontré le cuisinier du manoir, un roegadyn roux au tempérament craintif nommé Shelter. Il ne nous apprit pas grand-chose, mais il portait une montre et nous permit de savoir que Lucretia dormait et allait bientôt se réveiller pour l’Heure du Thé. Il fallait faire vite.

Le couloir s’achevait par une vaste salle de bal, au centre de laquelle un couple dansait en silence. Les deux partenaires avaient les mains liées par des épines qui leur perforaient les paumes et leurs visages crispés par la souffrance indiquaient qu’ils ne tarderaient pas à s’écrouler d’épuisement. Shelter nous apprit plus tard qu’il s’agissait d’arrivants récents qui avaient contrarié l’Ecorcheuse en refusant de se prêter à ses jeux cruels.
Un piano en parfait état était installé dans un angle. Solid joua quelques notes, pendant qu’on fouillait la salle sans y trouver quoi que ce soit de notable, hormis le mot « Ombre » gravé sur le piano au-dessus du clavier.

Il nous manquait toujours la clé de l’étage, et nous n’avions pas trouvé l’accès au sous-sol.
De retour devant le miroir du hall, nous avons testé les rouages obtenus entre-temps, ouvrant une porte vers une cave encombrée de mobilier et d’objets enveloppés sous des draps et des tentures. Un examen des murs révéla un autre emplacement pour un rouage, où s’encastrait celui du portrait de Lucrétia.
Un passage secret s’ouvrit, donnant sur un couloir sombre dont le sol portait des traces anciennes. On avait trainé des objets lourds ici.

Au bout du tunnel, une salle ronde simplement occupée par un piédestal couvert de cercles magiques et de glyphes. Je compris rapidement en l’étudiant qu’il s’agissait de la sortie. Le schéma agissait comme un amplificateur d’ether, et il ne manquait qu’un catalyseur pour ouvrir la faille dimensionnelle.
Nous avons testé les rouages, et j’ai injecté de l’ether dans le tracé via les rouages. Celui de Viktor a ouvert une mince faille de Lumière, que j’ai refermée rapidement car l’ensemble était instable et aurait pu s’effondrer en absorbant le rouage si on l’avait gardé ouvert trop longtemps. Nous savions par où nous enfuir, il restait à trouver Eylion.

Il nous manquait toujours une clé. Et une montre. Alors nous sommes retournés dans la salle à manger, et avons pris de force la montre de Shelter. Il n’a pas opposé beaucoup de résistance mais il s’est alors produit un évènement inattendu. Sa montre s’est arrêtée. Cela l’a terrorisé, et il nous a dit que ça n’était jamais arrivé. Quelque chose se mettait en action dans le manoir, quelque chose qui peut-être voulait nous aider. Tant que l’Heure du Thé n’aurait pas sonné, l’Ecorcheuse dormirait. Du moins telles étaient en théorie les règles de ce lieu.

Nous sommes retournés à la salle de bal. Les danseurs s’étaient écroulés au sol.
Certains d’entre nous commençaient à entendre des voix. Solid avait entendu un gloussement quand la montre qu’il tenait en main s’était arrêtée. Et Kyuuji entendait à présent des pleurs de femme. Il s’avéra que seule la personne qui gardait la lettre d’Anita percevait ces sanglots. C’est alors Solid a vu des mots inscrits au verso de la lettre.

Donnez-moi une promesse, celle que vous donnerez à une mère esseulée. Une mère qui s’inquiète pour sa fille.

Depuis le début sa vision de démon pouvait lire nettement ces documents dont les caractères étaient comme flous pour mes yeux de simple mortel. Ces mots l’invitaient clairement à signer un pacte.
Solid releva la tête, s’adressant à une présence invisible.
« Anita, si vous m’entendez…Si j’arrive à sortir votre fille de cet enfer. Je vous promets de m’en occuper comme de ma propre fille. Sans l’enfermer dans cette prison infernale. »
En réponse, on entendit comme un soupir. Puis la lettre s’enflamma, obligeant Solid à la lâcher.
Au sol le papier se recroquevillait, remplacé par la forme familière d’un rouage, tandis qu’à la limite de nos perceptions résonnait l’écho de voix du passé.
Une voix de femme terrifiée : Viktor ! je t’en supplie, non !
Une voix d’homme implacable : Je dois le faire. Je suis désolé. Tu n’as forcé la main.

Le silence retomba, le pacte était scellé. Et nous avions la dernière clé.

A l’étage la seconde porte s’ouvrit sur un bureau. Elégant, masculin. Une bibliothèque bien garnie. Au mur en face de nous un portrait de Viktor, mais avec la moitié du visage brûlée.
Kyuuji et moi avons examiné la bibliothèque pendant que Solid et Taziel fouillaient le bureau.
L’homme était indéniablement cultivé et mondain. Les livres d’une grande variété allaient de l’histoire à la magie, en passant par nombre d’essais et traités philosophiques. Les Vices et les Vertus revenaient souvent. Surtout les Vices, dont la libre expression était glorifiée dans nombre d’écrits.
Je remarquai des décalages dans l’histoire décrite par rapport à la nôtre. Solid et Taziel pensaient que la famille venait du Néant. Elle semblait en tout cas bien venir d’un autre monde que le nôtre. Le livre d’histoire et un traité arcanique rejoignirent la première lettre dans mon sac.
Parmi les livres, nous avions découvert la première aiguille de l’horloge.

Dans un tiroir Solid trouva d’autres lettres. Mais cette fois elles étaient accompagnées de gravures réalisées à la plume en noir et blanc, d’un réalisme macabre. Elles montraient des hommes revêtus de toges et encapuchonnés occupés à torturer des femmes. Les détails des corps suppliciés étaient dignes de mes planches d’anatomie.
Les lettres confirmèrent ce que nous avions suspecté. Viktor faisait partie d’une sorte de secte dépravée qui laissait libre cours à ses plus bas instincts au cours de soirées rituelles dédiées à la torture d’innocentes victimes.

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Le dernier tiroir livra une sorte d’épine de la taille d’un pieu. L’objet avait un potentiel ethéré, mais comme endormi. Solid le prit, tandis que je rangeai les lettres et les documents dans mon sac.

La pièce voisine était une chambre, ravagée visiblement par un incendie. Etrangement, le bureau attenant était intact. Ce feu n’était pas naturel.
Une commode intacte se dressait dans un coin, Kyuuji l’examina pendant que je m’avançais vers le lit brisé par la force des flammes qui l’avaient détruit. Il n’en restait que le cadre, et au milieu les cendres traçaient au sol deux silhouettes enlacées.
Kyuuji découvrit alors la seconde aiguille de l’horloge, et à l’instant où il la toucha un autre écho du passé se fit entendre. Une voix d’homme, celle de Viktor, et une voix de femme, avec le crépitement de l’incendie en fond sonore.
Homme : Tu savais…
Femme : Je savais. Pas tout de suite mais j’ai su… pour le sous-sol…(la phrase s’achève dans un sanglot)
Homme : Ne pleure pas, ma petite… Ma tendre petite…
Femme : Pourquoi, papa, pourquoi…
Homme : Parce que je t’aime, ma petite… Il n’y a rien de mal à ce que j’ai fait. Je l’ai fait pour toi mais… Arrêtons de parler, partons d’ici… Qu’est-ce que tu fais ?
Femme : Non… (sanglot déchirant). Nous resterons. Car je suis une fille modèle. J’ai été la Cause. Je serai le Prix. Ensemble pour l’Eternité. (Elle éclate d’un rire discordant, dément). Je nous maudis, Père. Que le Temps me soit témoin. Je nous maudis pour l’Eternité.
Homme : Non ! Lucrétia…


Dans le silence retombé nous nous sommes tous regardés. Puis nous avons pris la dernière aiguille et nous sommes descendus à l’horloge, pour remettre en place toutes les pièces. Le mur s’est alors ouvert sur un couloir descendant que nous avons emprunté.
Le début du cauchemar nous attendait en bas.
Dans une vaste salle de pierre circulaire plongée dans une pénombre surnaturelle, des dizaines de cadavres de femmes nues étaient accrochés au mur par des crocs de boucher. Toutes portaient des traces de tortures, écorchées de manière variées, et toutes avaient un sac en tissu sur la tête masquant leur visage.
Au centre de la salle, un lit comme on en trouve dans les salles d’opération, avec des sangles, imprégné de sang.
Et juste derrière, Eylion, debout devant un entrelac de ronces énormes dont il était manifestement sorti.
Il portait une tenue de majordome, et son œil droit était remplacé par une pierre noire sertie d’un cercle démoniaque rouge. L’autre œil était en grande partie noir, ne laissant qu’une faible lueur d’azur.
Il esquissa un sourire en coin en nous voyant, tout en réajustant sa veste.
"Je vois qu’on a des invités…" dit-il avec nonchalance tout en tirant une montre de sa veste pour la consulter.

Derrière nous, un bruit se fit entendre.
Lucrétia était là, aussi trompeusement belle que sur son portrait. Tandis qu’elle bloquait le passage avec les ronces qui poussaient depuis son dos, Eylion –visiblement possédé- proposa de faire de nous des jouets.
Le combat s’engagea.
Eylion maniait avec aisance un ether de flammes bleues qui nous blessèrent sérieusement, et Solid donna le signal d’un assaut concerté visant à détruire la créature qui remplaçait son amant. Son frère Frozen sortit de l’ombre d’Eylion et rejoignit Solid pour l’aider.
Tandis que Solid tenait en respect l’Ecorcheuse et ses ronces à coup de provocations et de lame éthérée, nous tentions de neutraliser le miqote, qui finit par reculer, blessé, avant de se ressaisir.
D’une voix venimeuse, il déclara
« On dirait bien qu’ils ont l’air de se débrouiller, Mademoiselle. Mais voyons comment ils s’en sortent face à leurs propres démons ! »
Eylion écarta les mains, deux flammes d’un bleu obscur s’en dégageant. Son sourire devint extatique. Les deux flammes s’élevèrent au-dessus de ses paumes, s’étirant en deux lignes qui se démultiplièrent rapidement dans toute la salle. Des arabesques complexes se formaient, entourant tout notre groupe. En une fraction de seconde la chaleur devint étouffante et nous emporta dans une chute vertigineuse. Il ne restait que les ténèbres.

Puis l’air s’éclaircit. Nous étions ailleurs.
Un castrum garlemaldais. Une sorte d’estrade. Devant l’estrade une vingtaine de jeunes hommes et femmes rassemblés. Un ou deux hyurs, presque que des raens.
Sur l’estrade, Kyuuji, encadré par deux officiers garlemaldais.
Tous revêtus de l’armure réglementaire impériale.
Face à Kyuuji se tenait un couple de personnes âgées.
D’un geste, le prêtre impérial invoqua des énergies magiques, on reconnaissait le Vent. Il s’en servit pour venir torturer le couple, les empêchant de respirer. Puis son méfait accompli, il se tourna vers nous, se préparant à nous réserver le même sort…

A mes côtés, le vrai Kyuuji était tombé à genoux, la tête entre ses mains, la bouche grande ouverte dans un hurlement silencieux. Je me sentis soudain étouffer. J’entendis Kyuuji crier, je vis Taziel tirer désespérément sur son col, un genou à terre, puis se relever et marcher sur l’ennemi, dague en main. Le coup fut porté, le sang coula. Ce n’était pas une illusion. Je parvins à me soigner. Je vis Solid avancer, épée brandie, le visage crispé de douleur. Il leva sa grande lame chargée d’ether et frappa de haut en bas de toutes ses forces, fendant en deux l’impérial qui parut se dissoudre pendant que le décor basculait.

Nous étions à nouveau dans le noir, mais autour de Solid des filaments de lumière apparaissaient, devenant des tentacules d’énergie dorée qui nous saisirent pour nous attirer lentement vers un noyau de Lumière pure. Taziel et Solid se débattirent furieusement, et parurent changer sous ce contact.
Tandis que nous luttions pour nous défaire de ces liens, Taziel et Solid perdaient peu à peu leur apparence démoniaque. L’armure et l’épée de Solid s’évaporèrent, tandis qu’il prenait l’aspect d’un hyurgoth. De son ombre, Frozen se dressa, tranchant le tentacule de lumière et libérant in extremis son frère.
Dans une explosion de cristal, la Lumière se replia sur elle-même, et le décor se brisa une nouvelle fois.

Ce fut une plongée dans ma mémoire…et dans mes peurs les plus profondes.
Quand le froid glacial et les neiges du Coerthas nous ont entourés j’ai compris ce qui allait suivre. Mais je ne pouvais rien faire pour l’empêcher. J’ai vu la maison et les soldats, j’ai vu Valoroix entamer son rituel destructeur… et puis je me suis retrouvé à sa place.
J’ai senti le pouvoir couler dans mes veines, le feu surnaturel m’embraser tandis que mes doigts traçaient les glyphes et que ma voix s’élevait au rythme des incantations. J’ai senti la faille s’ouvrir derrière moi, et la puissance ténébreuse affluer dans ma poitrine. La douleur était pire que jamais, mais l’extase qui me submergeait la reléguait au second plan. J’ai levé les bras et relâché les sortilèges en une explosion colossale. La maison a été pulvérisée, et j’ai vu les soldats s’écrouler dans la neige. Mais ce n’était pas fini…
Mon corps brûlait, partagé entre l’ether de deux mondes. Et mon âme ne voulait qu’une chose. Recommencer.

Désorienté, je me voyais moi-même comme dans un miroir. Sauf que mon reflet essayait de nous anéantir, et y réussissait plutôt bien.
La première vague avait laissé Taziel sur le carreau et je me sentais à bout de forces, dévoré par la douleur du cristal sombre. Je parvins à réunir assez de concentration pour lancer un sort de soin sur Taziel qui reprit conscience. Kyuuji m’enveloppa d’une douce lumière qui apaisa la brûlure et me permit de me ressaisir tandis que Solid chargeait mon double et que Taziel l’achevait d’une dague lancée en pleine tête.

Le monde bascula une dernière fois, pour nous offrir le cauchemar de Taziel.
La vision était étrange. Dans un paysage sombre, un Taziel plus jeune se tenait à genoux dans une pièce dont les murs étaient constitués de fumée noire. On pouvait deviner des mains formées de la même matière, et parfois des yeux rouges nous observaient. L’homme avait la tête baissée, les mains liées par des chaînes de fumée noire. La seule lumière tombait du plafond et n’éclairait que lui.
Notre Taziel fronçait les sourcils comme tentant de se souvenir de quelque chose, puis il écarquilla les yeux.
Soudain une forme spectrale se forma en face du jeune homme. Une silhouette humaine au corps de flamme bleu-violet, aux yeux bleus scintillants, un cristal rouge ornant son front. Le garçon releva les yeux vers elle.

La forme spirituelle tendit alors la main vers le jeune Adam, qui se fit attirer dans le sol même, disparaissant dans un cri d’effroi à glacer le sang. La créature tourna alors lentement son regard vers le groupe, en silence.
Alors que Solid et Taziel se préparaient à l’attaquer, l’être soumit le groupe à un sortilège de contrôle mental, nous poussant à nous entretuer.
Kyuuji et moi avions pu résister, mais il en allait autrement des deux démons, qui se retournèrent vers nous. Kyuuji concentrait son ether pour pouvoir nous remettre tous en état après les assauts cumulés de nos cauchemars, et s’il était interrompu c’en était fait de nous tous. Usant de mes dernières ressources, je formai un glyphe de défense, et élevai un dôme de force devant moi.
Taziel et Solid se heurtèrent à la barrière magique, et Taziel reprit ses esprits, faisant demi-tour pour aller planter sa dague éthérée dans le cristal frontal de son double.
Cette fois c’était terminé.

Nous étions à nouveau dans la salle sinistre du manoir. Eylion se prit la tête en hurlant, visiblement frappé par le contrecoup de son attaque mentale. Lucrétia hurla à son tour, enragée de voir son favori blessé.
Solid ne renonçait pas à la convaincre. Récupérant Eylion évanoui dans ses bras, il revint vers l’Ecorcheuse, mais cette dernière commençait à rassembler ses ronces pour frapper. Kyuuji relâcha son aura bienfaisante, nous redonnant à tous un regain de vigueur bienvenu, tandis que je soufflai à Solid d’utiliser la grande épine que nous avions trouvée pour poignarder l’ombre qui possédait Eylion. Il s’exécuta, imprégnant l’arme improvisée d’ether, et l’ombre se mit à hurler comme si elle était vivante, avant de disparaître.

Cela n’eut pas l’effet escompté sur Lucrétia, pourtant. Ivre de rage, l’Ecorcheuse invoqua son Arrêt du temps. Sous ses pieds un immense cadran apparut, dont les aiguilles avançaient lentement. Nous savions que le moment où le Temps se figerait signifiait notre mort, voire pire.
Je parvins à briser une aiguille, Kyuuji écrasa l’autre avec le pouvoir de la Terre. Le sortilège était rompu.

Solid profita du répit pour revenir à la charge.
« Lucrétia ! Votre mère m’a fait tenir une promesse ! »
Elle répondit d’un ton angoissé
« l’Extérieur…dangereux… je vous anéantirai tous… je suis une Fille modèle…Parfaite… »
Je ne pus m’empêcher de répliquer
« La perfection n’existe pas. »
Et Kyuuji poursuivit
« Vous êtes emprisonnée… maltraitée… victime. »
Motivé, Solid ajouta
« Vous n’avez pas besoin de faire quoi que ce soit pour être parfaite. Votre mère vous aimait comme vous étiez. Et je lui ai promis que je prendrais soin de vous. »
Les yeux de Lucrétia virèrent au noir absolu, tandis que sa voix changeait, inhumaine
« Je vous anéantirai… TOUS. PERSONNE NE VIENDRA DETRUIRE CE MANOIR ! »

Les ronces se dressèrent, se jetant sur nous pour nous transpercer, tandis que du coin de l’œil nous remarquions que les corps mutilés suspendus commençaient à bouger.
Kyuuji tomba à genoux, invoquant son Kami protecteur. Un vent protecteur nous entoura et repoussa nos ennemis. Les ronces reculèrent, tandis que les corps projetés contre les murs s’immobilisaient, leur éveil contré par l’énergie apaisante.

C’est alors que je remarquai l’ombre de l’Ecorcheuse. Ce n’était pas celle d’une jeune fille, mais d’un homme. Voilà où était passé le Père. Horrifié, je réalisai que l’union incestueuse de ces deux-là avait fini par se produire, et que si on voulait libérer Lucrétia il fallait, comme pour Eylion, détruire l’ombre qui la possédait.
Je fis un pas en avant, et soufflai à Solid
« Plantez l’épine dans l’ombre de Lucrétia. »
Solid ne chercha pas à comprendre, il prit la direction d’un assaut concerté visant à distraire l’Ecorcheuse pour lui permettre d’agir. Taziel se glissa à travers les ronces pour prendre la jeune fille par surprise, lui pointant sa dague dans le dos. Kyuuji et moi utilisions notre magie en soutien.
Solid enfonça l’épine chargée de son éther dans l’ombre masculine.
L’arme s’embrasa, et le démon dut la lâcher. Lucrétia et l’Ombre se mirent à hurler de douleur, accompagnés par les cris émanant des corps suspendus. Quand ce concert d’agonie s’acheva, l’Ombre se dissipa et les corps retombèrent comme des marionnettes privées de leurs fils. Lucrétia s’effondra à genoux, en pleurs, tandis que les ronces disparaissaient. Les murs du Manoir tremblèrent un moment avant de se stabiliser, et le silence retomba, seulement brisé par les sanglots de la démone.

L’opération était quasi terminée.
Redoutant que la dimension ne s’effondre sur elle-même maintenant que la malédiction était rompue, nous avons évacué les lieux au plus vite.
Taziel portait Lucrétia, en état de choc.
Eylion fut confié à Frozen, qui avait la capacité de l’emporter à travers les ombres.
Les prisonniers furent évacués ainsi que le personnel. La gouvernante-succube étant morte, les autres allaient devoir se réintégrer au monde réel, et ce fut Shelter qui étonnamment prit la tête de leur groupe.

Nous nous sommes retrouvés au QG de la Brigade Rouge, la demeure des Shield.
Taziel a remis Lucrétia entre les mains de Frozen, presque par jeu. Frozen ressemble à un enfant, et il l’appelle « sa princesse charmante ». Qui sait cela pourra peut-être l’aider à sortir de sa catatonie.

Dès que tout le monde sera remis, il nous faudra discuter.
Nous avons vécu des moments traumatisants, tous autant que nous sommes.
Solid m’a déclaré qu’il me devait un service. Venant d’un démon, cela est un engagement que je ne prends pas à la légère. J’aurai très probablement besoin de cette aide. Il n’est plus question que je m’engage dans le processus de neutralisation du cristal en étant seulement assisté par Kyuuji. C’est bien trop dangereux.
J’ai vu de quoi je suis capable si ce pouvoir s’éveille. J’ai goûté à la destruction. Et j’ai aimé ça.

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Kedryl Soken
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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Kedryl Soken » 26 nov. 2018, 20:22

Solid réfléchissait à comment finir son rapport, qui présentait pour lui un certain casse-tête. C’est qu’il en était tout de même à sa troisième tentative, la fatigue n’aidant pas, ce qui l’avait poussé à demander de l’aide à son frère Silver, qui l’avait aidé a structurer correctement son texte. Après une relecture satisfaisante, il n’avait plus qu’à conclure.

« Ainsi se termine le rapport sur le Manoir Delamone. Je vous remercie de la prise en charge des rescapés de cette triste histoire, en espérant qu’ils réussiront à s’intégrer correctement dans la société après ce retour. Je ne manquerai pas de venir vous présenter Lucretia sitôt qu’elle sera en état. Cordialement, agent Solid Shield. »

Enfin, ce rapport de malheur était fini. Le Démon Rouge laissa un soupir de soulagement s’échapper, fatigué de cette aventure qui avait été éprouvante. Tandis que Silver pris l’initiative d’aller délivrer lui-même ce rapport, Solid s’enfonça dans sa chaise un moment, se remémorant ce qui s’était passé…

-Père… Empty, Frozen et Eylion ne sont pas rentrés, et je n’arrive plus à sentir mon frère…, s’inquiétait Light. Son fils était sur le point de partir avec Nukh pour les Steppes, et cette nouvelle tombait évidemment au pire moment, mais ce n’était pas vraiment une surprise. Qu’Eylion se fasse capturer n’était qu’une question de temps, et plutôt que d’essayer à tout prix d’empêcher l’inévitable de se produire, Solid avait demandé à Frozen et Empty de se cacher dans l’ombre du miqo’te, sans intervenir. Juste après la disparition de Tseren et Mide. Pourquoi le destin avait-il décidé de s’acharner à ce point ? Mystère. En tout cas, il était temps d’agir pour sauver Eylion, en commençant à rassembler des alliés. Le premier a être recruté fût Taziel, travaillant désormais un peu plus de concert avec Adam qui commençait du point de vue de Solid à lui faire un peu plus confiance, même s’il sentait encore comme une réserve à son égard. Le Shield se doutait bien qu’établir un climat de confiance prendrait du temps, petit à petit… mais le Démon Rouge restait confiant.

Jusqu’au moment ou le pacte qu’il avait signé avec Eylion se brisa. L’Ecorcheuse avait réussi à briser un de ses contrats… la colère monta en lui, sentant la perte d’énergie qui en découlait. Si le contrat n’avait pas été endommagé au préalable, sans doute aurait-il résisté, mais là… voilà qui lui servirait de leçon à l’avenir. Mais les choses s’arrangèrent quand Empty revint du manoir, en compagnie d’une certaine Valia. Cette femme était celle qui avait piégé Eylion, permettant à l’Ecorcheuse d’avoir le miqo’te auprès d’elle. De quoi renverser la vapeur, s’il jouait assez finement. Après l’avoir piégé dans la demeure des Shield, il était temps de la cuisiner.

Bien que l’élézenne fût difficile à faire parler, il obtint petit à petit les informations nécessaires pour avancer. Obtenir sa coopération plus difficile lorsque les renforts qu’elle avait appelé en traître vint s’en prendre au Red Bastard : Six mages étaient en train de s’en prendre à la demeure avec des sorts, afin d’inciter Solid à relâcher Valia. Mais laisser sa meilleure piste pour récupérer Eylion s’envoler ? Quelle idée ! Malheureusement pour l’ennemi, ce n’était pas la première attaque qu’ils subissaient, et les ennemis eurent la mauvaise surprise d’affronter Jhinn, l’un des meilleurs mages du Red Bastard. Grâce à son remarquable talent, il put tenir tête, empêchant à la demeure de subir le moindre dommage, et donnant le temps nécessaire à Solid pour faire comprendre à Valia qu’elle avait tout intérêt à coopérer si elle tenait à la vie. Confronté entre le choix de la coopération ou de la mort, l’Elézenne choisit de vivre, demandant aux mages de cesser l’assaut contre le Red Bastard, et offrant enfin l’aide tant attendu : Elle serait en mesure de leur ouvrir un accès vers la dimension de l’Ecorcheuse, en échange d’un petit marché avec Solid, qui accepta avec un certain sourire. Si le démon savait se faire des ennemis, il savait aussi se faire des amis. D’une certaine manière, du moins.

Alors qu’il était occupé à tenir une promesse auprès de Gwen qui se complexifia d’une manière inattendu, Broken avait pu aider de son côté Opale avec un nouveau cas, celui de pakhem. Bien que son neveu n’avait rejoint que récemment la famille des Shield, il fût on ne peut plus satisfait de son travail. Non seulement il avait bien travaillé, mais en plus, il avait permis au chef des Shield de trouver ses deux derniers alliés : Zaurak et Kyuuji. Si le Démon Rouge avait déjà eu l’occasion de fréquenter un peu le prêtre, il ne connaissait pas Zaurak, mais il décida de lui accorder sa confiance, entre les dires de Broken et de Kyuuji. Et puis… il y avait quelque chose qui l’intriguait chez lui, sans réussir à déterminer encore pourquoi.

Arriva enfin le jour J, ou ils allaient pouvoir visiter ce fameux manoir. Il ignorait pour combien de temps il en avait, mais il avait confiance. Les Shield restant… les Clairobscur… peu importe combien de temps il partirait, il savait que tous pouvaient compter les uns sur les autres. Et avec un peu de chance, il finirait par revenir. Il ne lui restait qu’une seule chose à prendre…

-Bonjour Aether… dit simplement Solid en entrant dans le Magisbolarium de la scientifique alagoise, plongée devant un mémoquartz.
-Oh, bonjour maître Solid ! C’est aujourd’hui, c’est ça ? S’enquit la demoiselle, dont la santé mentale s’était bien amélioré.
-En effet, oui. On va bientôt partir, mais au cas ou les choses tournent mal… je devrais prendre un Shield.
-J’imagine. J’ai une dette envers maître Eylion, j’espère qu’on en arrivera pas là… mais il faut le meilleur, en tout cas ! Que pensez-vous de Seven ? Beauty peut-être ? Liquid m’a l’air aussi approprié, continuait d’énumérer Aether.
-Hm… je pense que je vais prendre… celui-là, finit par dire le premier des Shield en pointant son doigt vers l’objet de ses désirs.

Après cet interlude auprès d’Aether, Solid sortit prévenir les Grandes Compagnie de son absence, les raisons de celle-ci, et une fois tout à jour, il put rejoindre le groupe qui attendait le moment fatidique du départ. Valia prête comme promis, elle ouvrit le passage, laissant les quatre personnes s’enfonçer dans une faille, à la recherche d’Eylion et de Frozen.

A peine arrivé dans la faille, l’affaiblissement de la magie était perceptible. Il était clair que les lieux avait des propriétés propres, et que la prudence était de mise. Même si la puissance du néant permettait à un humain de survivre sans soucis entre ses murs, l’ambiance gênait tout de même les membres, à l’exception de Solid, à l’aise comme un poisson dans l’eau. Solid essaya de rester suffisamment léger, plaisantant à l’occasion, cherchant à aider à les détendre comme il pouvait. Inutile de leur imposer une pression supplémentaire. Quoi qu’il en soit, son plan avait pour le moment bien fonctionné : grâce à la présence de Frozen camouflé dans l’ombre d’Eylion, il était capable de détecté la position du miqo’te dans cette imposante demeure, un atout de taille quand le temps jouait contre le groupe. Bien vide, la fouille des lieux commença, Solid comprenant qu’Eylion et Frozen était en réalité bien proche de là ou il se trouvait, dans une pièce bloquée par une horloge avec des pièces manquantes. Au vu des informations laissées par Eylion dans sa lettre et du peu qu’avait vu Empty, les mécanismes semblaient être en mesure d’agir sur les lieux, contrairement à leur magie ou leur force. Il faudrait également réussir à trouver les clés cachés diséminés un peu partout, notamment les portraits, miroirs et les tiroirs du manoir.

Les premières recherches dans le hall révélèrent un premier courrier, annonçant la future entrée en service d’une gouvernante qu’Eylion avait invité de se méfier au plus au point. Un miroir avait délivré une première enigme qui, à sa résolution, laissa apparaitre un des rouages manquants de l’horloge. Pour le coup, Solid commençait a se dire que quelque chose dans cette maison voulait les aider, étrangement. Ou alors qu’il s’agissait d’un grand terrain de jeu. Etrangement, il arrivait à lire correctement la lettre trouvé, comparé aux autres. Pourquoi était-il favorisé comparé aux autres ? Il l’ignorait, mais qu’importe la réponse, l’aventure en devenait bien plus intéressante. L’aventure se poursuivi dans un couloir avec une galerie de portrait, révélant la famille Delamone. Trois tableaux révélères d’autres énigmes, leur position sembla définir leur lien familial. Solid savait qu’il y avait Lucretia, un père que l’on supposa être Viktor Delamone, en revanche, il ignorait jusqu’à la présence d’une mère, Anita. En répondant avec justesse aux devinettes des portrats, les nouveaux rouages apparurent, leur octroyant de nouvelles clés pour la suite, plus de la moitié des rouages. A ce rythme, ils auraient sauvé Eylion en moins d’une demi-heure, se disait Solid. Comme il se trompait…

Grâces aux rouages, le groupe compris qu’ils agissaient comme des clés, leur permettant d’accéder à une nouvelle pièce, éclairant soudainement le sort d’Anita. Le mari avait battu à mort sa femme, femme qui s’inquiétait de plus en plus pour le futur de sa fille, Lucretia. Le sort d’Anita toucha le groupe, troublé par le sort de la malheureuse qui avait écrit ses craintes dans une lettre qu’avait gardé Kyuuji. L’histoire de cette famille semblait plus humaine et complexe qu’avait décrit Eylion, mais sans doute l’état d’esprit dans lequel était le miqo’te lorsqu’il était un résident expliquait pourquoi les lieux ne lui avaient pas révélé les secrets des lieux. Depuis le début, avec ses premiers échanges avec Lucretia, Solid avait cru comprendre que cette fille avait une chance d’être sauvé. Cela aidait-il ? Difficile à dire. En tout cas, leur recherche furent nettement plus lente par la suite, ne trouvant plus aucun rouage adéquat pour ouvrir une porte qui semblait capitale dans l’avancée de ces lieux. L’équipe continua de fouiller les lieux, en vain. Aucun miroir, aucun portrait… depuis combien d’heure cherchait-il ? La bonne humeur de Solid disparaissait petit à petit face aux difficultés du groupe, qui était bloqué.

Leur recherche leur permis toutefois de comprendre qu’il y avait une présence qui rodait autour d’eux, de trouver des prisonniers du manoir, ressemblant approximativement à des conquêtes amoureuses d’Eylion, même si un malheureux xaela peint en rouge était sensé le représenter. Une fois les prisonniers rassurés comme quoi le groupe n’était pas là pour venir les torturer ou autre, Solid leur fit la promesse de venir les délivrer, avant de poursuivre jusqu'à trouver le cuisinier. Comme annoncé, le cuisinier était un sacré trouillard, craignant plus pour sa vie qu’autre chose. Il leur indiqua toutefois qu’ils avaient encore du temps avant qu’elle se réveille, sans leur fournir d’autres détails croustillants. Leurs pas les menèrent enfin à la dernière salle, qui donnait une vue exceptionnel sur le jardin, avec un piano. Zaurak avait l’esprit plutôt vif et avait permis de résoudre plusieurs énigme, alors que Taziel semblait plutôt indifférent à tout ce qui se passait. Kyuuji, de son côté, continuait d’avoir une sensation dérangeante. Le piano révéla un mot, « Ombre », mais aucun rouage pour autant. Il fallut que le groupe se pose un instant pour réfléchir, et en revenant sur leur pas, ils constatèrent qu’ils avaient oublié une porte près de l’entrée qu’ils purent déverrouiller. Si Solid pensait qu’elle aiderait à trouver les rouages manquant, cette porte permis de les aider à localiser la sortie. Une bonne chose en soit, mais il n’avait toujours rien de nouveau, au final.

Le temps continuait de s’écouler. L’écorcheuse allait bientôt se réveiller, et ils étaient coincés. Parcourant les lieux en long en large et en travers, le manoir semblait se refuser à leur donner la clé qui leur permettrait d’avancer… et pourtant… lorsque le groupe retourna auprès du cuisinier, ils lui arrachèrent de force la montre, qui contenait peut-être un indice. Il n’en était rien, mais la famesue présence qui leur tournait autour sembla les aider, arrêtant le temps. Le chrono était figé, laissant davantage de temps au groupe… mais pourquoi ? Le retour dans la pièce au piano ne délivra pas plus d’information, Solid s’essayant au piano… cela ne sembla que renforcer le malaise de Kyuuji, qui continuait de sentir une présence autour de lui de plus en plus pesante. Pourquoi lui d’ailleurs ? La montre ? Non. Sa magie ? Pas spécialement. Cette présence ne semblait pas lié à l’écorcheuse, Solid avait même la sensation que c’était cette présence qui avait arrêté le temps, alors pourquoi était-elle autant focalisé sur le pauvre prêtre qui n’avait rien demandé ? L’esprit avait agit quand il avait touché un objet, la montre… alors Kyuuji avait peut-être un objet ? Le chocolat piqué dans les cuisines ? Un rouage spécial ? En fouillant le raen, le Démon Rouge ressentit enfin la présence en question lorsqu’il se saisit de la lettre d’Anita. Regardant la lettre sous toutes ses coutures, un texte était apparu au dos.

Une prière. Une demande. Une promesse. Anita cherchait depuis à s’adresser au groupe, les suppliant de prendre soin de sa fille, vu qu’elle ne pouvait plus le faire. Après lu cette demande émanant d’une mère craignant pour l’avenir de sa fille, le Shield fit la promesse de s’occuper de Lucretia comme de sa fille si l’occasion lui en était donné. Alors, la présence qui depuis suivait le groupe sembla trouver un semblant de repos, un soupir d’apaisement pu se faire entendre, l’esprit trouvant enfin le repos depuis sa mort. En guise de remerciement, la clé manquant apparu enfin, clé qu’ils s’empressèrent d’aller utiliser. Le groupe se retrouva donc dans le bureau du père, leur permettant de révéler les derniers éléments pour compléter l’horloge, ainsi qu’une étrange épine magique, et des informations plutôt inquiétantes sur le père. La figure de ce dernier devenait de plus en plus sombre : membre d’une secte, déviance sexuelle, adorateur des vices… les dernières informations semblaient révéler que ses sombres manigances allaient être découvertes et qu’il allait fuir, mais se fut Lucretia qui scella son destin, le maudissant même si cela entraina également sa chute. La pièce avait sans doute d’autres indices à révéler, mais l’esprit d’Anita partie, Solid ignorait pour combien de temps le temps serait de leur côté. Récupérant l’épine et les élements manquant de l’horloge, ils remplirent tous les éléments de l’horloge, chaque morceaux ayant une lettre et formant le mot Attaque. Le second mot avec Ombre de trouvé.

L’horloge se réactiva, sonnant alors a 4h25 avant d’ouvrir un passage vers le sous-sol, comme Empty l’avait décrit. En descendant dans une pièce on ne peut plus morbide avec des cadavres de jeunes filles suspendu tout autour, Eylion était debout au centre de la pièce, semblant les attendre. Frozen semblait aussi être là, dans l’ombre du miqo’te, ayant quasiment épuisé tout son éther. Mais il y avait autre chose qui clochait avec cette ombre, qui ressemblait plus à une femme à la coiffure sévère plutôt que l’ombre d’une miqo’te juvénile. Ce n’était pas Eylion. Solid le compris bien vite. Alors que le combat semblait inévitable, l’Ecorcheuse fit son entrée, comme prévenu. Evidemment. Mais il était trop tard pour fuir, désormais. Taziel ne perdit pas un instant, et fila frapper Eylion avec ses dagues, occupant le miqo’te. Profitant de ce temps, Zaurak invoqua son carbuncle à la rescousse, pendant que Kyuuji suivit la directive du démon, envoyant de l’éther dans l’ombre, permettant de sortir Frozen de sa torpeur. Celui-ci quitta l’ombre d’Eylion pour venir se cacher dans l’ombre de Solid, venant l’aider à parer les attaques de l’Ecorcheuse et d’Eylion, utilisant des flammes bleues. Pour protéger ses camarades de Lucretia qu’il savait redoutable, le chef des Shield chercha à la provoque,r pour leur laisser le temps de vaincre Eylion. Malheureusement, un sortilège innattendu les plongea tous dans des souvenirs douloureux de chacun. Une forteresse garlemaldaise où Kyuuji torturait des gens, la lumière qui voulait détruire l’obscurité de Solid le transformant petit à petit en Hyurgoth, un mage noir cherchant à bruler à mort Zaurak, une entité ténébreuse piégeant Adam… ils avaient eux affaire a tous ses cauchemars, les mettant bien mal en point, mais ce n’était pas assez pour les mettre hors d’état de nuire. Avant qu’un autre sortilège tout aussi puissant ne soit lancé, le groupe parti à l’assaut du miqo’te, réussit à le mettre hors d’état de nuire. Il ne restait plus que l’Ecorcheuse, mais… comment faire pour ne pas la tuer ?

Solid essaya de lui montrer qu’il était possédé, mais elle n’en avait cure. Lucretia venait de faire apparaitre un cadran avec des aiguilles tournant, s’approchant de l’heure fatidique de 4h25, se préparant à arrêter le temps pour les condamner à un enfer dont ils ne reviendraient sans doute pas. Mais Zaurak et Kyuuji réussirent à agir à temps, brisant les aiguilles et stoppant le sort de la démone. Mais que faire ? Recommencer à l’infini ? Taziel était déterminé a en finir avec Lucretia, de son côté. Il devait y avoir une solution.

Attaque. Ombre.

Se souvenant de l’épine à l’énergie étrange trouvée dans le manoir, le Démon Rouge tenta de plonger l’épine dans l’ombre, qui hurla de douleur. L’effet fut encor eplus fort lorsqu’elle fut galvanisé avec de l’ether, semblant briser quelque chose. L’ombre d’Eylion était désormais véritablement la sienne… et bien vite, le groupe remarqua que l’ombre de Lucretia semblait avoir une forme différente aussi. Plutôt celle d’un homme, semblable à la figure du père, Viktor. Agissant en groupe, Taziel s’occupa de venir entraver physiquement l’Ecorcheuse, tandis que Kyuuji libéra un orbe lumineux, marquant bien l’emplacement de l’ombre. Zaurak lanca une attaque sur l’ombre qui l’empêcha également de bouger, permettant à Solid de pouvoir venir planter l’épine chargé d’éther en plein dedans, détruisant l’ombre qui cachait en son sein le père, laissant l’Ecorcheuse dans un état de tristesse inconsolable. Le combat était fini, au moins.

Alors que les premiers soins étaient apportés à Eylion qui était toujours inconscient, le manoir se mit en branle un instant avant de se calmer. La dimension n’étant plus sûr, il devenait important aux yeux du groupe d’en partir. Prévenant un maximum de personne, ils purent organiser l’évacuation du manoir, permettant à tous d’en sortir, sain et sauf. Solid expliqua rapidement le cas aux Grandes Compagnies, qui avaient désormais du pain sur la planche. Le démon Rouge était rentré, retrouvant le groupe fatigué de son aventure. Lucretia n’avait toujours pas dit le moindre mot, et Eylion était toujours inconscient. Le reste du groupe avait beau ne pas dormir, leur ongue fouille et le combat avec les visions les avaient laissés dans un état plutôt minable, excepté Solid qui avait encore la force de faire un peu d’humour. Les siècles qu’il avait affronté avait sans doute aidé à le rendre un peu plus résistant mentalement, se disait-il, mais il était conscient qu’ils avaient besoin de récupérer. Il s’occupa d’installer ceux qui le voulait dans sa demeure, venant confier Eylion au bon soin de Volug et d’Aether, puis de voir comment se portait Lucretia avec Frozen avant de venir s’affairer à son rapport.

Et le voilà sur sa chaise, à se souvenir de tout ça. Oh, ce n’était pas la fin, c’était plus une continuité. Le miqo’te serait sans doute à ramasser à la petite cuillère. Tenir la promesse à Anita et adopter Lucrétia n’allait pas être aussi simple. Taziel ne lui ferait pas plus confiance aujourd’hui que la veille sans doute. Zaurak allait sans doute demander des explications sur l’ombre qu’était Frozen ou autre. Kyuuji allait avoir besoin de temps, de plante et de chocolat pour se relever de cette bataille. Les grandes Compagnies voudraient en savoir plus et demander des détails, encore et encore. Mais le chef des Shield se contenta de s’étirer sur son siège, un visage accroché au visage malgré tout. Bien sûr, cela n’avait pas été facile, il ne se réjouissait pas de savoir qu’une famille avait vécu un tel drame. Il ne se réjouissait pas de savoir Eylion inconscient ayant subit une possession d’un stade avancé. Il ne se réjouissait pas de l’état pitoyable du groupe qui l’avait accompagné ou de la tristesse de Lucretia. Mais il réjouissait de savoir que le miqo’te avait été sauvé. Que Lucretia aurait une chance d’avoir un véritable avenir. Qu’Anita avait pu trouver la paix. Qu’il avait des camarades combats qui s’étaient jeté dans un enfer redoutable pour l’aider. Qu’ils avaient pu arrêter un cycle infernal et libérer des gens d’une prison bien étrange. Et tout en regardant sa peau de couleur rouge, il se réjouissait d’avoir choisit les ténèbres à la lumière.
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Ennrael
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Re: [Intrigue Personnelle] Le Damné de Nymeia

Message par Ennrael » 02 déc. 2018, 21:13

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Il avait été réveillé par la voix empressée d'Empty cette nuit là. Light était venu le chercher pour le guider jusqu'à une chambre qui avait failli le rendre aveugle à jamais tant elle était... rose. Des murs au plafond en passant par les meubles. Il ignorait QUI avait eu l'idée saugrenue de préparer une telle chambre pour l’Écorcheuse mais il s'était promis de lui en toucher un mot. Un roman même. Il la Haïssait, c'était un fait, mais il ne souhaitait à personne, pas même à son pire ennemi, une chambre pareille.

L'échange entre les trois frères fut particulier. Non pas par la nature de l'échange mais plutôt par le fait qu'en arrière-fond, Lucrétia débitait absolument tout ce que le Mage pensait et ressentait. Passé et Présent se mélangeaient dans la bouche de la Démone qui paraissait plus démente que jamais.

Empty: Du coup, il serait envisageable de... briser le lien. Mais il faudrait la rassurer un peu, pour qu'elle franchisse le pas, avait-il demandé avec un regard appuyé.
Eylion: D'accord, c'est... répliqua t'il, un brin sous le choc. Et comment tu veux que je rassure... ça?! Est-ce qu'elle peut seulement briser ce lien?
Empty: Tu pourrais lui montrer qu'elle n'a pas besoin du lien pour t'avoir!
Lucrétia: Il les regarde. Ses Frères. Il refuse de l'appeler par son nom. Il ne veut pas admettre qu'elle puisse être une personne. Il se souvient de Lacie, de Kaldriss. De toutes les morts. Pourquoi doit-il être mêlé à tout ça?

Finalement, il avait fini par lui prendre la main, à défaut de savoir quoi faire. Le contact l'électrifia de dégoût mais il tint bon. C'était sans compter ce qui allait suivre. Le Monde se disloqua au sein de sa Conscience. Il était à la fois entouré d'une Obscurité dense et il était à la fois toujours dans cette pièce, avec Empty, Light et la Démone. Il était à la fois dans l'Orphelinat de son enfance et dans le Manoir. Il était un et plusieurs. L'infinité des Mondes, des Époques, des Siècles se heurta contre sa Notion du Réel.

Et au sein des Vides, au creux des Ombres, Elle était là. Il ne la voyait pas mais il sentait sa présence partout autour de lui.

Alors il hurla. Il hurla sa Volonté. Les mots n'avaient aucune consistance mais il savait d'instinct que ce n'était pas de mots qu'il pouvait user en l'état. Son Esprit se heurta contre le Sien. La Lutte fut féroce. Sans merci. Elle ne voulait pas le relâcher. Elle se refusait à le perdre, qu'importe le prix. Mais son Âme à lui et sa Liberté n'avaient jamais été négociables. Elles étaient à lui et à lui seul.

Ils Chutèrent.

Il était sa seule Constante. La dernière dans un Monde qui n'avait plus sa Raison. Elle avait compris maintenant qu'il la haïssait. Mais qu'importe. Père était mort. Qu'importe. Elle avait tout Perdu. Qu'importe. Mais Lui...

Lui, elle ne le relâcherait jamais.
Image
Puisqu'il voulait tant cet Âge. Puisqu'il désirait avec tant d'Ardeur une autre Apparence, elle le lui accorderait. Puisqu'il voulait tant accourir auprès de celui qu'il avait choisi, elle accorderait son vœu de ne pas le toucher. Elle lui accorderait ce qu'il désire...

Mais pas de le relâcher.

Dans la Réalité, elle s'était relevée à la surprise de Light et Empty. Elle avait planté ses doigts dans la pierre sombre qui faisait office d’œil droit au Mage et le lui avait arraché. Les nerfs sombres au bout s'étaient extirpés, grouillant comme des nerfs optiques à l'agonie, suintant de Néant.

Peu lui importait la Haine. Peu lui importait le Rejet.

Tant qu'il ne lui promettait pas l'Oubli.

Il avait hurlé, de douleur cette fois. Il avait senti ses os craqueler, se briser et se reconstruire, sa Chair se déchirer. Il avait senti le Temps, implacable, se disputer sa Souffrance, se gorger de sa Perdition. Dans le Monde Réel, il ne voyait pas Empty et Light joindre leur Ether à la manœuvre de Lucrétia. Il ne voyait pas ce qu'il lui arrivait.

Non, ce qu'il voyait était la Démone dans toute son faste horrifique. Sa Réelle Forme. Son Corps était fait de ronces sans épines dont les enchevêtrements complexes formaient une silhouette féminine. Certaines soulignaient ses formes et se dégageaient du lot, dont les têtes ressemblaient à celles des aiguilles d'horloge. De longues griffes effilées à ses mains formaient les épines manquantes. Le visage, sculpté, possédait deux ouvertures sur des ténèbres primordiales, où luisaient deux pupilles d'un rouge sanguin. Sa chevelure, d'un immaculé surnaturel, descendait jusqu'à ses genoux et semblait être constitué de voiles luminescentes, comme des pétales qu'on aurait imprégné de lumière.

Il fit front, agrippant dans tous les mondes un des poignets de l'Entité avec force. Son Âme n'était pas négociable mais il était prêt à faire le pas pour elle. Il ne lui promettait pas l'Oubli. Il ne lui promettait pas le Pardon Absolu non plus. Mais il avait entendu les Tourments qui l'avait mené à être ce qu'elle était aujourd'hui. Il était prêt à tendre une main, comme il l'aurait fait pour quiconque la souhaitait.

Cette Main, elle la prit avidement. C'était tout ce dont elle avait besoin. Elle se pencha ensuite vers lui.

FaIs ATTeNtIoN à TeS DéSiRs, MoN ÉcOrchÉ.

Une Mise en Garde. Courte, brève, qui contenait bien plus que des mots. Elle savait. Elle savait qu'il hésitait entre Ombre et Lumière. Alors elle le mit en garde.

- Je n'ai pas besoin que tu me le précises, répondit-il, à travers les Mondes.

Il ne savait que trop bien la Soif qui le tenait depuis son Enfance. Les risques qu'elle impliquait. Mais depuis que celui qu'il avait choisi lui avait montré les attraits de la Nuit, comment ne pas hésiter?

Tant que nous nous rappelons de notre Humanité, nous pourrons trouver un moyen de sortir d'ici.

Son Humanité. Il s'y accrochait comme un noyé se raccrochait à une planche. Valait-elle la Lutte? Valait-elle tant que ça? Qu'impliquait-elle réellement pour cette Âme à laquelle il tenait tant...?

La Chute se poursuivit. Dans l'Autre Monde, la Démone arracha l'une de ses pupilles qu'elle vint planter dans le Vide droit du Mage, laissant une Azur prendre la place. Dans le Réel, un œil se forma, Carmin, dans l'orbite vide du Mage au supplice. Lucrétia perdit ensuite connaissance, rattrapée à temps par Empty.

Quant au Lunaire... Il s'aperçut que sa ligne de vue avait changé. Que ses vêtements le serraient et s'étaient même déchirés par endroits. Que ses mains avaient grandi.

Il était Adulte.

Après tant d'années à vivre dans le corps d'un Adolescent, il était enfin à l'Âge qu'il avait tant souhaité. Même plus, il avait retrouvé deux yeux... sauf que l'un d'eux était désormais Carmin, signe du nouveau Lien qu'elle avait tissé entre eux.

En parallèle, Lucrétia avait également grandi jusqu'à la taille Adulte.

Le Mage ignorait alors ce que ce nouveau Lien impliquait réellement pour Lui et Elle. Mais il allait devoir vivre avec le fait qu'elle faisait maintenant partie de sa Vie, un fait qu'il allait mettre beaucoup de Temps à accepter.
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Raïs: Claus est mort, hm...

Il venait de terminer de lire le rapport. Il leva les yeux sur l'Agent qui le lui avait apporté.

Raïs: La Cible est donc protégée par des Démons.
Agent: Oui, Raïs.

Les restes disloqués de Claus avaient été trouvés et récupérés. L'Ordre y avait bien vu l’œuvre d'une créature qui n'était pas de ce Monde. Cependant, ils se méprirent sur son identité. Ils savaient que le Mage se trouvait à la Brigade Rouge et ce que l'organisation était pour les Grandes Compagnies. Ils prirent la mort de Claus pour un mauvais calcul de leur part.

Raïs: Nous allons devoir nous occuper d'eux pour pouvoir isoler la Cible.
Agent: ... Que devons-nous faire, Raïs?

Le Raïs prit le temps de réfléchir longuement. Puis il esquissa un sourire.

Raïs: Contactez le Faiseur. Dites lui que j'ai une commande spéciale à lui faire.
Agent: Le Faiseur...?
Raïs: Ces Démons ne seront pas un problème.

Il se leva de son siège.

Raïs: Ils ne sont qu'une poignée de créatures sur notre Monde, à peine Tolérées par les autorités. D'après vous... Qui représente le plus grand danger...? Eux... ou bien la populace...?
Agent: ...! Je vois...

L'Agent plaça un poing dans sa paume et inclina la tête.

Agent: Je me mets en route de suite, Raïs. Gloire à Septhis.
Raïs: Gloire à Septhis, Agent.
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Miqo'te: ... Voilà ce qu'il en est pour Valia.
???: ...

Dans la chambre luxueuse, le Solaire se tenait prêt de la porte, attendant les ordres de son employeur.

???: Je vois, dit-il en soupirant. Je l'avais pourtant prévenue, elle n'est pas faite pour ce genre de chose.
Miqo'te: Est-ce que je dois m'occuper d'elle...?

L'Inconnu esquissa un sourire amusé.

???: Pourquoi faut-il que tu proposes toujours des solutions extrêmes? Laisse la donc s'amuser un peu.
Miqo'te: Désolé, Patron, réflexe d'métier... C'est juste que j'me demande si elle ne risque pas de nous poser un souci.
???: Aucun, je peux te l'assurer. Laisse la faire ce qu'elle désire mais... Si elle venait à tomber... Pense à prévenir Tèdre de se tenir prête à prendre la tête de l'établissement.
Miqo'te: Bien, Patron.
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Son souffle était lourd, tremblotant. Ça faisait des jours qu'elle se trouvait dans cette grotte, dans le froid. Elle avait dû délaisser sa robe de fiançailles qui était passée depuis longtemps du blanc au gris-jaune, portant toujours les tâches de sang du massacre qui s'était déroulé dans l’Église. Il y avait toujours la trace de la main de son fiancé qu'elle avait tenu dans ses bras alors qu'il essayait de s'accrocher à elle, la gorge tranchée.

Devant elle, sur le sol de pierre froide, il y avait des corps de plusieurs personnes. Des soldats ishgardais pour la plupart mais il y avait aussi une femme et un homme aux allures de voyageurs. Elle s'était résolue à prendre les vêtements de la défunte et deux capes pour pouvoir se tenir au chaud. Elle se nourrissait comme elle le pouvait des victuailles encore présents dans les possessions des victimes.

Le Monstre qui la retenait l'avait isolé en haut d'une montagne. Elle n'avait aucun moyen de descendre de la corniche sans risquer une chute mortelle. Il revenait régulièrement avec de nouvelles victimes qu'il dévorait. Même si le froid empêchait toute odeur, elle faisait en sorte d'isoler les corps comme elle le pouvait hors de sa vue.

Elle ne voulait pas reconnaître en la créature les traits de son premier fiancé, Kaldriss. Elle se souvenait du Miqo'te qui était venu lui annoncer sa mort. De son incrédulité, de la colère de ses parents et de ceux de Kaldriss. Malgré tout, il avait fallu se rendre compte de l'évidence: l'Élézen n'était jamais rentré. La peine du Lunaire accablé sur le divan semblait des plus sincères. Il avait parlé d'une embuscade. De brigands. Qu'il devait la vie à ce dernier. Mais alors... Comment ça se faisait que ce Monstre ressemblant tant à son premier fiancé?

Elle avait tenté de lui parler. En vain. Le Monstre semblait toujours bloqué aux mêmes phrases qu'il prononçait avec un désespoir profond. Parfois, il disait son nom. Hélène. Il l'enlaçait le soir sans rien faire d'autre, secoué par des Cauchemars dont elle ne pouvait que deviner l'horreur. Les jours s'écoulaient et elle ne savait pas quoi faire. Combien de temps devait-elle tenir avant que les secours n'arrivent? Est-ce qu'on la cherchait seulement...?

Elle ferma les yeux, se mettant à prier Halone d'une voix fébrile, sourde.

Le Monstre était, pour l'instant, absent. Il faisait encore jour. Mais la Nuit viendrait bientôt, avec son cortège de nouvelles victimes.

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