[Récit] "On ne va pas se refaire!" ou la voie du destin.

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Yverault Chatelfort
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[Récit] "On ne va pas se refaire!" ou la voie du destin.

Message par Yverault Chatelfort » 29 nov. 2019, 17:07

I. Des breloques, un bâton, un drap mais surtout beaucoup de comédie.

Il faisait chaud sous le soleil du Thanalan et la petite cité d'Horizon grouillait de monde. Comme à son habitude convois, commerçants et badauds en tous genre se croisaient en un éternel va et vient. A l'ombre d'un platane bordant l'unique et seule voie du village, sous le lourd soleil d'après-midi, une silhouette obscure malingre, perdue sous de larges guenilles de lins claires ne manquait rien de la cavalcade qui duraient sans cesser un seul instant.

"Cette cité ne dort dont jamais..." Maugréa t'il tout en préparant ses affaires.

Des affaires, il en avait peu, mais pour le peu qu'il avait, il y tenait. Le tout tenait dans un seul et unique vieux sac: un cristal, un carnet usé et défraîchi, des notes éparses, et d'autres babioles. Mais son trésor le plus précieux était étalé face à lui sur un petit drap pourpre: un jeu de carte, ancien, au bord grignoté par le temps mais aux arcanes finement illustrées. D'une main, il les survola, dans un sourire satisfait. Il y tenait comme on tient à son gosse; et avec le temps, elles étaient presque devenues une extension de lui-même, de sa psyché, l'outil principal de son savoir, sa représentation. Alors redressant ses yeux vairons, il scruta de nouveau la foule devant lui, nul ne lui prêtait, pour l'instant, attention. Il n'était qu'un homme du voyage, un gueux pour certains, personne pour d'autres. De ceux que la misère effraie et que l'on refuse de regarder par peur d'être irrémédiablement infecter. En vérité, il n'était ni pauvre, ni riche, mais dans une vie d'errance, posséder était plus un fardeau qu'autre chose. S'il était pauvre ce fut de contraintes et si riche de liberté.

Tout était prêt et à sa place, il était temps de gagner, pour lui aussi, quelques gils. Après tout la philosophie ca ne remplit pas son assiette.

"La bonne aventure m'sieurs dames! Venez entendre les oracles d'Yverault Chatelforrrrrt! Allez! Quelques gils ce n'est rien pour la science du miracle..." Criait à la sauvette l'étrange individu tout en agitant ses nombreuses breloques qu'il portait aux poignets et tintaient alors d'argent et de clochettes. "Demain, n'est pas hier! et Yverault, il peut ouvrir les voies de votre avenir..." Continuait-il quelques trémolos dans la voix, tandis qu'il lorgnait de son regard vairon le poisson prêt à être pêché.

Quelques voyageurs lui jetèrent des regards mais aucun ne s'arrêtait. Il suffisait qu'un seul seulement s'arrête, un seul et alors...

"Allez m'sieurs dames! les oracles ne mentent jamais, laissez les vous guider, laissez les vous parler"...Rien, nul regard, nulle attention...! L'affront! Il allait devoir y mettre un peu plus du sien. Et tel un vieillard fourbu, qu'il n'est pas, il se redressa à l'aide de son bâton dans un soupir empli de fainéantise plutôt que de quelconque douleur. Ha! Qu'ils voulaient du spectacle! Alors, il leur en donnerait! Et c'est en gesticulant, redressant son bâton qu'il proclama haut et fort: "Iverault le GRRRRRRRAND ASTROMANCIEN est là pour vous! Et il a des choses à vous dire! Les arcanes l'ont conduis jusqu'à vous!"

Ca marchait! Quelques voyageurs se retournaient, son numéro portait ses fruits. Il happa tel un coup de pêche alors le premier regard porté sur lui, la première personne qui s'était arrêtée. Tant pis pour lui! C'était cuit! La proie était dans le filet! Un homme blond, à la belle carrure et à la peau bronzée, il n'avait pas les mains calleuses, et portait de belles vêtures, ce n'était pas un mineur, pas un gars du coin, peut être un marchand, un riche marchand espérait.

"Ha vous! Dit-il le ton haut et dramaturge, tout en pointant son bâton vers le pauvre ère. Apprrrrrrochez, apprrrrrrochez, (Il avait cette manie qui lui était venue seule et dont il n'arrivait plus à se défaire; de faire rouler les R pour appuyer la force de ses interprétations.) oui vous voyageur...Je vois dans votre regard la curiosité ou bien est-ce l'inquiêtude des lendemains malheureux. Mais n'ayez crainte..."

Ha le fourbe, il le perdait! Il ne viendrait pas, il sentait que la proie était pleine de terreur, ou bien d'hésitation..En effet l'homme portait sur lui un regard quelque-peu hautain et perplexe. Il passait pour un fou, après tout peut être l'était-il. Il devrait encore donner de sa personne, celui là ne se laisserait pas faire aisément. Pêtard!

"N'ayez crainte...N'ayez crainte." Minaudait alors "l'astromancien" tout en s'avançant lentement vers son homme, pour ne point le brusquer. "Venez, laissez les arcanes vous parler...Vous ne me croyez pas? Hoo, je vois dans votre regard la suspicion mais...Attendez..." Et levant le bras, il laissa une carte se glisser de sa manche jusque sa main, vieux tour de magie d'illusioniste paresseux, mais au clin d'oeil malicieux. "Qu'est-ce dont? Tiens, la voila qui s'échappe, qu'a t'elle à vous dire...La forrrrrtitude...Hmm de la force, mais la force d'esprit oui, la Vo-lon-té..." Articula t'il outrageusement afin d'apporter que plus de persuasion à son numéro. "Un long voyage vous attend parsemé d'embuches...Voila qui va mettre à l'épreuve votre volonté..." Déclara le devin tout en glissant insidieusement un bras sur son épaule afin de le guider jusque son étal de fortune. "Marchand, c'est cela? Commerçant?"

"Hm..pas exactement..Enfin si je mène bien une caravane mais..." Répondit l'homme quelque-peu gêné, mais il n'eut le temps de s'en retourner que le devin repris aussitôt.

"Ha! Je le savais! Un voyageur! Les cartes m'ont prévenu, c'est de vous qu'elles parlaient! Ha laissez les vous prévenir du danger...Elles ont tant à dire...Venez là avec Iverault, il va vous montrer..." Et dans un sourire qui se voulait chaleureux, Iverault guida le voyageur jusque l'ombre de l'arbre où reposait le drap pourpré et le jeu d'arcane...

(A suivre...)

Yverault Chatelfort
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Re: [Récit] "On ne va pas se refaire!" ou la voie du destin.

Message par Yverault Chatelfort » 30 nov. 2019, 15:13

II. Mentir, c'est prêvenir.

"Là...On est tellement mieux à l'ombre..." Ajouta Iverault tout en accompagnant son client. D'une main leste, il l'invita à s'agenouiller sur le drap face aux cartes avant de prendre place lui-même à l'autre extrêmité. Dodelinant de la tête, il esquissa un sourire rassurant face au marchand qui semblait attendre avec quelques appréhensions.

"Mais avant de demander aux arcanes, préparons les..." Et là, installé sur le bord de la route, sur l'étal de fortune, Iverault posa son bâton au sol dans quelques aigus cliquettements. Sa main vint fouiner dans son sac pour en extraire une minuscule boite qui, une fois ouverte, dévoilait ses quelques trésors, de nombreux petits cônes d'encens tel une myriade de petits points de couleurs. De ses doigts longs et effilés couverts de bagues d'argents, il en choisit un qu'il posa à proximité sur une petite coupelle de bois puis l'alluma. Alors un parfum corsé se déploya au rythme de ses vapeurs indécentes. L'astromancien se saisit ensuite des arcanes et doucement, avec d'infinies précautions, il carta le jeu, comme l'on caresse un trésor. D'un geste sur sans se défaire de son petit sourire. Il pouvait ressentir presque en battre le pouvoir, malheureusement, de par son expérience, il eut souvent remarqué que le pouvoir effrayait les Hommes. Car oui le pouvoir ne connaissait le mensonge, elle n'était que vérité, et souvent les verités, quelqu'elles soient, n'étaient guère toujours plaisantes à entendre, alors...

Quelques-fois...

Le "devin" posa le jeu de carte face à lui, et proclama d'une voix solennelle. "Coupez le jeu en deux, mais surtout concentrez vous, concentrez vous sur votre avenir, laissez le passé au passé et oubliez le présent, laissez tout le reste de côté..."

L"homme s'ordonna alors, d'abord réticent, laissant échapper un soupir avant de se laisser aller au jeu du mystère. Il ferma les yeux, puis avança une main fébrile sur le jeu de carte. Alors lorsqu'il ouvrit les yeux, la mise en condition avait fait son petit effet. Bien qu'ils soient toujours au centre d'Horizon entouré d'atelages furieux précipités par le temps et de voyageurs errants, son attention était rivé sur le fameux jeu de carte, et derrière cet étrange diseur de bonne aventure qui ne cessait de le fixer. Car la première de toutes les magies venait d'abord de l'homme elle-même, de ses facultés à se concentrer, et bien que l'ether aidait, parfois, quelques rudiments et accessoires suffisaient à planter un décor pour l'esprit. Maintenant, il attendait d'en connaitre ses secrets...
D'une main Iverault chassa les cartes en arc-de-cercle, prêtent alors à être ceuillies, tout en ajoutant: "Cinq cartes pour cinquantes gils...Dix gils la carte, ce n'est pas cher payé pour vous guider sur la bonne voie n'est-ce pas?."
Le client hocha de la tête puis fouilla le dos des arcanes du regard, bien sur, elles étaient toutes identiques pour lui. Alors, il en pointa cinq successivement du bout de l'index et Iverault les fit glisser. Une fois le tirage terminé, les cartes formaient une croix, trois à la verticale et deux de chaque côté.

"Voyons voir ce que disent les arcanes...Ha Calcination...l'essence même de votre avenir..."

D'une main, le tireur de carte retourna la première.

"Le II de soleil..." Le client face à lui attendait de savoir à quelle sauce, il serait cuisiné. Il portait sur Iverault des regards intrigués mais le devin sentait bien son inquiêtude.

Le II de soleil...Malheur, Voilà une mauvaise nouvelle...La carte du désespoir et de la perte des biens! Si je commence ainsi..Il va fuir en courant! Pensa t'il, tout en redressant le regard vers le marchand sans se défaire de son sourire qui se voulait rassurant...

"Heu...Le II de soleil, la carte des Monarques et des princes! Vous êtes bênie des Dieux...D'un tempêrament fougueux et determiné, tout vous réussis, je vois de...GRRRRANDS accomplissements!" Déclara t'il d'une voix cérémoniale.

"Ha je le savais!" Répondit satisfait le marchand qui se frottait alors les mains d'excitation.

"Voyons voir la seconde..." Et d'une main agile, il retourna l'arcane située sur la gauche. "La solution, ce qui attrait à votre état émotionnel...Le IV de Lune!"

Le IV de lune était la carte du manque d'enthousiame, de la lassitude et de l'abattement. Bravo! Vous êtes deprimé! Non décidément...Il ne pouvait lui dire cela, il devait arrondir les angles.

"Vous êtes face à quelques choix qui vous...bloquent quelque-peu n'est-ce pas? Vous ne savez pas trop où aller, que faire de ce fait mais les astres vous disent: n'ayez crainte mon brave, l'avenir appartient à ceux qui savent le saisir, alors saisissez le!"

Le marchand hocha lentement du chef d'un regard entendu...mais quelque-peu mi figue-mi raisin et Iverault passa alors vite à la suite, retournant la troisième carte située la plus à droite.

"Le dix d'étoiles! Ca c'est...ahem..."

Catastrophique! Par tous les malheurs cet homme avait la poisse, douleur et ruine! Pensa t'il.

"La chance! et l'espoir! Prenez votre destin à bras le corps et les étoiles brilleront pour vous mon brave, je vois des gils, beaucoup de gils!"

"Ha parfait! Voyez vous j'envisagais de me lancer dans une affaire mais j'avais quelques doutes alors..Je ne savais pas trop..."

Je suis dans la merde...Iverault sentait lui monter une suée. Bon je ne fais pas dans le sentiment mais quand même...

"Attendez mon brave voyons voir ce que vous disent les prochaines arcanes. Elles vous guideront sur le choix de cette décision car elle représente la sublimation," Et de nouveau il retourna une carte, la quatrième. "La Tempérance. La carte de l'équilibre, de l'harmonie et de la patience...Elle vous préviens d'attendre encore un petit peu, et de bien peser le pour et le contre, votre projet manque surement de maturité et... de préparations, maaaaaais, à force de patience...Ne soyez guère trop pressé."

"Ho ben, je ne fais que ca d'attendre vous savez, mais bon j'en ai marre d'attendre, je stagne et ma bourse ne se remplit pas comme je le désire" Se confia le marchand tout en baissant les yeux sur les cartes.

"Ayez confiance aux astres, écoutez ce qu'elles vous disent, elles demande juste encore un peu de préparation avant de vous accorder le succès, c'est preferable à la ruine non?" Répondit Iverault.

"La ruine?! Mais vous ne m'avez pas parlé de ruine!" Hocqueta presque d'horreur le marchand.

Merde!

"Mais non, mais non, ce ne sont pas ce que disent les astres! C'est...comme ca hein? C'est juste qu'on sait jamais. Mais non les astres voient le succès, les gils qui coulent à flot! Si bien sur vous prenez le temps de bien préparer votre projet....Enfin voyons la dernière, elle pourra nous résumer tout cela." Et sur ces paroles, il vint décliner la cinquième et dernière carte, située à la base.

"La conjonction, voyons voir...XIV le Maitre de Lune...La carte de..."

L'extorsion et la malhonnêteté! Foutredieu! Tais toi dont! Maudite arcane!

"La prévention! Ha voila! Que vous disais-je impatient! Ecoutez dont la voie de la raison, c'est aussi...signe de mauvais présage de danger...de...D'ACCIDENT!" Déclara t'il en agitant les bras! "Prenez garde lors de votre voyage! Prrrrrrenez garrrrrrde!"

"Un accident? Vous êtes sur?"

"Tout à fait! Aussi sur que j'ai une confiance aveugle en ces arcanes, si elles le disent, je serais vous, je prendrai garde...Vous voyagez après tout non?"

"Oui bien entendu je me rends dans la forêt de Sombrelinceuil avec ma caravane, je ne devrais pas vous le dire mais nous transportons quelques bons financiers à destination de Gridania...Alors imaginez si nous avions un accident."

Il est pleins de gils lui!

"Ha vous savez, les terres du Thanalan sont dangereuses, de nombreuses bêtes sauvages rodent parmi les escarpements, et attendent que leur proie passe à proximitié avant de...Leur sauter dessus!" Et d'un léger bond, il avança brusquement le buste! Le pauvre marchand pris peur et bascula en arrière...le séant sur la pierre. Ce qui provoqua un rire franc chez le devin.

"Et d'ailleurs...J'ai ce qu'il vous faut pour vous prévenir des bêtes sauvages qui rodent à la nuit tombée...C'est un mélange d'huile de Cactuar et de Yarzon, un mélange alchimique venant des grands alchimistes de la cité d'Ul'dah! Bon ca ne sent franchement pas bon, c'est sur mais, ca éloigne les bêtes et rien que pour ca...Vous avez de la chance, il me reste qu'une seule et unique fiole, je pensais la garder pour moi mais...je m'en voudrais terriblement si il vous arrivait quelque-chose, surtout après que nous eûmes passés ce si agréable moment ensemble." Insista t'il avec quelques trémolos dans la voix. "Bien sur, je ne peux vous le céder gratuitement, je l'ai moi-même acheté à Ul'dah"

Le marchand se redressa tout en se massant alors sa hanche douloureuse et demanda calmement.

"Vraiment? Et combien cela me couterait?"

"Un petit...tout petit, vraiment pas grand-chose...ahem...Trois cent gils." Répondit en marmonnant Iverault.

"Pardon?! Trois cents gils pour une huile? Ha non merci...Franchement...Je préfère tenter le voyage sans."

"Comme vous voulez...comme vous voulez...Çà vous fera tout de même cinquante gils pour la consultation, tout travail mérite salaire n'est-ce pas?"

"Bien sur astromancien, en vous remerciant, pour vos conseils avisés!" Dit le marchand tout en s'approchant pour déposer cinquante gils face au diseur de bonne aventure. Celui-ci les pris en main puis les soupesa en une moue quelque-peu satisfaite.

"Ce sont les astres qu'il vous faut remercier, ce sont elles les oracles, moi je ne suis que l'intermédiaire, et si jamais, vous changez d'avis, n'hésitez pas, je ne bouge pas d'ici..."

Le marchand hocha du chef mais en vérité, il n'avait qu'une hâte, c'était de quitter cet homme étrange et inquiétant qui tentait de lui refourguer ses babioles. Et après quelques politesses d'usage, il s'en retourna pour s'éloigner. Alors Iverault le suivit du regard à travers la foule, le sourire en coin. Il reviendrait...pour sur...

Bien, maintenant on passe à la phase deux.

(A suivre...)

Yverault Chatelfort
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Re: [Récit] "On ne va pas se refaire!" ou la voie du destin.

Message par Yverault Chatelfort » 17 déc. 2019, 14:44

III. Sans adieu, ni merci, je vous laisserai ici.

Le marchand s'éloignait parmi la cohue, et le diseur de bonne aventure suivait ses pas du regard. Bientôt, il partirai, il devait s'activer. Redressant sa (fausse) vieille carcasse couverte de breloques, dans un concert et tintamarre de cliquètement, et grelottement, Iverault avisa la place du village à la recherche de l'ame charitable qui l'aiderait à gagner ces quelques gils.

"Et vous, ca vous dirait de gagner quelques gils faciles?" Apostropha t'il à la marée de passants.

Mais nul ne s'arrêtait, et le mage ressemblait à un épouvantail s'agitant parmi la cohue. Il maugréa puis tourna les talons vers son arbre.

"Bah!" Cracha t'il d'impatience.

S'adossant à l'écorce pale du platane, il patienta tranquillement balançant de droite à gauche tel un vieux rafiot. Quand il remarqua la démarche hasardeuse d'un badaud s'attardant sur les quelques étals. Il n'avait pas l'allure d'un riche marchand, le vêtement sali et poussiéreux d'une chemise claire, et portait une dague accrochée à la ceinture. L'homme regardait avec envie les articles qui s'offraient à son regard, des armes principalement et quelques équipements d'aventuriers.

"Je peux vous aider? Demande l'équipementier derrière son comptoir"

Mais l'homme secoua la tête sans rien ajouter, et glissa une main dans sa poche pour en sortir quelques gils qu'il compta avant de lacher un soupir las. C'était la disette pour ce pauvre malheureux, et un coup de chance pour le devin. Le destin faisait parfois bien les choses, le destin devait être un chic type...et lorsque l'inconnu continua son chemin et passa près de lui, Iverault l'interpela.

"Pssst, hey...Ca vous dit de vous faire quelques gils faciles?" Demanda la carcasse adossé à l'arbre.

L'homme s'en retourna alors. Il n'avait même pas remarqué cet homme embourbé dans ses vêtures trop grandes pour lui.

"Quoi?" Demanda t'il.

"Quelques gils, pour un petit travail, rien de bien dangereux ne vous en faites pas. Une petite centaine de gils..." Continua Iverault.

L'homme s'approchait, quelques peu suspicieux mais il approchait tout de même. Il avait triste allure avec sa barbe fournie et broussailleuse et sa vieille chemise. Il ressemblait à un aventurier, un aventurier sans aventures.

"Parles toujours..." Répondit l'aventurier.

Il avait ferré le bon poisson. Pensait-il dans un mince sourire satisfait.

"Tu vois cet homme là? Le marchand avec la caravane qui dort aux portes d'Horizon?" Pointant un doigt maigrelet brodé d'argent vers les portes de la cité. "Celui qui porte le turban..."

"Ouai." Acquiesçait l'aventurier

"Il ne devrait pas tarder à quitter la cité. Alors voila écoute moi bien, c'est plutôt simple et ca ne te coûterai pas un effort...Quand il aura franchi les portes de la cité, tu sortiras d'une cambrousse là, en hurlant que la route est infestée de becs marteaux et que c'est fort dangereux, que tu t'es fait attaqué par ces bestiaux, puis tu t'enfuis. Lésine pas sur les moyens d'accord?"

"C'est tout?" Demanda l'aventurier quelque-peu interloqué.

"C'est déjà pas mal...Si tu fais ca bien, tu seras grassement payé. Mais je compte sur toi, n'aie pas peur, et fais ca bien, de grands mouvements" Le mage accompagnait ces propos de grands gestes, secouant son bâton et tortillant ces bras agitant les nombreux grelots qui pendaient à ses frêles poignets. Il avait des allures de dément, d'apotre de la fin du monde.

L'aventurier clignait des yeux, subjugué par le numéro de cet homme étrange et pétulant.

"C'est à dire, combien?"

"Une bonne centaine de gils à la nuit tombée, le temps que je conclue une petite affaire."

"Ca sent l'arnaque votre truc..." Répondit mal assuré l'aventurier dont le visage buriné par une vie de mésaventures respirait la méfiance.

"Mais non...L'arnaque, tout de suite les grands mots...Vois plutôt une opportunité de te faire des gils faciles, juste en faisant ce que je t'ai demandé. Alors ca t'interresse?"

L'aventurier hésitait, les mains dans les poches. et détaillait cet étrange homme qui lui faisait face, avec ces allures de mage fou. Il avait de la malice dans la prunelle brillante de son regard, mais c'était bien payé pour peu de travail et on ne pouvait dire que sa bourse pesait bien lourd. Aussi, il accepta.
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Ils durent patienter deux bonnes heures avant que le caravane se met en branle aux portes de la cité afin de quitter ces murs. Alors l'aventurier sorti hâtivement de la cité, tandis que les commerçants s'affairaient à sceller les attaches aux chocobos. Toujours adossé à son arbre, Iverault scrutait l'avançée de son plan, imperturbable.

Lorsque la caravane démarra doucement et franchit les portes d'Horizon. Alors paresseusement, il se redressa et fit quelques pas pour suivre la caravane. Ce n'est que quelques mètres en dehors de ces murs qu'un homme hystérique et louftingue apparut de derrière les fourrés et se rua sur la caravane.

"Attention!! Ils sont partout!"

L'apparition aussi subite que prévue, arracha un rire discret et compulsif au devin derrière, qui ne manquait rien de la scène qui se passait à quelques yalms de lui. Les chocobos se cambrèrent effrayés et la caravane stoppa net dans un nuage de poussière.

"Mais faites dont attention! J'aurai pu vous renverser...qu'est ce qui vous prend?" Demanda le marchand en sortant le bout de son nez de sa roulotte, le corps à moitié reposé sur le marche-pied.

"Des becs marteaux partout! Sur le chemin qui mène au pont des sources! Ils sont partout et agressifs! J'ai bien failli y rester!" Hurla l'aventurier au bord du malaise.

C'est qu'il joue fort bien le bougre! Pensa Iverault.

"On a bien besoin de ca tiens...Quelle misère." Répondit le marchand d'un ton soupe-au-lait. "Et combien sont-ils?"

"Beaucoup...! Heu...Une dizaine au moins!"

"Quel malheur..."Et les paroles de l'astromancien, lui revint alors en mémoire, sa voix sonnait encore à ses oreilles. Danger et ACCIDENT! "Vous êtes sur?" Demanda t'il.

"Bien sur pardi! J'en ai assez de ces volatiles, j'ai failli y rester! Bon courage à vous et je prierai les sept!" Et sur ces mots l'aventurier s'en alla en courant en direction du village.

"Non mais attendez!..." Ajouta le marchand mais en vain, l'aventurier avait déjà regagné la cité.

C'est alors que l'allure dégingandée du mage s'approchait lentement, en sifflotant...

"Ha Astromancien! Où allez vous?"

"Hu?" Iverault s'arrêta, jeta un oeil vers la caravane, et fit mine d'être surpris. "Ho, ce cher marchand, alors vous reprenez déjà la route? Moi je rentre à Ul'dah, j'ai quelques breloques à vendre là bas..."

"Faites attention, nous avons été prévenu d'une horde de bec-marteaux...Vous devriez peut être retarder votre retour..."

"Je ne crains rien héhé...J'ai mon huile vous vous souvenez...? Quelques gouttes et...me voila tranquille."

"Ca marche vraiment votre truc..?"

Il appréciait tant la crédulité des gens, c'était un trésor.

"Bien sur! La preuve, je m'en vais de ce pas sans peur à travers la nuit...obscurrrre." Dit-il en reprenant sa marche tranquille.

"Bon...Je vous l'achête, combien déjà?"

"Hélas je ne puis plus vous la vendre..."

"Pourquoi cela?"

"Mais parce que j'en ai besoin pour rentrer pardi!"

"Allez devin! Je vous la prend pour presque le double si vous voulez, cinq cents gils!"

Iverault secouait la tête en guise de refus et fit mine d'avancer...lentement.

"Six cents gils! Six cents gils!" Cria le marchand alors désespéré.

Il s'arrêta alors, et dans un sourire quelque-peu satisfait pivota vers la caravane à l'arrêt, qu'il avait depuis dépassé.

"Bon j'imagine que je peux faire un geste..." Répondit'il calmement tout en s'approchant du marchand. Celui-ci descendit alors de sa roulotte et plongea une main dans ses poches à la recherche de sa bourse. Il en sortit plusieurs belles pièces...rutilantes qui firent briller les prunelles avares du mage.

"Voila six cents gils..."

"Et voila la fiole, quelques gouttes suffisent, je serais vous, j'en mettrai aussi sur les chocobos, ne sait-on jamais." Iverault fouilla sa besace à la recherche de la précieuse lotion qu'il glissa dans la main du caravanier après avoir récupéré ces pièces. "Pour l'odeur n'ayez crainte, ca partira au bout de quelques heures."

Le marchand renifla le contenu de la fiole et fit une affreuse grimace. "Pouah! J'éspère qu'au moins c'est efficace!"

"Ca je puis vous l'assurer, l'huile de Cactuar et de Yarzon est radicale...Dites je peux vous demander un petit service?"

"Après m'avoir detroussé, je ne suis plus à un service près." Déclara, pince-sans-rire le marchand.

"Ca ne vous dérangerait pas de me déposer un peu plus loin le long de la route? Ca m'avancerait quelque-peu..."

"Pas de soucis...si vous voulez bien asperger les chocobos de votre mixture avant de monter..." Et il lui tendit alors la fiole.

Dans un léger sourire Iverault fit le tour de la caravane, l'huile à la main. Au loin, derrière les portes de la cité, il aperçut l'aventurier qui l'attendait et lui fit signe qu'il arriverai d'ici quelques instants. L'aventurier asquiessa alors d'un mouvement de tête et rejoint l'arbre afin de patienter, disparaissant à travers la cité. Déversant quelques gouttes sur le bout de ses doigts, il approcha des deux chocobos et après quelques caresses et grattouilles au cou, fit mine d'asperger les bêtes de la puante lotion. Les chocobos firent la grimace, peu ravis de cette nouvelle lotion qui leur collait au plumage.
Cela fait, il se frotta les mains, puis fit de nouveau le tour de la caravane pour y monter.

"On peut y aller?" Demanda le caravanier.

"Oui et en toute sécurité!" Répondit malicieusement le devin.

Et la caravane démarra sur les chapeaux de roue berçé par le chant des chocobos...Et alors qu'ils s'éloignaient de la cité...Iverault aperçu au loin, derrière eux, un homme qui courrait, un aventurier en chemise...Mais trop tard, les chocobos déjà le distançait. Par politesse, Iverault lui fit signe, à travers la lucarne.

"Ha c'est l'homme qui nous a prévenu pour les becs-marteaux. Que nous veut-il encore...Bah tant pis pour lui." Dit le marchand.

"Si ce n'est pas triste tous ces gens victimes du destin..." Répondit Iverault en se calant confortablement contre le dossier du fauteuil, un sourire satisfait aux lèvres.

Il descendit quelques centaines de yalms plus loin, la bourse bien remplie. Au loin il apercevait Ul'dah qui scintillait tel un joyau dans la nuit noire.

"En vous remerciant! Puissiez vous faire bonne route!" Déclara Iverault avec enthousiasme, tandis que la caravane reprenait sa route.

Et tandis que d'un pas joyeux, il se dirigeait vers Ul'dah. C'est avec une certaine allégresse qu'il chantait à tue-tête..

Décidément l'absurdité avait encore de beaux jours devant elle.

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