[Récit] Un soir de la fête des étoiles.

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Yverault Chatelfort
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[Récit] Un soir de la fête des étoiles.

Message par Yverault Chatelfort » 27 déc. 2019, 12:15

L'hiver portait son manteau gelé sur la vieille forêt de Sombrelinceuil. Et rien ne semblait pouvoir l'éveiller de son sommeil de fête. A travers les masures de la Lavandière résonnaient les murmures échappés de ce jour de fête des étoiles. Quelques éclats de joies et envolées lyriques parvenaient aux oreilles de l'elezen, ce qui le renvoya un peu plus à sa solitude. Il resserra son écharpe sur son cou, alors que le jour eut tiré sa révérence, et jeta de brefs regards dans les ruelles du quartier, la neige tombait tel un voile immaculé et les fenêtres brillaient comme des chandelles ; alors quittant l'enceinte du laboratoire, l'elezen jeta un regard sur la branche de houx qu'il tenait précieusement puis parcourut son chemin jusqu'aux quais.
Le skipper fut surpris d'apercevoir une silhouette emmitouflée à cette heure tardive alors que tous étaient en fête, mais ne posa nulle question (cela aurait été fort indélicat et sûrement point Elezen.) Il se contenta de faire son travail et demanda à son client si, il comptait rentrait ensuite afin que lui aussi puis retrouver sa famille. L'elezen lui répondit que non, qu'il n'avait pas à s'inquiéter et qu'il rentrerait au matin, alors se perdant un peu plus dans ses larges et chaudes vêtures d'hiver, il s'installa sur le petit navire et débuta la traversée dans le plus profond silence.Lorsqu'ils débarquèrent au cœur de la forêt, le skipper le remercia d'un sourire et lui souhaita une bonne fête des étoiles. Ces mots simples apportèrent un peu de baume au cœur de l'individu qui lui souhaita la même chose en retour avant de quitter le ponton et de s'enfoncer au cœur des bois.
Cette ballade nocturne lui était salvatrice. Non qu'il n'appréciait pas les fêtes, mais elles le renvoyaient brutalement à son absence, et tous ces éclats de joie, tous ces chants, ces patisseries et ces lumières ne lui permettait d'oublier cette perte douloureuse. L'absence était un fardeau à porter, de chaque instant, de chaque jour. Alors là, parmi la forêt endormie, sous les épaisses frondaisons et ces ténèbres opaques, son âme baignait d'une mélancolique mais douce quiétude. Ces pas, à travers de sinueux sentiers, le menèrent face à une vaste clairière ; tel une couronne végétale brodée d'obscurité, elle épousait les astres d'une pale lumière d'argent. L'homme resta ainsi plusieurs longues minutes à contempler cette vision paisible et enchanteresse, puis, il quitta l'ombre des canopées pour avancer sous les étoiles.

Traversant la clairière, le vent agitait les pans de son long manteau comme un navire emporté par d'intrépides courants, et il resserra son étreinte sur la petite branche de houx qu'il sentait trembler au creux de sa main. Il ne souhaitait pas que ces quelques rafales lui volent ce modeste présent. Arrivé à mi distance du cœur de la clairière, il haussa de nouveau son regard vairon vers les étoiles. Ainsi au milieu de ce nul-part verdoyant, il ressemblait à une idole d'un age passé que le temps aurait érodé, mais que rien ne pourrait perturber, même ces quelques bourrasques balayant ainsi ses vêtures et sa longue chevelure etherée. Fermant les yeux, il redressa légèrement sa main tenant en son cœur la petite branche de houx, comme une prière aux étoiles, et une pale lueur glaciale semblable à un halo froid émergea progressivement et l'enveloppa. Alors la glace commença à grignoter la branche de houx, du pied du branchage jusqu'à recouvrir entièrement son corps, prisonnier à jamais de ce petit tombeau gelé. L'elezen fixa longuement le végétal captif du gel, et il savait au fond de lui que, peut être, cette petite chose n'était rien. Qu'elle avait à jamais disparu, qu'elle ne voyait rien de tout cela et qu'il ne reverrait plus jamais son regard. Mais peu importe, cela lui faisait du bien, il avait besoin de le faire, comme il éprouvait ce besoin de croire. C'était plus facile pour accepter, cela permettait de retrouver une certaine lumière et de nouveaux espoirs,car même, si bien des années avaient passé depuis son décès, l'absence de ces sourires mêlé aux fantômes de ces souvenirs continuaient de le hanter. Et nul jour n'était plus prompt à l'espoir que celui d'aujourd'hui. Alors il leva sa main au ciel tout en serrant plus fort la branche de houx gelée entres ses doigts jusqu'à ce que celle-ci se fissure. Il y mis, toute sa peine, sa solitude, et ses souvenirs. Et sous ses longs doigts tremblants elle se brisa, d'abord en quelques fragments avant d'exploser dans un nuage de particules givrées. Alors emportée tempêtueusement par les caprices du vent, le nuage de poussière gelé disparu parmi l'insondable infinité, et l'elezen murmura :

« Bonne fête des étoiles Maman... »

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