Je cours, aussi vite que possible, mes pieds s'emmêlent dans les racines manquant à chaque instant de me faire perdre l’équilibre. Mes jambes, lacérées par les ronces, me brûlent, j’ai envie de hurler de me débattre mais rien n’est possible, je cours au milieu de cette forêt lugubre au milieu de la nuit. Derrière, je sens le souffle de mon poursuivant, je peux le voir par-dessus mon épaule, il me suit, il se rapproche et je ne parviens pas à le distancer, je peux presque sentir cette main spectrale effleurer mon épaule. Je peux voir les deux rubis briller au milieu du néant, mes poumons me brûlent, l’air me manque. Devant moi une clairière se dessine, encore un effort pour sortir de cette forêt sinistre, je franchis les derniers arbres et me fige de terreur. au milieu de cette petite clairière entourée de forêt, je découvre …un cimetière …
Des stèles par dizaine, la plupart sont cassées ou rappellent un passé bien trop lointain pour que l’on puisse encore les lire. L’air est puant et fétide alors qu’aucune tombe n’est ouverte pour que la puanteur puisse s’en échapper. j’avance lentement, mon poursuivant semble avoir abandonné. Abandonné ? Non je l’entend rire à la lisière des bois, un rire dément qui me glace le sang et me terrifie. Au centre, je découvre un brasier à peine démarré, le bois craque sous l’effet des flammes. Une lumière dans cet abîme qui m’attire irrésistiblement sans même que je ne parvienne ou veuille m’en détourner. Dans le brasier naissant une femme est attachée à un poteau, un sacrifice ? J’approche un peu et je reconnais maman, elle essaye de me parler mais aucun son ne me parvient. Quelques pas de plus, je peux aisément voir la terreur dans son regard alors que les enfers de Nald'thal se déchaînent et qu’elle s’enflamme presque instantanément. Alors qu’elle brûle, des effluves noires et mauves quittent son corps. Je reste là sans pouvoir bouger ni même parler à la regarder se consumer…
Toujours le même réveil, les mêmes sueurs, plus froides de jour en jour, la même terreur, simple spectatrice de cette collision de mon esprit et de ma raison. Comment trouver un échappatoire à tout cela ? En prenant un peu de recul, finalement, quel que soit le monde dans lequel je vis, je n’ai fait que … Fuir…