D'une brume sans pitié
Les agneaux s'égarent. »
Les mots du poète de la forge sont toujours là quelque part et viennent parfois la hanter. Elle repense souvent à son récit qu’il lui avait conté, le regard désolé, celui de la vraie histoire qui se cachait derrière ces atrocités auxquelles elle s’était retrouvée mêlée. Elle avait entendu la colère pour ce qu’il lui avait été fait… mais aussi une certaine peine dans sa voix. Elle avait vu cette compassion dans son regard. Pour ce bourreau dont l’amour fut si sincère qu’il en était venu à heurter des âmes innocentes. Elle n’avait d’abord su qu’en penser. La Raenne était cependant empathique, elle voulait l’écouter. Elle voulait essayer de comprendre, de saisir le sens des mots que le poète lui révélait. Elle avait toujours partagé sa sensibilité. Aussi à la fin de tout, un léger rire inattendu, peut-être un peu nerveux s’était échappé de sa gorge nouée. En d’autres circonstances, elle aurait presque pu trouver cela romantique… La douce était une rêveuse et les histoires d’amour tragiques avait toujours rempli ses lectures. Hélas, la réalité est tout autre. Dure, froide, dérangeante, sans pitié. Si elle avait écouté son histoire, elle ne pourrait passer au travers de ce sentiment de peur, d’impuissance qui soudainement l'avait étroitement ligotée. Comme on arrache une fleur à son jardin d’insouciance avec brutalité. Elle n’en voulait pas au poète pour cet aveu de compassion. Cette histoire l’avait heurté lui aussi à bien des degrés. Elle l'avait perçu dans sa façon de révéler la vérité. Mais bien qu’elle le regrette, et malgré toute sa douceur et sa bonté… elle ne pourrait pardonner. Ni oublier cette sensation d'être perdue, à tout jamais.
SPOILER