[Anecdote] Les Larmes du Thanalan

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Maeko
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[Anecdote] Les Larmes du Thanalan

Message par Maeko » 13 nov. 2015, 14:16

Trois coups tapèrent contre la porte d’entrée. Madame Aeko sortit de la cuisine et alla ouvrir la petite porte grinçante de la demeure. Elle découvrit derrière une personne qu’elle attendait depuis le début de l’après-midi, une jeune fille à la peau mate vêtue de noir, trempée par la pluie diluvienne qui s’abattait cette nuit-là.

« Ta sœur t’attend, dépêche-toi.
- J’aimerai parler avec papa et toi avant d’aller la voir. Je ne suis pas encore prête à affronter ça. »


Madame Aeko ne se fit pas prier et appela son mari, qui se leva avec difficulté de son fauteuil usé. Les trois Lalafells allèrent s’asseoir dans la cuisine, autour d’un verre d’eau et de quelques tranches de pain. Monsieur Aeko prit la parole en premier.

« Alors c’est vraiment la fin ? »

Sa fille ne prit pas la peine de répondre et se contenta de baisser la tête. Elle avait honte, tellement honte. Un gouffre béant était en train de s’ouvrir dans son cœur. C’était la fin.

« Réponds-moi »

C’était inutile, il savait. Il ne cherchait qu’à la provoquer, à la faire sortir de ses gonds, à la rendre encore plus coupable. Cependant… Cependant, si elle ne répondait pas, elle n’acceptait pas la vérité. Alors, après avoir tourné ses yeux violets vers ceux de son père, elle ouvrit la bouche. La gorge nouée, elle déclara :

« Il ne s’agissait pas d’une infection. Les bulbes de Morbol n’ont fait qu’enrayer la douleur, mais le mal persistait. Il s’agit d’une maladie d’un genre nouveau, visiblement non contagieuse. S’attaquer à la tumeur était une bonne idée sur le principe, mais cela s’est très mal passé. Je pense que nous aurions dû…
- Nous aurions dû quoi ?! Mais qu’ai-je bien pu faire aux dieux pour avoir une fille aussi inhumaine que toi ! Il est trop tard, l’heure n’est plus aux fichues suppositions mais aux faits ! Tu n’as pas réussi à la guérir !
- Allons chéri, calme-toi, regarde dans quel état tu la mets…


Elle devait rester forte. Si elle cédait, elle donnait raison à son père. Elle avouait être responsable de ce qui s’était passé.

« Tes hurlements ne changeront rien, à part la traumatiser. Je vais aller la voir dans sa chambre, nous ne pourrons de toute façon pas parler calmement. »

Monter les seize marches de l’escalier de la maisonnette n’avait jamais été aussi long et éprouvant. Le sinistre grincement de chacune d’entre elles faisait frémir la jeune Lalafell. Doucement, elle s’approcha de la porte en bois qui donnait sur la chambre de sa petite sœur, et entreprit de l’ouvrir.

La pièce était sobrement décorée. Un meuble de rangement en bois brut, une table de nuit surmontée d’une lampe à huile, et un lit, sur lequel se dressait une fillette, fixant l’ouverture avec de magnifiques yeux azurés.

« Tu es venue Maeko ! »

Les deux sœurs s’adoraient plus que tout. Pour la petite Laeko, l’aînée était un modèle de courage et de force, une femme qui avait toujours été présente au moindre souci, alors que ses parents lui avait interdit de remettre les pieds ici. Son chapeau pointu avait surement fait le tour du monde, de même que ses sandales usées, protégeant à peine des pieds meurtris, pleins de corne et de poussière.

Du point de vue de Maeko, la petite était une raison d’avancer. Son sourire éclatant était la seule chose qui l’avait poussé à attendre d’être en possession de plus de moyens pour quitter définitivement le village et ses traditions obsolètes. Bien que jadis ses cheveux eut été d’un noir jais profond, leur blancheur présente sonnait d’un ton macabre.

« Viens t’asseoir et me raconter une histoire ! »

Maeko s’approcha de sa sœur et s’assit sur son lit, mettant, comme à chaque fois, son grand chapeau sur la tête trop petite de sa cadette, sur laquelle il s’enfonça jusqu’au nez.

« Alors, que vais-je bien pouvoir te raconter !.. Je t’ai déjà parlé des goobues des neiges ?
- Au moins dix fois !
- Et des coeurls tropicaux ?
- Encore plus !
- Et du dragon ancien ?
- Oui-.. Heu, non, jamais, raconte-moi !


Les deux semblaient ainsi oublier tous leurs soucis, et les maux qui les entouraient.

« C’est l’histoire d’une fière troupe de baroudeur, mécréants et aventuriers…
- Tu en fais partie ?
- Laisse-moi raconter voyons ! Une troupe donc, à laquelle j’appartiens.
- Le Repaire des Résistants !
- Oui. Nous avons décidé un beau jour de braver tous les dangers, et de nous infiltrer dans la base impériale située en Noscea Orientale. C’est loin d’ici la Noscea Orientale. Nous savions qu’il y avait une base d’exploration, et nous voulions nous y rendre, pour en découvrir tous les trésors…"


Et le temps passait. Maeko parlait, expliquant avec des gestes, dans les moindres détails ce qu’elle avait vu et fait. Et sa sœur, captivée, ne se privait pas de l’interrompre pour en savoir plus. Un rituel Qui avait cours depuis que la petite était en âge de parler. Lorsque ces moments arrivaient, le monde alentour n’existait plus. Il n’y avait plus que les bêtes féroces, les guerriers courageux et les butins mythiques. Et la maladie, elle, pouvait bien se terrer : elle n’avait pas d’emprise sur ces instants de bonheur.

Quand l’histoire fut finie, Laeko s’allongea dans son lit, souriante et pensive. Elle semblait regarder les étoiles du ciel au travers du plafond blanc.

« Moi je veux être guérisseuse comme toi quand je serai grande. Je veux soigner les gens et vivre des aventures. Je veux voir des sourires et des beaux paysages, et des monstres aussi. Je veux parler à des Impériaux pour savoir comment ils vivent quand ils sont chez eux, et monter des chocobos. »

Maeko eut alors un mal incroyable à ne pas exploser de chagrin. Sa sœur, quant à elle, continuait de regarder le plafond, silencieuse. Son sourire réchauffait le cœur.

« Tu sais Laeko, je pense que je vais t’emmener avec moi demain, comme tu me le demandais si souvent. On ira voir du pays et des gens. Tu en dis quoi ? »

Silence.

La jeune femme fronça les sourcils. Et elle comprit, bien vite. Elle reprit le chapeau pointu de la tête de sa sœur, le mit. Elle passa ensuite sa main sur les paupières de la petite, contemplant son sourire pour la dernière fois. Doucement, elle se leva, et marcha à pas feutrés vers la sortie de la pièce. Elle descendit les escaliers, tombant nez à nez avec ses parents, qui lui marmonnèrent un « alors », auquel elle ne répondit pas.

Elle prit sa besace, son bâton, et ouvrit la porte vers l’extérieur. Chose rare dans le Thanalan, il pleuvait cette nuit. Mettant un pied dehors, elle se retourna, et dans un sourire, s’adressa à ses parents.

« Je serai là pour la cérémonie. Faites en sorte qu’elle soit sobre, Laeko a toujours aimé les choses simples. »

Puis, se retournant face à l’extérieur, elle sortit et ferma la porte.

Passé ce seuil, les apparences ne comptaient plus. Nul ne pouvait voir de toute façon. Elle se précipita vers Archibald, son chocobo, le chevaucha à cru, et le fit courir le plus vite possible en direction de Sombrelinceul. Le voyage ne prendrait ainsi que quelques heures.

Archibald trébucha sur une pierre rendue glissante par la pluie, projetant sa cavalière dans les airs, qui s’écrasa dans la boue. Relevant doucement sa tête maculée, elle se mit à pleurer à chaudes larmes, au milieu de celles versées par les nuages.

Elle était seule.

[Cette histoire s'est déroulée un an et demi avant la publication de ce texte, le 7e soleil de la 3e lune astrale.]
Une question PvE ? Un projet RP à me proposer ? Un irrépressible besoin de voir débouler un vieux troll sur son topic drama ?

N'hésitez pas à me MP directement sur le forum.

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