Hunter

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Alexois Iseterre
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Hunter

Message par Alexois Iseterre » 31 juil. 2016, 02:06

Chapitre premier : Hunter

-Être un Hunter… Qu’est-ce que c’est? Qu’est-ce que ça veux dire? Qu’est-ce que cela implique?

Combien de fois m’a tu posé cette question, père? Et combien de fois t’ai-je répondu sans même sourciller :

-Mort au Mal et à tous ceux qui se dressent sur le chemin vers la Purification.

Et combien de fois m’as-tu souris à ce moment-là pour me répondre :

-Un jour, tu comprendras le sens réel de ces paroles, mon fils bien-aimé.

Je me souviens de ces jours heureux ou nous chassions, toi, moi, mère, mon frère et ma sœur. Nous étions trois petits occultistes en devenir. Vous nous appreniez tout ce que vous saviez, mère et toi. Isior, Daphnée et moi-même chérissions ces moments plus que tout. Nous étions si avides d’apprendre.

D’être des Hunter.

Je rêvais de chasser la plus grosse hydre des sept mondes. Ou un de ces Asciens. Un combat sanglant et brutal, dans lequel je risquerais ma vie pour protéger. J’étudiais l’occultisme, la démonologie, fasciné par ces créatures hideuses assoiffées de sang et de carnage. J’apprenais les différents dialectes de ces bêtes destinées à périr sous mes flammes purificatrices. Je devenais l’un des leurs, pour mieux m’infiltrer, espionner, flouer puis tuer.

Quelle ne fût pas ma déception lorsque tu m’assignas ma première mission : escorter un vieil homme d’Ul’dah jusqu’à la gare de Roncenoire. Moi qui rêvais de gloire, voilà que je servais d’escorte à un vieux fou sénile ayant déjà un pied dans la tombe! J’eus beau hurler, tu ne fléchis jamais à mes supplications d’adolescent arrogant.

Ta punition fût sévère pour le jeune homme fougueux que j’étais à l’époque. Une année entière à regarder mon frère et ma sœur effectuer des missions à risques, pendant que je me coltinais toutes les basses besognes.

Mais je compris la leçon : Jamais un Hunter ne serait reconnu. Nous sommes des créatures des ombres, veillant dans nos sombres repères sur le salut du commun des mortels.

Vivre dans les ombres. Mourir dans l'indifférence.
Dernière modification par Alexois Iseterre le 17 août 2016, 03:32, modifié 1 fois.

Alexois Iseterre
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Sous l'éclat de la lune

Message par Alexois Iseterre » 12 août 2016, 06:03

Ul'dah, 8e jour de la 5e lune astrale

Vêtu d'une coule noire, capuche sur la tête, un masque dissimulant mon visage, j'avançais d'un bon pas dans la nuit. J'avais tout juste quinze ans, mais déjà je marchais avec l'assurance d'un homme. Si je menais cette mission à son terme, j'en deviendrais un à part entière.

Me glissant parmi les ombres, frôlant les murs, j'avançais vers ma cible. L'excitation de la chasse me gagnait. Je sentais mon rythme cardiaque s'accélérer, mon sang courir dans mes veines. J'était sûr que sous mon masque, mes pupilles étaient dilatées. Quand l'excitation me gagnait, mon corps réagissait toujours de manière étrange. Je supposais que c'était propre à la formation que père et mère nous octroyaient depuis maintenant douze ans.

Je serrais dans ma poche la petite fiole remplie d'un liquide transparent. N'importe qui penserait que c'était de la bête eau. Aucun goût, aucune odeur. J'en caressais le verre du pouce, cherchant un certain réconfort. Un brin de nervosité germa dans mon esprit. J'avais l'habitude de chasser des imps ou des oculus, mais ce soir je me dirigeais vers ma toute première proie humaine.

Ma cible pris à droite dans une ruelle. Je l'y suivi. M'arrêtant après quelques pas, je levais les yeux et observait ce qui se trouvait devant moi. Un homme, assommé par l'ivresse d'après les relents d'alcool, gisait sur le sol huileux. Une odeur de détritus en décomposition avancée me saisi le nez, manquant de me faire vomir. Aucune lumière ne venait éclairer la ruelle, si ce n'était ce rayon de lune perçant au travers des nuages.

Je me glissais derrière une benne à ordure, portant une main gantée de cuir noir à ma gorge. J'allais devoir brûler mes vêtements après ma petite "escapade nocturne". Accroupit, je tendais l'oreille, à l'affût d'un bruit, d'un éclat de voix, n'importe quoi qui me rassurerait sur le fait que ma proie était non loin. Il ne tarda pas à venir.

Je jetais un coup d’œil profitant qu'un nuage commençait à obscurcir l'éclat lunaire pour m'assurer que j'étais seul. Personne derrière. Bien. Je reportais mon attention vers le fond de la ruelle, qui se terminait par un cul-de-sac, quand le bruit me parvint. Un son étouffé, comme si on venait de frapper dans un oreiller bourré de plumes. Cherchant la source du bruit du regard, je remarquais enfin ma cible.

De taille et de corpulence moyenne, les cheveux noirs attachés en queue de cheval sur le bas de la nuque, ma cible portait une chemise couleur rouge bourgogne, un pantalon en cuir noir et des cuissardes, en cuir noir également. À son poignet brillait un bracelet en or. À son cou, un pendentif en or, serti d'un dragon noir avec un œil couleur d'émeraude brilla, frappé par un rayon de lune.

J'attendis que les nuages recouvrent l'astre de la nuit puis sorti de ma cachette. Je marchais tranquillement vers ma cible, sans plus chercher à me cacher. Il n'y avait pas d'issues, je le savais. Je connaissais les rues de cette ville, ses recoins, ses passages secrets, sur le bout de mes doigts.

Le bruit de mes pas attira son attention, la faisant se retourner vivement. Une dague souillée de sang dans la main droite, un coeur humain dans l'autre, elle m'observa. Je ne regardais pas le corps au sol, je savais qu'il était déjà trop tard. On ne ramène pas les morts à la vie. Ma cible écarquilla les yeux de surprise, reculant d'un pas sans s'en rendre compte. Parfait. Elle avait peur. Elle chercha du regard un échappatoire, un moyen de s'enfuir. Peine perdue. Les murs étaient trop hauts. Elle ne pouvait s'enfuir qu'en me passant sur le corps. Et je comptais bien l'arrêter avant que cela n'arrive.

Je m'arrêtais à quelques pas d'elle, retirant mon masque lentement. Ma cible hoqueta quand elle comprit qui se dissimulait sous la coule. Je posais un regard sans émotion sur elle, même si en moi la tempête faisait rage. Puis je pris la parole :

- Bonsoir... petite sœur.
Dernière modification par Alexois Iseterre le 17 août 2016, 03:33, modifié 1 fois.

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Sous l'éclat de la lune - partie 2

Message par Alexois Iseterre » 14 août 2016, 16:38

Tétanisée par la surprise, elle me regardait de ses grands yeux bleus clair. Je laissais mes bras le long de mon corps, tenant mon masque de la main droite. Je tapotais celui-ci de mon index, à un rythme régulier, comme le tic tac incessant d'une horloge.

De longues minutes passèrent, sans qu'aucun de nous ne tente d'esquisser un geste ni de prendre parole. Mon cœur continuait de battre férocement dans ma poitrine. Un sentiment de trahison naissait en moi, lentement. Je le sentais nouer mon ventre, serrer ma poitrine, couper mon souffle.

Elle sembla soudain se ressaisir et leva lentement sa main tenant le cœur encore chaud. Me défiant du regard, elle le porta à ses lèvres. Je restais de marbre, la regardant sans ciller. Elle ouvrit la bouche et mordit dans l'organe. Je regardais ses dents transpercer la chair, le sang dont il était gorgé couler sur sa main, gouttant ensuite sur le sol. Je la regardais, à la fois écœuré et fasciné, manger le cœur. Elle ne s'arrêta que lorsqu'il ne resta plus rien à manger. Puis, tendant la main vers moi, elle vint caresser ma joue, laissant un sillage de sang à son contact.

- Tu vaux tellement plus que ce à quoi père nous destine...

Ses paroles me frappèrent en plein cœur. Je fermais les yeux, inspirant profondément malgré la puanteur des lieux. Je lui attrapais le poignet, rivant mon regard au sien. Elle ne bougea, ni ne frémit. Du haut de ses treize ans, c'était un regard de femme qu'elle posait sur moi. Elle attendait, patiente, que sa proie tombe dans son piège. Et sa proie... c'était moi.

Je tombais dans le piège.

Je portais sa main à mes lèvres et en léchait le sang, ne pouvant rater l'éclat de triomphe dans le regard de ma sœur cadette. Elle me regarda passer ma langue partout ou il y avait le précieux liquide rubis. J'allais même jusqu'à sucer ses doigts un par un. Une fois le sang de sa main avalé, je m'approchais d'elle, glissant un bras dans son dos. Et je lui répondit, d'une voix rauque :

- Tu as raison. Je vaux tellement plus que ce à quoi père nous destine. Et toi, tu as scellé ton destin.

Elle n'eût pas le temps de voir venir le coup. Je lui écrasait violemment la fiole de verre au visage, déversant son contenu sur sa peau qui se mit à fumer. Elle me repoussa violemment, hurlant de douleur tout en se tenant le côté gauche de son visage. Je titubais sous la force de la poussée, surpris qu'elle soit aussi puissante physiquement. Je repoussais ma coule, dégainant de ma hanche,dans un doux suintement métallique, une dague à la lame trempée et forgée d'un alliage souple mais solide, sertie à sa poignée d'un dragon noir à l’œil émeraude. L’emblème des Hunter. Je me jetais sur elle, visant sa gorge de ma lame. Mais je ne frappais que le vide et une fumée grisâtre. Elle s'était volatilisée.

Haletant comme si je venais de courir cent malms, je laissais retomber mon bras armé le long de mon corps. Le masque, que je tenais toujours de ma main droite, glissa de mes doigts et tomba en effectuant quelques rebonds sonores sur les dalles de la ruelles. La lune était à présent entièrement cachée et la pluie se mit à tomber abruptement. Là, sous la pluie diluvienne, je renversais la tête, laissant les gouttes d'eau se mêler à mes larmes et je hurlais ma colère, mon sentiment de trahison. La perte d'une partie de ma fratrie.

- ENFEEEEEEEEEEEEEER!

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Décision

Message par Alexois Iseterre » 16 août 2016, 04:37

Ul'dah, 10e jour de la 5e lune astrale

Assis à la fenêtre de ma chambre, je regardais tomber la pluie, les yeux dans le vague. Il n'avait cessé de pleuvoir depuis le soir ou Daphnée avait tentée de m'emporter avec elle dans sa folie.

Deux jours durant lesquels j'avais erré, au travers de notre immense manoir, tel une âme en peine. Je ne dormais pas, je refusais de manger. L'ambiance à la maison était lourde. Père était parti à la recherche de son unique fille, bien décidé à la ramener sous notre toit et la punir à la hauteur de son crime.

Mais de quel crime? Celui d'avoir pris une vie humaine? Celui d'avoir mangé le cœur, pour absorber l'essence magique qu'il contenait? Ou celui d'avoir tenté de me faire basculer de cette ligne si mince entre le Bien et le Mal? Elle avait déviée un peu, mais c'était à cause de son jeune âge, de son immaturité... Non?

Je passais les doigts sur mes lèvres, me remémorant le goût du sang, la chaleur de celui-ci. La douceur des doigts de Daphnée. Son regard victorieux, fier et obstiné. Ses vêtements qu'elle aimait tant porter. Elle chassait toujours vêtue de cuir et d'un chemisier rouge qui mettaient son corps en valeur.

Je tournais la tête, posant mon regard sur ma dague rangée dans son fourreau, sur mon bureau d'étude. L'éclat émeraude de l’œil du dragon semblait me narguer, me rappelant que j'avais tenter de tuer ma propre sœur. Mon propre sang. Trois coups frappés à ma porte me tirèrent de mes rêveries sombres.

- Calypse? Je peux entrer?

Je soupirais, reportant mon regard sur cette pluie incessante qui frappait les carreaux de ma fenêtre, lâchant d'un ton las :

- Entre, Isior.

Mon frère poussa doucement la porte, hésita sur le seuil de ma chambre. Je lui fit signe d'entrer, ce qu'il fît enfin. Il referma doucement derrière lui et s'avança vers moi, l'air soucieux. Je lui jetais à peine un regard et retournais à ma morne observation.

- ... Cal...
- Je n'ai pas faim.


J'anticipais toujours les réactions de mon frère. De nous deux, il était le plus sensible. C'était si facile de lire dans son cœur.

- Tu dois manger quelque chose. Mère se fait du soucis.
- Mère n'a que faire de l'état de mon estomac.
- ... Je me fais du soucis pour toi.


Je fermais les yeux. Nos parents ne nous avaient pas élevés avec tendresse et amour, mais avec rigueur et sévérité. Les sentiments n'avaient pas leur place chez les Hunter. Pourtant, Isior parvenait à me toucher en plein cœur, lui aussi. Mon petit frère adoré. Il se rapprocha encore et passa ses bras autour de moi, en geste de réconfort. Je me laissais aller contre lui, soupirant longuement.

- J'ai échoué.
- Tu ne pouvais pas savoir.
- Elle n'aurait pas dû m'échapper.
- Elle est plus forte que nous.


Je me raidis dans les bras de mon frère, qui grimaça. Il frappait fort, pile ou ça faisait mal, sans même vouloir blesser intentionnellement.

- Père dit que tu n'as pas terminé ton initiation...
- Je ne pourrais jamais la tuer.
- Elle a choisi sa voie.
- Il la ramènera.


Isior me jeta un regard sceptique. Je refusais de croiser son regard, alors je continuais d'observer la pluie ruisseler sur la fenêtre. Il soupira.

- Qu'est-ce qu'il adviendra de notre soeur?
- Je n'en sais rien. Je sais qu'elle a fait une bêtise, mais jamais je n'ai vu père dans un tel état de fureur.
- Tu as remarqué?
- Quoi?
- Mère. Elle semblait... terrifiée.
- N'importe qui saint d'esprit serait terrifié devant Vhaan Hunter en colère. Tu connais les légendes qui courent à son propos.
- ... Tu lui ressemble.


Je me figeais. Moi? Ressembler à Père? Il avait abusé du somnus encore une fois. Je lui jetais un regard mi-amusé, mi-sidéré.

- Tu as consommé récemment?
- Tu sais bien que je ne touche plus à ça.
- Alors ne dit pas que je lui ressemble.
- C'est pourtant le cas.


Quand il s'y mettait, il pouvait être vraiment chiant. Je le repoussais un peu vivement et le foudroyait du regard. Isior frémit et rentra la tête dans ses épaules. Je me calmais instantanément.

- Je te demande pardon. Je ne voulais pas t'effrayer, petit frère.
- Tu finira ton initiation?


J'hésitais. Je me retournais vers la fenêtre, que j'ouvrais en grand. La pluie et le vent fouettèrent mon visage, que je leur offrit volontiers. Un éclair déchira le ciel et le tonnerre claqua furieusement, faisant écho au combat qui m'habitais.

Je ne répondit jamais à mon frère, qui fini par sortir, me laissant seul avec mes tourments. Debout devant ma fenêtre, l'eau de pluie ruisselant sur mon visage, je m'autorisais à nouveau à être faible. Je sanglotais, les poings serrés, les bras le long de mon corps. Je pris ma décision et hurlait à la tempête :

- MORT AU MAL ET À TOUS CEUX QUI SE DRESSENT SUR LE CHEMIN VERS LA PURIFICATION!!!

Les dés étaient jetés. J'étais, je suis et je serais un Hunter. Jusqu'à ma mort.

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Re: Hunter

Message par Alexois Iseterre » 31 août 2016, 04:39

Quelque part, jour X, mois Y.

- Fuyons!!!

Il n'en fallut pas plus à mon frère pour tourner les talons et détaler, la peur au ventre. Je ne me fît pas prier pour le suivre, mais je m'assurais de rester derrière lui. Quoique le rattrapé aurait été dur, mon frère était l'un des meilleurs sprinteurs que j'ai eu la chance de rencontrer. Et j'avais bien envie d'en devenir un, moi aussi, avec ce qui nous collait au cul. Je jetais un coup d'oeil par-dessus mon épaule gauche et frémit.



Quand on a une dizaine de têtes d'un truc pas naturel aux fesses, c'est épatant de voir à quel point le corps humain est puissant. Chaque pas deviens plus intense que le précédent. Le sang circule dans nos veines, le cœur se met à palpiter frénétiquement. Les poumons en feu? Une crampe à la hanche? Fadaises. Rien ne compte, si ce n'est courir. Courir pour sauver sa peau.

- CALYPSE, À GAUCHE!

Je plongeais vers la droite, évitant de justesse d'être happé par les mâchoires puissantes et, accessoirement, absolument puantes, d'une des têtes de l'hydre. Je roulais dans le sable et la terre, esquivant la deuxième puis la troisième tête. Sur le dos, je vis la quatrième fondre sur moi, celle-ci semblant bien décidée à faire de moi son en-cas.

- Shadow lightning!

Un éclair pourpre jaillit de mes mains, allant frapper la créature droit dans les yeux. Elle poussa un hurlement de douleur mêlée de rage, rejetant sa tête vers l'arrière. J'en profitais pour me relever, trébuchant sur le sol inégal, puis me relançait dans ma course effrénée.

- Ouvre le portail! VITE!

Je vis Isior incanter puis tendre les deux bras devant lui. Un crépitement de magie noire déchira l'air ambiant et je vis s'ouvrir devant nous la faille qui, une fois franchie, nous ramènerait en lieu sûr. Talonné de près par l'hydre, je rejoignis mon frère, l'attrapait et le balançait cul par-dessus tête dans la faille. J'allais plonger à sa suite quand je senti une vive douleur me traverser le mollet.

L'hydre m'avait attrapé!

Redressant sa tête, je me retrouvais soulevé du sol et secoué dans tous les sens, comme une feuille morte balayée par l'ouragan. La douleur explosa dans tout mon corps, m'arrachant un hurlement. Je failli perdre un bras, l'une des têtes voulant sa part du butin. Elle me manqua de peu, et uniquement parce que celle qui me tenait venait d'être percutée de plein fouet par une autre. La prise se relâcha sur ma jambe et je dégringolais vers le sol à toute vitesse.

Je vis ma vie défiler sous mes yeux, incapable de suspendre ma chute inévitablement fatale. J'allais mourir bêtement en m’aplatissant comme une crêpe sur le sol. Ou bien l'hydre me piétinerait. Le résultat serait le même. Je regardais la mort venir à moi, durant ces quelques secondes ou le temps semble ralentir, jusqu'à se figer.

J'aurais tellement souhaité mourir aussi stupidement.

Les têtes de l'hydre s'étirèrent soudainement et je tombais brutalement sur leurs cous, collés les uns aux autres. un craquement sinistre retenti, je su que je m'étais cassé quelque chose, mais mon cerveau n'avait pas encore calculé le choc que je venais de subir. Ce fût suffisant pour entendre une voix familière non loin de moi :

- Bonsoir... grand frère.

Un chemisier rouge bourgogne, un pantalon et des bottes en cuir noir. La douleur explosa dans ma tête et je perdit enfin conscience, l'image de ma sœur au visage défiguré imprimé dans les rétines de mes yeux.

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Souffrance éternelle

Message par Alexois Iseterre » 04 sept. 2016, 05:59

Je flottais dans l’inconscience, mon corps se refusant à revenir à lui. Mes blessures devaient être catastrophiques pour que je ne puisse ouvrir les yeux. Mais mon esprit chassa bien vite ces pensées. Je flottais... quelque part. Dans un cocon chaud et douillet. Tout était noir autour de moi, mais je n'avais pas peur. Je n'avais jamais crains les ténèbres. Au contraire, je les accueillais avec joie. Mon pouvoir fleurissait avec elles.

Un remous vint troubler mon repos. Mon corps, je le senti vaguement, luttait contre quelque chose. Mais j'étais si bien que je ne m'y attardais pas. Je me laissais flotter au gré des ténèbres, nageant dans cette douce chaleur bienfaisante. Il y avait si longtemps que je ne m'étais pas reposé ainsi. Pas depuis le soir fatidique ou ma sœur avait trahie notre famille. Mais encore une fois, mon esprit chassa ces pensées loin de moi, me laissant bienheureux dans la mer noire sur laquelle je continuais de dériver.

- ...p...e.

Je devais flotter là-dedans depuis des heures, quand un bruit me parvint. D'abord diffus, il se mit à enfler doucement, venant troubler mon repos.

- ...p...e!

Qui osait? Je voulu me retourner sur le côté et ce fût à ce moment là que la douleur explosa en moi.

- CALYPSE!

J'ouvris brutalement les yeux, les larmes roulant sur mes joues d'elles-mêmes. Je refermais les paupières aussitôt, la lueur ambiante brûlant la rétine de mes yeux. Je senti une brûlure sur ma joue. On venait de me frapper. J'ai un haut de cœur. Je n'eut le temps que de tourner la tête pour ne pas m'étouffer avec mon propre vomit. Je toussais et crachait, chassant l'amertume de ma bouche, comme je le pouvais.

Je remarquais que je n'avais pas bougé. Lentement, mon esprit commença à enregistrer ce que percevait mes autres sens. Après le goût, ce fût l'odorat qui me revint. L'odeur pestilentielle des gueules de l'hydre me frappa de plein fouet, manquant de me faire vomir à nouveau.

Puis ce fût l'ouïe. J'entendis le souffle rauque de la créature. Le claquement de ses mâchoires. Le raclement de ses griffes acérées sur le sol. Et un rire de femme. Doux, mélodieux. Ensorcelant. Mon esprit se remit à fonctionner correctement, manquant de me refaire plonger dans l’inconscience. La douleur s'imposa à nouveau à moi, violemment.

- ♪Ne meurs pas, grand frère. Ce serait tellement dommage de ne pas pouvoir jouer un peu avec toi.


J'ouvris enfin les yeux, laissant ceux-ci s'habituer à la lueur ambiante. Une fois que celle-ci ne me blessait plus, je pu enfin remarquer la personne qui se tenait devant moi. Je clignais des yeux de stupéfaction. Elle tendit la main vers moi et claqua des doigts. L'une des têtes de l'hydre s'approcha d'elle et s'arrêta à ses côté, obéissant comme un chien docile.

- Je ne te laisserai pas mourir. Après tout, tu me dois une faveur.

Je la vis sortir une dague puis l'enfoncer dans la peau pourtant épaisse de la créature maléfique. Un sang noir jaillit de la blessure. Les autres têtes de la créatures sifflèrent de colère, mais celle aux côtés de Daphnée n'émit pas le moindre son. Elle poussa doucement celle-ci et je me retrouvais bientôt recouvert du sang de la créature.

Chaque goutte entrant en contact avec mes blessures m'arracha des hurlements de désespoir. Des ténèbres encore plus sombres que celles dans lesquelles je flottais auparavant envahirent mon esprit. Je senti une étreinte glaciale couler dans mes veines, brûlant tout sûr son passage. J'hurlais de toute la force de mes poumons et de mes cordes vocales, jusqu'à ce que l'étreinte glacée se referme autour de mon cœur. Je le senti ralentir. Ma vision se troubla. La douleur s'estompa. J'entendis Daphnée psalmodier dans une langue impie, celle que père nous avait interdit d'apprendre. Mes oreilles captèrent quelques craquements sinistres provenant de mon corps, puis la douleur revint en force, me faisant hurler à nouveau.

- ♪ Tu devrais économiser ta salive, Calypse. Tu va en avoir besoin pour plus tard.


Alors que la douleur refluait en moi, me laissant un bref répit, je pu observer ma sœur. Elle se dévêtit sous mon regard. Deux cycles avaient passés depuis et pourtant, ce n'était pas le corps d'une jeune fille de quinze ans que j'avais sous les yeux, mais bien celui d'une jeune femme. Le temps s'écoulait différemment entre les dimensions, et visiblement elle avait passée du temps dans celle-ci.



(Attention, texte un peu plus osé. Ne pas le lire n'influera pas sur l'histoire.)
SPOILER
Honteux, je ne pouvais néanmoins détacher mon regard de ses longs cheveux, à présent entièrement noirs, lui retombant sur les reins. Quelques mèches venaient recouvrir sa poitrine généreuse, masquant celle-ci à ma vue. Mes yeux glissèrent sur son ventre plat, sur sa féminité. Je m'y attardais un peu, la honte me frappant le cœur à nouveau. Puis je glissais les pupilles sur ses jambes longues et fuselées. Sa peau était pâle comme la lune. Envoûté par son corps, j'en oubliais que nous étions frère et sœur. Le sang de l'hydre devait m'avoir fait perdre l'esprit, car à cet instant précis, une bouffée de désir me gifla le corps.

J'oubliais l'hydre, son poison qui coulait dans mon corps blessé. J'oubliais l'endroit ou j'étais. J'allais jusqu'à oublier qui j'étais. Entièrement subjugué, je ne rêvais plus que d'une chose : prendre possession de son corps. Je la désirait avec une telle force... Elle remarqua mon trouble. Un sourire de victoire féminine étira ses lèvres. Telle une sirène, elle ondula vers moi, se déhanchant avec l'habileté des meilleures courtisanes de l'Étoile d'Or.

L'Étoile d'Or. Ul'dah. Isior! Mon esprit me revint enfin. Je détournais le regard.
Fermant les yeux pour échapper à l'envoûtement du corps de femme de ma soeur, je remuais... et constatait que mes blessures étaient guéries! Il ne m'en fallu pas plus pour rouler sur le cou des hydres. Je posais les deux mains à plat sur l'une d'entre elle et me relevait d'un bond. Je chancelais, en équilibre instable puis jetais un regard à Daphnée.

- Tu ne pourra pas m'échapper, tu sais.
- C'est très mal me connaître.

Elle se contenta de me jeter un regard amusé, puis tournoya sur elle-même. Un nuage de fumée opaque et noire l'entoura puis se dissipa, la laissant à nouveau vêtue, Les Dieux soient loués, d'un pantalon noir et d'une chemise bleue clair.

J'étais planté là à remarquer qu'elle n'avait pas de chaussure aux pieds, lorsque je sentis quelque chose me chatouiller la jambe. Je baissais les yeux... et me figeait d'horreur. Des centaines d'araignées violettes, venimeuse et mortelles me grimpaient sur le corps.

J'hoquetais et mon premier réflexe fût d'embraser mes deux mains. Je dirigeais les flammes droit sur moi... et me brûlait le bas du corps en tentant d'éradiquer la vermine qui me grimpait dessus. Mes vêtements prirent feu, brûlant ma peau. Les araignées explosèrent sur et autour de moi, libérant des nuages de venin empoisonnés qui me firent suffoquer.

Je m'écroulais à nouveau, torche vivante, empoisonné, sous le rire extatique de ma sœur.

- Maintenant souffre comme j'ai souffert!

Elle ouvrit un nouveau portail et d'un mouvement de la main, donna un ordre à son hydre. Je fût projeté à l'intérieur de celui-ci et retombait dans mon monde... devant mon père.

- Fils!!

Je perdit conscience tandis qu'il jetais une couverture sur moi pour éteindre les flammes...

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Blessure

Message par Alexois Iseterre » 10 sept. 2016, 19:07




Regardant les médecins s'agiter autour de son fils aîné, Vhaan soupira. son fils cadet, debout à ses côtés, observait son frère, le chagrin et la culpabilité se disputant les traits de son visage.

Vhaan ferma les yeux. Il avait envoyés ses fils traquer un démon se faisant appeler Légion et qui terrorisait un petit hameau, non loin de l'Oasis oubliée. Le nunh de la tribu des U lui avait dit que, selon la rumeur, un hyurois mâle aux yeux flamboyants dans le noir et armé d'une hache à double lame tuais les créatures du désert et se revêtait de leur peau pour prendre leur forme et attaquait ensuite les humains pour leur dévorer le coeur.

Il se remémora le regard fier du Nunh, lorsqu'il lui avait dit de rester à l'écart. Les chasseurs de son clan étaient suffisamment entraînés et robuste pour tuer la créature. Vhaan avait bien tenté de lui expliquer qu'il ne remettait pas en cause l'intégrité de son clan, mais le nunh l'avait chassé d'un geste de la main.

Faisant mine de s'être résigné, il était parti, mais avant lancé ses fils sur la piste de la créature. Ce n'était pas avec un arc et des flèches que l'on arrêtait ce genre d'abomination. Calypse et Isior étaient suffisamment entraînés pour s'occuper de lui régler son compte. Hélas, il était tombé dans un piège, sans le savoir.

L'humain avait été corrompu par la magie noire et avait succombé devant celle-ci. Après avoir écouté le rapport de son fils paniqué, il avait compris que sa fille était derrière toute cette histoire. Mais comment avait-elle pu acquérir une telle connaissance de la magie noire en si peu de temps?

Lui qui se faisait surnommé "le démon", avait tremblé de peur. Un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis très, très longtemps. Il ouvrit les yeux, baissant son regard sur ses mains qui tremblaient à nouveau. Il jugula sa peur et la transforma en colère froide. Serrant les poings, il se jura de mettre un terme à la vie de l'abomination qu'était devenue sa fille.

L'un des médecins s'approcha de lui, le faisant relever la tête. L'homme affichait un air grave et soucieux à la fois.

- Votre fils lutte pour sa survie. La nuit sera critique. Mais s'il passe au travers, il aura une chance de s'en sortir. Nous faisons tout en notre pouvoir pour qu'il s'en sorte. Mais si son esprit abandonne la lutte... il mourra. S'il survit, il faudra néanmoins que vous sachiez qu'il ne marchera plus jamais. Ses blessures sont trop importantes. Le poison à atteint les os et empêche ma magie d'opérer.

Posant son regard sur Calypse, le patriarche secoua tristement la tête. Il observa la peau noircie de ses jambes et de son bassin. Les assistants du médecin étaient à l'oeuvre, frictionnant la peau à l'aide de brosses à poils drus. Pour guérir, ils devaient d'abord retirer les chairs mortes. L'odeur était horrible. Son regard remonta sur le torse couvert de cloques. Le venin des araignées avait été efficace, même dans la mort, brûlant la chair et infectant les blessures. Puis il observa le visage de Calypse, les lèvres bleues. Ses cheveux avaient brûlés, tout comme ses sourcils. Il peinait à reconnaître son propre fils.

- Faites tout ce qui est en votre pouvoir. Sauvez mon fils. C'est tout ce qui compte.


Puis il tourna les talons et sorti de la pièce, suivi par son fils cadet.

Le médecin soupira puis retourna auprès de son patient.

- Que les Douze veillent sur toi, murmura t-il.

Puis il se remit au travail. La nuit allait être longue.

Alexois Iseterre
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Daphnée Hunter

Message par Alexois Iseterre » 30 oct. 2016, 02:32

Dans une autre dimension...

Elle regarda Calypse en train de brûler vif traverser le portail avec un petit sourire satisfait. Qu'il souffre comme elle avait souffert. Elle passa délicatement les doigts sur le côté gauche de son visage, effleurant sa peau boursouflée en grimaçant de dégoût. Elle le tuerait pour ça. Mais pas tout de suite. Elle avait autre chose à faire, avant de pouvoir jouir de la satisfaction de le voir pousser son dernier souffle.

Elle se retourna et se laissa glisser le long du cou du monstre qui lui servait d'animal de compagnie... et de chien de garde, jusqu'à son dos puis sauta en bas de la créature. Elle atterrit souplement sur ses pieds, pliant légèrement les genoux à l’atterrissage. D'un pas vif, elle se mit en route. Elle dissipa l'illusion autour d'elle, l'hydre se volatilisant avec le reste.

Le paysage changea, révélant une grande ville portuaire en pleine effervescence. Ça et là, des enfants jouaient, courant après un ballon bleu et blanc. Les marins vaquaient à leurs occupations, déchargeant les navires, transportant des caisses de nourriture, de vêtements, d'armes et de tout un tas d'autre choses. Elle se faufila au travers de tout ce beau monde et se dirigea vers la sortie de la ville.

Elle avait un rendez-vous ce soir et il valait mieux qu'elle ne soit pas en retard. Elle arriva rapidement à son lieu de rendez-vous. Elle attendit un long moment puis se retourna à un son étouffé derrière elle. Baissant les yeux, elle vit une rose blanche ensanglantée à ses pieds.

Bien. Le moment était enfin venu. Sans accorder un seul regard à la ville, elle ramassa la rose et s'éloigna vers la forêt.

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Rancunes

Message par Alexois Iseterre » 11 févr. 2017, 04:43

Rancunes

Il regardait son frère voguer dans les abysses de cauchemars, le corps agité de soubresauts, tandis qu'au dehors, le soleil n'était pas encore levé. Il avait veillé son frère toute la nuit, sans pouvoir trouver le repos. De temps en temps, un gémissement de terreur s'échappait des lèvres de Calypse. Il se levait alors, trempait un linge propre dans une bassine d'eau fraîche et lui épongeait le front ainsi que le visage avec toute la douceur dont il était capable tout en lui murmurant des paroles apaisantes.

De temps en temps, il soulevait les draps, pour tenter, dans une sorte de curiosité macabre, de voir les blessures de son aîné. Mais il reposait bien rapidement ceux-ci, à la fois dégoûté de lui-même et inquiet pour la santé de son grand frère. Chaque jour qui passait était une épreuve de vie ou de mort pour Calypse. Le médecin et ses apprentis se relayaient à son chevet, prodiguant soins et médicaments pour apaiser la douleur, autant que possible. Ils le maintenait dans un coma artificiel, pour faciliter sa guérison.

Deux coups discrets furent toqués à la fenêtre de la chambre. Isior sursauta et, avisant la personne encapuchonnée qui venait de le tirer de ses sombres méditations, se dirigea droit vers la fenêtre pour l'ouvrir. Une discussion à voix basse s'engagea dès lors.

- Qu'est-ce que tu fais là? Si mes parents te voient, je suis pire que mort.
- Tu voulais une piste à suivre, non? J'ai fait parlé Heksett. Y'a un truc louche qui se prépare pas très loin du Wharf des pillards. Quelque chose de gros.
- ... Tu te rends compte que tu va me faire traverser tout le Frai de Sapsa, avec cette connerie?
- Tu veux venger ton frère, oui ou non?

Isior ne put qu'admettre que cela était son désir le plus cher. Il détestait sa sœur à un tel point qu'il avait parfois des envies de brûler tout ce qui lui tombait sous la main. Il reprit, toujours à voix basse.

- Rejoins-moi au Sanctuaire de Milvaneth dans trente minutes.

La silhouette hocha de la tête en guise d'approbation et se fondit dans les ombres mourantes de la nuit. Isior referma la fenêtre et retourna auprès de son frère. Il lui épongea doucement le visage une dernière fois, puis se pencha pour l'embrasser sur le front, l'un des rares endroits ou il n'avait pas été brûlé. Il se redressa. fixant son frère aîné et murmura d'un ton chargé de colère à peine retenue :

- Je te promet de te rapporter sa tête sur un plateau d'or.

Puis il quitta la chambre, refermant doucement la porte derrière lui, et disparu à son tour dans la noirceur de cette fin de nuit, encapuchonné, avec un petit sac jeté sur son épaule et son bâton.

Dans sa chambre, Calypse gémit dans son sommeil et s'agita. Deux mots se perdirent dans le silence du manoir :

- Frère...reviens...

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Re: Hunter

Message par Alexois Iseterre » 11 sept. 2017, 05:09


Cauchemard


Cela faisait maintenant des jours qu'il était à la recherche de Daphnée et sa fureur allait en grandissant. Il avait écumé tout Ul'dah, jusque dans ses bas-fonds, afin de trouver un indice, un seul, qui le mettrait sur la voie. En vain. Il allait devoir se rendre en Noscéa pour en savoir plus. De dépit, il abattit son poing contre un muret de pierre.

- Maudite sois-tu pour lui avoir fait ça! Quand je te mettrai la main au collet, tu vas comprendre ta douleur, infâme traîtresse!

Un chat cracha vers l'homme, surpris dans le sommeil par son éclat, le poil hérissé, le dos rond et s'enfuit dans la ruelle à proximité. Se redressant sans prêter attention à l'animal, il reprit sa route. S'il ne trouvait rien à Ul'dah, alors il irait chercher plus loin. Mais avant cela, il devait retourner chez lui pour récupérer quelques affaires.

Il jugula sa fureur pour reprendre un visage impassible. Ce n’est pas en se laissant dominer par ses émotions qu’il parviendrait à retrouver sa sœur. Ni à la vaincre, d’ailleurs. Et puis s’il rentrait à la maison avec cette attitude… Non. Il valait mieux tout cacher et ne pas risquer la colère du patriarche. Il marcha donc vers le manoir Hunter, préparant froidement sa prochaine excursion à l’extérieur des murs d’Ul’dah.

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Allongé sur son lit, assommé par les médicaments, Calypse finit enfin par ouvrir les paupières. Pour les refermer aussitôt, la lumière du jour lui brûlant les rétines des yeux. À ses côtés, il lui semble entendre la voix d’une femme. Il n’en est pas certain, il est trop dans le brouillard pour comprendre ce qu’il se passe à côté de lui. Il sent que quelqu’un se penche au-dessus de son corps, puis une aiguille qui lui perce le cou, un liquide est injecté et le fait replonger dans l’inconscience.

---------------------------


À peine avait-il posé le pied sur la première marche de l’escalier menant au porche, qu’il senti que quelque chose n’allait pas. S’assurant discrètement que le poignard était toujours dissimulé sous son manteau, il se hâta vers l’imposante porte en chêne. Ou était le majordome? Et le jardinier? On était au beau milieu de l’après-midi, qu’est-ce qui pouvait bien les retenir?

Il jeta un coup d’œil derrière lui. Le ciel était chargé de nuages noirs et menaçant, il allait encore pleuvoir. Il se hâta et posa la main sur la poignée de la porte. Verrouillée. Il sorti sa clef de sa poche et la glissa dans la serrure. Il déverrouilla la porte et entra.

- Père? Mère? Il y a quelqu’un?

Seul l’écho de ses paroles lui répondit dans le grand hall. Il referma la porte derrière lui et marcha vers les escaliers droit devant, jetant un coup d’œil aux meubles antiques autour. Suivant son instinct, il monta jusqu’au premier étage et pris à gauche, vers la chambre de son frère. Il accéléra le pas, le bruit de ses bottes étouffées par l’épais tapis rouge bourgogne du couloir. Il passa une première porte puis une seconde et s’arrêta finalement devant la troisième. Il tendit la main, hésitant au dernier moment à l’ouvrir. Son instinct lui hurla de se retourner et de fuir très loin, mais il ne l’écouta pas. Il posa sa main sur la poignée et la tourna. Tout sembla se passer comme au ralenti. Il entendit le clic caractéristique du loquet qui s’ouvre, puis la porte qui glisse lentement, silencieusement, sur ses gonds. Il ne vit rien aux premiers abords et poussa donc complètement la porte. S’offrit alors devant lui une scène d’horreur.

Son frère, qui pourtant aurait dû être alité, était debout, son corps atrocement brûlé suintant d’une matière jaune et visqueuse ainsi que de sang sur le sol. Le médecin reposait non loin, le cou tordu dans un angle improbable, l’horreur figeant à jamais ses traits dans la mort. Calypse tenait leur mère par la gorge, celle-ci ne touchant plus le sol avec ses pieds. Le regard fou, haletant, il recula le bras. Elle tenta de se débattre, agrippant l’avant-bras de son fils aîné sans pouvoir parvenir à resserrer sa prise, les poumons en feu par le manque de souffle.

- CAL, NON!

Il s’élança pour l’arrêter, mais ne fût pas assez rapide. Il vît son frère lancer son attaque, remarquant la dague qu’au moment, lorsqu’elle s’enfonça avec un bruit sourd dans le torse de la hyuroise. Cathie hoqueta de douleur puis s’affaissa, morte.

Calypse se retourna alors vers lui, émettant un horrible gargouillis incompréhensible. Incapable de bouger, il regarda son frère aîné… le monstre qu’il était devenu… venir vers lui. Des larmes de désespoir roulèrent sur ses joues, tandis qu’il tombait à genoux sur les dalles de marbres. Il le vît s’approcher, lever son bras armé.

- Cal..ypse… hoqueta-t-il. Pitié…

Le bras s’abattit alors et tout devint noir.

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