Tu n'as plus la même vision des choses
Les rayons du soleil offraient un bien-être particulier ce jour-là. Peu de gens sortaient de chez eux, bien au chaud dans leur maison. Cependant, Yuuka ne voulait plus rester chez elle, elle avait besoin de sortir. Après cinq jours dans un sommeil profond, elle se devait de sortir. Peut-être de rencontrer du monde ; à son plus grand regret. Ceci dit, elle aimait par dessus tout ce calme et ce côté paisible. Elle entendait les vagues, le son de la mer ainsi que son odeur salée. Elle ferma les yeux, apaisée. Elle n'avait plus rien à faire désormais, elle n'avait plus de travail. Ravenswood n'était plus pour elle et chaque personne qui la rencontrait répétait la même phrase : "Pensez surtout à vous reposer". Serrant doucement ses mains, elle tentait de se remémorer ce qu'il s'était passé ces derniers temps.
« Tomodachi...ne ? »
La voix de Tsuki résonnait en elle, son souffle s'arrêta un instant. Elle crut réellement la perdre ce jour-ci ; elle venait de servir comme bouclier humain, littéralement. Ouvrant ses yeux, elle dévia son regard sur la verdure d'un jardin. Cependant, dans sa vision se trouvait Tsuki, allongée sur le sol, le dos sérieusement brûlé. Son coeur s'accéléra doucement tandis que sa main se tendit vers cette verdure. Tsuki était quelqu'un de très renfermée sur elle-même et qu'elle lui dise ces mots...étaient très étonnant de sa part. Les deux aorannes avaient ce même tandem entre elles : jeune noble prise dans leur devoir de femme. Elles avaient presque un parcours similaire et différent à la fois. Son mariage allait se présenter le soir-même de cette journée de beau temps et un oiseau bleu lui passa sous le nez. Elle sursauta. Lorsqu'elle regarda à sa droite pour voir cet oiseau, il se reposait sur le bord de la rembarre, face à la mer. Elle s'attarda sur ce bleu ainsi que sur ses pensées. La relation qu'elle avait avec la Grue était particulière : une amie distante mais à la fois, toujours présente. Les amitiés sont toujours différentes et celle-ci n'échappait pas à la règle. Peut-être avait-elle une autre idée de l'amitié. Un appel de sa linkperle la sortit de ses pensées. Elle sursauta.
« Yuu ?
- Hai, Akito-nii-san ?
- Je ne pourrais pas être présent au mariage de Kakita-dono. Un habitant du clan Kumo est venu à moi, je m'occupe de lui.
Un blanc se fit quelques instants ressentir.
- Je compte sur toi pour me représenter.
- Ano... Hai, wakarimasu.
- ...Et t'amuser. »
La voix de son frère la rassurait au plus au point. Elle porta sa main à son coeur, acquiesçant. Depuis son enlèvement, Akito n'arrêtait pas d'appeler sa soeur, inquiet. Il voulait absolument entendre sa voix tous les jours, comme d'un besoin. Lorsqu'ils raccrochèrent, elle eût un temps d'absence. L'Institut, l'Affaire Banshee, son enlèvement. Tout s'était passé si vite. De son point de vue, c'était comme si ça s'était passé hier. Cependant, elle a cet arrière goût de s'être arrêtée de vivre pendant cinq jours. Le visage de son époux lui resta en tête également. Il semblait épuisé, fatigué, exténué. Combien de temps avait-il veillé sur elle, à ses côtés ? Elle serra ses mains en se secouant la tête. Un corsaire riait aux éclats derrière un muret, elle s'arrêta un instant pour l'écouter. Un bon-vivant, il ne cessait pas. Finalement, ce fut Marisa qui lui vint en tête. Elle rabaissa ses yeux, fixant ses mains. Elle ne l'avait pas vu depuis un bon moment. Lui manquait-elle ? Sûrement, elle avait un léger vide en elle. Plus elle passait son temps à vivre en Eorzéa, plus les gens auxquels elle parlait avaient de l'importance pour elle.
C'est ainsi qu'elle se mit à penser à Chidori, la nouvelle infirmière de l'Institut, encore en essai. Elles avaient déjà converser mais c'était dans le cadre du travail, jamais en dehors. Elle restait encore surprise de sa venue chez elle pour constater son état après s'être réveillée. Une intention touchante et agréable à la fois. Yuuka se trouvait sur son canapé ce jour-là, à lire un simple livre d'aventure. Une douce rencontre qui illumina sa journée. Toutes deux conversaient de tout et de rien ; Chidori riait parfois des gestes que faisait Yuuka, malgré son visage blessé. Etrangement, cela lui faisait un bien fou. Cela ne faisait qu'une heure qu'elle conversait mais elle se sentait bien, en sécurité, en confiance. Sa conversation avec Chidori était spéciale, elle l'aimait. Elle ne voulait pas que ça s'arrête. Elles n'avaient aucun lien mis à part celui de l'amitié. Aucune des deux ne se croyaient plus grande que l'autre et ce malgré le côté rebelle de la plus jeune. Ce qui était sûr c'est qu'à peine réveillée, Yuuka était envahie d'un bien-être immense.
« Meito-hime ? dit soudainement la voix de sa servante.
- Hai ?
- Il est temps de vous habiller pour le mariage.
- Hai. J'arrive. »
A ces mots, elle se releva en faisant attention de ne pas plier sa robe. Puis, elle entama la marche du retour à la maison, d'un pas lent. La vision qu'elle avait d'Eorzéa a grandi avec les amitiés qu'elle s'est faite durant tout le long, la menant vers un chemin de sûreté malgré la situation de son clan.