Contes et légendes

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Manah
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Re: Contes et légendes

Message par Manah » 01 juin 2021, 07:06

― Eh toi, là-haut, le soleil ! J’en ai assez que tu brûles mes cultures. J’en ai assez que tu assèches mon puits. Va-t’en, tu me fais mal aux yeux.

― Mais c’est mon travail de briller ! C’est mon travail de réchauffer ceux qui ont froid et d’apporter la lumière.

― Eh bien, va faire ton travail ailleurs !

Aujourd’hui, Koko est décidé à chasser ce satané soleil. Il n’en peut plus.

Il a bien entendu parler des nuages qui apportent l’ombre et l’eau mais où les trouver ? Il se met à leur recherche mais partout le soleil le poursuit, lui grille le visage et la terre sur laquelle il marche.

À l’heure où son ombre est rentrée sous la terre, Koko est de retour, bredouille. Le vieux sage lui conseille :

― Les nuages vivent loin d’ici, dans le Nord. Quand tu auras atteint la ligne de l’horizon, il faudra marcher jusqu’à la nouvelle ligne au bout de tes yeux. Là-bas, tu trouveras peut-être quelques nuages.
Sois humble, tenace et rusé et tu trouveras ce que tu cherches. Sois vaniteux et fier et tu rentreras les mains vides.
J’ai parlé, qu’il en soit ainsi.

Le lendemain, Koko se met en route. Le soleil le rattrape.

― Où vas-tu comme ça ? Tu espères échapper à mes rayons ?

― Laisse-moi tranquille, j’ai un long voyage à faire. Va brûler le crâne de quelqu’un d’autre.

Plus tard, Koko rencontre un matanga qui patauge dans une mare. Il prend tellement de place qu’il ne peut même pas y remplir sa gourde. Tant pis, il boira au prochain point d’eau. Il atteint la première ligne dont lui a parlé le sage et trouve enfin un puits. Un énorme serpent y a élu domicile.

― Qu’est-cccccce que tu veux ? siffle le serpent.

Se souvenant de la leçon du sage, Koko répond :

― S’il te plaît, laisse-moi prendre un peu d’eau. J’ai marché très longtemps et je suis assoiffé.

― Essaie de lancer ta gourde dans le puits sans que je l’attrape et tu pourras prendre de l’eau.

Koko n’a pas envie de jouer mais il a trop soif pour renoncer. Il saisit un bâton et le lance de toutes ses forces sur la tête du serpent en même temps que sa gourde. Le serpent, à moitié assommé, ne réagit pas assez vite et Koko arrive à prendre de l’eau. Ouf ! Après quelques rasades bien fraîches, il est ragaillardi et repart. Quand il arrive à la deuxième ligne au bout de ses yeux, ses semelles ont fondu d’épuisement.

Toute une famille de nuages ventrus, dodus et rebondis se prélasse un peu plus loin dans le ciel.

― Hourra, j’ai réussi ! s’écrie-t-il.

Il rassemble ses dernières forces et se dirige vers eux. Enfin, il savoure la fraîcheur bienfaisante de l’ombre et l’odeur de la terre humide !

Les nuages, amusés par l’apparition de ce petit bonhomme, lui versent quelques gouttes sur le visage et Koko sourit de toutes ses dents blanches.

Selon les conseils du sage, il les salue et leur dit :

― Bonjour Grands Nuages, je m’appelle Koko et j’ai voyagé longtemps pour vous trouver. J’ai besoin de votre aide pour chasser le soleil de notre village. Il grille tout sur son passage et nos animaux n’ont plus que les cailloux à brouter, nous n’avons plus une goutte d’eau.

Le Père Nuage, étonné par cette requête, interroge la Mère Nuage :

― Nous n’avons pas quelques cousins là-bas ?

― Oh, non ! répond-elle, ils sont partis ailleurs depuis longtemps.

Père Nuage s’adresse alors à Koko :

― Hélas, tu devras te débrouiller sans nous. Tous les nuages qui sont allés sur tes terres ont perdu leur eau. Il nous arrivera la même chose si nous venons chez toi.

Les enfants nuages ne sont pas de cet avis et insistent.

― Mais papa, on ne peut pas laisser le soleil brûler ce village. Nous devons l’aider, c’est notre travail, tu as oublié ?

Mère Nuage, fière de ses enfants, ajoute :

― Mon époux n’est-il pas le plus téméraire et serviable des nuages de ce coin de ciel ? Si ce n’est pas le cas, il aurait bien changé !

Père Nuage semble sensible à cet argument.

― Nous n’arriverons pas seuls à éloigner le soleil. Nous devons appeler la Horde à l’aide.

Quelques coups de tonnerre plus tard, la Horde des Nuages est rassemblée.

― Moi, j’irais bien voir ailleurs s’il n’y a pas des champs à arroser, dit le plus vieux des nuages.

― Et moi, je remplirais bien un nouveau puits, le mien est plein et je n’ai plus rien à faire, renchérit le nuage gris-bleu.

Après une longue discussion, tous finissent par tomber d’accord : c’est le moment de partir abreuver d’autres paysages. Koko, tout heureux, danse de joie sous les gouttes.

Ils se mettent en route, Koko caracolant sur le chemin et les nuages batifolant dans le ciel, lâchant ici ou là une averse pour arroser les plantes rabougries et étancher la soif des animaux déshydratés. Arrivé près du village, le soleil cherche à barrer le chemin à la Horde, dardant ses terribles rayons.

― Laisse-nous passer ! Mes amis nuages vont donner à boire aux habitants du village que tu assoiffes délibérément.

Le vieux sage s’avance et gronde de sa voix d’orage :

― Depuis que la vie se nourrit de cette terre, les astres et les éléments cohabitent pour le bien de tous. Personne ne peut changer cela. Tu n’es pas le roi du ciel, soleil, tu dois céder ta place. Va réchauffer d’autres contrées et les cycles que tu as bouleversé reprendront leur cours normal.
J’ai parlé, qu’il en soit ainsi.

Impressionné par cette colère, le soleil range ses rayons et part se réfugier derrière l’horizon, emportant avec lui sa chaleur et sa poussière. Les nuages arrosent le village d’une pluie fine et continue, nettoyant les toits et les ruelles desséchées.

Les villageois s’empressent de faire la vaisselle et la lessive sous la pluie et remplissent cruches et bidons. Les fleurs se redressent, les vaches et les chèvres tirent leur langue rose pour recevoir les gouttes. Les enfants sautent dans les flaques.

Jusqu’à la nuit, tous chantent et dansent sous la pluie, certains que le soleil reviendra bien sécher leur linge et réchauffer leur cœur.

Depuis ce jour, Koko se réveille chaque matin de bonne humeur et ses chaussures ne fondent plus sur les chemins calcinés.
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Message par Manah » 01 juin 2021, 07:21

Il y a fort longtemps, vivait sur une île, un jeune homme, avide d'explorer le monde et de naviguer sur les mers du monde entier ...

Ce garçon se nommait Aegan. Plutôt petit comparé aux autres, il n'était ni le plus fort, ni le plus rapide de ses camarades. Cependant, il rêvait de parcourir avidement le monde, de sortir de son cocon familial ...

En revanche, ce n'était aucunement aisé, que de se montrer suffisamment fort, pour partir. La pêche en mer était dure, la piraterie dangereuse ...

Pourtant, on ne cessait de lui raconter des aventures et des histoires d'hommes et de femmes, qui étaient partis, afin de vivre des choses extraordinaires ...

Le pauvre garçon ne savait que faire ...

Ses vaines tentatives étaient toujours des échecs, si bien qu'il finit par se croire incapable de quoi que ce soit. A force de temps, il finit par devenir un homme, n'ayant pas quitté son île, restant avec les autres, les voies qu'il rêvaient, devenant de plus en plus pénibles. A force de ses échecs, les moqueries, et rabaissement de ses camarades, il décida qu'il était temps, de faire sa propre route, mieux vaut tard que jamais, non ?

Alors il fit ce qui n'était jamais bon de faire, voler les siens, nourriture, eau, bateau... Il prit ce qu'il faut pour partir en mer.

Au début, cela était bien, agréable même ...

Sauf qu'il n'avait aucune idée, d'où allez ...

"Je vais allez tout droit là bas !"

La pire idée qu'il ait eu ...

Il navigua pendant des heures, des journées, ses rations devinrent maigres, si bien qu'il finit par ne plus avoir de force et était à la merci du destin ...

Puis un jour, alors qu'il dormait, le corps brûlé du soleil et du sel ...

Il sentit un coup, sur son bateau < clonq >

En se réveillant, il put constater alors une plage, avec une terre. Heureux, il en profita pour se lever, péniblement pour chercher de l'eau, de quoi manger ...

Une fois ses besoins effectués, il rencontra les locaux ...

Uniquement des femmes, toutes plus belles les unes que les autres, que demander de plus ?! voilà une aventure glorieuse !

Excepter que ...

Ce ne fut pas une aventure, une fois attiré dans le village par les femmes, il comprit alors son erreur : le pauvre avait fini sur la terre des cannibales amazones. On dit que ses cris de douleurs dus à la torture, où il avait finit par raconté sa vie, hantent encore la plage de cette contrée. Je ne citerai par les horribles sévices qu'il eut subis, car il y a même pas de dignité, dans ces moments terribles, tout ce que nous savons, c'est que Aegon, fut l'esclave et le repas.

Le plus pitoyable qu'il ait été raconté en ce monde, en somme, petits gens, ne voler jamais les vôtres, ou vous finirez par vivre une mésaventure et la punition des dieux, vient tôt ou tard. ~
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Message par Manah » 01 juin 2021, 07:31

On l’appelait Loin-du-ciel.

En raison de sa petite taille, bien sûr, et sans doute aussi, parce qu’on le savait oublié des Dieux.

En effet, Loin-du-ciel, c’est le moins qu’on puisse dire, était bien malchanceux.

Affligé d’une claudication disgracieuse, il subissait les moqueries des enfants de son âge, d’autant plus qu’il ne se déplaçait qu’avec une extrême lenteur.

Lente aussi était son élocution : articuler était pour lui une redoutable épreuve, et il lui semblait que les mots s’échappaient de sa bouche dès qu’il croyait les avoir attrapés.

Si bien que la plupart du temps, il demeurait en silence, ayant réduit ses besoins de communiquer à quelques gestes élémentaires.

La vie opère parfois de bien étranges détours, donnant à grandes brassées quand on s’y attend le moins, prenant d’un côté ce qu’elle vous donne de l’autre...

ou inversement, ce qui fut le cas pour Loin-du-ciel !

Car dans sa bien triste situation, qui aurait suffi à affliger et aigrir la plupart d’entre nous, une source de joie incommensurable lui réchauffait le cœur et dilatait ses artères.

Cela avait commencé l’année de ses sept ans.

Il avait entendu de drôles de miaulements venant du caisson sur lequel, comme souvent, il s’était assis un peu à l’écart du monde.

Ô merveille ! Deux petits bouts de chats, l’un tout noir, l’autre tigré, deux minuscules boules de douceur qui lançaient leurs signaux de détresse.

L’enfant avait immédiatement compris le sort qui leur serait réservé s’ils étaient découverts. Noyés à la rivière, dans une bauge avec une pierre dedans.

Alors il les avait emmenés en lieu sûr et tout les jours, il venait approvisionner ses petits rescapés, jouait avec eux, les caressait, les embrassait, leur parlait doucement, oui, leur parlait...

Et petit à petit, l’enfant solitaire et rêveur avait ouvert les yeux sur le monde. Sur ce monde-lien particulier, celui des tout-petits, des nouvellement nés ou écloses, premiers balbutiements de vies puissantes et fragiles à la fois. Qu’il passait le plus clair de son temps à découvrir, à protéger, à sauver.

C’est par une belle matinée ensoleillée d’avril que le miracle se produisit.

Ce jour-là, il avait ramené de la forêt un petit merle blessé qu’il avait enfermé dans une cage afin de le soustraire aux prédateurs le temps de sa convalescence. Après avoir tenté en vain de nourrir l’oiseau, il s’était assoupi sur une botte de foin quand tout à coup il fut réveillé par des cris stridents : le chat noir avait renversé la cage qui s’était ouverte et l’oiseau affolé essayait désespérément de voleter de plus en plus haut pour échapper à ses assauts.

Loin-du-ciel se mit à hurler, sautant maladroitement pour attraper l’oiseau. Mais celui-ci était hors de portée et le matou, bondissant de poutre en poutre, allait finir par le saisir.

Alors une force inouïe s’empara de l’enfant chétif. Jamais auparavant il n’avait ressenti ce torrent tumultueux et bienfaisant qui maintenant l’animait, le portait, lui faisait trouver immanquablement le geste sûr, précis et efficace, pour parvenir à ses fins.

Et ce n’est pas tout, voilà aussi qu’imparfait ! Vraiment !

« T’as pas l’droit, criait-il au chat noir, t’as pas l’droit !...Je te laisserai pas faire....Va-t’en... »

Et les mots s’enchaînaient, naturellement, sans qu’il ait à faire d’efforts ; les mots devenaient cascade impétueuse, puis rivière ayant trouvé son lit.

Puis murmure de source quand il attrapa l’oiseau, et, longuement, tout doucement, lui parla pour le rassurer jusqu’à ce que les battements de leurs deux petits cœurs se calment.
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Re: Contes et légendes

Message par Manah » 03 juin 2021, 10:30

Chaque année, dans les steppes, au début de l'été, Ralliement se pare de décorations. A cette occasion, et pendant toute une journée presque tout est gratuit pour les femmes et les enfants, car ils représentent l'avenir d'un peuple.

Mais l'origine de cette fête remonte à des temps anciens, une époque où la femme était un être inférieur aux yeux des hommes. Alors, lorsque l'une d'elle était au gout de l'un d'eux, il l'enlevait et l'épousait sans qu'elle puisse donner son avis. Aujourd'hui, cette tradition subsiste sous forme rituelle, grâce à un homme dont je vais vous conter l'histoire.

Il se nommait Temujin. Il n'avait rien de particulier. Il était né d'un homme et d'une femme, comme chacun de nous. Il était fils de khan.

Cependant, lorsqu'il eut sept ans, sa tribu fut attaquée et décimée par une autre. Mais par n'importe laquelle : il s'agissait de la tribu d'où sa mère avait été enlevée, ses frères venus libérer leur sœur.

Ainsi, il fut séparé d'elle et devint orphelin et esclave. Pendant de nombreuses années, Temujin grandit tout en réfléchissant à sa rébellion. Peu à peu, il rallia nombre de compagnons à sa cause. Il avait 20 ans, lorsqu'enfin, il se sentit prêt à se libérer de ses chaines.

L'assaut fut violent mais rapide. En une nuit seulement, il parvint, avec seulement quelques hommes, à vaincre les guerriers les plus valeureux de la tribu et il affronta seul le khan, son propre grand-père. A la fin de l'affrontement, il leva la tête de son adversaire vaincu au premier regard d'Azim et devint Khan à la place du khan.

Hélas, il ne trouva pas sa mère : elle s'était refusée à tout les autres prétendants qui lui avait été proposés et avait été donné en mariage à un autre. Hors, le Nadaam approchait. Avec sa nouvelle tribu, Temujin décida d'y participer. Beaucoup rirent de sa décision : il n'était pas un guerrier. Il n'avais aucun chance.

Malgré tout, avec ses hommes nouvellement libérés, il gravit la Montagne des Epreuves de Bardam où il fut reconnu par Azim et obtint ainsi le droit de participer à la saison guerrière.

Il avait peu de temps devant lui. Sa horde parcourut la steppe comme aucune tribu ne l'avait fait jusque là. Il affronta tout ceux qu'il croisa. Et il remportait victoire sur victoire. Ceux qui refusaient de se joindre à lui étaient massacrés sans pitié. On raconte que cette année là, tant de sang fut versé que la plaine entière devient rouge

Et le jour du Nadaam arriva.

Les gharl répandirent la Terre sacrée. Et chacun se rua pour s'en emparer. La tribu de Temujin, en sous nombre à peine quelques lunes auparavant était désormais si grande qu'ils ne laissèrent aucune chance aux autre tribus d'approcher ou même d'apercevoir le sceau convoité.

Ainsi, Temijijn devint le Khan des Khan, le maitre de la Steppe. Il put ainsi retrouver sa mère. Il apprit tout ce qu'elle avait enduré après sa soi-disant "libération". Il abolit la tradition de l'enlèvement et instaura ce jour de fête, pour qu'aucune femme ni aucun enfant, jamais, n'ait à subir ce que lui et sa mère avaient enduré.

Il régna de longues années sur la Steppe car, de son vivant, il ne fut jamais vaincu au Nadaam.

Si on en croit les légendes ce sont ses filles qui fondèrent les tribus Borlaaq et Dazkar.
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Message par Manah » 03 juin 2021, 10:41

L'histoire ou plutôt le conte que je vais vous raconter parle d'une femme. Cette femme peut être n'importe qui. L'une d'ente vous ? Ou une que vous avez connu ou que vous connaissez. Je laisse vos souvenirs vous donner la réponse.

Il était une fois une femme qui, après avoir traversé toute une vie de femme, habitée par différents amours, puis par une relation essentielle avec un homme qui fut son mari. Après avoir porté et élevé des enfants et exercé une profession passionnante, elle se retrouva au bord de l’existence, devant l’immense vide de sa solitude, celle de sa rencontre manquée avec elle-même.

Comment est-ce possible ? Comment se retrouver ainsi en solitude au mitan de sa vie, vide de projets, dévitalisée d’avoir trop donné, dépossédée de tous ses rêves car ils avaient été déposés en vain et à fonds perdus chez ceux qu’elle avait tant aimés ?

Comment continuer le chemin en se sentant habitée par une immense fatigue d’être, une profonde lassitude à simplement se réveiller le matin, à ouvrir les yeux, à respirer, se laver, s’habiller, affronter le regard aveugle de tant d’inconnus ? Comment avoir l’énergie d’esquisser des gestes qui n’ont plus de sens, de commencer quelques phrases avortées en imaginant tout de suite que demain est déjà périmé ?

Hélas...

Cela est plus fréquent qu’on ne peut l’imaginer dans le monde des femmes et des hommes d’aujourd’hui.

Au début elle manqua de vaciller devant la béance du désert de sa vie, la violence de la solitude, le vide de l’incompréhension qu’elle sentait tout autour d’elle. Souvent par la suite elle désespéra, quand des pensées malignes infectaient son corps, quand des douleurs tenaillaient son dos, déchiraient son ventre, harcelaient son cœur, quand son mal-être était si fort qu’elle imaginait ne pouvoir tenir debout, qu’elle aspirait à se coucher et mourir de lassitude... et de désespoir de vivre.

Elle ne savait pas encore que sa vie n’attendait que ce moment pour se rappeler à elle. Une émotion, qui contenait tout un monde à elle seule, s’éveilla, remonta, chemina par des chemins secrets de sa sensibilité, jusqu’à sa conscience, vint éclore dans ses pensées pour devenir lueur, lumière, soleil avant de se transformer en énergie vivifiante.

Un matin, une petite phrase scintilla dans sa tête, dansa sous ses paupières, fredonna à ses oreilles :

- Prends soin de ta vie, prends soin de ta vie, prends soin de ta vie…

Mais d’autres voix, celles des vieux démons, des habitudes anciennes, vexées de se voir délogées par un courant de vie nouveau, tentèrent de prendre le dessus, de recouvrir la petite phrase par leur propre rengaine.*Elle fronce les sourcils *

- Fais attention, en osant t’aventurer sur le chemin de tes désirs, en voulant te découvrir toute seule, tu prends le risque de te perdre, de révéler des aspects de toi inacceptables.

-Tes désirs sont trompeurs.

- Tu crois avoir tout, tu n’as rien, tu n’es rien, tu n’as pas été capable de retenir ton mari, de garder tes enfants près de toi, de maintenir ton statut de femme aimée…

- Tu es en transformation, chantait la petite voix du début.

- Tu es affabulation, répétaient les voix d’une ancienne vie.

- Je peux m’aimer et me respecter, dit la femme à la voix de son ancienne vie.


- Pas du tout, tu as besoin d’être aimée, tu ne dois donner ton amour que si tu es aimée en retour !

- Je sens que je peux m’aimer et aimer sans avoir nécessairement un retour… pour le plaisir d’être, dit elle sur un ton assuré.

- Non, ton cœur n’est pas suffisamment ouvert pour aimer, simplement aimer. Réfléchis bien, tu sais combien ton égo ne supporte pas de vivre le seul bien-être, le plaisir partagé. Il te faut ses sentiments, des serments, du solide, du durable à toute épreuve....

- Je ne suis ni dans le manque, ni dans le besoin, je suis dans le plein ! Dit elle avec une voix plus déterminer à sa conscience du passé.

- Tu te montes la tête et bientôt tu regretteras, tu verras. Prenant une voix plus forte pour différencier.

- Je suis musique, je recherche et je trouve mes accords.

- Tout est dérisoire, temps perdu, illusions trompeuses. Ne recommence pas à espérer ce que tu n’atteindras jamais.

- J’existe, j’existe enfin pour moi! La femme semble vouloir combattre son passé.

- Non, tu survis, tu végètes. Accepte ton sort sans révolte, sans rêve inutile, tu es sur la pente descendante de ta vie, reste tranquille ! Tout est joué, tu as perdu, tu mérites le repos.

- Je me rencontre… J’ai lâché le superflu....

- Tu vas manquer de l’essentiel : la sécurité !

- Face à l’impuissance j’apprivoise des forces secrètes, face à l’urgence je fais confiance à mes états intérieurs, face au chaos j’écoute ma propre voix. Je suis sur ce chemin là.
Etonnée, elle n’entendit plus les autres voix, alors elle décida de s’écouter. A partir de ce jour-là, elle ne fut plus seule. Le dialogue qui l’accompagna l’ouvrit à de multiples rencontres.
Dernière modification par Manah le 03 juin 2021, 10:51, modifié 1 fois.
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Message par Manah » 03 juin 2021, 10:46

Je viens d'Ishgard. Comme vous vous en doutez, là bas, les contes concernant la guerre du Chant du Dragon sont nombreux.

La guerre a duré un millénaire entier, avec son lot de sauvagerie, d'héroïsme, de tragédies. Dans les deux camps.

On parle souvent des Chevaliers Dragons.

Ces fameux héros armés d'une lance, les remparts de la Sainte Cité.

Eux même ont été entraîné à faire preuve de...Pragmatisme, dirons nous.

Chaque dragon mort était une victoire.

Les grands. Comme les dragonnets.

Mais peu avant la fin de la guerre, comme vous en avez entendu parler, une sombre vérité a éclaté, révélant toute la tragédie de cette guerre.

Que faire dans ce cas ?

Continuer à se défendre, à tuer comme si cette vérité n'avait pas existé ?

L'histoire que j'ai en tête est celle d'un Chevalier Dragon. Une femme.

Pendant cette période de doutes, et quelques semaines seulement avant l'assaut du grand Nidhogg sur Ishgard, les missions continuaient.

Certaines étaient héroïques, bien entendu.

D'autres...nettement moins.

Quel honneur à détruire des nids, des œufs ?

Cela avait il encore lieu d'être ?

On raconte qu'un jour, lors d'une de ces missions, une dragonne protégeant son nid fut blessée par un groupe de 3 Chevaliers.

La dragonne était immobilisée, incapable de défendre ses œufs.

Le but était alors très simple.

Comme tant de fois avant.

Finir le travail. Y mettre le feu.

Mais pas cette fois.

Non, pas cette fois. la voix toujours calme

Certains ici ont peut-être déjà entendu le Chant de dragons.

Ils ne parlent pas à proprement parler notre langue, mais peuvent nous parler, d'une autre manière.

Je vous invite à fermer les yeux un instant.

Imaginez...la voix plus basse Une voix qui vient murmurer dans votre tête. Une voix à nulle autre pareil, presque indescriptible.

Une voix à l'agonie, suppliante, tel un écho du passé refusant de mourir.

Ce jour là.

La dragonne blessée a fait entendre son chant, et la femme Chevalier Dragon l'a entendu.

Ses paroles ont été simples.

"Je vous en supplie. Epargnez les. Epargnez ma progéniture." la voix basse, dans le vague, restant silencieuse à nouveau quelques secondes.

Le conflit. Intérieur, celui-ci, faisait rage chez la femme.

Partagée entre son devoir et sa conscience, qui après tant d'années enfermée, se réveillait soudainement.

Devait elle détruire ces oeufs, comme cela avait été le cas tant de fois par le passé ?

Ou bien devait-elle écouter ce Chant, vibrant, touchant son âme au plus profond d'elle même.

L'une des Chevaliers à côté ne se posa pas cette question.

Il empoigna une flasque d'huile, se dirigeant vers le nids.

Mais l'huile n'atteignit jamais les œufs.

Pas ceux là. Pas cette fois.

La seule chose que sentit cet homme ce jour là, fut un coup au visage, de la part de la femme, chez qui cette conscience s'était éveillée.

Cela aurait pu mal tourner, parait-il. sourit vaguement

Mais au final, les Chevaliers sont repartis sans détruire le nid ni tuer la dragonne.

Avant de partir.

La femme se tourna, observant la dragonne à terre.

Elle n'en fut pas certaine, mais elle cru entendre à nouveau le Chant dans sa tête.

Un Chant de gratitude, cette fois. Rempli de peine mais d'espoir.

Ca n'est qu'une histoire parmi d'autre. Comme beaucoup. Qui sait si elle est vraie après tout ?

Mais ça reste une belle histoire.
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Message par Manah » 03 juin 2021, 10:47

Je n'ai guère d'histoire à vous conter. Mais le thème de ce soir m'est important, et j'aimerais partager avec vous une réflexion.

Certains d'entre vous me connaissent déjà, d'autres me voient pour la première fois, alors je vais me présenter pour contextualiser mon propos.

Mon nom est Kashara. Et je vis par ici depuis quelques années.

Je me suis établie dans une petite compagnie avec mon ami Chandelier, avant de rencontrer Bulqadar, mon époux.

Notre vie n'est pas toujours paisible. Nous avons traversé des épreuves, rencontré nos compagnons de vie. Mercenaires de passage ou des amis et des proches à plus long terme.

La seule ombre qui eut pu figurer au tableau, réellement, est notre incapacité à avoir des enfants, lui et moi.

Mais j'ai découvert que la vie ne se déroule pas selon une ligne invariable.

Les liens entre les gens sont plus complexes, plus profonds.

Nous avons rencontré nos enfants. Nous les avons accueillis ici, déjà adultes.

Ils avaient déjà un vécu, un passé, une vie avant nous.

Alors, qu'est-ce qui définit une mère? Qu'est-ce qui définit un parent ou un enfant?

Les liens du sang ne sont pas les seuls à définir l'amour qui lie les parents à leurs enfants.

Donner la vie n'est pas la seule façon de devenir mère.

Vous êtes un parent quand vous êtes le refuge de votre enfant.

Quand c'est de vous qu'il a besoin lorsqu'il est confus, qu'il souffre, ou qu'il a peur.

Vos parents, seront toujours ceux vers qui vous pourrez toujours vous tourner quand votre vie sera la plus hasardeuse.

Voilà ce que je voulais partager avec vous, ce soir.
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Re: Contes et légendes

Message par Manah » 25 juin 2021, 00:35

Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu, il était une fois, il y a des âges de cela...

Dans les vastes plaines des steppes vivait un chasseur qui avait la réputation d'avoir un grand cœur. Après chaque chasse, il partageait ses proies avec tout le village et ne gardait pour lui que ce dont il avait besoin. Il avait ainsi gagné le respect de tout le monde.

Un jour, alors qu'il chassait, il entendit des cris de détresse venant du ciel. Levant le regard, il aperçut un vautour vorace, tenant entre ses serres une petite créature. C'était elle qui appelait.

Il visa.
Tira.
Et le vautour blessé lâcha sa proie.

Quand il arriva près de la petite créature, il vit ce qui ressemblait à un serpent.

"Pauvre chose, rentre vite chez toi."

"Respectable chasseur" répondit la créature "vous avez sauvé ma vie, ce dont je vous suis extrêmement reconnaissante. Je suis la fille du roi dragon et je suis sûre que mon père vous remerciera par une grande récompense."

Mais le chasseur ne s'intéressait à aucun trésor.

"Si aucun de ces trésors ne vous plaît, vous pourrez lui demander une pierre précieuse qu’il tient dans sa bouche. N’importe qui, qui tient cette pierre dans sa bouche, sera capable de comprendre les langages de tous les animaux."

L'idée de comprendre le langage des animaux lui plaisait beaucoup, mais la princesse dragon le prévint :

"Mais tout ce que vous entendrez des animaux, vous devrez le garder pour vous-même. Si vous le dites aux autres, vous vous transformerez en une pierre."

Puis elle mena le chasseur jusqu'à l'océan. A mesure qu'ils avançaient, les eaux se séparaient pour leur laisser le passage jusqu'à un gigantesque palais étincelant. Le roi dragon fut très heureux d'apprendre ce que le chasseur avait fait pour sa fille et, comme prévu, il lui offrit de choisir la récompense qui lui plairait.

"Si vous voulez me donner quelque chose en cadeau , puis je vous demander la pierre précieuse dans votre bouche ?"

Le roi-dragon réfléchit un instant, avant d'ôter la pierre de sa bouche et la donner au chasseur. A son tour, il le prévint :

"Respectable chasseur, s’il vous plait souvenez vous de ne pas dire à quiconque ce que les animaux disent. Autrement, vous vous transformerez immédiatement en une pierre."

En possession de la pierre, le chasseur aimait encore plus sa vie. Il pouvait comprendre toutes les bêtes, tous les oiseaux et savait quel animal chasser à quel endroit de la plaine. Ainsi, son village ne manqua plus jamais de rien.

Plusieurs années passèrent...

Un jour, dans la montagne, il entendit un groupe d’oiseaux parler de quelque chose, sur un ton effrayé. Il prêta plus attentivement la corne.

"Nous devons partir ailleurs rapidement. Ce soir, la montagne va s'effondrer et l’inondation va submerger toutes les terres. Beaucoup de gens pourraient mourir."

Choqué, le chasseur se précipita vers son village.

"Nous devons partir ailleurs immédiatement ; nous ne pouvons plus rester ici !"

Mais les villageois étaient bien, ici. ils ne manquaient de rien. Ils refusaient de partir. Le chasseur, les supplia, pleura même, mais rien n'y faisait. Les villageois ne l'écoutaient pas

"Tu es un homme bon et tu n’as jamais menti. Nous avons vécu ici pendant des générations mais maintenant tu nous demandes de partir. Tu dois nous dire pourquoi car partir n’est pas une chose facile."

Alors...
Le chasseur devint très calme.
Il raconta comment il avait obtenu la pierre.
Il raconta ce qu'elle faisait.
Il leur répéta ce qu'il avait entendu des oiseaux.
Et...
A mesure qu'il parlait...
Ses pieds,
Ses jambes,
Son corps tout entier devint pierre.

Les villageois furent choqués et pleurèrent de ne pas l'avoir écouté plus tôt. Ils emportèrent leur troupeau et quittèrent leur village pour grimper sur la montagne.

Soudain, le ciel devient noir de nuages. Le vent hurla. La foudre déchira le ciel. Et en un instant, le village disparut sous les flots.
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Manah
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Re: Contes et légendes

Message par Manah » 25 juin 2021, 00:42

Être un héros est souvent une question de point de vue. Il faut peu de choses pour en devenir un, et encore moins de choses pour tout perdre. Une personne peut être considérée comme un héros sans partager elle-même ce point de vue. Et inversement ! La plus insignifiante créature peut s'élever au plus haut ou retomber au plus bas.

Ce soir, je vais vous parler d'un être insignifiant de prime abord, le pissenlit voyageur. Le pissenlit ne payait pas de mine et il était un voyageur tout ce qu'il y a de plus banal. Enfin... bon, il n'était pas très grand. Et sûrement un peu rondouillard. Mais sa tige était d'un vert tendre, ses feuilles brillaient à la lumière de l'aube et ses aigrettes bruissaient comme la soie sous la brise de printemps.

Tout comme certains rêvent de devenir riches ou célèbres, ou encore de devenir artisan ou de vivre de leur passion, le pissenlit voyageur avait ses propres aspirations et mettait tout en œuvre pour les atteindre. Son but ? Atteindre la montagne la plus éloignée du monde et grimper jusqu'à son sommet.

Elle était si éloignée, cette montagne, que d'aucun racontait qu'il fallait toute une vie rien que pour l'atteindre, sans parler de la gravir. Mais cela ne décourageait pas le brave pissenlit, loin s'en faut. Toutes sortes d'histoires circulaient, des plus décourageantes aux plus fantasques. Certains mettraient moins de temps que d'autres à arriver au bout du chemin.

Alors qu'au contraire, d'autres voyageaient une vie durant sans jamais voir réduire la distance qui les séparait de la montagne. Tout dépendait de la volonté et du talent de chacun.

Si le pissenlit doutait de son talent, il lui était impossible de douter de sa volonté. Extraire ses racines de la terre, en mettre une devant l'autre pour avancer, pas à pas, tel était en soi son plus grand talent, après tout. N'était-ce pas le plus important, pour atteindre son but ?

Alors, jour après jour, nuit après nuit, le pissenlit voyageur avançait sans relâche. Par tous les temps, rien ne l'arrêtait. Chaque caillou qui se dérobait sous ses racines, loin de l'arrêter, lui donnait un nouvel élan et l'amenait chaque fois un plus près de la montagne.

Bien sûr, le chemin n'était pas pour autant plat et sans danger, loin s'en fallait. Il y avait bien des monts à franchir, avant d'atteindre la dernière montagne. Et à chaque obstacle à franchir présentait son lot de dangers.

Les ravins, les précipices, les éboulements... Des chutes, des blessures, des plaies... Souvent, notre courageux pissenlit devait s'arrêter pour réfléchir au meilleur moyen de franchir tel ou telle situation. Parfois, il s'y abîmait un peu les feuilles, s'écorchait un peu la tige. Mais toujours il continuait sa route, inlassablement.

Ni le vent, ni la pluie, ni le soleil ou la neige, rien ne l'avait arrêté jusque-là. C'est sûrement pour cela que le premier coup le surprit autant. Il ne vit rien venir, et pour cause ! Un ennemi invisible, le pire de tous. Un petit coup pour commencer, puis un autre, puis un autre encore. Finalement, une pluie de coups qui s'abat, sans que l'on puisse comprendre ni comment ni pourquoi.

Les feuilles s'arrachaient à chaque heurt, et bientôt les aigrettes suivirent, tant et si bien que le petit pissenlit se mit à paniquer. Il quitta la route pour s'enfuir, afin d'échapper à ses tourments tout en essayant d'avancer. Mais ils le retrouvèrent ! Toujours là, devant lui, en plein sur son chemin. Le poussant, le tirant, le frappant.

Alors il partit de l'autre côté. Mais à nouveau, les coups le suivirent. Il essaya de s'enterrer dans le sol. Mais là encore, il fut blessé, comme frappé de l'intérieur. Affolé, il essaya toutes les directions, puis eut l'illumination. S'il ne pouvait les voir ou les fuir, il les empêcherait de l'atteindre !

Le petit pissenlit fit une pause dans son voyage et construisit un immense mur durant cette accalmie. Là, derrière, ils ne le trouveraient plus et ne pourraient plus l'atteindre. Le mur était haut et long, solide comme un roc, il pouvait resté caché derrière !

Il en perdit la notion du temps. Son œuvre finie, le petit pissenlit la contempla avec soulagement. Enfin, il était en sécurité. Vous devinez la suite, n'est-ce pas ?

Son examen terminé, il se souvint enfin de son but et chercha sa montagne du regard pour reprendre sa route. Et bien sûr, il ne la trouva pas. Il n'y avait, à la place, que ce mur. Et, près de lui, les outils qui l'avaient aidé à le bâtir.

Son plus grand rêve se tenait derrière cette barrière et il n'avait que quelques gestes à faire pour s'en défaire. La sécurité aux dépends de son rêve. Son rêve, aux dépends de sa sécurité. Le prix en valait-il la peine ? Dans un sens comme dans l'autre ? C'est une bonne question.

Ne devait-il pas être le pissenlit qui gravirait la plus haute montagne et accomplirait son plus grand rêve ? La montagne était juste là, derrière, et il pouvait décider de l'atteindre.

Il a regardé les outils, puis le mur, puis les outils, puis le mur. Puis il a souri. Il ne verrait jamais la montagne. Elle resterait une légende, dont il raconterait peut-être un morceau un jour. Mais, tout compte fait, ça lui allait bien comme ça.
Bien que le conteur n'ait pas donné conclu son histoire par un point final, un des participants a ajouté ceci :
J'ai envie d'imaginer qu'il va se poser et répandre ses racines à travers le mur. Les racines auront raison de l'édifice artificiel qui s'écroulera. Le pissenlit sera peut-être vieux, fatigué, mais en paix, et ses graines voleront au-delà du mur détruit pour suivre leur volonté. Parmi elles, peut-être qu'une aura envie d'aller jusqu'à cette grande montagne.
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Re: Contes et légendes

Message par Manah » 25 juil. 2021, 14:12

Elle est le portrait en miniature de sa mère : le même visage allongé, le même grand front, les mêmes cheveux noirs, les mêmes yeux noirs brillants, le même long cou gracile. Si ce n'étaient les vingt printemps qui séparaient les deux visages, on les eût prises pour deux sœurs.

Elle adorait sa mère et tentait de lui ressembler le plus possible en tout. Elles avaient toutes deux les mêmes goûts, aimaient les mêmes personnes.

Or, il arriva que la mère tomba gravement malade. Elle sentait ses forces diminuer et la vie l'abandonner peu à peu. Elle devinait la tristesse déchirante qu'éprouverait sa fillette au départ de l'être qui, pour elle, était tout son univers.

Elle fit venir son enfant et lui dit : "Il se peut que je m'en aille pour le pays où nous devons tous aller un jour, mais ne pleure pas. Quand tu ne me verras plus à tes côtés, je serai quand même près de toi."

Prenant alors près d'elle une grande boîte en laque que son mari lui avait offerte, elle ajouta en la tendant à sa fille :

"Tu n'ouvriras pas cette boîte tant que je vivrai. Et quand je ne serai plus là, tu l'ouvriras seulement pour les occasions importantes, par exemple au moment d'une grande peine ou d'une très grande joie. Alors tu verras mon visage au fond de cette boîte et tu sauras que je suis toujours avec toi dans la peine comme dans le bonheur."

Quelque temps après, la mère mourut...

Écrasée de douleur, la pauvre fillette ouvrit la boîte et vit sa mère, sa maman chérie, qui pleurait avec elle. Sa peine en fut un peu soulagée. Désormais elle ouvrit la boîte pour confier à sa mère ses plus graves peines ou ses plus grands bonheurs. À chaque fois, sa maman s'attristait ou se réjouissait avec elle.

Puis vint le jour de ses noces. Comme la maman paraissait heureuse, comme elle lui souriait tendrement au fond de la boîte en écoutant la confidence du précieux secret !

A ce moment...

Elle comprit l'illusion dont, pendant des années, elle avait été victime : un miroir, placé au fond de la boîte, lui renvoyait l'image de ses propres traits, qu'elle avait pris pour ceux de sa mère. En d'autres temps, cette découverte l'aurait atterrée. Mais maintenant elle n'avait plus besoin du miroir pour sentir que l'âme de sa mère était toujours présente auprès d'elle pour s'affliger de ses peines et se réjouir de son bonheur.
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