En suivant Torama, j'ai découvert l'espoir.
Espoir d'enfants, ces lieux sont paisibles, du moins dans certaines tranches d'heures ou les jeunes qui y vivent reposent leurs cordes vocales. Je crois qu'il y a beaucoup à faire ici. J'ignore encore dans quelle mesure, si nous en sommes capables ou bien ce que chacun en tirera. La vie ici me plait, bien que je ne puisse venir en aide qu'a ceux qui en feront la demande la plus infime ou hésitante, je réalise petit a petit l'ampleur de la tache et ne suis pas la seule. Étrangement, ici, c'est avec les jeunes résidents que j'ai le plus de facilités à faire connaissance. Je commence à comprendre les états de fatigue de notre employeur.
On m'a dit hier droit dans les yeux,
"Je ne suis plus qu'un prisonnier".
Seulement il n'était pas bien vieux,
Trop sur de sa réalité...
Je n'ose pas même imaginer ce qu'en dirait lui, le captif privé de liberté. Le fautif en cage que l'on garde du soleil. Faut il réellement porter l'erreur en croix à l'épaule pour se sentir prisonnier ? Qu'est ce qui peut bien ronger déjà une âme si jeune qu'il se sente criminel et coupable...
Les ratés de la vie malheureusement laissent leurs traces et dans les cœurs les plus écorchés, les craintes de la confiance se changent en un besoin de fuite et mènent à cet étrange sentiment, cage dorée. Leur dire qu'il y a pire ailleurs ne serait pas les aider, peut être que mesurer l'exacte réalité des choses les aiderait à réaliser les chances qui s'offrent à eux.
Sans cesse me rappelle cette vieille douleur lancinante,
Et partout raisonnent, carillons et mélodies
Les gigues doucereuses et valses entrainantes.
Soulève les paupières, dans un noir des plus profonds
Le dos gelé, odeurs rances dans les narines
Je me souviens, touche les barreaux de ma prison,
Que ne ferai-je pas, pour un peu de farine ?
Solitude et soif, ce sont mes pains quotidiens,
Au jour, je ne peux que regarder me mains moites
Observer l'envol d'insecte laids, d'acariens,
Qui ont pourtant la liberté que je convoite
Mais les nuit, trop longues, trop rêches, sont bien pires encore
Et sur l'humidité de ma paillasse abrupte
S'enchainent cauchemars éveillés et doux rêves d'or
Sans que jamais ne me réveille autre qu'une brute.
Écoutez, frères, la complainte du prisonnier
Un peu amer, un peu frileux, un peu poète
Qui à le cœur lourd, rempli de tout ses regrets
Mais qui ferait tout, pour ne voir qu'une fois, sa tête.
« Admettons que la loi soit destinée à définir des infractions, que l’appareil pénal ait pour fonction de les réduire et que la prison soit l’instrument de cette répression ; alors il faut dresser un constat d’échec. »