[Background] La Tombée de l'Hiver

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Lerith
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[Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 07 déc. 2015, 09:32

Prologue

musique
Ce genre d'histoire ne commence pas avec des "il était une fois", elle commence par une vaste demeure solitaire où l'on se sent bien seul. Dans ces grandes maisons où l'on donne des fêtes, où l'on reçoit des gens important, où l'on s'applique à se faire connaître une bonne éducation, on regarde et mon parle, mais on ne communique pas.
C'est dans cette maison qu'une jeune fille, assise à son piano, a laissé ses doigts glisser sur les touches pendant bien des années. Le vent du désert n'entre pas, aucune brise ne peut défier ces lourds rideaux de velours pourpre. La porte reste close, personne n'entre, ni ne vient la voir. Elle joue, et joue encore, du soir au matin sans jamais s'arrêter. Sur le mur au dessus d'elle, le portrait d'une femme au teint de pain d'épice la couve de ses yeux gris, sans jamais pouvoir parler. Elle entend parfois des pas dans le couloir, qui ne s'arrêtent pas la plupart du temps, sauf quand elle s'arrête de jouer. Mais ils repartent quand elle reprend. Elle ne s'arrête presque jamais.
C'est ici qu'elle grandit, chaque jour un peu plus, et que d'enfant elle devient femme. Assise à ce piano, les heures s'écoulent en jour, en semaines, en années. Le portrait sur le mur n'est bientôt plus qu'un lointain souvenir, quand exactement a t-il disparu ? Nul ne peut le dire. il a été remplacé par celui d'une autre femme plus jeune, qui lui ressemble mais qui n'est pas la même. C'est celle qui joue encore à ce piano, dans le noir.
C'est alors que la porte s'ouvre un beau jour. Elle n'avait pas fait attention aux pas qui s'étaient arrêtés dans le couloir, ni aux voix qui murmuraient. Mais quand la poignée se tourna dans un grincement sinistre, elle fut si surprise qu'elle interrompit son morceau pour se retourner. Elle demeura assise sur le banc en bois sombre, à fixer l'homme aux cheveux grisonnants qui la fixait de ses yeux sévères et fatigués. A ses côtés, une dame élezen en robe de deuil voilée de noir gardait les yeux baissés, et un majordome tenait dans ses mains ce qui ressemblait à un vêtement blanc, plié, surmonté d'une parure d'or bien lourde.

"C'est à ton tour de faire tes preuves, Lyssa."



[Version originale ici]
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Lerith
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Message par Lerith » 07 déc. 2015, 09:39

Convoitises

musique
Les rideaux étaient toujours tirés, mais un mince rayon de soleil perçait entre les deux tentures de velours pourpres pour éclairer le piano et la jeune chanteuse qui gardait les yeux à demi-clos. Devant elle, moins d'une dizaine de personnes assistaient à son récital, la plupart étaient des hommes. Assis sur des fauteuils et des sofas, non loin d'une cheminée remplie de cendre, ils écoutaient en silence tout en fumant leur cigare. Les femmes gardaient la tête baissée, et restaient en retrait non loin de la porte. La seule que l'on entendait, c'était cette jeune chanteuse pas encore tout à fait adulte, qui posait son regard gris glace sur son public sans pour autant les regarder.
Elle ne fait pas attention aux échanges qui ont lieu sous ses yeux. Les hommes se penchent les uns vers les autres pour converser tout en la regardant du coin de l'oeil. Ils la jaugent, ils la jugent. Est-elle satisfaisante ? Est-elle à la hauteur ? malgré elle, la jeune demoiselle coule un semblant d'attention vers celui qui semble être au centre de toutes les conversations car les autres hommes n'ont de cesse de se tourner vers lui, et ce qui ne lui est pas dit en personne lui est rapporté par les intermédiaires entre lui et son interlocuteur. Cet homme au visage émacié et aux cheveux grisonnants est le seul qui ne la quitte pas des yeux. il la regarde de face avec sévérité, un regard qui dit "ne me déçois pas". Elle ne se déconcentre pas, elle poursuit jusqu'au bout de sa partition, une main sur le ventre à exposer son talent et ses prouesses vocales. Elle fait de son mieux, il le faut.
La partition arrive enfin à son terme, et la cantatrice peut enfin reposer sa voix et ses poumons. Elle lève légèrement son jupon dans une brève révérence, délicate, qui n'attend plus que le signe de main du maître des lieux pour s'écarter de son piédestal et retourner avec les autres femmes. Les hommes reprennent leur conversation, cette fois à voix haute.

"Comment étais-je ?" ose t-elle murmurer à l'élézenne en robe de deuil. Celle-ci lui sourit avec gentillesse mais cela ressemble à un sourire forcé. Elle lui arrange son corsage et la pousse gentiment dos au mur comme pour l'inciter à ne rien dire et à attendre.
Un à un les hommes se lèvent et s'en vont saluer leur hôte. ils s'inclinent sobrement, certains lui accordent quelques derniers mots ou lui laissent une sorte de petit billet plié lors d'une poignée de mains, puis ils sortent. Le dernier d'entre eux est un grand homme aux cheveux blonds tirés vers l'arrière, et un masque blanc qui cache ses yeux. A l'inverse des autres, il s'arrête lorsqu'il passe devant les trois femmes debout près de la porte, et s'incline devant elles.

"Mesdames."
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Sa voix est très douce, et calme. Sur l'instant, les trois femmes sont un peu déconcertées et il leur faut quelques secondes avant que la politesse l'emporte et qu'elles s'inclinent à leur tour. C'est en se relevant que la cantatrice sent que sa main a été saisie et portée aux lèvres du visiteur courtois. Il sourit, et ne s’interrompt pas même lorsque le maître des lieux se racle la gorge dans son dos, appuyé sur sa canne :

"Lyssa."

Ce seul nom dans la bouche de cet homme lui donnait des frissons ; mais le regard dans son dos la terrifiait. Que faire ? Elle préféra incliner la tête plutôt que répondre, et reculer. L'invité conserve son sourire et se détourne, suivi par le dernier homme de la pièce. la porte se referme ; les trois femmes restent seules. L'ambiance se détend, du moins pour deux d'entre elles car la plus vieille dans sa robe de deuil s'en va s'asseoir sur le banc du piano, dos à l'instrument, le regard tourné vers le peu qu'elle peut entrevoir de l'extérieur. L'autre, une hyuroise, prend les mains de Lyssa, un sourire presque radieux sur les lèvres.

"Je crois que tu leur a plu, ton père sera enchanté."

La jeune femme sourit, encore troublée mais déjà plus rassurée. Elle hoche la tête, tout s'est bien passé. Il n'y a plus qu'à attendre, et le retour du père ne tarde pas à venir. La porte s'ouvre, et l'homme rentre, il semble bien plus pâle, et plus tendu qu'en sortant. Les trois femmes se tournent vers lui, pendue à ses lèvres. L'homme lève alors les yeux, le dos contre la porte, ses mains encore sur les poignées. Il tremble et fronce les sourcils :

"Cela n'a pas marché, ils veulent quand même Tassarah."
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Message par Lerith » 11 déc. 2015, 16:54

Les Lucioles

"ce n'est pas le genre de lieu où j'ai l'habitude d'aller.
- Naturellement mademoiselle."


Il avait fait chaud ce jour-là, et le marché grouillait pourtant de monde comme à son habitude. Une foule qu'elle n'avait pas l'habitude de voir, prostrée derrière ses lourds rideaux en velours qui cachaient jusqu'à la lumière du soleil. Les rayons se réfléchissaient tant sur les murs clairs de la cité d'or qu'elle fut obligée de se réfugier à l'ombre en dessous de la promenade royale, non loin du palais. Le jour déclinait sur le désert et les une lumière rouge avait envahie la Cour Dorée. Il y avait là moins de monde, des plus riches également. Sa main relâcha le bras ferme de l'homme qui lui souriait, toujours ce même masque blanc sur ses yeux.

"Souhaitez-vous vous asseoir ?
- Si cela ne vous ennuie pas."


Il la mena vers la Cour Dorée pour qu'elle puisse reposer ses jambes près de la fontaine. ils avaient tant marché, mais elle avait tant apprécié qu'elle ne s'était même pas aperçue que son endurance avait été mise à rude épreuve. Peu à peu le rouge laissait la place à une teinte plus mauve, et l'eau de la cascade qui tombait depuis le district politique étincelait sous les derniers rayons de lumière.
Il ne lâcha pas sa main gantée pour autant, et vint s'asseoir à ses côtés. Les bonnes manières auraient exigé d'elle qu'elle s'éloigne, mais si elle avait respecté les règles depuis ce matin, elle n'aurait pas adressé la parole à cet intrus qui visitait l'aile de la demeure réservée aux femmes, et encore moins l'aurait suivi dans le jardin, jusqu'à prendre la fuite par la petite porte des domestiques. Braver l'interdit jusqu'au bout était une façon plus rassurante d'assumer son acte insensé. Instinctivement ses doigts se resserrèrent autour de la main de l'homme, et avant qu'elle n'eut le temps de le réaliser, il avait placé son bras autour de ses épaules comme si ce geste avait été on ne peut plus naturel. Elle préféra se taire plutôt que d'empirer les choses ; ce fut lui qui repris la parole :

"Regardez."

Elle leva les yeux pour voir les jardins d'agrément tout autour d'eux s'illuminer de lucioles. Autour d'eux, la foule n'y faisait plus gère attention. Certains s'arrêtaient pour les regarder et en apprécier le spectacle quelques instants, mais la plupart se contentaient de passer leur chemin. Pour elle, qui était assise là près de cette fontaine, c'était tout simplement merveilleux. Un sourire naquit enfin sur ses lèvres, ce que son ravisseur ne manqua pas de remarqué, comme s'il l'avait cherché toute la journée.
"Si j'avais su que si peu de choses vous rendraient plus belle encore, je n'aurais pas passé la journée à vous faire courir les rues de la cité.
Il se mit à rire, un rire léger et franc, presque moqueur envers lui-même. Elle pouvait sentir la pression et les spasmes nerveux de ses doigts sur son épaule.
-Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle...
- Rien, rien du tout rassurez-vous. Je trouve cette situation tellement cocasse..."

Il se tourna vers elle pour lui sourire à nouveau.
-J'ai vu ce matin mademoiselle Tassarah poser à votre place pour le portrait qui sera envoyé à celui qui vous réclame. Est-ce un petit jeu entre filles pour voir s'il saura vous reconnaître ?
Elle baissa les yeux.
- Père garde espoir que son stratagème fonctionne. Tassarah dit qu'elle est préparée à ce sacrifice mais moi je sais qu'elle a beaucoup plus d'ambition que moi.
- C'est parce que vous avez refusé que votre père fait autant d'efforts, ou est-ce lui qui a ses propres raisons ?
Elle se mordit la lèvre inférieure, l'air coupable. Sa main libre serrait fermement le tissus de son jupon.
- ... Je crois qu'il était prêt à le faire, mais... j'ai peur, et je crois qu'il le sait.
- Votre père vous aime, tout simplement."


Le bruit de l'eau et le pas régulier des passants n'auraient pas pu couvrir la voix de cet homme à cet instant, lorsqu'elle leva les yeux. Elle se serait presque sentie succomber à l'emprise hypnotique de ce masque blanc au travers duquel elle ne comprenait pas comment il pouvait y voir.
- Non... je ne peux pas, pas ici.
Ces mots l'auraient presque choqué, elle dû retenir un hoquet de surprise, certaine qu'à une seconde près ils se seraient... non, quand même pas...
Pas le temps de penser. Elle sentit qu'il tirait sur son bras en se levant. Sur l'instant, elle pensa avec soulagement qu'il s'était ravisé, respectueux de sa vertu. Ce fut une autre voix qui la rappela à la raison : celle de la gouvernante.

"Par les Douze mademoiselle Lyssa, enfin je vous trouve !"

La réalité frappait à nouveau. Toujours dans son éternelle robe de deuil, la femme pinçait les lèvres nerveusement en fixant l'homme au masque de ses petits yeux perçant ; celui-ci se contenta de sourire et de s'incliner poliment, non sans lâcher la petite main gantée qu'il tenait depuis tout à l'heure. Voyant cela, la femme s'écria :

"Folle ! qu'avez-vous fait malheureuse ?"

Les quelques passants présents sur la place se retournèrent, alertés par l'éclat de voix. La présence d'une quadragénaire beuglant après un homme homme ne choqua pas plus que cela, les querelles entre gens de bonne famille ne sont pas si rares. Elle vociféra à voix basse après lui tout en s'approchant, la main tendue et bien décidée à séparer le couple. Ses yeux auraient lancé des lames d'ether. Sauf qu'au moment où elle s'apprêtait à toucher sa protégée, sa main fut interceptée par celle du blond qui la rapprocha de lui avec une force que Lyssa n'aurait jamais soupçonné jusqu'à lors. Elle était cependant assez près pour entendre ses mots, et voir pour la première fois ce petit sourire cruel se dessiner sur ses lèvres. Sa voix n'avait plus rien de doux ni de rassurant, ni même de poli.

"Je vous serais gré, madame, de ne plus m'interrompre à l'avenir car cela pourrait vous être particulièrement désagréable... en revanche il me plairait assez que vous informiez le seigneur Calheb que je ferais en sorte que Tassarah accomplisse ses désirs de grandeur... je me réserve le droit ceci dit de choisir mon paiement."

Et il la repoussa assez sèchement. La pauvre femme n'osa répondre tant ses paroles transpiraient la menace. Il lui fallut un certain temps avant qu'elle n'en vienne à murmurer, terrifiée : "mais qui êtes-vous ?"
Il ne daigna même pas lui répondre, comme si elle n'avait existé, il se tourna à nouveau vers la femme qui n'avait toujours pas lâché. Son sourire s'était à peine radouci, elle commençait à en avoir peur elle aussi, et à regretter sa folie de le suivre à l'extérieur. Ce petit jeu presque innocent prenait une tournure qui ne lui plaisait pas.
"Ne me regardez pas ainsi voyons... En revanche je crois qu'il vaut mieux vous laisser rentrer ce soir."
Le ton était presque trop sincère, tout comme le baiser sur sa joue. Le pire, c'était encore qu'elle en rougisse. Il avait cet attrait à la fois fascinant et terrifiant. Il lui lâcha enfin la main et disparut au coin d'une ruelle peu éclairée. Peut-être aurait-elle dû faire plus que de rentrer chez elle et de se taire. Tassarah lui raconta comment elle avait tout fait pour couvrir son absence et envoyé leur gouvernante la chercher. Elle était un peu plus âgée qu'elle, un peu plus mature, plus responsable, et plus ambitieuse aussi... elle méritait de prendre sa place.
Elle aurait peut-être dû faire autre chose que fuir, mais sa chambre était ce qu'elle connaissait de mieux à cette époque, ce qui lui semblait être son meilleur refuge, à attendre que ce soient les autres qui la sortent de là.

Et pourtant Tassarah quitta la maison moins d'un jour plus tard, juste avant qu'elle ne pose pour ce tableau dont le cadre portait déjà son nom. Quand elle vint s'asseoir sur le fauteuil du salon, son père lui remit les effets proposés qui devaient figurer avec elle sur la toile. On lui remit un éventail, symbole de grâce et d'élégance, ainsi qu'un masque blanc dont elle se saisit en tremblant.
Père ne prononça pas un mot, mais son teint était livide et transpirait la peur. Elle connaissait la peur, c'est la peur qui l'avait contrainte à échanger son identité avec Tassarah, et c'est maintenant une peur plus grande encore qui la courtisait en silence jusqu'à sa prochaine visite...
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 14 déc. 2015, 19:33

SPOILER
La Faille

Personne n'aurait pu penser que cela finirait ainsi. Les réfugiés qui se rassemblaient aux portes de la cité depuis quatre ans devenaient de plus en plus nombreux, et le commerce s'en faisait sentir. Le patriarche en était rendu à devoir se présenter presque chaque semaine au bazar argenté pour superviser lui-même la transition de ses précieux bulbes. Elle n'avait plus revu l'homme au masque depuis la dernière fois, l'arrivée de nouveaux réfugiés devait certainement l'occuper aussi. Mais elle savait qu'il n'était pas loin ; en quelques semaines son père avait fait quitter Uldah à la totalité de la famille et il n'y avait plus qu'elle ici. On prétendait dehors que la demeure était inhabitée mais à l'intérieur il avait pris soin de la faire surveiller par une douzaine de mercenaires.
Cela ne les a pas arrêté.

Officiellement c'est le cambriolage d'une maison vide appartenant à des riches qui a mal tourné. On aura eu tôt fait d'accuser les réfugiés dans les jours suivants mais cette nuit-là, ce sont les cris et l'odeur de chair brûlée plus que la cendre qui l'a tirée de son lit. Des coups contre la porte de sa chambre, le son du métal tranchant,, la peur qui la prend au ventre ; à cet instant tout un tas d'images défilent dans son esprit. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Que va t-il se passer ? Ils sont dans le couloir, le bruit des combats à presque cessé. ils ouvrent les portes une à une, la fumée commence à envahir la pièce pour l'instant épargnée par les flammes. Elle saute de son lit et se dépêche d'aller tourner la clé dans la porte ; ça ne les retiendra pas. Que faire ? Des pas se font entendre, plus lent que les autres ; ils se rapprochent... les quartiers des domestiques !
Une porte dérobée près de l'armoire, c'est par là qu'entraient, chaque matin, les servantes pour l'habiller. Elle n'a jamais mit le nez dans ces recoins de la demeure mais c'est là son issue de secours. Quand la poignée de la porte se tourne, et bloque à cause du verrou, elle referme derrière elle avant de s'aventurer dans l'escalier en colimaçon, en chemise de nuit, avec pour seule protection une cape de fourrure blanche à capuche. Ses pieds nus dévalent les marches quatre à quatre dans une fumée de plus en plus épaisse qui lui brûle la gorge. C'est à ce moment qu'elle constate à quel point ces couloirs sont étroits, comment font-ils pour circuler de pièce en pièce sans se croiser ? Il est impossible d'y tenir à deux sans toucher les murs.
Elle ouvre une porte au hasard, il y a encore du bruit dans le étages et à l'extérieur où l'on essaye d'éteindre l'incendie, les pas résonnent au dessus de sa tête, mais ici tout parait plus calme, même si le feu dévore meubles et tapisseries. C'est le salon d'accueil où elle chantait quelques temps plus tôt. Son portrait y est encore accroché, même si ce n'est pas elle qui y pose mais...

"Tassarah Calheb."

Cette voix, jeune, lui glace le sang. Elle se retourne et constate qu'à l'entrée de la pièce se tient un homme dont le masque ne ressemble en rien à celui d'un autre, si proche de son souvenir. Son visage est entièrement couvert, le blanc étincelant contraste avec le noir de sa coule, tout comme la lame du poignard qui dépasse de sa manche.

"J'ignore ce qui pousse ma Dame à vous haïr, mais elle a décidé que pour sa gloire vous deviez disparaître. Cela n'a rien de personnel, mais la loyauté de la Tour est sans appel."

Comment en est-on arrivé là ? Alors que l'homme s'avance, elle recule, terrifiée. Elle voit son bras se lever et la lame reflète les flammes d'un enfer qui l'attend. Elle hurle, son esprit se vide de toute autre pensée qu'une profonde terreur, incontrôlable. L'individu lâche son arme et recule alors, se prenant la tête dans ses mains. Elle se sent envahir par une vague d'énergie.

"Comment est-ce possible ?! seule la Reine possède une telle puissance ! Se pourrait-il que...?"

Un éclat vert le projette sur le côté, comme s'il avait été soufflé par une explosion, et il disparait de son champ de vision. Devant elle, dans l'encadrement de la porte, se tient l'homme qu'elle espérait de plus revoir et qui se tient désormais comme son seul recours pour survivre. Sous l'effet de cette onde de choc provoquée par son cri, les poudres déjà entamées par les flammes commencent à céder.

"Lyssa, partons d'ici."

La main qu'il tend vers elle est un appel sans délai, alors que l'autre tient fermement la canne en cristal noir dont le haut irise d'une lueur ethérée. Elle se lève et court vers lui sans penser au reste, elle veut seulement sortir d'ici, fuir, ne plus voir tout cela ; son étreinte est désespérée. Il la recouvre de sa propre cape et l'emmène à travers les flammes et les décombres. Ils sortent de la demeure par la même porte qu'ils avaient emprunté, au fond du jardin, qui donne sur les faubourgs discrets des beaux quartiers où personne ne les voit passer car les badauds sont tous entassés devant la grande façade.
Elle ne dit rien, étrangement elle se sent en sécurité tant qu'il est là. Elle l'écoute d'une oreille mais son esprit est ailleurs, pourtant il lui parle en continu. Le ton de sa voix est mi-inquiet, mi-ferme.

"...et votre père a pris la fuite vers le Nord avec ce qu'il reste. J'ai convenu -ne lui déplaise- que vous faire disparaître vous évitera ce genre de problèmes à l'avenir..."

Disparaître... les mots de cette tour lui reviennent en mémoire, et les questions l'assaillent. Ils étaient donc venus pour elle, pour la tuer, pour qu'elle disparaisse. Ainsi donc elle était une menace alors qu'elle avait tout fait pour rester loin, jusqu'à prendre l'identité de sa cousine. Jusqu'à l'envoyer là-bas à sa place...

"... Lyssa ?"

Elle lève les yeux et son regard se durcit. Sur le moment, il semble surpris, mais très vite son calme imperturbable reprend le dessus. Son étreinte se fait alors plus ferme. Tandis qu'elle l'affronte du regard, il l'attire vers le porche d'une maison silencieuse afin d'éviter le passage de gardes, surement appelés en renforts pour éteindre l'incendie. on entend encore les voix des personnes qui sont à l'ouvrage dans la grande rue un peu plus loin.
Elle se retrouve coincé entre le mur et l'homme. Alors qu'elle lève les yeux pour lui faire face à nouveau, ce sont ses lèvres qu'elle rencontre. C'est un baiser possessif qui coupe court à toute forme de discussion. Comment ose t-il ? Comment ose-telle...?
Lorsqu'il en a terminé, sa voix se fait plus rauque, plus dangereuse. Ils sont si proches qu'elle peut voir la couleur de ses yeux derrière son masque, ce bleu vert si clair, si lumineux. Elle ne sait que dire ou que faire... mais elle sent déjà cette rage nouer ses entrailles et grandir dans sa chair.

"Vous êtes à moi, et à personne d'autre."

Ils disparaissent dans la nuit sombre et froide du désert.
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 16 déc. 2015, 11:31

musique
"Ma cage dorée"

Les premières journées avaient été longues, à compter les heures pour réaliser ce qui était arrivé. Durant ces six jours de voyage, cachée dans une caravane marchande, elle n'avait presque pas bougé, prostrée au fond du chariot dans une couverture. Ils étaient finalement arrivé en Noscea, puis vers l'Ouest sur les rive de la mer. C'est là qu'on l'a installé les jours suivants, dans une immense demeure cachée, bâtie dans a roche d'une falaise, d'où elle pouvait voir la mer depuis une terrasse ouverte près d'une cascade. Ici, les jours étaient devenus des semaines, et les semaines s'étaient changées en lunes.
Elle était souvent seule, bien qu'un visage familier se soit incrusté dans son paysage quotidien. Une grande femme blonde en armure sombre, qui portait constamment une large épée plate et qui veillait à sa sécurité... mais surtout à ses besoins. Il ne se passait jamais rien ici. Lui, il ne l'avait pas approché depuis cette nuit-là où elle avait dû fuir comme une criminelle pour sauver sa vie. Il l'avait gardée contre lui durant le voyage et volé de nombreux baisers durant ces journées à attendre au fond de ce chariot. Il l'avait ensuite portée jusqu'à ces appartements où elle demeurait depuis presque deux lunes, et il avait disparu. Elle n'avait pas posé la question à son garde du corps, un peu -voir beaucoup- honteuse d'avoir ainsi, en quelques jours, succombé aux bras d'un inconnu dont elle connaissait à peine le nom et vaguement la fortune. Était-ce là sa résidence ou une cachette comme une autre ? Dans le deuxième cas, ce monsieur sait soigner ses refuges d'urgence, sa propre demeure n'était pas aussi richement meublée. Peu à peu elle s'était familiarisée avec cet endroit, et les journées se suivaient entre les livres, le chant et les lettres écrites à son père. Aucunes de ces lettres n'était envoyée. Aux yeux de son père, elle avait disparu à jamais. Il lui lui restait plus rien, plus rien excepté lui... lui qu'elle cherchait et repoussait tout à la fois.
Où était-il ? Il avait parlé d'affaires urgentes à régler. Elle commençait à le savoir, même sans le voir, qu'il devait tremper dans ses affaires douteuse au vu des moyens déployés pour la mettre en sécurité, au minimum dans la contrebande. Au moins, il fallait lui reconnaître qu'il l'avait sauvée.

Malgré tout, elle ne pensait pas le trouver ce matin là, lorsqu'elle s'éveilla à cause d'un rayon de soleil venu taquiner ses yeux à cause d'un rideau ouvert. Elle était pourtant certaine de les avoir fermés la veille pour se protéger du vent marin. Ici il n'y avait pas de vitres, nul besoin de fermer.
l était là, serein, assis sur la terrasse tenant un morceau de tissus blanc. Il ne lui fallut guère plus de quelques secondes pour s'apercevoir qu'il s'était emparé de son corsage, et qu'il le regardait, pensif, comme si cela lui était naturel. Sur le moment, elle se dit qu'il valait mieux se lever avant qu'il ne s'aperçoive qu'elle était réveillée. Elle écarta les draps pour s'extirper de ce lit et enfiler un peignoir par dessus sa robe de nuit. Elle s'avança calmement, la moindre des politesses, prête à lui réclamer son bien. Lorsqu'il la vit il sortit de sa rêverie pour lui sourire.

" La chambre vous convient-elle ?
- Parfaite en tout points, mais cela ne vous donne guère le droit d'y entrer lorsque je dors.
- Évidement que si, puisque c'est la mienne."


Il avait prononcé ces mots le plus naturellement du monde, alors qu'elle avait dû faire un sérieux effort de maintient pour ne pas hurler. Elle le vit se lever et poser nonchalamment son corsage sur la rambarde du balcon pour aller dans sa direction. A nouveau, la question s'imposa à son esprit : de quel droit osait-il profiter de sa faiblesse ? Avait-il vu dans leur seule et unique écart, bien avant qu'elle ne se retrouve ici, la promesse d'une liaison ? En tout cas, son regard le laissait penser, et ses gestes n'étaient pas trompeurs. Elle en venait à se demander comment pouvait-elle, elle aussi, le laisser faire sans esquisser le moindre refus. L'avait-il envouté ? La vérité étant qu'à chaque fois qu'il la touchait, elle se retrouvait démunie et incapable de le repousser.

"Lyssa, ne soyez pas aussi tendue.
- Vous en avez de bonnes, je voudrais bien vous y voir !"


Elle pivota sur ses talons, ne voulant plus affronter cet homme qui la dévorait du regard sans aucune mesure. Elle ne pu libérer son poignet qu'il avait saisit avec à la fois douceur et fermeté ; elle se contenta de regarder ailleurs afin de se maîtriser, et de garder le contrôle de la situation.

"Eh bien jeune biche, on a peur du loup...?"

Un murmure seulement à son oreille. Comme une voix peut-elle provoquer un tel frisson de frayeur et ... de fascination. Elle tenta de reculer, c'était sans compter sur ce poignet qu'il ne lâchait plus. Elle se retrouva face à lui. D'une main il replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. La ramenant contre lui, il enfouit son nez dans sa chevelure comme s'il avait attendu bien trop longtemps de la revoir. Il reprit :

"Ne soyez pas si tendue... je ne ferais rien qui vous soit désagréable ici. En revanche...

Son sang ne fit qu'un tour, il la serra un peu plus.

- ... En revanche nul ne vous enlèvera d'ici jusqu'à ce que vous et votre exceptionnel talent soyez miens. Pour cela exterminer chaque membre de la famille Calheb jusqu'à ce que votre père cède à ma demande... ne sera pas un problème"

De sauveur à tueur, cet homme n'avait-il donc aucune limite ? D'une bataille entre deux clans meurtris par la duperie de Tassarah, elle se retrouvait entre les griffes d'une troisième faction qui ne suivait que la volonté d'un seul homme. Ce piège, cette cage dorée, ne ferait bientôt plus d'elle qu'un pantin qui ne tarderait pas à céder aux charmes de cet homme aussi cruel que tendre. Elle devait échapper à cet endroit, à ces complots, à ces affreux projets... avant qu'il ne soit trop tard.
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 05 janv. 2016, 20:14

musique
Bal de Sang

La robe était plus lourde que celles qu'elle avait l'habitude de porter à Uldah, mais les belles demeures gridaniennes sont humides à ce qu'on dit. Alors qu'elle tressait ses cheveux sur son épaule, la porte s'ouvrit. Il entra, pressé, récupérer quelque chose dans son bureau : une boîte de gélules qu'il gardait constamment sous clé. Elle le regarda, grâce au reflet du miroir, en avaler deux d'un coup et remarqua sa main qui tremblait. Jamais il ne se montrait ainsi au dehors mais ici, devant elle, il n'hésitait pas. Cela dit, il ne fallait pas qu'elle demande, qu'elle pose de question autour de ce sujet. Elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter toutefois, et elle se leva au bout d'une minute pour aller vers lui et le regarder. Le temps qu'elle arrive à sa hauteur il s'était redressé. Il la regarda, et sourit.

"Vous êtes prête ?"

Elle hocha la tête, il lui pris l'une de ses fines mains gantées et y déposa un baiser avant de l'entraîner vers l'extérieur.

*****

La musique résonnait sous la voûte de la grande salle de réception où les pétales tombaient sur le sol comme s'ils étaient sous des branches fleuries au printemps. Depuis combien de temps n'avait-elle pas vu autant de monde ? Depuis le marché à Ildah, le jour où elle était sortie par la petite porte...
Elle tenait le bras de son guide avec une certaine appréhension. Malgré le masque argenté sur ses yeux, il y avait toujours le risque qu'elle soit reconnue. Pourquoi l'avait-il amenée avec lui cette fois. Peut-être voulait-il juste lui faire plaisir. Il la conduisit jusqu'au centre de la salle, et elle resta un moment les yeux levés vers le plafond avant de sentir qu'il la prenait pas la taille. La valse commençait.

"Que faisons-nous ici ?
- Nous dansons."


Ils tournaient au milieu de la fête, entourés de gridaniens à la lumière des lanternes. Ils tournaient encore, au son de la musique, le pied léger sous une pluie couleur pastel. Ils dansaient encore, cela ne semblait vouloir se finir, et elle y perdit la notion du temps. Malgré leurs masques, ils se regardaient et plus il la serrait contre lui, plus elle sentait ses yeux se fermer. Les couleurs et les formes se confondent, il y a tellement de monde autour d'eux, comment fait-il pour se mouvoir entre les autres couples sans qu'ils se touchent ? Sa tête tourne.
Est-ce un envoutement ? Est-elle folle ? Pourquoi ne sourit-il pas comme à son habitude ? Son visage se rapproche ; ce baiser ne ressemble pas aux autres. Il est d'ordinaire possessif, rieur, taquin, c'est un jeu pour lui. L'instant se prolonge, quand se sont-ils arrêtés de danser ? Sa voix résonne dans son esprit :

"Il va tenter de vous tuer."

Ses sens s'affolent subitement. Le temps pour leurs lèvres de se séparer, elle vire sur sa gauche en ouvrant son éventail. Le son métallique fend l'air et tranche une gorge. C'est un homme recule, la main sur sa gorge. Le cri d'une femme le perce à jour, comme les doigts pointés sur le poignard qu'il brandit. Un baiser dans son cou accompagne un murmure : "Beauté dévorante à votre sanguinaire défense..."
Elle sent qu'on la fait reculer, c'est son cavalier qui l'écarte d'un geste protecteur que tout le monde prendra pour le réflexe ordinaire d'un homme prévenant. Son agresseur s’effondre une vingtaine de secondes plus tard, personne ne soupçonnera l'éventail dans sa manche d'être la cause de sa blessure mortelle. Le temps que sa tête touche la sol elle ne le voit presque plus. Elle réalise alors :

"Vous m'avez amené ici pour servir d'appât...?"

Il se contente de sourire, mais même sous son masque son visage en dit long. Il l'emmène tandis qu'une flaque de sang noie les pétales de fleurs. Toute l'assemblée cherche à s'éloigner du cadavre ; les agents des Deux Vipères ne tardent pas à apparaître, elle en voit les couleurs de l'uniforme et le casque par dessus les têtes des convives affolés.
Un nouveau bruit métallique la fait sursauter, une lame la frôle alors qu'ils se sont éloignés de plusieurs yalms des lieux du crime. Elle se sent tirée vers la droit, et ne voit que l'éclat d'une canne de cristal qui passe devant ses yeux. Un homme tombe à ses pieds. Elle sent la main sur sa taille se faire plus ferme. Ils s'enfoncent dans les bois.

"Enfin ils se montrent...
- Pourquoi sommes-nous ici ?
- Vous allez comprendre."


Trois ombres apparaissent autour d'eux. Elle reconnait cette robe de deuil et ces oreilles pointues qui ont bercé son enfance... que fait-elle ici ?
La femme apparait neutre, mais sur son front la marque d'une pièce de jeu d'échec, la tour, tranche avec son teint blafard habituellement lisse. La femme brandit un poignard semblable à celui que portaient tous les autres, le même que celui que portait l'homme dans le manoir la première fois. Elle ne comprend plus rien, ces hommes sont-ils de sa maison ? La main sur sa taille se resserre un peu plus. La voix douce et mielleuse susurre à son oreille.

"Elle veut vous faire disparaître Lyssa, c'est elle qui a pris votre place. Elle fera tout pour la garder, pour être vous sans risque que l'imposture ne soit découverte... elle vous tuera."

La peur s'empare d'elle, ainsi que le mépris et le dégout. La gouvernante et ses deux complices se ruent vers le couple. Un nouvel éclat vert jaillit de la canne devenue noir, cette fois les assaillants s'écroulent, pris de convulsions. Ils partent en fumée, ne reste à leurs pieds qu'un petit éclat de cristal là où se trouvait plus tôt la gouvernante. Elle n'est plus que cendres.
Ses jambes se coupent, il la laisse tomber au sol. Il avance calmement et ramasse le cristal à l'aide d'un mouchoir.

"Le premier n'était qu'une diversion dans l'espoir de vous attirer ici avec un visage connu, et de vous tuer. Cette chère Tassarah n'imaginait sans doute pas que je me ferais un plaisir de vous livrer à elle puisque j'avais déjà piégé son pion depuis des mois.
- Vous l'avez... elle était...?
- Elle faisait partie du plan, oui. Et maintenant que ce danger est écarté je vais pouvoir m'occuper des autres.
- Les autres ?"


Son regard se fit alors dur, froid et cruel. Un sourire se dessina sur ses lèvres, ce même sourire malsain qu'elle avait vu à Uldah. Le cristal explosa en poussière ethérée dans sa main.

"Il est temps que l'échiquier rencontre un adversaire qui l'occupera assez pour que je coupe court à la prestigieuse lignée des femmes Calheb et de leur destinée ô combien glorieuse.
- Vous allez déclencher une guerre...?
- Oui, et j'ai déjà une faction toute trouvée pour la mener à ma place."


Il éclata de rire, un rire fou, qui la pétrifié sur place. S'il n'avait pas porté de masque, elle aurait pu voir l'éclat de ses yeux exorbités. Elle tremblait comme une feuille, comment cet homme pouvait-il à la fois la séduire et la torturer ? Quel maléfice l'avait gagné ?
Quand le calme revint, il la fixa avec le plus grand sérieux :

"La plus désirée des Calheb étant mienne, j'entends à ce que nulle autre ne la surpasse. Personne, je ne laisserai personne vous regarder"

Par les Douze...
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 05 janv. 2016, 20:15

musique
L'éventail

Le temps s'écoulait presque paisiblement, dans ces périodes où le sang et les intrigues ne venaient pas perturber sa vie. Elle avait appris à passer outre, et à construire son quotidien tout en entendant des choses, voir en assistant à des échanges entre lui et ses subalternes, qui laissaient peu de doutes sur ses activités. Des pirates, des contrebandiers, jamais des politiciens mais il en recevait aussi beaucoup et leur rendait visite pour d'autres occasions, jamais sans un autre intérêt sous-jacent toutefois.
Ainsi allaient et venaient les journées dans son palais tropical. D'une peur croissante elle s'était fait une cuirasse, et de son ancienne vie elle avait fait le deuil. Le plus difficile, c'était de savoir maintenant qui elle était et ce qu'on attendrait d'elle. Ses sentiments étaient aussi confus que ce que l'autre laissait à penser concernant les siens. Mais il était présent, et c'était l'essentiel.

"Lyssa, venez voir j'ai quelque chose à vous montrer."

Toujours si prévenant, si charmant, et si dur à la fois. Elle l'avait vu parler à ses sbires, il était implacable. Il n'était pas si différent de ce qu'elle connaissait au final, à la différence que lui ne lui cachait rien et ne l'enfermait pas à l'écart. Elle se leva, abandonnant ainsi le piano qui l'occupait depuis plus d'une heure, et le suivit dans le couloir jusqu'à cette petite porte non loin de leur chambre où il passait une partie de son temps. Elle ne l'y avait jamais suivi, mais c'était surtout par respect de son intimité. Avec le temps, elle avait commencé à apprécier la vie avec lui, et même à l'apprécier... lui.
La fugace attirance devenue cette étrange liaison du quotidien, proche et lointaine à la fois. C'était un peu comme ce jour là au marché, cette journée qui lui semblait être à une éternité dans le passé... pas si loin que ça étrangement. Les nouvelles lui venaient régulièrement ; des jeux, des combats, des morts, des victoires et des défaites, le nom d'un navire qu'elle avait seulement imaginé dans les écrits de ses ancêtres.

"Nous y sommes. C'est mon atelier."

Elle lui sourit, et regarde autour. Tout ici n'est qu'exposition d'objets fabriqués, qui vont du petit automate mécaniques à de superbes créations en métaux et pierres précieuses. Des étagères pleines, du sol au plafond jusqu'au fond de la pièce toute en longueur, éclairée par des lanternes et une unique fenêtre donnant sur la mer. Seule une vitrine ressort de ce décor insolite, une vitrine qui semble protéger des reliques qui n'ont pas l'air si vieilles, elle reconnait de loin ce qui ressemble à un chapeau de femme, une paire de gants et un foulard mais il y a d'autres objets plus petits.

"Beaucoup de créations...
- J'ai commencé tout petit, je lui fabriquais des jouets pour l'amuser."


Il s'aventure entre les étagères, et elle le suit avec curiosité jusqu'à une table de travail bien rangée, contre le mur sous la fenêtre. De qui parle t-il ? Elle n'a pas le temps de poser la question, il l'attire près de l'établi face à un éventail présenté ouvert, tout en métal, et d'un blanc étincelant.

"Il n'est pas terminé, mais vous voyez ce liserai d'ether ? Il rendra les lames plus modulables et plus légères. Indétectables... personne ne s'en méfiera.
- Vous l'avez fait... pour moi ?
- Pour qui d'autre ? J'ai toujours adoré votre style, il mérite une arme de choix. Du temps de votre père j'avais entendu bien des choses sur les capacités héritées de vôtre mère... et vous m'avez déjà fait la démonstration que le chant n'a pas empêché d'autres pratiques...
- ... Quand on vit comme j'ai vécu, il faut savoir utiliser son environnement.
- Je compte bien là dessus.
- Sur quoi comptez-vous au juste ?"


Enfin, on y était, elle avait fini par poser la question. Que voulait-il ? Il n'était pas le genre d'homme à se contenter de ce que l'on peut qualifier "d'affection" d'une femme en contrepartie d'autant de stratagèmes pour la faire venir ici. Sa musique, sa famille, sa fortune ? Que voulait-il réellement au delà de ses charmes féminins ?
La question devait demeurer sans réponse.

"Si je vous le disais, il n'y aurait plus de secret entre nous."

Il sourit un peu plus, la tournant vers lui. C'est à ce moment que la porte s'ouvrit timidement et que la grande femme blonde en armure apparut dans le couloir, le visage sérieux malgré le mince sourire en coin qui se dessinait sur ses lèvres.

"C'est fait monsieur. Le capitaine Rahz a tué la Reine."

Il frappa ses paumes l'une contre l'autre, ravi.

"Ah ! j'ai toujours dit que la fille de Horn serait un jour utile ! Allons, fais préparer l'Invincible, il nous faut aller la féliciter comme il se doit."

Et il la laissa là, comme si elle n'avait jamais existé. Elle resta seule dans la pièce les yeux dans le vague. Ainsi c'était terminé... elle était morte. Tout cela lui semblait tellement irréel, tellement... flou. Les larmes lui montaient aux yeux. peut-on pleurer pour la personne qui a voulu notre mort ?

Un craquement sur le plancher la fit sursauter, une présence. L'espace d'un instant il lui sembla qu'un jupon disparaissait derrière une étagère, l'ombre d'une jeune femme voilée vêtue de noir qui erre entre les meubles, une sensation de froid, des frissons qui parcourent l'échine...
Son regard se pose sur la vitrine, sur l'établi ensuite. près le l'éventail le couvercle d'une petite montre à gousset scintille. Y était-elle déjà tout à l'heure ? Elle ne l'avait pas remarqué. Elle s'approche et caresse du bout des doigts sa surface ciselée. Comme c'est beau... elle touche le petit loquet, et l'ouvre. pas de Tic-tac... pas de cadran, seulement une paire d'yeux qu'elle reconnait. Elle fait un pas en arrière, moins choquée que surprise en voyant son portrait, celui qu'elle avait fait sous le nom de Tassarah Calheb. Est-ce à lui ?
Elle le laisse près de l'éventail et sort, ce lieu la met mal à l'aise.
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 08 janv. 2016, 13:05

musique
"Jamais... ou à jamais ?"

Depuis combien de jouer avaient-ils quitté Gridania ? Elle l'avait oublié, elle avait oublié la forêt, la pénombre et le bruit des cascades près du balcon de sa chambre. Ils avaient quitté tout cela pour embarquer à bord de cet aeronef. Le deuxième pont supérieur, à l'arrière, était réservé à leurs quartiers.
Elle avait passé des heures, des jours sur ce petit balcon à contempler le ciel et les étoiles, une fois le soir venu. Comme chaque jour elle chantait, seule ou presque, il était souvent là à l'écouter de l'intérieur. Elle se leva. Il était bien là, la tête reposée sur sa main, appuyé contre la porte. Elle sourit un peu. Ainsi endormi il semblait tellement... humain, c'était le mot. Presque inconsciemment, elle tendit la main vers sa joue. Il souffla par le nez sans se réveiller, elle continuais de fredonner l'air de sa chanson, juste un air sans paroles.

Elle n'était pas dupe, il l'étudiait. Ce qui l'intéressait, c'était ça... ses visions, ses chants, son pouvoir. Avait-il seulement compris qu'elle chantait pour lui ? Sa joue était tiède, ses paupières détendues, ses traits doux ; il aurait même pu paraître fragile. Elle aurait pu, oui, à cet instant, ouvrir son éventail et en finir... peut-être aurait-elle eu l'occasion unique de le faire... mais elle n'en fit rien. Son éventail resta dans sa manche, et elle retira sa main de sa joue.
Le vent se lève, il commence à faire froid.

"Jamais je ne serais à toi."


Elle avait murmuré ces mots sur un ton pourtant empreint de tendresse. Elle s'était redressée pour ajuster son châle. Elle allait se diriger vers l'intérieur quand une voix lui répondit :

"Vraiment ?"

Elle sursauta. Il avait les yeux et souriait. Elle allait lui répondre, mais son regard fut attiré par autre chose, quelque chose de magnifique. Ses pieds bougèrent d'eux-même pour la mener contre la rambarde où sa main toucha ces petits flocons blanc semblable à du sucre.

"L'hiver tombe bien tôt cette année, mais il neige toujours au Coerthas."

Il avait parlé d'une voi calme et posée, assez basse, et l'avait rejoint sans la regarder. Elle regardait la neige tomber avec une fascination intarissable. Les étoiles étaient cachées par les nuages, mais on aurait cru qu'elles tombaient du ciel tant les petits flocons étincelaient sous la lueur des rayons de lune qui perçaient parfois au dessus de l'aeronef.
Ils restèrent là, tous les deux, durant un long moment. Elle en avait oublié le reste, ses mots, ses certitudes et ses doutes. La neige emportait tout et recouvrait tout, Ishgard n'était pas loin.

"Enfin je peux rentrer chez moi."

Quand elle tourna le visage vers lui elle put entrevoir un mince sourire, presque sincère, sur son visage. Elle était la seule à le voir ainsi, même son garde du corps n'était jamais témoins de ce genre de moments.
Elle sentit une main sur sa hanches, et un bras dans son dos. Ramenée contre son épaule elle pouvait entendre son cœur battre, il était donc bel et bien humain... à cette pensée un sourire éclaira son visage. Il souffla, presque comme une requête :

"Chante encore, s'il te plait."

Elle ferma les yeux. Ses émotions l'envahirent peu à peu, et les mots vinrent d'eux-même, du plus profond d'elle, comme un message venu de l'ether... ce qu'elle devait chanter pour lui.

la chanson de Lys
"On raconte l'histoire d'une fille belle et fière,
D'un chevalier sans terre qui l'emmena.
Il l'enlève, tout au bord, au bord de la terre,
A la frontière du nord elle le suivra.

Sans faire un bruit, la neige tombera, et j'attends
Que la nuit et la ronde des heures me ramènent à toi.

Toi ma belle, si tu renonces à la mer,
Je serai ton trésor, ton père, ton roi.
Jamais, ne serai tienne, jamais ne serai toute à toi,
Trois heures avant le jour je m'enfuirai.

Sans faire un bruit la neige tombera et j'attends,
Que la nuit et la ronde des heures me ramènent à toi.
Et quand sans faire un bruit la neige doucement s'en ira,
C'est la nuit et la ronde des heures qui te ramènera.

Trois heures avant le jour elle se fond dans l'hiver,
Et en renard de neige elle se changea.

Sans faire un bruit la neige tombera, et j'attends,
Que la nuit et la ronde des heures me ramènent à toi.
Et quand sans faire un bruit la neige doucement s'en ira,
C'est la nuit et la ronde des heures qui te ramènera.

Sans faire un bruit la nuit j'attends,
Sans faire un bruit bien loin d'ici j'attends,
Sans faire un bruit la nuit j'attends,
Sans faire un bruit bien loin d'ici j'attends..."
"Jamais je ne t'aimerai, et je t'aimerai toujours."
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 20 mars 2016, 17:47

musique
Banshee, la symbiose, et le sorcier.

Le froid du Coerthas était bien plus difficile à vivre que la douceur fraîche de sombrelinceuil. Seule, elle arpentait les longs couloirs de cette immense demeure couverte d'une épaisse cape de fourrure grise par dessus sa robe en velours. Elle entendait le vent hurler sous les toits en ardoise, mais elle ne pouvait ouvrir les rideaux pour regarder à l'extérieur. Personne ne savait qu'elle était ici, en plein cœur d'une ville qui avait fermé ses frontières. Ishgard... aussi froide que le cœur de ses habitants. Elle était ici clandestinement. Une fois encore, elle se retrouvait enfermée. Chaque jour, il rentrait avec de nouveaux présents pour elle ; chaque jour, il revenait un peu plus pressant. Quelque chose avait changé chez lui depuis qu'ils étaient arrivés. Plus il l'écoutait chanter et plus il voulait qu'elle chante, plus il touchait sa main, et plus il la serrait avec une fermeté possessive. Plus il la regardait, et plus elle voyait dans ses yeux une flamme ardente prête à la consumer. Trois années, cela est long pour un homme.
Et ce jour là tout a basculé. Ce jour où elle l'a surpris pour la première fois au piano alors qu'il la pensait endormie. Il était déjà tard, mais elle n'était pas habituée encore à ces lieux et se réveillait souvent. Elle l'avait trouvé jouant un air mélancolique et pourtant magnifique, face à un tableau qu'elle pensa d'abord être une composition ancienne... jusqu'à ce qu'elle en discerne les traits, ses traits, et à la fois ceux d'une autre, une femme vêtue de bleu et de gris, aux cheveux blanc comme la neige. Une apparence humaine et pourtant, à travers la peinture, elle pouvait sentir que cette créature n'avait rien d'humain.

"Par les Douze..."

Prise d'une soudaine angoisse, elle avait alors reculé sans se rendre compte qu'elle avait prononcé ces mots à voix haute. Il avait alors cessé de jouer brusquement et s'était tourné vers elle, surpris, comme pris sur le fait.
"Je pensais que tu dormais.
Il se leva calmement, alors qu'elle continuait de fixer ce tableau, choquée. il poursuivit.
- Ne sois pas apeurée. Banshee n'est plus depuis de nombreux siècles.
La peur se mua en une incompréhension, elle baissa les yeux vers lui brièvement avant de revenir à ce tableau si déroutant.
- Banshee ? Mais ce... ce n'est pas possible. Ce n'est qu'une histoire pour enfants que mère racontait pour expliquer notre ressemblance...
Plus elle reculait, plus elle le sentait proche. Il avançait sans ralentir, droit vers elle.
- Que t'a dit ta mère à son sujet ?
- Des histoires...! Un sorcier, un sort...
- ... et un visage qui se répète, génération après génération, pour que le méchant sorcier finisse par la retrouver...

Il claqua des doigts, faisant ainsi tomber tout autour d'eux les voiles qui couvraient tant d'autres toiles, tant de portraits de femmes toutes au même visage, âge après âge. Lyssa en eu un vertige. Elle tourna sur elle-même avant de poser à nouveau son regard sur lui, sur ses yeux à la couleur changeante, des yeux brûlants.
- Je ne comptais pas te le cacher éternellement, Lyssa.
- Le sorcier...

Son sang ne fit qu'un tour quand elle sentit une main lui serrer le poignet.
- Tu as peur de moi à nouveau ?
- ... Qui êtes-vous...?

Elle sentit son dos buter contre le mur, à force de reculer elle était sortie dans le couloir, un couloir vide rempli de courant d'air qui la faisaient frissonner. Elle le vit se rapprocher encore, son autre bras entoura sa taille. Son premier réflexe fut de tenter de lui échapper, en vain. Elle pouvait désormais sentir son souffle sur son visage.
"Cesse de me repousser, Lyssa.
- Arrêtez !"

Une fois encore, il se faisait pressant, trop pour elle. Elle ne se laissait plus surprendre, et même si sa main tremblait, elle ne voulait toujours pas céder. Ses baisers étaient pourtant sincères, mais comment se défaire de ce sentiment de peur dont elle ignorait l'origine ?
Prisonnière entre le mur et l'étreinte de cet homme qui avait fait d'elle sa promise, elle se sentait piégée.
" Tu vas continuer encore longtemps à nier ? Je ne te ferais aucun mal.
- Vous n'êtes pas vous-même, Raw !
- Je ne le suis plus depuis bien longtemps, Lyssa, depuis qu'elle m'a vaincu.
- Vous êtes celui qui a tout déclenché...

Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres.
- Le plus amusant, c'est que tout ce que l'histoire a retenu de cette histoire, c'est que j'étais le bon et Banshee la mauvaise.
- Était-ce la vérité ?
- Nous étions tout aussi méprisables l'un que l'autre ma chère,
dit-il en lui caressant la joue. Son pouvoir était indéniable... mais il ne lui servait plus à rien une fois prisonnière dans un corps mortel, coincée dans ce monde.
- Vous l'avez vaincue...
- Je lui ai fait payer de m'avoir vaincue... mais elle m'a joué un bien vilain tour en engendrant cette descendance que j'ai traquée, enfant après enfant, jusqu'à ce que je te trouve enfin."


Elle ne put esquiver son baiser, si possessif, d'une passion et pourtant d'une cruauté sans limite. Il y avait toujours chez lui cette teinte de folie qu'elle n'avait jamais pu saisir jusqu'à lors. Elle pouvait l'entendre murmurer dans son cou :
" Cette voix, tu n'imagine pas depuis combien de temps j'ai attendu de l'entendre à nouveau. Elle croyait qu'après sa mort c'en serait fini de la symbiose, mais tu as fini par venir au monde... plus belle qu'elle ne le fut jamais, avec cette voix grisante... depuis le premier jour je sens mes anciennes forces revenir grâce à toi...
- La symbiose... tout est donc vrai ?
- Tout, Lyssa. Banshee, la symbiose, l'Agathe Link... tout est vrai."


La chaleur glaciale dans ce couloir, le vent souffle dehors, les yeux brûlent, les larmes pointent mais ne coulent pas. Elle ne peut pas lui résister. Mais si tout est vrai, il serait inutile d'essayer. Prisonnière d'un baiser, enchaînée par ces bras, son cœur s'emballe et ne peut nier ses sentiments. Aimer un fou, aimer un monstre, quelle folie que cet instant où tout s’effondre. Elle n'a quitté l'obsession de son père que pour se livrer elle-même en pâture au dragon.
Coincée dos au mur, elle tire sur l'un des rideaux qui finit par se déchirer quand ils glissent sur le sol. Les flammes dans la cheminée du salon ne font que refléter l'étincelle qui brûle depuis trop longtemps dans les yeux d'un homme qui aura attendu bien plus que trois année au final.
Elle serait finalement à lui, mariés ou non, elle ne pourra plus jamais lui échapper.
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Re: [Background] La Tombée de l'Hiver

Message par Lerith » 21 mars 2016, 12:19

musique
Masquerade

Ici, tout n'est que visages et paroles. Il ne reçoit que de rares privilégiés qui sont autorisés à la voir. Tous n'osent pas lui adresser la parole, ou le strict nécessaire. Il est terrifiant même pour ces invités. Sa corporation est pourtant on ne peut plus légale, mais ce qui se passe en-dessous n'a rien d'honnête.
Création d'armes, de systèmes de défense, expériences sur l'organique comme sur l'arcanique, il entretient lui-même cette guerre qui pousse ses clients à faire appel à son entreprise de chantiers. L'enrichissement personnel n'est pourtant qu'un objectif secondaire, essentiel à la tenue de ses projets. C'est un vaste réseau tentaculaire qu'il a construit pour les mener à bien, et elle se retrouve ici à observer. Elle sait, et garde le silence là où toute femme censée devrait parler. Mais les révélations qu'il lui a faite l'ont désormais plongée dans un état de flottement permanent.

Plus elle s'intéresse à ce qu'elle est, à ce qui entoure ses ancêtres, plus elle y songe, et plus son esprit se perd dans la confusion. Et tous ce jeu de masques et d'apparences autour d'elle ne vient pas aider son état mental. Enfermée entre ces murs, elle perd le sens des réalités, des jours, des heures, des secondes parfois. Elle se souvient des années où le chant fut son refuge, où la musique était son monde à elle, ce monde n'est plus que ténèbres et méfiance, ses chants n'apportent plus que noirceur et désespoir.
"Je n'aime pas te voir aussi triste, cela ne durera plus très longtemps."
Il le pense, mais il ne se laisse pas dépasser par si peu de choses. La faire souffrir n'est qu'un moindre mal s'il veut qu'elle réveille son plein potentiel. Elle doit connaître la confusion et la tristesse, la colère, la méfiance. Elle doit se briser pour se reconstruire, il la brise comme il aura fait voler en éclats tant d'esprits pour les façonner selon sa volonté. Mais elle est différente, elle a bien trop d'importance à ses yeux. Il doit s'assurer d'être là, d'être son seul repère, d'être tout ce à quoi elle peut se fier.
"Tu deviens chaque jour un peu plus forte."
Et la valse se poursuit, les masques défilent, les rideaux restent tirés. A la lueur des chandelles, elle fait progresser sa musique sur une sombre partition. Chaque jour ils se croisent et il lui accorde toujours de son temps malgré le travail. Chaque soir ils dînent ensemble, parfois il reste la nuit. Les semaines défilent, elle en a oublié qui elle est. Elle ne parle plus, elle l'écoute lui parler, il est le seul à le faire. Parfois elle parle à son propre reflet dans le miroir ou... sur ce tableau où son visage est peint. Elle ne sait plus qui y est représenté, est-ce elle ou une autre femme du passé portant cette malédiction ?

"Monsieur, des réfugiés arrivent de Doma toute les semaines. Il serait plus prudent de faire revenir votre protégée."

Lyssa reste assise sur le sofa, elle entend sans écouter la conversation entre lui et sa fidèle Akatsuki rentrée de l'autre continent. Ils parlent depuis plus d'une heure d'une jeune fille dont il s'occupait et qu'il a envoyé étudié dans différents dojos domiens malgré la guerre qui fait rage là-bas. Il ne semble pas tant inquiet pour elle que pour le bon déroulement de ses voyages.
"Oui, faites-la rentrer. Eorzéa est assez grande pour ses petits caprices d'aventurière.
- Bien monsieur.

Elle peut sentir un bras lui entourer les épaules, sa main est dure, quelque chose le contrarie.
- Il est impensable cependant d'abandonner les recherches. Ce que je veux est passé par là-bas, envoyez des agents commerciaux de terrain s'il le faut mais retrouvez sa trace, il n'a tout de même pas pu s'envoler.
- Monsieur, il faudrait peut-être envisager qu'il ne se trouve plus à Doma.
- Barnabas ne peut l'avoir détruit, il était trop attaché à Mélanie pour se séparer de tout ce qu'il restait d'elle. Si il ne l'a laissé ni aux Scorpions ni aux Grues, il l'a envoyé quelque part où il savait que personne n'irait le chercher, ici en Eorzéa."


Lyssa baisse les yeux, puis les ferme. Elle devine ce qu'il veut. Les mots lui brûlent les lèvres, il serait si facile de le lui dire, de le lui donner.
Mais quelque chose la retient encore. Une once de conscience qui demeure alors que son esprit est à deux doigts de se briser. Une voix qui lui murmure de ne pas céder, pas encore. Résiste encore un peu, mets-le à l'abri. Fais que personne ne le trouve jamais.


L'Agathe Link
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"Jouez ensemble, pas les uns contre les autres."

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