« Invasion de rats »
Mandat de rang C
Quatrième soleil de la deuxième Lune Astrale
L'objectif du mandat consistait à faire déguerpir du champ d'un agriculteur noscéen un groupe d'individus qu'il avait entrepris de dénommer 'bandits' sans réellement s'enquérir de la raison de leur présence ni même réellement leur nature de hors-la-loi. Toujours est-il que notre mandant avait fait l'objet de menaces armées lorsqu'il avait tenté de demander à ces individus de partir de sa parcelle.
Après avoir rencontré ce dernier de manière assez brève à Estival, notre groupe s'est mis en route pour la parcelle de terrain concernée, sur laquelle s'était effectivement établi un groupe d'individus, formant un campement de fortune de plusieurs tentes. La nature de hors-la-loi de ces gens n'étant qu'incertaine, il a été convenu d'envoyer deux personnes tenter une approche pacifique, et ces deux personnes ont été Zhorin et Ashighemur. Nous autres nous sommes dissimulés dans des fourrés proches, prêts à intervenir si besoin.
La discussion étant trop lointaine pour nous permettre de l'entendre, nous n'avons pu comprendre la fin de cette dernière que lorsque le poing d'Ashighmur percuta la mâchoire de l'un de ses interlocuteurs. A partir de ce moment, les hostilités furent ouvertes, deux des malfrats tentant de prendre à revers nos deux compagnons, et d'autres émergeant des tentes, armés, prêts à en découdre. L'altercation tourna cependant rapidement en notre faveur, avec pour seule blessée de notre côté Kikai, qui s'est faite plaquer au sol par l'un de ses adversaires, ne lui causant que quelques contusions.Un certain Ranrad finit par nous exhorter au dialogue au vu de la tournure que prenaient les choses.
Si dans l'esprit de certains, le seul objectif de ce mandat se limitait à faire partir ces individus de la parcelle de notre mandat, le mien ne s'est pas abstenu de s'interroger vis-à-vis de ces hommes et de leur présence en ces lieux. Je me suis enquis de leur histoire, et celle-ci s'est avérée rapidement bancale à plusieurs égards. Ranrad et ses compagnons nous ont montré leurs poignets marqués par le rouge laissé par le fer les ayant entravés, mais lorsque nous nous sommes interrogés sur leur nature de forçats, l'homme s'est empressé de nier le fait, relatant plutôt une histoire de mutinerie à bord d'une galère noscéenne, sur laquelle lui et ses compagnons étaient sensés y être les geôliers. De ses mots, ils avaient été forcés à prendre les rames avant que leur navire ne naufrage, amenant lui et les siens à venir occuper cette parcelle d'agriculture afin de nourrir leurs compagnons affaiblis et affamés réfugiés dans une grotte en contrebas.
Cependant, leur réticence à recourir à l'aide du Maelstrom et le cri que l'un d'eux avait laissé échapper plus tôt, criant son désespoir de « ne pas vouloir y retourner » nous ont laissés méfiants vis-à-vis de cette version de l'histoire. Nous avons été à deux doigts d'en parvenir de nouveau aux mains lorsque les doutes de certains d'entre nous ont été exprimés, et que Claire tenta de faire croire à Ranrad qu'elle avait d'ores et déjà avisé le Maelstrom de la situation. Toutefois, si nous nous sommes retrouvés encerclés par une quinzaine de ces malfrats, ceux-ci ont rapidement lâché leurs armes. Que ce soit devant la lame gorgée d'éther dégainée par Claire, les projectiles de glace et de terre conjurés par Nessa et N'orrocha, mes lames volantes de pierre ou la grenade lancée par Kikai, il s'avère que ces manifestations intimidantes de nos capacités eurent raison de leur courage.
Le reste du groupe veillant à neutraliser les malfrats, Nessa et moi sommes descendus vers la grotte en contrebas pour y rechercher le restant des compagnons de Ranrad et des siens. C'est un peu plus d'une trentaine de pauvres hères affaiblis, affamés et assoiffés que nous avons trouvés dans l'obscurité, survivants affaiblis du naufrage d'un navire-prison, à bord duquel ils avaient été les galériens, et qu'une mutinerie avait effectivement éclaté. Nessa et moi nous sommes affairés à leur fournir eau et vivre, avant de les faire remonter auprès de leurs autres camarades, pour les livrer à une petite escouade de casaques jaunes venus sur l'appel de Claire.
Remis aux autorités, cette cinquantaine d'hommes et femmes seront jugés en tant que hors-la-loi ayant causé une mutinerie à bord d'un navire du Maelstrom, mais seront tout de même traités tel que la dignité humaine l'exige : soins et nourriture seront accordés à ceux qui ont été le plus affecté par le naufrage du bâtiment à bord duquel ils se trouvaient.