- Cigarette -
Ul'dah, dans un quartier que maman ne recommande pas, 03:00.
Une pièce, exiguë et faiblement éclairée par les pâles rayons lunaires qui se faufilent avec peine entre les lattes du volet.
Un papier peint, arraché, vieilli par le temps, sali par d'étranges tâches aux origines douteuses et inconnues.
Une commode, un lit et une table de chevet. De mauvaise qualité et envahis par de longues trainées de moisissures, les trois uniques meubles composant la sinistre décoration de la pièce semblent figés dans le temps.
C'est sur le vieux matelas humide que deux silhouettes semblent allongées. La faible lueur du ciel, faufillée dans la chambre, dessine sur le mur les formes des corps, créant une sorte de montagne noire. L'une des ombres glisse une main dans l'un des seuls vêtements qu'il lui reste, amenant à sa bouche une cigarette à la contenance douteuse. Ses doigts viennent en presser la pointe pendant un instant, et voilà qu'elle se met à rougeoyer et crépiter.
Pendant de longues minutes, et dans un silence religieux, cette silhouette fumera, jaunissant un peu plus les murs en bois, déjà bien entamés par les anciens locataires de cet endroit.
Plusieurs pas lourds se font alors entendre, là, dans le couloir, derrière la facade sur laquelle est placée la porte.
"Tu crois qu'ils nous ont retrouvé ?" ponctuera la fumeuse en tirant une longue latte.
De nombreux cliquetis se font entendre, la silhouette féminine crachant alors un long filet de fumée avant de froncer les sourcils.
Un.
Deux.
Trois.
Le mur est alors violemment criblé et troué de balles, une véritable gerbe de métal et de flammes traversant le bois qui sépare les deux silhouettes et les cliquetis.
Un hurlement de douleur des plus stridents, du sang, un bruit sourd, puis le silence.
Un long silence.
Enfin des pas, qui repartent de là où ils sont venus.
Si la pièce était dans un état lamentable, elle est maintenant tout bonnement détruite. La rafalle a ruiné les restes de ce qui semble être une chambre d'auberge. Le corps d'un homme gît alors sur le sol, parsemé de trous et de sang. Une expression de douleur, à jamais figée sur son visage ... et la deuxième silhouette, derrière le cadavre qui a alors servi de véritable bouclier humain.
Elle se relève après un instant d'hésitation, toussotant quelque peu. Ses doigts se glissent dans sa courte chevelure de jais, essayant de se recoiffer rapidement. Ses pupilles, de couleur améthyste, viendront balayer le sol, s'arrêtant sur la cigarette perdue dans ce pseudo champ de bataille. La survivante se penche pour la récupérer, et la replacer entre ses lèvres.
"Ouais, je crois qu'ils m'ont retrouvée." , dira Boo, debout face aux volets maintenant en pièces, laissant les cendres de sa clope s'accumuler sur le crâne du corps étalé à ses pieds.