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par Jaghatai Dotharl » 28 déc. 2015, 00:41
Des coordonnées, une suite de chiffres.
L'examen préliminaire du tunnel leur avait permis d'en déterminer la structure générale : Filant dans un axe quasi parfait dans une direction abstraite au nord est, sous le Thanalan, sa direction finale en était cependant inconnue.
Les coordonnées que Gishi avait pu extraire du message codées avait été reportées sur une carte, désignant le trajet longiligne qui selon toute logique, déboucherait aux abords du Thanalan septentrional. Pourtant quelque chose n'allait pas, deux des points s'éloignaient de cette ligne directrice, semblant se perdre en direction du sud est une fois la moitié du trajet parcouru.
Le Maître ne pouvait en tirer qu'une conclusion : L'informateur cherchait à leur indiquer quelque chose d'autre, peut-être une voie d'accès secondaire qui leur permettrait d'échapper à la vigilance de l'empire pour aller et venir à la guise dans leur propre voie de ravitaillement. Mais pour le découvrir, ils allaient devoir reprendre l'entrée proche du Cap Vendouest, au risque de se faire repérer.
Un groupe d'éclaireurs avait été envoyé, Amaria, Deimos et Khorijin, afin d'observer à bonne distance les allées et venues entre le Cap Vendouest et le tunnel dérobé. Une longue attente leur permit de confirmer le maintien des convois aux heures précises qu'ils avaient récupéré lors de leur première exploration, mais aussi la présence d'alarums dans le tunnel pour se prémunir d'intrusions qu'elles soient humaines ou proviennent des tréfonds d'Eorzea. Leur attaque remontait maintenant à quelques semaines et la pression était retombée au sein des forces impériales, mais le doute sur l'origine de la disparition d'une des équipes de convoyage semblait planer, en l'absence de corps et de témoins.
Maintenant ils allaient agir.
Le rendez-vous était donné a Horizon comme précédemment, Jaghatai, Khorijin, Tsubaki, Deimos et la plus récente recrue Chisame, s'étaient réunis au beau milieu de la nuit alors que le calme était retombé sur le village. Chevauchant leurs montures personnelles, ou pour certains de location, ils se rendirent en grand silence vers la baie des vêpres, le seul galop du destrier noir résonnant dans les escarpements de pierre Thalanoises.
Leurs montures laissées à la baie, le groupe emboîta en direction du nord, traversant à nouveau les camps des lames de cuivre et les nombreux portiques menant aux territoires sauvages et au Repos de Parata.
Ils longèrent la paroi à l'opposée du Cap Vendouest, restant dissimulés par l’obscurité, jusqu'à atteindre la Grotte de Gouttelune et s'enfoncer jusqu'à mi cuisse pour les plus petits dans les eaux froides issues de ruisseaux souterrains.
Dénuée de gardes, l'entrée du tunnel souterrain leur faisait face, toujours obstruée par la présence d'un rocher de plusieurs yalms de diamètre. Alliant leurs forces, le Maître et Tsubaki purent le faire suffisamment rouler pour ouvrir un passage et y envoyer le Deimos Malaguld en éclaireur.
Plusieurs mètres en avant, le raen restait en communication par linkperle avec le reste du groupe, signalant de la présence d'alarums installés récemment le long des murs du tunnel. Un câble serpentant le long de ses attaches les reliait entre eux, une lumière rouge s'allumant lorsqu'ils captaient un mouvement : Le raen se tapit en observant ces derniers, avant de décocher un trait magistral sur l'un des boîtiers, la flèche le traversant en s'y plantant. Neutralisé, l'ensemble du groupe put entrer à son tour, alors que le Malaguld répétait son petit jeu avec les boîtiers suivants.
Il réalisa rapidement que son carquois ne suffirait pas et dû se résoudre à tenter d'attacher ses flèches à un câble pour pouvoir les récupérer, en vain. Ajustant sa visée longuement, il opta finalement pour sectionner le câble alimentant les boîtiers, coupant l'ensemble du réseau de sécurité d'un seul trait. L'alarme était neutralisée, mais la panne ne tarderait pas à être remarquée et cela entraînerait certainement l'envoi d'un groupe d'intervention. Ils forcèrent le pas au travers du tunnel précédemment observé, jusqu'à atteindre le point central ou ce dernier commençait à remonter vers la surface.
A l'aide de la carte et des coordonnées, ils rebroussèrent chemin de quelques dizaines de yalms pour faire face à un conduit annexe, d'origine naturelle, qui était à peine obstrué par plusieurs plaques rivetées en hâte. Écartant ces dernières pour s'y glisser, la compagnie fantôme parcourra pas à pas ce qui semblait être une voie naturelle le long de laquelle une gaine métallique courait, à un bon mètre du sol. L'humidité ici était plus forte, aucune plaque de fer impériale ne dissimulant la réalité des rochers ambiants, et ils serpentèrent à la lumière d'une torche pendant un temps incertain en entendant au loin le léger clapotis d'une rivière souterraine.
Au détour du tunnel, ils découvrirent alors ce qui se trouvait au bout de cette gaine métallique : Un portail impérial barrant l'entrée, jusqu'au plafond, d'une petite pièce souterraine. Des grilles de part et d'autre, la herse mobile et son portique étaient flanqués d'une console permettant de s'identifier par le biais d'un code d'accès.
Quelques discussions plus tard, ils optèrent pour la suite de six chiffres dénuée d'explication et fournie dans le message de l'Aigle : 5404924.
Le terminal répondit d'un bip encourageant, avant d'afficher sur son écran : "Bienvenue Fabius Sas Calavius".
Dans un grincement de métal rouillé, la herse s'abaissa pour leur offrir libre passage, dont ils profitèrent après s'être assurés qu'elle pouvait être déverrouillée des deux côtés. Une fois passés, la herse se referma dans leur dos tandis qu'ils continuaient leur exploration de ce territoire inconnu, guidés par le son d'une rivière souterraine.
Après quelques minutes de marche, le tunnel finit enfin par déboucher sur une large pièce souterraine, proche un bon demi malm de long, dont la vision surplombante qu'ils avaient offrait un panorama luxuriant et tout à fait improbable.
Eclairée par la lueur bleutée de champignons tantôt gigantesques et parsemant un bosquet végétal, tantôt suspendus à la voûte de cette colossale pièce souterraine, une rivière souterraine débouchait sur une large étendue d'eau nichée derrière la végétation. Ils pouvaient discerner à la surface de l'eau le froissement causé par une arrivée d'air, sûrement à l'origine du tunnel qu'ils distinguaient à l'opposée de leur position.
Sans d'autres choix sinon rebrousser chemin, la compagnie descendit la pente douce qui menait au bosquet souterraine, marchant sur un tapis de vignes entrelacées couvrant le sol. Alors qu'ils entraient dans ce qui s'avérait être une véritable jungle souterraine, au bourdonnement d'insectes tourbillonnants, Tsubaki aperçut un objet alors qu'elle fermait la marche. En s'approchant, la Domienne constata qu'il s'agissait d'un casque impérial arborant encore les couleurs noir et rouge des soldats, abîmé par la mousse et l'humidité. Le laissant au sol en restant sur ses gardes, ils s'enfoncèrent dans la jungle de lianes et de champignons en surveillant leurs arrières, et leurs avants.
Un mouvement fugace attira l'attention de l'un, ou de l'autre. Il leur sembla un instant qu'on les observait ou qu'on les encerclait, sans que l'intrus ne puisse être identifié. L'astromancienne eu le sentiment d'avoir vu une liane se déplacer, avant de la perdre de vue dans l'épaisse végétation. Préférant alors provoquer un affrontement plutôt que devoir le subir, la décida de hâter les choses : L'archer Malaguld encocha une flèche incendiaire qu'il décocha dans leur dos, la flammèche descendant en courbe avant de heurter le tapis de lianes dans un crépitement.
C'est alors que toute l'apparente forêt souterraine sembla frissonner et trembler. Le tapis de liane oscilla avant de se rétracter d'un seul mouvement vers le centre du bosquet, manquant de les faire chuter alors que les lianes laissaient désormais voir le véritable sol de ce microcosme souterrain : La terre meuble servant de terreau à la végétation était également parsemée d'ossements parfaitement nettoyés, trahissant les restes d'uniformes impériaux. Soudain la présence d'une herse impériale scellant l'accès leur parût tout à fait compréhensible.
Ni d'une, ni de deux, ils s'enfoncèrent arme en main pour charger leur adversaire encore inconnu.
Ils firent front avec un créature abominable, entrelacs végétal de lianes rassemblées entre elles pour former ce qui pourrait être un corps et des pattes, au sommet desquels trônait une fleur d'un rose pâle. Deux grosses tresses de lianes barbelées lui servaient de bras que la chose asséna avec force sur les premières lignes du groupe. Peu versée dans l'art du combat, elle essuya des déconfitures face aux armures lourdes de Jaghatai et Tsubaki, laissant néanmoins des piquants barbelés entre les plaques de protection, chaque assaut ne laissant pas ses victimes totalement indemnes.
Ils combattirent comme des lions, affrontant l'abomination en arrachant lianes sur lianes sans sembler l'atteindre réellement. Alors que le Malaguld cherchait à fournir de l'éclairage à son équipe, une des grosses lianes le souffla d'un revers en lui faisant perdre sa torche. Décontenancé, il décocha plusieurs traits en direction de la fleur qui finît par s'ouvrir en dévoilant un visage grotesque et déformé, hurlant un seul silence envers ses adversaires. Combattant avec volupté et souplesse, la Dotharl armée de sa lance "Serre-noire", spécialement conçue par les Axiomes, peinait à blesser l'adversaire au même titre que le Maître, dont ni l'épée ni la magie noire ne semblaient faire un quelconque effet. L'astromancienne prodiguait des soins et soutenait ses alliés, tandis que la Domienne semblait faire de son coté un bilan plus brutal du tranchant de sa hache, tailladant tant qu'elle pouvait.
Après des blessures aussi nombreuses d'un coté comme de l'autre, les lianes extérieures les plus dures finirent par gésir au sol, libérant plus de manœuvre aux combattants qui firent court de la créature, l'abattant finalement d'attaques conjointes. S'effondrant au sol, la fleur fana presque dans l'instant, le visage grotesque flétrissant en tombant au sol, détaché de sa base.
Affairée au rétablissement des blessures tandis les combattants retirèrent les échardes de leurs cuirasses, Chisame prit soin de rétablir les différents protagonistes avant qu'ils ne continuent sans un regard vers la créature, quittant finalement le bois pour longer le lac souterrain par une de ses rives. Ils atteignirent le tunnel intriguant d’où semblait s'échapper un vent tiède.
Le tunnel plus sec, remontait en serpentant vers la surface a mesure que la température augmentait, et ils finirent par déboucher à l'aube sur un panorama désertique inconnu. Un examen des lieux, et la vue d'une voie de chemin de fer a quelques Malms de distance, leur signala la proximité du réseau de Roncenoire. Exténués mais soulagés, ils marquèrent l'entrée du tunnel d'un linge coloré calé sous une pile de pierres plates pour pouvoir le retrouver aisément, tandis qu'ils se préparaient à une bonne heure de marche sous le soleil naissant.
L'expérience fût inattendue, mais ils avaient triomphé, et surtout : Désormais, ils pourraient accéder à la voie de ravitaillement impériale librement, à condition que leur passage ne soit pas découvert.
De son pas lourd et sonore, le Maître marcha en direction des structures à peine visibles, entouré de la compagnie fantôme.