[Chronique] Les soeurs éternelles

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Message par Eternelle » 10 août 2016, 01:08

Il neigeait sur Ishgard. Alors qu’un vent glacé balayait les flocons contre la fenêtre de sa chambre, Arhae contemplait la neige qui glissait et fondait le long de la vitre. Son visage était gracieux, lumineux, mais profondément triste. Elle semblait préoccupée, pensive. Son regard était absent.

La jeune femme se remémora des souvenirs qui lui paraissaient flous, presque irréels. Tant d’années s’étaient écoulées depuis son arrivée au manoir, au point qu’elle en avait quasiment oublié son village d’origine. Elle avait dormi trop longtemps. Ce qui restait certain, c’était l’animosité qu’elle éprouvait pour le Coerthas. Elle détestait vivre ici. La nature était morte et les gens ne vivaient que pour se battre. Rien ne lui plaisait, tout la poussait à partir.

Le souvenir d’un parfum lui réchauffa le cœur. Elle aurait aimé pouvoir le sentir à nouveau. A quoi ressemblait la Noscea maintenant ? La brume tiède recouvrait-elle toujours les rives du lac d’Airain ? Elle se plu à le croire, sans pourtant pouvoir l’affirmer. La hyuroise soupira tristement, debout près de la fenêtre, un châle sur les épaules, en rêvant d’aventures.

Peut-être Mère la laissera-t-elle partir ? Peut-être qu’en l’implorant suffisamment, celle-ci cédera et la libérera de cette lugubre demeure ? Arhae l’Eternelle se tourna doucement vers la porte, laissant le châle glisser délicatement le long de son dos pour tomber sur le parquet. Son visage s’illumina davantage : l’audace remplaça la tristesse. C’était décidée : elle irait voir Elaine pour la convaincre.

Sans attendre, la jeune fille pressa le pas. Elle quitta sa chambre pour s’engouffrer dans un couloir. Sa démarche aérienne combinée aux mouvements de sa robe donnait l’impression qu’elle lévitait. Elle fût si impatiente qu’elle en courait presque. Elle tourna à un croisement, puis à un autre, avant de s’arrêter devant une porte sombre et majestueuse. Là, Arhae hésita. Ce que cachait cette porte semblait lui faire peur. Elle resta figée un instant, comme paralysée. Enfin, dans un grincement sourd, la belle l’ouvrit et disparut dans la pénombre de la pièce.

La chambre d’Elaine Brumdelain était obscure et ténébreuse. Une aura malsaine et oppressante émanait de ses murs. La décoration, jadis somptueuse, n’était plus que poussière et débris. L’endroit était sinistre. Au centre de la pièce, parmi les décombres, se tenait un trône surélevé, orné de drapés soyeux et de dorures. C’était le seul meuble qui n’avait visiblement pas souffert de négligence.
Arhae s’avança timidement en regardant nerveusement de gauche à droite pour détecter la présence de sa mère. Il n’y avait personne.

Forcée de constater que la matriarche n’était pas là, la hyuroise fit marche arrière. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, son attention se porta sur une vitrine qui, elle aussi, semblait intact. Piquée par la curiosité, la jeune femme s’approcha pour analyser son contenu. Derrière les vitres scellées se tenaient trois objets qui l’intriguèrent. Arhae regarda d’abord l’épée qui paraissait ancienne, puis elle détourna les yeux vers un miroir argenté. Une pierre précieuse scintillait en son centre. Lorsque la belle tourna une nouvelle fois le regard, tout son intérêt se concentra sur une fleur. Une rose d’un blanc immaculé. Elle plissa légèrement les yeux pour l’analyser plus attentivement. Pensive, elle posa délicatement le bout de ses doigts fins sur la vitre. Des bribes de souvenirs lui revenait alors. Des flashs, flous et saccadés. Cette rose lui rappelait quelque chose… mais quoi ?

- Tu ne devrais pas te faufiler ainsi, cela est indiscret. Déclara soudainement une voix sortie des abysses.

Elaine Brumdelain était apparue sur son trône. Elle avait l’allure digne et impériale. Un sourire mauvais se dessinait sur son visage bleuté. Sur son front dégagé étaient incrustées six perles étincelantes. Leur couleur se mariait avec son regard, si bien qu’on aurait dit quatre paires d’yeux alignées les unes en dessous des autres. Comme une araignée.
Arhae l’Eternelle s’inclina maladroitement. Se trouver face à sa mère la rendait particulièrement vulnérable et étourdie. Comme une proie.

La jeune fille se dirigea alors vers le trône et prit son courage à deux mains. Elle dévoila son souhait de retourner en Noscea et quitter définitivement le Coerthas. Elaine resta impassible, rien ne laissait deviner ce à quoi elle pensait.

- Mère, voici déjà plusieurs soleils que nous sommes éveillées. Anghario, Oriena et moi devons retourner chez nous. Je vous en conjure, laissez-nous partir ! Implora Arhae en joignant ses mains l’une à l’autre.
- Allons, mon tendre enfant, penses-tu que je pourrais vous retenir ici contre votre grès ? Me prendrais-tu pour un tyran ?

Elaine se releva et s’approcha de sa fille. Elle tourna autour d’elle lentement, tout en lui parlant, obligeant Arhae à pivoter la tête pour lui répondre. Le prédateur jouait avec sa proie.

- Si je vous garde ici, ce n’est que pour votre sécurité…
- Notre… sécurité ? Répéta la jeune fille, naïve et intriguée.
- Comment ? Ombeline ne t’a donc rien appris ? Le 7eme Fléau a ravagé tout Eorzéa. Il ne reste plus rien, sauf Ishgard. Les forêts sont en cendres, les déserts sont gelés et ta précieuse île s’est faite submergée par les flots.

Le sourire mauvais de la matriarche s’élargit. Elle était à la fois douce et malveillante. Sa voix résonnait dans toute la pièce. Le visage d’Arhae se décomposa. Une détresse intense l’envahit brusquement.

- Non… Non, cela est impossible ! J’ai vu ces aventuriers, dehors. Il y a tant d’étrangers !
- Des sauvages ! Les peuples vivants en dehors du Coerthas sont des tribus nomades qui ne jurent que par la chasse et l’argent facile. Ce sont des mercenaires avides de richesses, je t’interdis formellement de les approcher ! Maintenant, hors de ma vue !

Les yeux d’Arhae l’Eternelle s’embuèrent. L’annonce de cette nouvelle lui brisa le cœur, la laissant meurtrie face à une Elaine satisfaite. Elle quitta alors l’horrible chambre, à la hâte et cachant entre ses mains les larmes de son désespoir.

Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.
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Message par Eternelle » 12 août 2016, 03:25


Le sol grinçait. Les rideaux étaient ternes, vieillis, et les meubles étouffaient sous une épaisse couche de poussière. Une odeur de renfermé et d’humidité embaumait entièrement la demeure familiale. Tout était délabré. Tout, sauf les tableaux. Les toiles étaient intactes, voire même entretenues. C’est comme si l’art avait gagné une guerre qui l’opposait au reste du manoir.
Ces œuvres étaient diverses et variées, mais la plupart avait un point commun : la représentation de trois jeunes femmes aux cheveux cendrés. Elles étaient gracieuses et élégantes, mais leurs visages restaient définitivement fermés, froids, stricts. Ces toiles ne respiraient en rien la gaieté.

Alors qu’elle errait tristement dans un couloir, Arhae passa devant ces tableaux qui la représentaient. Elle ne daigna même pas leur adresser un regard. Elle s’en fichait.

- Quel idiot ! Quelle effronterie !

Arhae l’Eternelle releva soudainement la tête, intriguée par l’écho d’une voix familière. Elle accéléra et pénétra dans l’immense et glacial hall d’entrée. En descendant l’escalier central, elle analysa la scène avec intérêt. Anghario, Oriena et un garde (qui semblait mal-à-l’aise) encerclaient un chocobo au plumage d’un mauve nuancé. L’aînée des sœurs paraissait contrariée pendant que l’autre pouffait d’un rire amusé.
En s’approchant davantage, Arhae constata que l’animal avait un ruban noué autour du cou.

- Quelque chose ne va pas ? Dit-elle pour annoncer sa présence.
- Haulgeret de Filmangoix lui a offert un chocobo… Ce type est du genre coriace on dirait ! Chuchota Oriena à la benjamine, un sourire moqueur toujours collé aux lèvres.
- Il n’y a rien de drôle, Oriena. Cet avorton ne cesse de me harceler ! Sérieusement, que veut-il que je fasse d’une… bête pareille ? Gronda Anghario, un regard noir rivé vers le chocobo.

Arhae vint doucement près de l’animal. Elle lui caressa le bout du bec délicatement, d’un geste tendre et chaleureux. Cette dernière capta son attention et parvint à l’apaiser face à la colère de son aînée. Tous deux partagèrent alors un moment précieux, inespéré, comme une sorte de connexion. A cet instant, leur solitude avait disparu. Ils étaient là, l’un pour l’autre. Le chocobo piailla amicalement et le visage d’Arhae s’illumina d’une joie sincère.
En observant la scène, Anghario se radoucit légèrement. Elle se rapprocha de sa benjamine en gardant une certaine distance avec le volatile.

- Il semblerait qu’il s’agisse d’une femelle… Elle t’apprécie, on dirait. Peut-être devrais-tu la garder ? Je n’en aurais aucune utilité de toute façon.
- Vr-vraiment ? Oh, merci ! Merci infiniment ! Bafouilla Arhae, émue et reconnaissante.

La jeune fille congédia le garde et dirigea l’animal vers la sortie du manoir. Les écuries étaient, de toute évidence, un endroit plus approprié. Avant de disparaître vers l’extérieur, l’aînée rappela sa soeur. Arhae se retourna donc, le regard interrogateur.
Anghario prit un ton grave et solennel. Elle avait la faculté d’asseoir son autorité d’un simple mot. L’air sérieux et moralisateur, elle déclara:

- J’ai eu vent de ta dernière entrevue avec Mère. Les aînés sont sages. Ils sont nos guides, ceux qui nous montrent la voie à suivre. Ne remet jamais en doute la parole d’une mère, surtout lorsque tu es l’enfant. Fais-en sorte que je ne te le redise pas, compris ?

La benjamine hocha honteusement la tête, embarrassée par cette leçon de morale imprévue. Enfin, elle sortit en silence, accompagnée de sa nouvelle amie.

- Lady… Je t’appellerais Lady.

Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.
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Message par Eternelle » 14 août 2016, 20:07


- Vous m’avez menti !

La porte s’ouvrit si brusquement qu’elle vint se cogner contre le mur. Arhae pénétra dans la sinistre chambre d’Elaine Brumdelain, l’air furieux et indigné. Le pas vif, elle s’avança vers le trône où siégeait sa mère. Son regard de biche effarouchée ne lui laissait, hélas, aucune crédibilité.
Elaine, elle, semblait sereine. Comme à son habitude, celle-ci était assise élégamment. Elle avait l’air impérial, presque dominateur. Elle ressemblait à une méchante reine, comme celles décrites dans les contes. Sa longue et sombre robe traînait par terre, donnant à ses jambes l’impression d’être interminables. Sur son front, les six perles incrustées brillaient de tout leur éclat.

- Vous m’avez menti ! Vous m’aviez dit que le 7ème Fléau avait tout ravagé ! Qu’il ne restait plus rien sauf Ish… Commença Arhae.
- Tes conversations avec Rivienne de Fauchetemps deviennent pour le moins dérangeantes, mon enfant. Penses-tu que je ne le savais pas ? Coupa la matriarche, le ton accusateur.

La jeune fille se tût et baissa machinalement la tête d’un air coupable. Comment sa mère pouvait-elle savoir que Rivienne était la source de toutes ces révélations ? Face au désarroi de sa fille, Elaine esquissa un sourire satisfait. En une simple phrase, elle reprit l’ascendant. Elle se leva lentement de son trône, descendit les quelques marches qui la surélevaient, contourna soigneusement sa fille pour, enfin, s’arrêter devant la vitrine qui renfermait les trois mystérieux artefacts. Son regard resta figé sur les objets un long moment.

- Dame de Fauchetemps est une vieille femme rustre et rancunière. Une femme qui a vu sa famille mourir prématurément. Le désespoir l’a rendu déraisonnable. Je te conseille vivement de ne plus l’approcher.
- Mais… Mère, vous aviez dit qu…
- Je sais ce que j’ai dit ! S’emporta Elaine.

La matriarche reprit son calme. Elle détourna son attention d’Arhae et ouvrit les portes de la vitrine précédemment scellées. De là, elle délogea la Rose immaculée en la tenant avec une extrême délicatesse. Cette rose, qui semblait si familière aux yeux de la jeune hyuroise, était d’un blanc éclatant. Pas un défaut, pas un grain de poussière, ne venait entacher la beauté de cette fleur si pure. Aux mains de la vicieuse Elaine, elle paressait presque en danger.

- Vois-tu ces objets, ma douce enfant ? Si je les garde aussi précieusement, c’est parce qu’ils me font penser à vous. Cette épée, juste ici, a été forgée pour Oriena l’Eternelle. Elle est tranchante et raffinée, à l’image de sa porteuse. Ce miroir, à côté, me rappelle Anghario l’Eternelle. L’élégance dans sa plus digne représentation… Et là, juste sous nos yeux, te voici. Arhae l’Eternelle, la douce et fragile Rose immaculée.

Elaine regardait sa fille puis la rose à tour de rôle. Son sourire mauvais trahissait l’aisance avec laquelle elle manipulait sa proie. Arhae semblait presque envoûtée. Elle fixait la fleur sans cligner, muette et soumise face au discours de sa mère.

- Ainsi, je te le demande : crois-tu qu’une si petite, si minuscule, fleur pourrait parcourir le monde sans se faner ? Crois-tu que personne ne convoiterait sa beauté ? Dehors, les gens sont cruels et égoïstes. Ces aventuriers ne t’aideront pas. Voilà pourquoi il te faut rester près de moi. Je suis la seule qui connaisse ta véritable valeur.

Arhae se terra un peu plus dans son silence. Elle posa une main sur son cœur, triste et résignée. Elle voulait quitter la ville, retourner chez elle, plus que tout au monde. C’était son rêve le plus cher. Cependant, il fallait être réaliste : elle ne pourrait pas voyager seule, sans ressources, sur un continent qu’elle ne connaissait pas. C’était imprudent.
La belle s’excusa alors en s’inclinant gracieusement pour prendre congés. Son visage angélique se ternit d’un voile morose. Elle quitta ensuite la pièce, laissant Elaine une nouvelle fois victorieuse…

Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.
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Message par Eternelle » 17 août 2016, 04:41


Tapit dans la pénombre de sa sinistre chambre, Elaine Brumdelain semblait épuisée. Elle était avachie sur son trône, l’air inhabituellement essoufflé et las. Comme si elle s’était vidée d’une partie de son éther. Accoudée lourdement sur son siège, la matriarche se massait la tempe dans un silence glauque. Les six perles incrustées sur son front brillaient d’une faible lueur, telle une flamme sur le point de s’éteindre. Elle donnait l’impression de s’être battue.

Un grincement de porte annonça l’arrivée d’Anghario. L’aînée des sœurs éternelles approcha doucement de sa mère, le pas franc et aérien. Sa longue robe rouge-sang ondulait au rythme de sa démarche. Ses épaules et son cou étaient découverts, donnant au vêtement un côté sensuel en plus d’être élégant. Le tout était cintré, sur-mesure, et accessoirisé d’une magnifique paire de boucles d’oreilles en diamants étincelants.
Elle s’inclina enfin d’une grâce qui lui seyait à merveille.

- Vous m’avez fait appeler, Mère ? Demanda la fille, le ton solennel.

Elaine resta muette un instant, toujours occupée à se masser les tempes comme pour chasser une mauvaise migraine. Anghario resta statique, droite et impassible en attendant une réponse. Elle fixait sa mère, la tête haute en ne laissant transparaitre aucune émotion. La matriarche répondit enfin :

- Arhae nous cause des problèmes. Sa fascination pour le monde extérieur l’a poussé dans les bras de tentateurs perfides et cupides. Il y a ce couple de limséens et cet entrepreneur… Raw Ravast… Des insectes !

Elaine toussa longuement. Elle marqua une pause puis tenta de se lever. Les quelques chandeliers allumés crépitaient et lui donnaient, une fois debout, l’air menaçant. Un jeu d’ombres et de lumières se reflétait sur son visage diabolique. Si la scène intimidait Anghario elle n’en montrait aucun signe.

- Ce crétin lui a offert un collier lui permettant d’utiliser les flux éthérés ! Je le sais car elle l’a déjà utilisé, je l’ai ressenti… Je le subis. Cette petite ingrate vagabonde maintenant à sa guise, je ne peux le tolérer ! Je veux que tu la surveille, que tu lui donnes l’impression d’être amicale. Je veux que tu lui fasses avouer et lorsque cela sera fait, je veux que tu lui arrache ce collier comme on arrache les pétales d’une rose! Rivienne, Ravast, les limséens... Je veux qu'elle soit l'instrument qui les anéantira tous ! Cria-t-elle, sa voix résonnant dans l’écho d’un orage.

Le visage neutre et imperturbable d’Anghario bougea enfin. La belle semblait soudainement perturbée. Son cœur et sa raison s’opposaient en elle, dans un affrontement insupportable, où seul l’un sortirait vainqueur. Piéger sa sœur ? En serait-elle capable ? Elle qui ne montrait jamais le moindre signe de faiblesse, voilà qu’elle devait faire face à son talon d’Achille. Alors que sa plus grande satisfaction était d’être respectée, elle s’apprêtait à faire quelque chose de profondément d’irrespectueux. Le devoir devait-il toujours passer avant les sentiments ? C’était un choix cornélien.
Le tourment d’Anghario fut à peine perceptible. Celle-ci releva la tête en reprenant son air détaché, comme si de rien n’était.

- Bien, Mère.

La matriarche autorisa sa fille à prendre congés. Cette dernière ne se fit pas prier et s’inclina une nouvelle fois pour clore la conversation. La hyuroise quitta la pièce, laissant Elaine à ses sombres pensées. Son regard se posa machinalement sur la mystérieuse vitrine, où reposaient les trois artefacts.

- Ces vautours ne me voleront pas l’immortalité… La Promesse éternelle doit perdurer. Il en va de notre survie à toutes.

Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.
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Re: [Chronique] Les soeurs éternelles

Message par Eternelle » 18 sept. 2016, 03:22


Le soleil se levait sur Ishgard. Teinté de lumière, le manoir Brumdelain dévoila comme chaque jour sa piteuse apparence. Les premiers rayons filtrèrent à travers les vitraux colorés et vinrent illuminer l’une des chambres. L’endroit était décoré avec goût. Le lit à baldaquin était orné d’or et de voiles satinés aux couleurs chatoyantes. Les meubles en bois massif avaient des moulures fines qui ajoutaient du détail là où la somptuosité était déjà évidente. La baie vitrée qui tenait une place centrale dans la pièce donnait sur un balcon majestueux, offrant une vue impériale sur la cité.

Assise élégamment face à sa coiffeuse, Anghario peignait sa longue chevelure argentée d’un air pensif. Bien que le jour venait de se lever, celle-ci était déjà bien apprêtée. Comme à son habitude, la ravissante hyuroise portait une robe de créateur, faite sur mesure. Le vêtement était cintré et sublimait ses courbes harmonieuses sans pour autant la rendre vulgaire. Le bas, quant à lui plus évasé, apparentait son allure à celle d’une sirène. Elle était, comme toujours, gracieuse et sensuelle.

Alors qu’elle continuait à coiffer ses cheveux qui étaient déjà impeccablement raides, Anghario se remémora les dires de sa mère lors de leur précédente entrevue. Son tourment ne l’avait pas quitté. Quels étaient les pouvoirs de ce mystérieux collier que Ravast avait offert à Arhae ? Pourquoi leur mère voulait-elle tant le récupérer ? Qu’avait-elle derrière la tête ? Ces questions restaient pour l’instant sans réponses dans l’esprit d’Anghario mais ce dont elle était sûre, c’est qu’elle ne tolérerait jamais que l’on puisse faire du mal à l’une de ses sœurs. Sa décision était prise : elle ne trahirait pas sa benjamine.
L’aînée se leva enfin, le regard déterminé, et s’éloigna doucement de la coiffeuse. Elle s’approcha de la baie vitrée et l’ouvrit d’un geste assuré avant de se rendre sur l’immense balcon qui surplombait la ville. Enfin, elle s’arrêta devant la rambarde et observa quelques instants la foule en contrebas. De là, la jeune femme parvenait aisément à apercevoir l’aérodrome et le collège d’astromancie.

Soudain, on toqua à la porte de la chambre.

- Entrez. Répondit stoïquement Anghario, sans avoir détourné son regard du paysage.

Au signal, la porte s’ouvrit, dévoilant la silhouette juvénile d’Arhae. Cette dernière s’avança timidement, comme si elle redoutait sa propre maladresse. Une fois sur le balcon, elle s’inclina gracieusement devant son hôte, faisant virevolter son jupon de gauche à droite d’un geste aérien.

- Bonjour ma sœur, tu souhaitais me parler ?
- En effet. Approche-toi…

Arhae avança donc près de son aînée jusqu’à arriver à son niveau. Debout devant la rambarde, la benjamine resta stupéfaite un instant devant la beauté du panorama. Vu d’en haut, les ishgardais paraissaient minuscules. La jeune fille sourit légèrement en regardant la foule dynamique et insouciante. De son côté, Anghario avait la mine plus sombre. Elle avait l’air préoccupée.

- Te souviens-tu des leçons que je t’ai enseignées ? Une dame du monde se doit d’avoir des valeurs honorables. Des valeurs qui feront d’elle une femme d’exception. Respecter la tradition est cruciale pour s’intégrer dans la haute-société… Mais nous savons toutes les deux que nous n’en faisons, en réalité, pas partie. Dit l’aînée, un sourire étonnamment complice vers sa sœur.

Alors qu’Arhae s’était préparée à écouter une énième leçon de morale, elle fut surprise de constater que le discours semblait différent aujourd'hui. C’était bien la première fois depuis leur éveil qu’Anghario assumait clairement ses origines roturières. Un peu déstabilisée, la benjamine resta silencieuse.

- Ce monde… n’est pas le nôtre. Je crois qu’au fond de moi, je refusais de me l’avouer. Toutes ces choses que je t’ai répétées… Respecter ses aînés, obéir aux ordres… Toutes ces choses… Tu dois les oublier.
- C-comment ? Mais enfin, Anghario, je ne comprends pas… Bafouilla Arhae, interloquée par les propos presque délirants de sa sœur.

Anghario l’Eternelle se tût un moment en se plongeant une nouvelle fois dans ses réflexions. Tenir ce genre de discours ne lui ressemblait guère et, au vu de sa mine tourmentée, on devinait qu’il s’agissait bien d’un effort difficile à supporter. Néanmoins, elle reprit.

- J’ai toutes les raisons de croire que Mère manigance quelque chose… Quelque chose qui pourrait causer du tort à certains de tes amis. Ce collier que tu portes autour du cou, elle souhaitait que je te le prenne… Je sais ce qu’il te permet de faire. Et Mère aussi. Voilà pourquoi cette affaire m’inquiète tant.

Le visage d’Arhae l’Eternelle se décomposa doucement au fil des mots. Elle baissa la tête machinalement d’un air coupable et regarda le fameux collier que Ravast lui avait offert quelques jours plus tôt. Le cristal scintillant qui pendait au bout de la chaînette ressemblait à s’y méprendre à une éthérite miniature. Elle le serra entre ses mains délicates, d’un geste protecteur. Anghario, elle, fixait l’objet d’un œil froid et méfiant.

- Ne t’inquiètes pas, je ne compte pas t’en dérober. J’ai décidé de désobéir volontairement à cet ordre et d’en payer les conséquences. Mais pour que cette décision ne soit pas vaine… Il te faut quitter la ville.
- Qu-quitter la ville ? Tu veux dire que… Commença la benjamine, allant de stupéfaction en stupéfaction.
- Oui, tu dois fuir. Lorsque Mère apprendra que j’ai désobéi, elle sera furieuse. Elle cherchera à te nuire et je ne peux le tolérer.
- Mais… Et vous ? Je ne peux me résoudre à partir sans Oriena et toi !
- Il me faut rester ici. Quelqu’un doit surveiller les agissements de Mère. Oriena et moi allons enquêter sur ses réelles intentions afin de parer à toute éventualité. Continua Anghario, le ton plus catégorique.

Les yeux d’Arhae s’embuèrent. Bientôt, de fines larmes perlèrent le long de ses joues roses. Elle pleura, joignant ses mains l’une à l’autre pour implorer sa sœur. L’idée de les abandonner lui parut insupportable, au point qu’elle cria presque son désespoir. Elle qui rêvait depuis si longtemps de quitter cette satané cité, voilà que l’opportunité lui paraissait amer. Face à la hyuroise, l’aînée se montra froide, impassible. Cette dernière pouvait, en une seconde, sauver la vie de sa sœur et être pour autant incapable de l’étreindre.

- Anghario, je t’en prie ! Laisse-moi rester ! Je n’aurais pas la force d’affronter cela sans vous ! Sanglota Arhae.
- Je t’ai déjà répondu : cela est impossible. Tu dois t’enfuir tant qu’il en est encore temps… Allez, va-t’en !
- Non ! Je ref…
- VA-T’EN ! Cria soudainement la jeune femme d’un air menaçant, excédée.

Arhae se figea dans un mélange de crainte et de désarroi. Ayant visiblement compris que son aînée ne changerait pas d’avis, elle fut envahie par un sentiment d’impuissance qui la désempara. La belle sortit donc de la chambre à la hâte, sans même dire adieu, cachant ses pleurs entre ses mains.
Anghario, elle, resta statique. De nouveau seule sur le balcon, celle-ci scruta l’horizon, se préparant à la guerre qui approchait…


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Re: [Chronique] Les soeurs éternelles

Message par Eternelle » 21 sept. 2016, 11:49


Le ciel s’assombrit sur la Sainte Cité, ne laissant pour seules lumières que la lueur des étoiles et le faisceau des réverbères. La nuit plongea les rues dans une pénombre oppressante et ténébreuse. Pas un bruit, ni même le bourdonnement d’une mouche, ne vint briser le silence glacial qui pesait sur la ville. Seuls quelques gardes effectuaient encore leur ronde autour du périmètre auquel ils avaient été affectés.

Soudain, une silhouette énigmatique émergea de l’obscurité. Vêtue d’une longue cape noire, l’individu semblait vouloir passer inaperçu. Il rasait les murs avec vigilance en veillant à garder le visage couvert par sa large capuche. Arrivé à l’Arc des Vénérables, ce dernier glissa un regard furtif derrière le muret qui le dissimulait. La voie était libre. Il courut donc en direction des escaliers menant à l’Assise et s’arrêta de nouveau près de la place Saint-Valeroyant.
L’emplacement du Palais de l’ordre du Temple était bien trop proche et assurait l’abondante présence des soldats qui patrouillaient dans le quartier. Le fugitif dû alors redoubler de discrétion. Il longea la place dans l’ombre des bâtiments en se cachant derrière chaque pilier. Sa respiration devint haletante et ses pas plus hésitants. L’angoisse d’être découvert était à son paroxysme. En s’approchant dangereusement de l’entrée du Chevalier Oublié, il aperçut le pont reliant l’endroit à la Brouillasse. Il s’engagea donc dans cette direction quand brusquement…

- EH ! Toi, là-bas ! Cria un garde en pointant le mystérieux inconnu du doigt.

Ce fut la panique ! L’étrange silhouette courut rapidement vers la passerelle, dévoilant sa position à toutes les autorités environnantes. La course poursuite commença.
Très vite, une poignée de soldats suivit le fugitif jusqu’aux bas quartiers. Dans sa hâte, ce dernier laissa tomber son capuchon et révéla son identité malgré lui. C’était Arhae. La jeune fille courut à grandes enjambées en tentant de semer ses poursuivants. Sa condition physique était nettement inférieure à celle des gardes si bien qu’ils parvinrent rapidement à la talonner. La belle voyait déjà sa fin arriver, impuissante.

Plongée au cœur de la Brouillasse, la course fit du vacarme. Les cris et les menaces des assaillants perçaient la quiétude des lieux et créèrent la surprise générale. Arhae, elle, avait l’air d’une demoiselle en détresse sur le point d’être embrochée. Elle zigzagua de gauche à droite, d’une ruelle à l’autre, prenant des virages serrés et évitant les obstacles avec une agilité insoupçonnée. Enfin, à bout de souffle, la belle s’arrêta finalement, épuisée. Elle regarda le ciel, les yeux brillants, en entendant l’écho des traqueurs qui approchaient. Elle avait touché la liberté du bout des doigts. C’était fini.

- Dame Arhae ! Courrez, nous allons les retenir !

La hyuroise tourna la tête en sursautant. Une bande de jeunes élézens se tenait à sa droite. Elle en reconnaissait quelques-uns. Son soutien envers les habitants des bas quartiers était connu et apprécié. Elle avait eu, au fil de ses nombreuses visites, l’occasion de sympathiser avec les nécessiteux. Quand elle ne les soignait pas, elle leur distribuait de la nourriture et des vêtements. Jamais elle n’avait imaginé qu’un jour sa soupe lui voudrait d’être sauvée.
Arhae hésita. Elle ne pouvait se résoudre à laisser ces enfants se battre pour elle. Néanmoins, le danger approchait et l’air confiant de ses alliés la conforta dans l’idée qu’ils s’en sortiraient indemne. Elle hocha donc la tête vers eux, la mine profondément meurtrie, et s’enfuit.

Le bruit lointain des armures caillassées serra d’émotion le cœur de la jeune femme. L’aide des citadins avait été efficace : on entendait plus le moindre bruit. Ainsi, Arhae s’enfonça davantage dans la Brouillasse sans ralentir. Arrivée finalement à bon port, elle s’avança vers une silhouette familière qui l’attendait devant une arche délabrée. Il s’agissait de sa gouvernante, une parente de sa chère amie Yuuka Kusakari, qu’elle surnommait «Mamy» affectueusement.
Arhae l’Eternelle vint instinctivement joindre ses mains à celles la vieille femme, les yeux embués et la voix tremblante.

- Merci… Merci de faire tout cela pour moi.

Mamy lui sourit avec bienveillance, le regard rassurant. Elle désigna ensuite l’arche qui se tenait à proximité.

- Par ici tu trouveras un passage méconnu qui t’amènera en dehors de la cité. Sois prudente néanmoins… Car au-delà de cette porte nous ne pourrons assurer ta sécurité.
- «Vous» ? Répéta Arhae, intriguée.
- Oui, «nous». Tu ne pensais quand même pas partir sans me dire au revoir ? Dit une voix sortie de l’ombre.

Oriena apparut soudainement derrière sa sœur, accompagnée de Lady, le chocobo violet. Comme à son habitude, la cadette arborait un air fier, presque arrogant, et marchait avec une assurance chevaleresque. Elle tapota la tête de la benjamine d’un geste tendre puis posa son regard sur le chocobo qu’elle tenait fermement.

- Ton piaf n’arrêtait pas de s’agiter. Il me cassait tellement les oreilles que je l’ai amené. Je pense qu’il te sera utile, dehors…

Arhae s’approcha de Lady et lui caressa délicatement le bout du bec. Elle sourit, le visage lumineux, et vint enlacer sa sœur par la suite dans un élan d’émotion. Toutes deux restèrent silencieuses un moment, plongées dans les bras l’une de l’autre.

- J’aimerais tant que tu viennes avec moi… Cela me semble si dur… Sanglota la benjamine, la tête collée contre la cuirasse de sa sœur.
- C’est impossible, tu le sais déjà… Anghario et moi sommes des femmes fortes. Nous savons faire face aux difficultés. Un jour, tu seras forte aussi… Mais pour ça il faut que tu t’entraînes seule. Répondit Oriena l’Eternelle, en se détachant de sa sœur.

Le cœur brisé, Arhae n’eut d’autre choix que d’acquiescer. Elle empoigna les rênes de Lady et se dirigea doucement vers l’arche, la tête baissée et l’air abattu. La belle s’arrêta au niveau de l’entrée du passage et posa une main sur sa poitrine en fermant les yeux. Elle les rouvrit ensuite, les joues perlées de larmes, et se retourna vers Mamy et Oriena.

- Je vous en prie, veillez sur Dame de Fauchetemps. Elle est mon amie et je ne veux pas qu’elle se sente seule…

Les deux femmes hochèrent la tête en signe d’approbation. Arhae resta figée un instant, comme pour retarder l’échéance. Enfin, elle reprit sa route et quitta pour toujours Ishgard… Laissant derrière elle ses proches et ses regrets.


Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.

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Re: [Chronique] Les soeurs éternelles

Message par Eternelle » 02 oct. 2016, 17:34


Le Thème d'Elaine

Les jours qui suivirent la fuite d’Arhae plongèrent le manoir Brumdelain dans une terreur inavouée. En apprenant la nouvelle, Elaine Brumdelain était entrée dans une rage folle et destructrice. Cette étonnante réaction provoqua un sentiment d’insécurité sur l’ensemble de la demeure. Tous craignaient de subir le courroux de la matriarche mais personne n’osa déserter l’endroit. La tension était palpable.

Postés devant la chambre d’Elaine, les deux gardes chargés de surveiller le passage avaient l’oreille collée contre la porte. A l’intérieur, on pouvait entendre un bruit sourd suivi de nombreux fracas. Les deux hommes se regardaient simultanément en frissonnant. Malheureux serait celui qui oserait franchir cette porte. Soudain, quelqu’un toussota derrière eux.
En se retournant, ils aperçurent la silhouette élancée et sophistiquée d’Anghario qui ne se cachait pas de les juger allégrement du regard. Le visage rouge de honte, les soldats se redressèrent et vinrent se remettre à leur place, libérant le passage à la jeune femme qui releva la tête avec mépris. Cette dernière s’engouffra donc dans la pénombre de la chambre et disparut derrière la porte.

La pièce était encore plus saccagée qu’à l’ordinaire. Les nombreux morceaux de verres qui jonchaient le sol et les quelques chaises démembrées laissaient deviner qu’Elaine avait déchargé sa colère contre le mobilier. Elle se tenait debout, essoufflée, devant la vitrine qui renfermait les trois artefacts des Muses d’Airain. La beauté et la finesse de chaque objet se révélaient chaque jour un peu plus. Ils ressemblaient à un trésor jalousement gardé.
Anghario resta immobile un instant. Ses yeux bleutés se posèrent naturellement vers le Miroir d’Argent qui trônait au centre de la vitrine. Puis, elle s’avança avant de s’incliner vers son aînée.

- Mère, nous avons fouillés les Cadenas. Toujours aucune trace d’Arhae. Dit la belle hyuroise, le ton détaché et l’air impassible.

Elaine ne répondit pas tout de suite. Elle resta droite comme un piqué, le regard figé vers la vitrine, plongeant le lieu dans un silence lugubre et oppressant. Enfin, celle-ci se retourna vers sa fille, lentement, et dévoila son regard exorbité par la rage et la folie. Sur son front, là où se tenait habituellement les six perles scintillantes, il n’en restait que quatre. Elles avaient perdu de leur éclat et ressemblaient désormais à de simples perles de nacre.
Le visage déformé par la haine, Elaine leva son bras vers Anghario d’un geste menaçant. Cette dernière recula pour se mettre en garde mais fut immédiatement happée par un champ de force invisible qui la balança violemment contre un mur dégagé. Face contre terre, Anghario eut à peine le temps de se relever qu’elle sentit une pression autour de sa gorge. La matriarche se tenait toujours à distance et serrait doucement sa paume en approchant de sa fille qui suffoquait.

- Enfant incompétent ! Je t’avais dit de la surveiller ! Ta négligence va nous coûter la vie. Il ne faudra pas longtemps avant qu’elle suscite l’intérêt de mercenaires avides de pouvoir. Et lorsqu’ils viendront, nos secrets seront dévoilés. La Promesse éternelle sera brisée et nous périront toutes les quatre. Pauvre idiote ! Siffla la Mère, tel un serpent, le ton hargneux.

Elaine regardait Anghario qui tentait de se débattre contre la force invisible qui la surélevait. La fille manquait d’air et s’affaiblissait pendant que la mère gardait le visage cruellement froid. Néanmoins, celle-ci relâcha son emprise et laissa la hyuroise tomber lourdement sur le sol. Anghario toussa plusieurs fois, accoudée par terre.

- Gardes ! GARDES ! Cria ensuite la matriarche en se tournant vers la porte fermée de sa chambre.

Les deux soldats aperçus précédemment pénétrèrent dans la pièce d’un pas maladroit et précipité. Ils avaient l’air paniqué et la vision d’Anghario allongée par terre ne les rassuraient guère. Ils restèrent au garde à vous et ne clignèrent pas d’un œil.

- Elargissez la zone de recherche ! Quittez le Coerthas et ramenez-moi cette pimbèche vivante ! Que personne ne dorme tant qu’on ne l’aura pas retrouvée. Brûlez tout Eorzéa s’il le faut !
- A vos ordres, Dame Elaine ! Répondirent les gardes d’une même voix.

Les deux hommes vinrent porter assistance à Anghario et l’escortèrent jusqu’à l’extérieur de la chambre, laissant Elaine regagner les ténèbres d’où elle venait.

Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.

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Re: [Chronique] Les soeurs éternelles

Message par Eternelle » 22 déc. 2016, 19:04

Au sommet de l'Observatoire, dans les Hautes terres du Coerthas central, Anghario reçu la lettre des mains de Ravast. D'un oeil désapprobateur, elle ouvrit l'enveloppe et en lu son contenu. Sa mine s'assombrit davantage face à un Ravast amusé.

Extrait de "La véritable histoire des Muses d'Airain", par Philidemont Brumdelain.

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