Kozama'uka, dans les terres de Tural.

« L’écorcheur dans la brume. »

Je dois dire que j’étais particulièrement intriguée quant à la nature de cette chose. Des témoins parlaient d’un Matamata particulièrement grand, et d’autres d’une sorte de créature bipède aux griffes acérées. Il nous fallait découvrir tout ça, et c’est auprès de deux compagnons d’armes que nous avons menés l’enquête. Lurhan Malterre, fils de l’Inquisiteur Malterre pour qui j’ai déjà plus d’une fois œuvrer. Un véritable aventurier, désormais ! Ainsi que Adalhaid, avec qui je chassais avant mon départ à l’entraînement dans les montagnes. Tout deux vinrent me rejoindre à la sortie de Ok’Hanu pour discuter de la situation. Celle ci était simple. Quelque chose oppressait les voyageurs ayant la bêtise d’approcher un peu trop des grottes et des cascades de Kikitola. Plusieurs voyageurs disparurent, jusqu’à ce qu’il soit confirmé qu’une personne avait été tuée par l’écorcheur dans la brume. Quoi que pouvait être ce monstre en réalité, il n’était certainement pas là pour tisser des perles.
C’est un après-midi pluvieux que nous progressions alors sur la grand route. Les pêcheurs discutaient en se faisant bien des histoires sur la situation. Certains pensaient que c’était bien pire encore qu’un simple monstre, évoquant même un Tural Vidraal. Quand d’autres, peut-être trop terre à terre, n’imaginaient là que des histoires à dormir debout provenant de voyageurs ivres ayant été attaqués par un Matamata dans les mers. Quelque soit la vérité à ce sujet, on ne pouvait pas croire grand monde, et surtout pas le vendeur de grigri qui tenta de nous fournir tout un tas de charmes protecteurs censés éloignés les monstres des brumes. Au fond, c’était peut-être lui qui avait presque raison, mais à ce moment là nous n’en n’avions simplement aucunes idées. Continuant sur la grand route en rencontrant tout un tas de passants différents. C’est alors que Lurhan percuta un chariot à choux tandis qu’il était prit comme d’un léger malaise. Cherchant déjà des traces, il ne vit pas venir le chariot et tomba à ses côtés, légèrement sonné, alors que son possesseur braillait à la vue de ses choux volant dans tout les sens. Venant à son aide, il me suffit de ramasser tout les légumes éparpillés pendant qu’Adalhaid conversait avec un soldat de la Légion de l’Aurore et une mère affolée.
La pauvre Hanu-hanu semblait avoir perdue son fils, déplorant que personne n’y faisait rien. Visiblement, le passage que nous devions emprunter était bloqué par le garde et quelques pancartes d’interdiction. Néanmoins, à notre vue, il s’éveilla bien plus et comprit que nous étions là pour l’affaire. Mes deux compagnons ne ressemblaient pas à des simples habitants, et je portais des autours dignes d’une Rôdeuse-Vipère. En Tural, ça n’est pas rien ! Conversant un instant avec les deux, Lurhan apprit qu’une escouade de la Légion de l’Aurore avait disparue en enquête sur place, tandis que la mère fit promettre à Adalhaid de lui ramener son fils en vie. Un petit Hanu-hanu avec une plume rouge sur la tête, ça ne devrait pas être si difficile que ça à trouver, non ? Nous enfonçant alors dans les terres, Adalhaid portant une petite statuette protectrice installée sur son plastron, nous avons pu arpenter le genre de sentier que très peu traversent, faisant la joie des explorateurs en tout genre. Une heure, presque, passa lentement alors que nous marchions dans une végétation particulièrement dense. Il y avait bien des raisons de devoir repousser les lianes et les herbes folles pour avancer. Au moins pouvaient-on apprécier les quelques curiosités, allant des fleurs exotiques aux grosses bestioles colorées. Je m’amuse encore à imaginer la tête qu’Adalhaid à faite en voyant l’araignée énorme que j’avais dans la paume de ma main ! On profitait de la curiosité des lieux, jusqu’à ce que soudainement, un cri ne se fasse entendre.

Alors que l’esprit disparut à notre arrivée, se noyant dans la brume environnante, le jeune Hanu-hanu se mit à parler avec une panique profonde. Il parlait de Vubahatt, son ami dont parlait sa mère, qu’il était innocent. Visiblement, des personnes avaient été tués, et petit garçon voulait défendre son ami. Inconscient que Vubahatt était en vérité un fantôme. Un temps d’exploration suffit à Lurhan pour découvrir que quelque chose de bien plus terrible et massif qu’un revenant avait véritablement provoqué des pertes et des saccages. Et alors que nous décidions de quoi faire, et de comment ramener le jeune homme à sa mère. La voix de Vubahatt résonna en appelant son camarade. Fonçant pour le rejoindre, aveugle aux dangers, le vent glacial qui nous frappa fit de son mieux pour nous empêcher de rejoindre le Hanu-hanu cherchant à retrouver son ami. La brume gagna en intensité, le sol entier donnait l’impression d’être une petite mare où des esprits des crocodiles locaux s’animèrent. A chaque fois que Vubahatt convoquait la brume, cela dérangeait tout les résidus d’éthers laissés par d’anciens animaux locaux.
Fonçant à la suite du jeune Hanu-hanu, nous le retrouvions auprès du fantôme du jeune Hyurois. Adalhaid s’interposa aussi tôt entre les deux, lame en main, alors que nous nous étions débarrassés des quelques esprits en compagnie de Lurhan. Il était hors de question que Vubahatt emporte le jeune Oana – ce qui devait donner au total un « Oanahanu », tel que sa mère le nommait. Pendant que je repoussais les esprits convoqués des soldats de la Légion de l’Aurore ; les quatre envoyés avaient été retrouvés morts, massacrés par les griffes de l’écorcheur dans la brume. Adalhaid fit de son mieux pour tenir en respect le fantôme en compagnie de Lurhan. Parler suffit à le convaincre qu’il était déjà mort depuis longtemps, et qu’il ne pouvait que faire du mal à son ami. Réalisant cela, Vubahatt se mit à paniquer et fut emporter par la créature qui « veillait » sur lui. Cela aurait pu arriver aussi à Oanahanu, mais la griffe venue le chercher fut briser par Adalhaid et Lurhan en un coup d’épée joint de leurs deux lames. Ce qui resta alors, une fois les fantômes incarnés par la brume repoussés, fut un chemin aussi surprenant que délétère.
La pluie s’était mise à tombé pour de bon, les nuages gris chargés d’eau omniprésent dans les cieux. Et face à nous, des cascades de brumes immenses, donnant l’impression de changer les lieux. Partir avec le petit Oanahanu n’aurait fait qu’énerver l’esprit en le mettant en danger, nous le laissons alors en arrière afin de pouvoir atteindre l’écorcheur dans les brumes. Et le monstre se fit voir rapidement alors que nous marchions dans les étendues. Les habitants avaient plus ou moins vu juste : Le cadavre d’un immense Matamata servait d’hôte à de nombreux fantômes, coincés dans un grand cristal greffé dans son torse.
La bête se tenait sur ses deux pattes arrières, et avait été cruellement déformées par les énergies qui animait cette carcasse morte. L’affronter, c’était abattre son corps et la brume, et nous y avions laissés du sang et de la sueur à être repoussés plusieurs fois. Il fallait faire preuve d’adresse, car ses énormes bras pouvaient nous broyer aisément comme faillit en faire les frais Adalhaid, une fois entre ses griffes. Les sorts de Lurhan s’écrasèrent contre sa carcasse tandis que ma double-lame le harcelait dans de nombreuses directions. On pouvait lui infliger tout les dégâts qu’on voulait, il n’y avait qu’une cible. Le cœur qui lui donnait vie. La bataille fut frénétique, jusqu’à ce que son cristal ne soit brisé. Un souffle puissant nous repoussa lourdement en arrière, sonnés par l’impact, quand une vive lumière apparue alors que le Matamata s’écrasa lourdement en arrière. Le spectacle des âmes libérées fut poignant, tout comme Oanahanu venu serrer dans ses bras une dernière fois son ami. Il fit une promesse de ne jamais oublier Vubahatt, les mains sur son petit cœur, ce qui faillit me tirer une petite larme. Quittant les lieux en compagnie du jeune Hanu-hanu, pour qu’il retrouve sa mère, Lurhan récupéra un des petits fragments de cristaux émettant une petite lumière. C’était bien la première que quelqu’un avait greffé ce cristal à l’intérieur du cadavre du Matamata, conscient qu’il y coincerait quelques âmes pour créer cette horreur. N’était-ce là qu’une expérience, qu’un jeu, pour la personne ayant fait naître l’écorcheur dans la brume ? Lurhan promit d’étudier minutieusement le cristal, mais je craignais que tôt ou tard, la personne derrière tout ça ne recommence. Je jetais un dernier regard vers la carcasse énorme de notre adversaire dévasté. Une sacrée première affaire, pour un nouveau journal, et je suis ravie qu’il en soit ainsi. »